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Systèmes énergétiques renouvelables en France et en Allemagne
Synergies et divergences
- 332 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Systèmes énergétiques renouvelables en France et en Allemagne
Synergies et divergences
À propos de ce livre
L'Union européenne a fait de la transition énergétique un symbole fort de la lutte contre le réchauffement climatique. Or, le remplacement d'énergies fossiles par des sources renouvelables ne peut être réduit à une simple dimension technique mais interroge des aspects tant politiques, sociaux que territoriaux. L'ouvrage propose une comparaison franco-allemande pluridisciplinaire, à partir des sciences humaines et sociales, associant analyse des jeux d'acteurs et scénarios prospectifs.
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Informations
Chapitre 1
Analyser la transition énergétique au prisme des énergies renouvelables
Les enseignements d’une comparaison franco-allemande
AURÉLIEN ÉVRARD
Zusammenfassung
Den Standort der erneuerbaren Energien in der deutschen „Energiewende“ und der französischen „transition énergétique“ vergleichend, fragt dieses Kapitel nach dem Inhalt dieser vieldeutigen, gesellschaftspolitischen Projekte. Wenn sich die beiden Länder in der Politisierung der Energiewende auch annähern, bleibt doch die Kursrichtung der „Wenden“ sowohl in Deutschland als auch in Frankreich ungewiss. Durch die nähere Betrachtung der Umsetzung, besonders hinsichtlich der mit erneuerbaren Energien verbundenen Maßnahmen, wird im folgenden Kapitel das Nebeneinander zweier Ausbaudynamiken betrachtet, das zwei Formen von Übergang gleicht.
Introduction
En Allemagne comme en France, les questions énergétiques semblent durablement installées dans le débat public et parfois même au cœur de la compétition électorale. Le constat n’est ni nouveau, ni surprenant dans le cas allemand, où les échanges sur ces enjeux n’ont jamais vraiment disparu de l’agenda gouvernemental, depuis le « tournant énergétique » (Energiewende), amorcé par la première coalition rouge-verte (rot-grüne Koalition, entre le parti social-démocrate et les Verts) à partir de 1998 (Lauber et Mez, 2006 ; Évrard, 2013). Pour autant, la tendance s’est encore accentuée depuis que la Chancelière Angela Merkel s’est approprié tant le concept que le projet d’Energiewende après l’accident de Fukushima en mars 2011. Il semble depuis se construire un consensus sur ces deux axes principaux que sont la sortie du nucléaire et le développement des énergies renouvelables (Rüdinger, 2012).
Dans le cas français, la situation est plus récente et – au regard de la trajectoire historique nationale dans ce domaine – plus inattendue. Nombre de travaux ont en effet mis en évidence la gestion technocratique des choix énergétiques français (Lucas, 1985 ; Kitschelt, 1986), ainsi qu’un consensus relativement large parmi les acteurs politiques de gauche comme de droite, y compris après l’accident de Tchernobyl (Beltran, 1998). Si l’entrée des écologistes dans le champ électoral a contribué à une plus grande politisation des débats relatifs à l’énergie, leur capacité d’influence est restée fortement contrainte par la nature du système politique français (Sainteny, 2000 ; Évrard, 2012a). Mais, là encore, l’accident nucléaire japonais et les appropriations politiques qu’il a occasionnées ont semblé redistribuer les cartes, en tout cas à première vue.
Après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, la nouvelle majorité (socialiste et écologiste) a lancé un « Débat national sur la transition énergétique » (DNTE), avec l’objectif d’élaborer une loi pour préparer cette transition. Pour autant, beaucoup d’incertitudes demeurent quant à son contenu et la manière dont elle matérialisera les grands objectifs annoncés par l’exécutif : réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité ou renforcer le développement des énergies renouvelables. Les conflits au sein des différentes arènes du DNTE, régulièrement relayés dans la presse, et les multiples reports de l’examen de la loi témoignent de la difficulté à donner un contenu à la transition énergétique.
