Apprendre de l'intime : entre littérature et langues
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Apprendre de l'intime : entre littérature et langues

Entre littérature et langues

  1. 392 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Apprendre de l'intime : entre littérature et langues

Entre littérature et langues

À propos de ce livre

Ce volume rassemble les Actes du colloque international L'intime et l'apprendre (les langues), tenu à l'université de Bourgogne les 27-28 mars 2014. Il s'ordonne autour de deux grands questionnements, entre littérature, didactique et épistémologie: comment explorer les champs dans lesquels l'intime est à l'oeuvre? Comment identifier les formes actuelles de son potentiel créatif, expressif et développemental?

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TROISIÈME PARTIE
INTERIORITÉ ET APPRENTISSAGE :
QUELS OUTILS POUR FAIRE ÉMERGER L’INTIME ?

De l’intime vers l’anglais médical :
Apprendre de l’intime en didactique

Marie-Lise ASSIER
Lairdil, Université de Toulouse 3
« Apprendre de l’intime » en anglais médical est d’autant plus pertinent qu’au croisement de la science médicale et de la didactique des langues se trouvent de nombreux intérêts communs qui concernent l’être humain et son devenir. Contre une logique de marché qui semble inéluctablement réifier les personnes au profit d’une machinerie économique1, « apprendre de l’intime » obligerait à repenser certaines pratiques des systèmes d’éducation et de santé. Il s’agirait en effet de renverser le paradigme courant – positionnant l’apprenant/le patient comme récipient passif – en son contraire – c’est-à-dire sujet-auteur de sa propre évolution. Les éclairages de l’anthropologie médicale, de l’ethnopsychiatrie, des neurosciences affectives, des sciences du langage, de la psycho-sociolinguistique, de la psychanalyse, aident à comprendre pourquoi « apprendre de l’intime » relève d’une nécessité majeure aujourd’hui si l’on vise le développement de l’être et la cohésion sociale. « Apprendre de l’intime » renvoie l’enseignant-chercheur en anglais médical à ses propres responsabilités et engagements car les actes éducatifs, tout comme les actes thérapeutiques, s’appuient sur des pratiques professionnelles institutionnalisées auxquelles il adhère plus ou moins. Sont-elles adaptées ? Sont-elles en accord avec l’humanisme qui a présidé à leur naissance ? L’anglais médical, intégré dans les sciences humaines, peut servir de pont entre les sciences de la vie (dont la médecine fait partie) et la philosophie (avec ses préoccupations éthiques) ; leur morcellement en deux champs séparés (pourtant conjoints dans le passé) a conduit à des incompréhensions et à des pratiques délétères.
Prendre en considération le concept de l’intime en anglais médical implique de redéfinir en contexte les termes : apprendre, intime, anglais et médical. La nature de cet intime sera à définir ainsi que ses lieux et places : à quel intime est-il fait référence ? Celui du corps-esprit ou celui de la relation à l’autre ? Ou l’intime ne se situe-t-il pas plutôt dans un « moi-peau » (Anzieu 7-12) en interface avec son milieu ? Considérer l’intime comme un lieu de passage, où le sens se fait et se défait, au lieu de le voir comme un noyau dur inaltérable, permet une approche dynamique, plus en accord avec ce que l’on sait de la plasticité du cerveau et de l’adaptabilité du corps humain.
I. Partir de l’intime : une urgence
1. Intérieur/extérieur
Partir de l’intime en anglais médical émancipe des faits et des formes visibles habituellement connus et exploités pour s’aventurer dans des forces de renversement possibles ; non seulement, il y a une pertinence mais aussi une véritable urgence à le faire. L’anglais médical se trouve au croisement des sciences médicales et de la didactique des langues de spécialité ; il relève donc à la fois de l’individuel et du collectif avec des implications personnelles ou sociales. Or, l’évolution de la technoscience médicale, tout comme celle des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement ont bouleversé l’organisation sociale et économique du savoir