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eBook - ePub
À propos de ce livre
Il s'agit du déroulement d'une psychothérapie d'inspiration freudienne qui à partir des manifestations d'une psychose sévère va évoluer étape par étape pour aboutir à une réalisation du vrai Moi. Ce travail a permis à l'analysante de prendre conscience du génie de Freud et de l'intérêt pédagogique de son livre, ce qui lui paraît maintenant être l'essentiel de son ouvrage car en ce qui la concerne, elle en a fini avec ses problèmes.
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Informations
Éditeur
Le Lys Bleu ÉditionsAnnée
2021Imprimer l'ISBN
9791037738646ISBN de l'eBook
97910377386531
Un bloc de glace n’a pas de mémoire mais nous oui. Seulement pour aller à la recherche de ses souvenirs, il faut arriver à faire fondre la glace.
1
1/6/1980
Voilà, docteur je suis déjà venue vous voir il y a un mois pour de la sophrologie parce que je suis très nerveuse, mais quand vous m’avez dit « dans votre cas, une psychothérapie serait plus recommandée, on commence tout de suite. » J’ai répondu « non j’ai peur. » Mais j’ai dû m’habituer à cette idée puisque me revoilà. Je vous ai déjà donné mes cordonnées : la petite fiche, le nom, l’âge, adresse, n° de téléphone, tout, profession des parents, du mari. Je ne travaille plus, à cause de mon état de santé et je n’ai pas d’enfant, bref vous savez tout de moi. Ce que je ne vous ai pas dit la première fois, c’est qu’en terminale, j’étais fascinée par la psychanalyse, la traduction des rêves, les tentatives de l’inconscient pour émerger et son grand lourdaud de frère qui est là pour s’asseoir sur lui et le ramener au silence, et monsieur le surmoi, imbu de sa personne, ennuyeux comme la pluie, en guerre totale contre cette petite canaille de ça, ce polisson, toujours prêt à faire des galipettes. J’aurais voulu être psychiatre, mais il fallait en passer par médecine alors j’ai fait des études littéraires, j’ai même enseigné un temps et je bénis le ciel tous les jours de m’être orientée ainsi parce que cela vous donne un acquis, des vibrations : c’est l’école de la vie, une ouverture sur le monde et sur ce qu’il est convenu d’appeler l’âme, et sur le réel, le rationnel et le fantastique et le surréel, la psychologie ;… c’est un moment privilégié, presque magique, quand dans un livre, vous rencontrez, un passage, une phrase et que vous vous dites : « c’est exactement ce que je ressens. » et qu’en même temps, c’est tellement bien écrit « oui mais moi jamais je n’aurais pu l’écrire comme ça. » Alors j’ai un cahier de citations où je recopie. Tenez au hasard « le navire vient à l’appel de son ancre. » et celle-là, magnifique, je suis bien tombée ! « Il faut porter encore en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » c’est de Nietzsche. En même temps, à la fac et par la suite j’ai continué à m’intéresser à la psy, parce qu’il y a de grandes affinités entre les deux. Mais, je pense, mes petites connaissances techniques ne me seront d’aucun secours, parce que les préconçus peuvent vous engager sur de fausses pistes et puis surtout quand vous avez le nez sur votre miroir, ça vous fait loucher et vous ne voyez pas grand-chose, juste ce que vous voulez bien y voir : il faut de l’objectivité, de la distance. Comment je vous ai trouvé ? Mon médecin m’a donné votre adresse. Et j’ai vérifié vos titres : neuro psychiatre, ancien interne des hôpitaux de Paris, psychothérapies analytiques. Maintenant, j’ai pris ma décision : c’est l’analyste plutôt que le médecin psychiatre ou le sophrologue que je viens voir… Oui, j’ai peur de commencer. On ne sait pas ce qu’on va trouver et il faut apprivoiser cette peur. Bon, je me lance, je verrai bien ce que l’avenir me réserve. Je viens très exactement parce que j’ai fait plusieurs dépressions, des dépressions sans motif. L’air du temps peut-être. Et j’ai été longtemps suicidaire, longtemps, et la dernière fois pendant plus d’un an, c’était une obsession : je voulais y arriver… sans raison aucune. C’est ce que je ne comprends pas. J’ai eu une enfance enchantée, des parents aimants, mon père était un notable, installé à côté d’Alger et dans le gros bourg que nous habitions, il était à la première place, invité à toutes les réceptions, à tous les mariages, à tous les baptêmes et nous avec lui. Et de cette Algérie coloniale, je garde le souvenir de bals, de fêtes, de belles toilettes, de femmes gaies et élégantes ma mère était très belle mais surtout elle avait un magnétisme et une ardeur à vivre qui en faisait un personnage… oui, un personnage de roman, d’ailleurs ses références c’était Adeline des Jalna mais vous ne devez pas connaître alors Scarlett, Scarlett, vous