La comparaison franco-allemande semble donc, de prime abord, conduire à des observations contradictoires. Sous des appellations assez proches (« tournant » ou « transition » énergétique), les deux voisins adoptent une démarche similaire, qui consiste à réorienter leurs politiques énergétiques. Tandis que le cas allemand se caractérise par un relatif consensus (tout au moins entre les différents partis politiques et les principaux acteurs économiques), la situation française semble marquée d’une plus forte ambiguïté. Ce constat ne nous semble pourtant correspondre qu’en partie seulement à la réalité.
Ainsi, la notion de « consensus ambigu » (Palier, 2005) caractérise-t-elle assez bien ce que l’on observe en matière de transition énergétique, mais elle concerne tout autant l’Allemagne que la France. Développée par des spécialistes de l’action publique, cette notion souligne qu’un dispositif ou un objectif de politique a d’autant plus de chance de trouver sa place dans l’action gouvernementale qu’il est suffisamment ambigu pour permettre aux acteurs de trouver un terrain d’entente, même s’ils ne partagent pas la même perception d’un enjeu, voire la même vision du monde.
Or, les contours d’une transition énergétique peuvent être de nature très différente : selon qu’elle concerne l’équilibre entre les ressources (de simples ajustements de « mix énergétiques »), le remplacement d’une source dominante par une autre ou un changement profond dans la manière de consommer, produire et distribuer l’énergie. La temporalité d’une transition – est-elle envisagée sur une décennie ? sur un siècle ? – peut également en changer profondément la nature. Ainsi, que l’on parle d’Energiewende à l’allemande ou de la transition énergétique à la française, il est indispensable de regarder dans le détail leurs modalités concrètes pour mieux en comprendre les enjeux.
Dans ce chapitre, nous montrerons que la comparaison franco-allemande et le prisme des énergies renouvelables permettent de révéler un certain nombre d’ambiguïtés de ces notions et dispositifs d’action publique. Nous reviendrons tout d’abord sur les principaux débats relatifs à la définition de la transition énergétique. Les deux sections suivantes identifieront les points de divergence et de convergence quant à la formulation de la transition énergétique dans les deux pays, et tout particulièrement en matière d’énergies renouvelables. Enfin, nous montrerons que la mise en œuvre de cette politique interroge, dans les deux cas, sur le type de transition énergétique qu’incarnent les énergies renouvelables.
1. Les contours imprécis de la transition énergétique
De plus en plus souvent mobilisée dans les discours et programmes politiques, ou dans les rapports d’organisations internationales, la notion de transition énergétique demeure encore largement sous-théorisée par les sciences sociales. Elle est surtout mobilisée dans le cadre des études historiques, servant fréquemment à séquencer le développement des différentes sources d’énergie et à expliquer les changements économiques et environnementaux, notamment depuis la révolution industrielle. Le concept est ainsi fondé sur l’idée qu’une seule source d’énergie (ou un groupe de sources connectées) domine le marché pendant une période définie, avant d’être contestée, puis remplacée par une autre source principale. En retraçant l’émergence et le remplacement d’un certain type d’énergie, les historiens se sont surtout intéressés aux aspects sociétaux inhérents à ces transformations. La tendance fut ainsi à utiliser cette notion comme justification pour établir des barrières rigides entre différentes « ères énergétiques », plutôt que de considérer la transition énergétique comme un processus fluide (Melosi, 2006).
Pour appuyer l’argumentation historique, les transitions énergétiques peuvent être identifiées sur la base de deux méthodologies distinctes : quantitativement, en mesurant les changements de consommation énergétique, ou qualitativement, en évaluant l’impact des nouvelles sources d’énergie sur les différents aspects des modes de vie. C’est cette première méthode quantitative qui a surtout conduit à séquencer les politiques énergétiques. Aux États-Unis, par exemple, les historiens ont identifié une première phase de domination du bois jusqu’au milieu du XIXe siècle, puis une première transition avec le charbon. Celui-ci devient la principale source d’énergie américaine jusqu’à la Première Guerre mondiale, avant qu’une seconde transition ne consacre le pétrole comme source d’énergie dominante (Schurr et Netschert, 1960).
