Virons Dieu du débat politique !

Philippe David

• Éditeur: Fauves editions
• Année: 2015
• ISBN de l'eBook: 9791030201628
• Sujet: Sciences sociales
• Sujet: Dissertations en sociologie

Paris, 7 janvier 2015. Pour la première fois depuis des siècles, des hommes sont assassinés en France pour délit de blasphème. Leur assassinat a pourtant pris sa source plus de trente ans auparavant La religion est revenue en force dans les arcanes du pouvoir, notamment aux Etats-Unis sous George W. Bush. Toujours, et partout, pour le pire...

Postface

Paris, mercredi 7 janvier 2015

La France entière est sous le choc. En fin de matinée, les rafales de kalachnikovs ont ôté la vie à 12 personnes dans l’immeuble et la salle de presse de Charlie-Hebdo.

La première victime est Frédéric Boisseau, un agent d’entretien qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.

Dans la salle de presse, ce sont les caricaturistes Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourrad, tous collaborateurs réguliers de l’hebdomadaire, ainsi que Michel Renaud, fondateur du festival « Rendez-vous du carnet de voyage », invité pour l’occasion, et Franck Brinsolaro, policier chargé de la sécurité de Charb depuis les condamnations à mort prononcées contre lui par les islamistes.

Dans leur fuite, les terroristes abattront le policier Ahmed Merabet arrivé en renfort en l’achevant sur le trottoir sous l’objectif d’un téléphone portable. La vidéo a fait le tour du monde.

Ce jour-là, les terroristes ont assassiné la France toute entière. Parmi leurs victimes, il y avait des catholiques, des juifs, des musulmans, des athées. Il y avait aussi et surtout la liberté dont le nom orne le fronton de nos édifices publics. Ou plutôt les libertés. La liberté d’expression, la liberté de caricaturer, la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire ont aussi été assassinées ce matin-là.

*

Le soir même, je me rends place du Capitole à Toulouse – place du Capitole noire de monde où des papiers « Je suis Charlie » sont scotchés à la façade tandis que des veilleuses brûlent en dessous. Je retrouve des amis dans cette foule anonyme : Christine, Olivier, Boris entre autres. Nous sommes tous abasourdis, anéantis par ce qui s’est passé ce matin à Paris.

Des amis américains, Elizabeth et Craig, arrivent du Tarn et Garonne, de Lauzerte très exactement, en me disant : « Vous étiez avec nous le 11 septembre 2001, nous devons donc être à vos côtés aujourd’hui ». Nous dînerons en fin de soirée sur la place, qui se vide petit à petit. Merveilleuse solidarité humaine, qu’on soit né d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Merveilleuse scène d’union nationale que cette soirée du 7 janvier, de Brest à Strasbourg et de Dunkerque à Perpignan, sans oublier la France d’outre-mer et le reste du monde qui sont descendus dans les rues en soutien à la France – car c’est bien la France toute entière qui a été frappée ce jour-là.

Toulouse, vendredi 9 janvier 2015

Depuis le début de la matinée, les assassins de Paris sont retranchés dans une imprimerie de Dammartin en Goële.

Je suis prévu comme débatteur dans l’émission « Le face à face des éditorialistes » sur Sud radio. Ce jour-là, le sujet de débat sera unique : l’attentat contre Charlie-Hebdo et le siège de l’imprimerie de Dammartin, encerclée par les gendarmes d’élite du GIGN.

J’arrive comme d’habitude dans les studios avec une vingtaine de minutes d’avance. Je n’ai jamais vu la rédaction dans un tel état. Une ambiance lourde règne. Même avec mes amis du service des sports, avec qui nous avons toujours une anecdote à nous raconter, le cœur n’y est pas. Nous nous prenons dans les bras pour nous dire bonjour. Besoin de solidarité. Besoin d’union. Besoin de nous dire que nous sommes tous ensemble, comme un bloc, unis face au terrorisme.

Entrée en studio. J’y retrouve les deux journalistes qui animent la tranche 12 h-14 h de la station. Sophie Chaulaic, dont on a entendu l’émotion le mercredi précédent à l’antenne, et Cyril Brioulet m’accueillent avec leur gentillesse habituelle. Nous nous soutenons, comme avec le réalisateur et la standardiste présents. Mon contradicteur du jour, Thomas Simonian, alors rédacteur en chef du Journal toulousain, est lui aussi dans le studio. Nous nous embrassons avant de parler de l’actualité tous ensemble. Une actualité lourde, très lourde. Sophie et Cyril nous préviennent qu’en cas d’événement à Dammartin, le direct sera prioritaire, chose que Sophie répète dans son micro dès le début de l’émission.

Le débat a commencé depuis quelques minutes lorsque la porte claque, chose qui ne se passe jamais dans un studio de radio puisque lorsque le panneau « on air » est affiché au-dessus des portes, on ouvre et ferme la porte en toute discrétion. C’est Estelle Henry, qui fait les journaux à l’antenne ce jour-là. Elle arrive avec une dépêche AFP. En la voyant et en croisant son regard, nous comprenons tous d’emblée qu’il s’est passé quelque chose de très grave. Estelle tend la dépêche à Sophie qui blêmit elle-aussi.

Dans nos casques, sa voix nous annonce : « Attentat avec prise d’otage à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, il y a déjà quatre morts, je prends l’antenne ».

Tandis que nous débattions des victimes de Charlie-Hebdo, la France vient à nouveau d’être frappée en plein cœur. Alors que Sophie annonce la terrible nouvelle et que nous sommes dans le studio tous KO, celui-ci se remplit. Je sens une présence derrière moi. C’est Christophe Bordet, le rédacteur en chef, qui vient de rentrer, ainsi que Michel Pierdait, consultant pour Sud radio.

Je n’avais pas vu Christophe en ce début d’année 2015 et, machinalement, après avoir coupé mon micro, je lui dis : «...

Table des matières

• Couverture
• 4ème de couverture
• Copyright
• Titre
• Dédicaces
• Virons Dieu du débat politique !
• La parenthèse enchantée
• 1979 : l’année où tout a basculé…
• Et depuis…
• « In God we trust »…
• Et en France ?
• Pourquoi faut-il virer Dieu du débat politique ?
• Postface
• Remerciements
• Table des matières