connaissez. : « Demain est un autre jour. » Ajoutez à cela que nous habitions une grande maison ancienne que ma mère avait préférée à une maison moderne à cause de trop de proximité avec celle de ses parents et elle avait choisi cette maison coloniale, une maison magique, magique à cause de son jardin avec son grenadier, son mandarinier, son lavoir et vous allez rire, une cabane à lapins ! Une maison dont toutes les pièces communiquaient : on passait de la cuisine à la salle à manger, puis au salon, du salon à la chambre de mes parents, puis à la mienne qui donnait sur une autre chambre plus à l’écart que nous appelions la chambre du fond qui avait un accès direct au bureau de mon père, un peu mystérieuse parce qu’on n’y allait jamais, du moins dans mes souvenirs. Puis la cuisine, le centre vital, le foyer chaleureux, là où on se retrouvait tous autour de la grande table de bois. C’était une maison ouverte, où on passait de pièce en pièce, un plan en colimaçon, et ouverte aussi sur l’extérieur par toutes ses portes fenêtres. Oui, j’adorais habiter cette maison, c’était une maison merveilleuse et le jardin l’était encore plus, un jardin plein d’arbres en fleurs, des orangers, des citronniers mais c’est sous le grenadier parce qu’il avait l’ombre la plus dense que je faisais mes devoirs de vacances comme Simone de Beauvoir sous son catalpa ; dans mon souvenir, ces arbres, ils sont toujours en fleurs même en hiver – des chants d’oiseaux sur toutes les branches et un écureuil qui parfois traversait l’allée. On savait bien qu’il y en avait toute une famille mais ça nous enchantait de penser qu’il n’y en avait qu’un, juste pour nous comme une surprise de Noël, tous les jours et je me demande même si je ne l’invente pas, cet écureuil, comme le vivant symbole du bonheur familial et après le dîner, quand ma mère se mettait au piano, un Klein verni noir, avec ses deux chandeliers de bronze, les notes perlées des valses de Chopin s’égrenaient dans l’air du soir. Puis on refermait les portes fenêtres et la maison s’endormait.
Je me demande pourquoi je vous parle tant de cette maison, sans doute parce que je pense que les maisons nous ressemblent, et même qu’elles jouent un rôle important dans notre vie par leur configuration ou leur atmosphère. Ses je pense qu’il y a des maisons magiques mais il y aussi des maisons maléfiques, et de leurs fenêtres allumées comme des yeux de chouettes, elles sont capables de vous jeter des sorts. J’ai lu que Hitchcock, ayant vu le tableau de Hooper « Maison au bord de la voie ferrée » n’a eu de cesse de la faire rebâtir à l’identique pour un de ses films et les films de Hitchcock, c’est épouvante, folie et compagnie. Autre chose que ma maison à moi, celle d’un paradis, « le vert paradis des amours enfantines », celui de Baudelaire. On dit que nous sommes marqués, habités et poursuivis par notre enfance. Alors, je ne comprends pas… je suis là pour comprendre. On me disait : « tu as tout pour être heureuse » et dans mon enfance aussi j’avais tout, peut-être encore plus que maintenant. S’il faut remonter jusqu’à l’enfance mais je ne vois rien… ce sera un long cheminement.
Pourvu que je n’abandonne pas en route.
2
Me revoilà, je me tais, vous devez avoir des questions à me poser.
Attendez… Plaisir ? Désir ?…
Oh, vous n’y allez pas de main morte ! Plaisir, Désir ? ou si vous avez dit Désir ? Plaisir ? Quel est l’ordre chronologique ? … Et combien de fois ?... Eh bien dites donc ! Je sais bien que le jeu de la thérapie, c’est de ne rien cacher, mais là vous me prenez à brûle-pourpoint, je suis quelqu’un de réservé et il faut que je me fasse à l’idée de parler des choses du sexe et d’en parler en ce qui me concerne, le plus exactement possible et à quelqu’un que je ne connais pas ! Je vais vous raconter : j’ai une amie à qui son psy a demandé avec beaucoup de tact, je ne plaisante pas, c’était juste une demande et elle était voilée. « Pourquoi gardez-vous les cuisses serrées comme ça ? » Oh, mon dieu, quel sacrilège. Elle a ramassé ses affaires et elle s’est précipitée vers la sortie à toute vitesse, dans la mesure où le lui permettaient ses cuisses encore plus serrées que d’habitude : « Adieu je t’ai vu, et je ne veux pas te revoir », elle n’y a plus jamais mis les pieds, ni les jambes, ni les genoux, ni les cuisses. C’est comme ça qu’on rate une belle analyse. Question de feeling, il y a ceux dont on doit sentir qu’on peut leur rentrer dedans, 2encore faut-il évaluer jusqu’à quel point, le point où ça fait mal mais pas trop et ceux qu’il faut apprivoiser, avec qui il faut avancer à pattes de velours. Sinon ils se mettent à hurler, comme Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes » et moi, je suis pleine de cris.