Cette approche quantitative ne permet pour autant pas d’expliquer pourquoi et comment les choix énergétiques sont effectués. Ce ne sont d’ailleurs pas les questions que se posent les analyses quantitatives. Des méthodes qualitatives offrent ainsi davantage de possibilités pour comprendre l’impact des sources d’énergie sur la société, avec plusieurs types de questionnements. Certains ont démontré que le contexte économique, en tant que variable indépendante pour expliquer la transition énergétique, était lui-même dépendant de facteurs non-économiques ou plus institutionnels, tels que l’organisation de l’industrie énergétique (Nye, 1998). Un autre aspect consiste à souligner la dimension évolutionnaire, et non révolutionnaire, des transitions énergétiques. Alors que l’approche quantitative tend à valoriser une ressource particulière, cette perspective insiste sur le fait que les anciennes ressources ne sont pas totalement remplacées par les nouvelles. Elles sont plutôt suppléées, complétées ou progressivement évacuées, selon leur usage. On peut alors s’intéresser aux « frictions » qui caractérisent ces périodes de transitions. Et ces frictions ne concernent pas seulement les ressources ou les technologies, mais les modèles de société dont elles sont porteuses.
De ce point de vue, le prisme des énergies renouvelables permet de révéler quelques enjeux cruciaux de la transition énergétique. Pour de multiples raisons, nous formulons le constat que les énergies renouvelables ne sont pas une source d’énergie comme les autres (Évrard, 2013). Nous les assimilons à une « alternative de politique publique », c’est-à-dire un ensemble cohérent de propositions, construit sur des représentations communes, des arrangements institutionnels et des configurations d’acteurs spécifiques, qui vise non seulement à promouvoir une solution, mais également à transformer le secteur dans lequel elle cherche à s’insérer. En effet, les énergies renouvelables s’appuient sur des représentations particulières des enjeux énergétiques, elles s’accompagnent de propositions visant à redéfinir l’organisation institutionnelle du secteur de l’énergie et s’appuient sur une conception nouvelle quant aux acteurs devant participer à la définition et à la mise en œuvre de cette politique publique.
En nous référant aux travaux d’Amory Lovins, et notamment à sa distinction entre deux trajectoires énergétiques (Lovins, 1977), nous observons que les énergies renouvelables incarnent, à partir des années 1970, un soft energy path, qui s’oppose au hard energy path. À grands traits, ce dernier se fonde en priorité sur des critères économiques (notamment le principe des économies d’échelles), une approche par l’offre d’énergie, une source d’approvisionnement dominante (charbon, nucléaire, gaz, etc.), un système de production centralisé et une organisation monopolistique du secteur. À l’inverse, l’alternative proposée avec le développement des énergies renouvelables repose sur des critères environnementaux (l’usage raisonné des ressources naturelles), une approche centrée sur la demande, une diversification des sources d’énergie, un système de production décentralisé et une organisation pluraliste du secteur.
| | Secteur de l’électricité (hard energy path) | Alternative « énergies renouvelables » (soft energy path) |
| Représentations | Critères économiques, économies d’échelles, approche par l’offre, source d’énergie domi nante et fossile | Critères environnementaux, usage raisonné des ressources naturelles, approche par la demande, diversification des sources d’énergie renouvelables |
| Institutions | Système centralisé, organisation monopolistique | Système décentralisé, multiples unités de production |
| Acteurs | Un ou quelques acteurs dominants | Acteurs multiples, producteurs indépendants |
Tableau 1 : Caractéristiques générales du secteur de l’électricité et de l’alternative « énergies renouvelables »
Le Tableau 1 présente de manière schématique cette opposition entre l’alternative proposée avec les énergies renouvelables et le secteur de l’électricité. Dans ces conditions, une transition énergétique qui reposerait sur le développement des énergies renouvelables ne devrait pas seulement signifier le remplacement de sources d’énergie par d’autres, mais également la victoire du soft energy path sur le hard energy path. Or, si la France et l’Allemagne annoncent s’engager dans la voie d’un tournant et d’une transition énergétiques, rien n’indique avec certitude que celles-ci aillent dans cette direction, bien au contraire.
