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L'école bruxelloise d'étude des religions : 150 ans d'approche libre-exaministe du fait religieux
- 224 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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L'école bruxelloise d'étude des religions : 150 ans d'approche libre-exaministe du fait religieux
À propos de ce livre
L'étude du fait religieux est à l'ordre du jour de l'Université libre de Bruxelles depuis ses origines (1834), même si elle n'a inscrit un cours d'histoire des religions à son programme qu'en 1884. L'originalité de la démarche qui y perdure jusqu'à nos jours, et a vu des générations de chercheurs y aborder le phénomène religieux de manière neutre, dans le cadre d'une Université où la méthode scientifique repose sur le principe du libre-examen, est appréciée à l'étranger pour sa distance critique...
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Informations
Sujet
Sciences socialesSujet
Sociologie
Introduction
Jean-Philippe SCHREIBER
Au moment où se célébrait le 175e anniversaire de l’Université libre de Bruxelles, le Centre interdisciplinaire d’Étude de Religions et de la Laïcité a décidé de s’interroger sur ses propres racines et sur la manière dont l’Institution à laquelle il appartient a, depuis ses origines, appréhendé le fait religieux.
L’on pourrait croire, en effet, que l’étude des religions est à l’ULB un phénomène récent, guère antérieur à la création de l’Institut d’Histoire du Christianisme, en 1965. Il n’en est rien. Non seulement, l’Université, à la fin du XIXe siècle, se dota de l’une des premières chaires d’histoire des religions en Europe, mais l’étude de la religion, de ses manifestations et de ses fonctions sociales a nourri nombre de recherches et d’enseignements à l’ULB, depuis sa création. C’est ce que le colloque dont sont issues les présentes contributions a eu pour objectif d’interroger, en étudiant à la fois la généalogie intellectuelle de cette appréhension du fait religieux, avec ses continuités et ses ruptures, et la manière dont les recherches propres à l’Université, dans leur propos et leur méthode, s’inscrivirent dans les débats relatifs à cette discipline sans cesse remise en question.
Car en même temps que les religions connaissaient des mutations profondes dans une société en voie de sécularisation, leur étude s’est transformée elle aussi. Elle s’est inscrite dans le cadre général de l’essor de l’esprit scientifique du XIXe siècle ; elle a signifié une rupture avec le monopole des institutions religieuses sur la religion comme objet d’investigation ; elle a incarné avec force l’appropriation culturelle d’un domaine du savoir par une société en sécularisation progressive, pour se transformer en science et connaître une intégration, qui s’avéra cependant lente et difficile, dans le cursus universitaire.
L’étude scientifique ou positive de la religion fut en effet considérée depuis ses premières manifestations, par d’aucuns comme sacrilège, par d’autres comme réductionniste. Un savoir aussi contrôlé — dans les facultés de théologie, l’on parlait de sciences « sacrées » — ne pouvait aisément s’affranchir des pesanteurs qui le figeaient, et dès lors s’autonomiser. La science des religions fut ainsi la dernière science à n’être plus religieuse, et à devenir profane. La création de la section des sciences religieuses, à l’École pratique des Hautes Études, à Paris, qui nous est tellement proche par le propos et par le contexte, en témoigne : ce faisant, la République française laïcisait la science avant de laïciser l’État ; vingt ans avant la loi de séparation, elle séparait définitivement la théologie et la science des religions.
Ce processus a eu un impact fondamental sur l’institutionnalisation de l’étude scientifique des religions, en France bien sûr, mais aussi dans maints pays étrangers, dont le nôtre. Sans ce modèle français, notre Université, où pourtant un cours d’histoire des religions avait été créé en 1884, peu de temps avant la fondation de la section parisienne des sciences religieuses à l’École pratique, n’aurait fait fructifier cette discipline de la même manière, et n’aurait bénéficié d’une source aussi riche et diversifiée d’inspiration.
Car l’étude des religions, à l’ULB, s’est inscrite dans la même laïcisation des pratiques scientifiques et la même normalisation du croire et du sacré comme objets d’investigation scientifique — en tant que faits sociaux —, dans le sillage de Maurice Vernes, puis d’Emile Durkheim, de Marcel Mauss, de Georges Dumézil et bien d’autres. Une étude des religions, ou une science des religions, qui s’est faite par le truchement d’une double démarcation : à l’égard de la théologie historique, bien entendu, mais aussi à l’égard de l’appellation « sciences religieuses » qui en France notamment avait fait l’objet d’une ré-appropriation laïque, certes, mais n’en demeurait pas moins d’essence chrétienne.