médical, comme l’explique Rémi Bordes voyant « l’entrée progressive de chaque secteur du soin (cabinet, hôpital, laboratoire, pharmacie) dans une logique de marché » (Bordes 8). Les hôpitaux et les universités sont de plus en plus soumis à une obligation de gestion d’entreprise ; ils doivent être performants et faire du profit pour continuer d’exister. Le titre de l’article de Yasmin Alibhai Brown est parlant : « When did university become a factory ? What has happened to the places of free thought and experimentation, where minds expanded ? » (Brown 2013). Ce phénomène n’est pas propre aux pays anglo-saxons : le système français qui, jusqu’ici faisait figure d’exception, en prend le chemin. Une médecine du nombre semble régner au détriment de la qualité d’échange entre patient et médecin : pour exemple, les scandales liés aux campagnes de vaccination contre le virus H1 N1 en 2009-20102 ou l’utilisation outrageuse des antibiotiques ou de certains autres traitements3. La quantité est également privilégiée sur le terrain des savoirs à emmagasiner et ne laisse que très peu de place à l’art de penser les pratiques.
Il semble donc qu’il y ait une urgence à inverser le mouvement et partir de l’intime si l’on veut éviter des dérives déjà bien amorcées qui ne peuvent que conduire à des catastrophes « programmées » et des « dynamiques dégénératives » (Rufino 41). À l’échelle sociétale, Rufino dénonce « le défaut de conscience qui conditionne et invalide les sens de responsabilité et du devoir. La dialectique droits/devoirs disparaît dans le chaos magmatique de l’absence » (Rufino 38). L’on pense à la disparition du présentiel dans les hôpitaux et les universités au profit de téléguidages ou de plateformes. Or appréhender l’autre dans les pratiques médicales et éducatives suppose de savoir observer, d’être à l’écoute, à l’affût de tout signe révélateur du sans forme de l’intime.
Partir de l’intime, c’est très concrètement, vouloir renverser le mouvement généralement pensé des relations thérapeutiques et éducatives qui va de l’extérieur vers l’intérieur (ou du haut vers le bas). C’est « favoriser une importante remise en perspective4 du paradigme dominant » (Bordes 14). Ainsi, en médecine occidentale, la maladie est considérée comme une « entité agressive venue de l’extérieur » (Bordes 11). En éducation, trop souvent encore, l’institution et l’enseignant sont perçus comme transmettant du savoir de l’extérieur vers l’intérieur, du haut vers le bas. Dans cette nouvelle dynamique, à savoir de l’intérieur vers l’extérieur (ou du bas vers le haut), les rapports entre apprenant/enseignant ou patient/médecin sont inversés ; non pas pour qu’une autre hiérarchie s’établisse mais plutôt pour qu’une relation de partenaire à partenaire puisse s’affranchir de tout rapport de force. Ainsi est-ce le cas dans les expériences de l’école inversée5 ou flipped classroom ou flipped learning6.
2. Cadrages des termes
Prendre l’intime comme départ de notre recherche sur la manière d’apprendre implique de définir les termes du cadrage éducatif ou thérapeutique. Apprendre de l’intime, c’est appréhender l’intime du patient ou de l’étudiant dans son potentiel (pas toujours conscientisé) de connaissances, de croyances, d’aptitudes, de désirs, de sensations, d’émotions. Cet intime ne peut être que singulier, propre à chacun, indéfinissable, insaisissable ou seulement saisi dans le surgissement d’éphémères épiphanies. Il est nourri d’une expérience contextualisée (famille, environnement, société, époque) inachevée, dont les processus d’adaptation sont fluctuants. Contrairement à l’ex-time7 (Tisseron 2001 ; Tournier 2002) qui se donne à lire en public (à travers le roman ou le blog), l’intime reste dans le secret du privé. Dans l’extériorisation d’un intime qui se donne à voir se trouve le jeu d’une représentation, voire d’une performance ; dans l’intériorisation de l’intime se déroule une construction silencieuse sans objet. L’intime, bien que parfois nourri de l’es-time, conditionnée par le regard de l’autre dans la surface de conventions sociales, œuvre dans la profondeur de l’être à l’abri des regards.