2. Un contexte peu propice
à une convergence franco-allemande
Les comparaisons entre la France et l’Allemagne en matière d’énergie ont souvent conduit à souligner les très fortes divergences entre les deux pays dans ce domaine (Kitschelt, 1983 ; Oppeln, 1989 ; Sainteny, 2000 ; Évrard, 2012a, 2013). L’événement déclencheur d’une repolitisation de l’énergie qu’est l’accident nucléaire de Fukushim...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Copyright
- « Des textes et des lieux » – Série dirigée par Aurélie Choné et Philippe Hamman
- Titre
- Universités
- Ouvrages des auteurs
- Ouvrages publié avec le concours de :
- Avant-propos
- Vorwort
- Chapitre introductif – Comment analyser l’enjeu des énergies renouvelables aujourd’hui ? Essai de mise en problématique vue des sciences sociales PHILIPPE HAMMAN
- Partie I – Jeux d’acteurs et acceptabilité sociale
- Chapitre 1 – Analyser la transition énergétique au prisme des énergies renouvelables Les enseignements d’une comparaison franco-allemande : AURÉLIEN ÉVRARD
- Chapitre 2 – La ville durable à l’épreuve de la sobriété Le citadin entre injonction à « bien habiter » et normalisation des conduites en milieu urbain : NADINE ROUDIL
- Chapitre 3 – La montée en expertise de l’éolien citoyen et les possibilités de démocratisation Retour sur le confinement d’un instrument d’actionnariat populaire au collectif sociotechnique qui l’a élaboré : GUILLAUME CHRISTEN
- Chapitre 4 – « Konditionale Einstellung » zu Großprojekten im Bereich von Erneuerbaren Energien Entwicklung einer Methode zur Analyse von Risikogruppen : MARION HITZEROTH UND ANDREAS MEGERLE
- Chapitre 5 – Akzeptanz von Windkraftanlagen im Pfälzerwald Eine Fragebogenstudie in drei Kommunen : ANTJE SALUP
- Partie II – Mises en scénario et modélisations
- Chapitre 6 – L’innovation organisationnelle comme vecteur de(s) transition(s) énergétique(s) ? Le cas des coopératives énergétiques citoyennes en Allemagne – THOMAS BLANCHET
- Chapitre 7 – Identifier les potentiels éléments de controverses d’un dispositif technique avant sa mise en place. L’exemple des technologies de captage, transport et stockage du CO2 (CTSC) dans la vallée de la Seine : JONAS PIGEON
- Chapitre 8 – Bauliche und sozio-ökonomische Rahmenbedingungen der Nutzung von Photovoltaik Vergleichende deutsch-französische Analyse anhand zweier Fallbeispiele : MATHIAS JEHLING, TAMER SOYLU UND STEFAN JERGENTZ
- Chapitre 9 – Potentiel de développement du réseau existant de chaleur urbain utilisant des énergies renouvelables et de récupération : SOPHIE BUESSLER ET CHRISTIANE WEBER
- Chapitre 10 – Integrierte Modellierung urbaner Energiesysteme : MARIA GRÖGER, MART VERHOOG, THERESA WEINSZIEHR, CARSTEN BUCHMANN, PAUL GRUNERT UND THOMAS BRUCKNER
- Conclusions
- La transition énergétique à l’épreuve des jeux d’acteurs et des contraintes de système : MAURICE WINTZ ET ISABELLE HAJEK
- La mise en scénarii des transitions énergétiques : GUILLAUME CHRISTEN ET MATHIAS JEHLING
- Die Ableitung von Szenarien aus den Energiewenden : GUILLAUME CHRISTEN UND MATHIAS JEHLING
- Table des matières