Le discours de Franz Cumont, ouvrant le sixième congrès international de l’histoire des religions qui se tint à Bruxelles en 1935 et qu’il présida, témoigne de ce qu’en Belgique le temps du soupçon à l’égard de cette discipline nouvelle était alors sans doute révolu, un demi-siècle après la création du cours d’Eugène Goblet d’Alviella à l’ULB, mais n’en demeurait pas moins marqué par cet héritage hautement idéologique : « L’Université de Bruxelles fut parmi les premières où ait existé une chaire d’histoire des religions. Elle dut sa fondation au comte Goblet d’Alviella, esprit élevé, épris de symbolisme, qu’avaient attiré à la fois l’Inde aux multiples croyances et les mystères de la Grèce et qui se plut à découvrir la signification variable des emblèmes religieux à travers leurs migrations séculaires […]. La science des religions, enfant encore débile, qui devait devenir un géant, était alors en Belgique, et peut-être ailleurs encore, à la fois suspecte aux croyants qui la soupçonnaient d’être un cheval de Troie inventé pour détruire leur foi, et méprisée des savants officiels qui n’y voyaient que spéculations sans méthode et sans consistance »1.
Les recherches, les enseignements et les réflexions poursuivis sur la religion à l’ULB, depuis le XIXe siècle, ont contribué à symboliser le dernier stade de la « double émancipation » qu’a décrit Emile Poulat il y a près de vingt-cinq ans. Une émancipation qui a d’abord signifié l’arrachement à l’égard d’une théologie dogmatique du surnaturel, la vérité ne découlant plus de la doctrine mais d’une recherche savante, et la parole divine devenant document historique — un processus ouvert au XVIIe siècle déjà avec l’épanouissement de la critique textuelle. Une émancipation, ensuite, qui s’est faite à l’égard aussi d’une certaine philosophie de l’histoire2. Friedrich Max Müller, en écrivant « il n’y a pas d’étude plus absorbante que celle par laquelle on tâche de remonter jusqu’à l’origine et à la première évolution de la pensée humaine non pas théoriquement, d’après les lois hégéliennes de la pensée ou les époques de Comte, mais historiquement », attestait en effet du fait que la science des religions n’avait pu se constituer comme science qu’en se désenclavant de la philosophie rationaliste de l’histoire : sa filiation intellectuelle, dans un siècle imprégné d’historicité, remontera ainsi davantage au Fustel de Coulanges de la Cité antique (1864) qu’à la pensée d’Auguste Comte3.
La science des religions qui se constitue comme discipline vers 1870 et entre à l’Université quelques années plus tard marque à l’évidence un moment, une rupture dans l’ordre des savoirs, une fracture épistémologique. Toutefois, elle est à la fois une naissance et le résultat de la longue sédimentation d’une étude critique de la religion qui s’est nourrie du criticisme biblique du XVIIe siècle, du libertinage philosophique, du déisme anglais, de la mythologie comparée ou de l’exégèse laïcisée. Pour en comprendre la constitution, pour pratiquer « l’archéologie » de ce champ du savoir, il faut donc remonter à tout le moins au XVIIe siècle, à l’esprit critique de l’humanisme européen et au courant d’érudition, surtout philologique, qu’il suscite ; il faut tenir compte de place capitale occupée dans cet espace étroit de liberté de pensée par des savants anglais, mais aussi des hébraïsants protestants allemands ou hollandais, des orientalistes français et des théologiens catholiques espagnols peu conformistes...
Certains se posent aujourd’hui encore ...
Table des matières
- Introduction
- L’institutionnalisation des sciences religieuses : une aventure européenne à la fin du XIXe siècle
- Eugène Goblet d’Alviella et la création de la chaire d’histoire des religions à l’Université de Bruxelles
- La mise sur pied du cours d’histoire des religions d’Eugène Goblet d’Alviella en son contexte
- La réception de l’« Histoire des religions » de Goblet d’Alviella (1884-1887)
- L’égyptologue Jean Capart entre religions et laïcités (1895-1911)
- La création de l’Institut d’Histoire du Christianisme
- Luc de Heusch : l’anthropologie religieuse à l’Université libre de Bruxelles
- L’islamologie à l’Université libre de Bruxelles
- L’étude des religions amérindiennes à l’Université libre de Bruxelles. Les apports d’Annie Dorsinfang-Smets et de Michel Graulich
- L’histoire des religions entre universalisme anthropologique et particularisme historique. Contradictions et atouts d’une discipline en quête d’identité
- En guise de conclusion L’enseignement laïque du « religieux »
- Dans la collection « Religion et Altérité » :