Appréhender l’intime dans ce « magma d’humanité » (Bordes 13), c’est tenter de saisir une entité dans ses manifestations. En médecine, elle peut s’exprimer à travers des symptômes ; en didactique des langues, elle peut être captée au travers des mots mais dans les deux cas, elle s’accompagne d’expressions du corps/esprit que seule une observation attentive peut déceler. Pour autant, les travaux de Paul Ekman, aussi prometteurs puissent-ils être dans leur rapprochement d’un intime révélé par les micro expressions faciales, ne semblent être qu’un des aspects de l’exploration d’un langage non verbal. Les émotions fondamentales qu’il a répertoriées ne suffisent pas à capter la nature de l’intime.
L’anglais médical est une discipline qui intègre à la fois des phénomènes linguistiques et un contenu spécifique : la langue est avant tout ancrée dans une culture professionnelle (médecine/santé) elle-même dépendante d’une culture sociétale liée à un espace/temps défini. Les méthodologies doivent s’appuyer sur des formes visibles du langage (mots, syntaxes lexicale et grammaticale de la langue mais aussi gestes, expressions corporelles, voix, etc.) et des formes invisibles (schémas conceptuels, représentations, habitudes, etc.) qui structurent l’intime de l’expérience langagière et professionnelle. L’implicite en anglais médical paraît tout aussi important à appréhender et à comprendre que l’explicite. Intégrer le concept de l’intime en anglais médical suppose de redonner au questionnement une valeur épistémologique en en faisant l’outil propre à créer une dynamique dans l’espace intérieur de chacun : « Immergés dans le contexte technologique très performant qui est devenu le nôtre, nous laissons le COMMENT8 arriver trop tôt et nous « zappons » le POURQUOI, qui, pourtant, est le seul qui nous permet de poser une base solide à ce que nous voulons faire » (Trocmé-Fabre 24). Enseigner la compréhension herméneutique peut être à la fois un moyen et une fin. Le « pourquoi » n’est pas le « pour quoi », confusion parfois faite dans les approches actionnelles de l’éducation. L’éthique joue un rôle fondamental dans les domaines de la santé et de l’éducation (Assier 2013).
3. Pièges ontologiques
Annamaria Rufino distingue le savoir et la connaissance qu’elle définit ainsi : « le savoir comme production, acquisition et communication de données » et la connaissance comme « conscience active et constructive » (Rufino 10). Le savoir dans le monde contemporain prend pour cet auteur la forme de données « c’est-à-dire d’un magma chaotique de savoirs qui parvient aux hommes de l’extérieur » d’où le risque d’une déresponsabilisation et d’une tyrannie de la norme9. Or, que constatons-nous ? Dans les hôpitaux, les patients sont souvent métonymisés par leur maladie et les médecins semblent s’intéresser davantage à la maladie qu’au malade :
The patient becomes the medical presentation, a case. Such metonymic imperialism is a hazard of the act of representing another person in a narrative of one’s own construction, and it contributes to the professional shortsightedness that sees maladies rather than people as the objects of medical attention (Hunter 61).
Cette tendance est décrite par Bordes qui explique que « l’arsenal thérapeutique » composé des instruments du diagnostic et de médicaments conduit à faire l’impasse sur l’homme « comme être de langage – c’est-à-dire de relations, d’imagination, d’intelligence active et créatrice » (Bordes 10). Il s’intéresse – comme Hunter à leur incommensurabilité (123-125) – à la non concordance des discours entre le médecin (qui se fonde sur la réalité biologique) et le patient (qui parle de son expérience de la maladie à partir de ses...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. « Proximités – Littératures »
  4. ADRESSEZ LES COMMANDES À VOTRE LIBRAIRE
  5. Copyright
  6. Titre
  7. Préface
  8. PREMIÈRE PARTIE – APPRENDRE DE L’INTIME PAR LA LITTÉRATURE
  9. DEUXIÈME PARTIE – LA PLACE DE L’INTIME DANS LA CLASSE DE LANGUE(S)
  10. TROISIÈME PARTIE – INTERIORITÉ ET APPRENTISSAGE : QUELS OUTILS POUR FAIRE ÉMERGER L’INTIME ?
  11. Table des matières