Une fois j’ai écrit un texte ; je l’ai retenu parce que sa violence m’a surprise. Il disait :
« Marcheuse dans la forêt des cris. Marcheuse à bras tendus dans l’obscure forêt où se tordent les cris. Les cris la narguent, les cris l’attendent, les cris la hantent. Elle est dans la forêt et les cris sont en elle. Et jamais, jamais elle ne doit les faire sortir. Il faut qu’ils grondent enragés à l’intérieur d’elle-même au risque de la faire exploser. Parfois, elle reconnaît ses cris en les entendant chez quelqu’un d’autre : vagissements, halètements, hurlements et alors, ces cris dans leur violence lui font peur, ce ne peut pas être elle, non, pas elle… »3 Mais qu’est-ce que je fais contre le mur, vous avez vu comme j’ai reculé ?
Bon, je mets en réserve votre question incongrue et indiscrète… je sais, je sais, vous ne faites que votre travail… d’accord, j’y répondrai la prochaine fois… si j’en suis d’accord avec moi-même.
Je connais à peu près le processus de la cure, raconter sa vie, ses affects, ses fantasmes, sans rien occulter. À mon avis, ce ne doit pas être aussi simple que cela s’énonce parce qu’il y a des choses, sans doute qu’on n’a pas envie de dire, peut-être même parce qu’on ne sait pas qu’on les sait. Je vais commencer par le plus évident, le temps de m’habituer.
Longtemps j’ai été suicidaire, en finir, c’était mon unique but : il est vrai que je me trouvais en bonne compagnie : elle est longue la cohorte de ceux qui ont mis fin à leur vie, « Le suicide, mode d’emploi » Nerval pendu à son lampadaire, Van Gogh avec son fusil à tirer les corbeaux, Virginia Wolf avançant dans le ruisseau, les poches pleines de cailloux et Romain Gary, revolver, un Smith & Weston 38, vous connaissez ? Dans la bouche, c’est plus précis ; précédé par Jean Seberg, alcool et barbituriques, Montherlant cyanure et revolver plutôt deux fois qu’une, Bernard Buffet et son sac en plastique, Primo Levi 3e étage (aléatoire !) et un chimiste en général, c’est au cyanure, pas tout à fait un vrai suicide, plutôt une impulsion, Potocki limant le bouchon de sa théière jusqu’à ce qu’elle rentre dans le barillet, vraiment original, non ? et Marilyn, ah Marilyn ! petites pilules, petites pilules, colorées comme des bonbons et tant d’autres, les obscurs, les sans -grades, même misère, même souffrance, ceux que l’église, il n’y a pas si longtemps refusait d’enterrer. Il y a le brouet aux somnifères, « une cuillérée pour papa, une cuillérée pour maman, » il y a le tuyau de gaz à débrancher comme Sylvia Plath, mais à la maison, c’est tout électrique ; le sac en plastique bien hermétique, quelle drôle d’idée, quel spectacle incongru mi effrayant – mi ridicule, même dans mes moments les plus sombres, je ne voudrais pas offrir l’image d’un épouvantail, m’étrangler, j’ai bien essayé, je n’ai réussi qu’à en garder un cercle rouge autour du cou, après j’ai mis un col roulé. Non, ce qui m’attirait le plus, c’est quand on passait en voiture le long de la Seine, les méandres vénéneux, hop, plonger dans le fleuve, être happée, tournoyer, s’enfoncer, ne plus ressortir, ne plus revenir, ou alors sauter dans le vide et recevoir de plein fouet le choc de la mort. Mais il y a loin de la théorie à la pratique, du projet à sa réalisation… Les roues du camion, bien viser les roues, celles de derrière parce que le temps d’agir, il aurait avancé. En fait c’était inutile, parce que le camion n’était déjà plus à ma hauteur. D’ailleurs, j’étais sous haute surveillance, ils m’avaient retiré mes clés de voiture et dehors j’étais toujours accompagnée. Pour me jeter dans la Seine, autre problème, mon mari à mon côté, ouvrir la porte, courir, enjamber le parapet, il m’aurait rattrapée.
Une fois, j’ai bien essayé de me défenestrer. J’avais réfléchi au problème, c’est un cas où il ne faut pas se manquer. Sinon, vous risquez d’être estropiée à demeure et dans l’incapacité de vous tuer : On est ramené au cas précédent, en pire. Chez moi : un premier. Par ailleurs, je ne pouvais pas demander à Jean de me faire visiter Notre-Dame ou la tour Eiffel. Chez ma mère… au 5e étage et il n’y a ni gazon ni voitures en dessous pour amortir, c’est déjà intéressant quoique le plus sûr, ce soit à partir du 8e.
Je m’en souviens très bie...
Table des matières
- Prologue
- Dora, l’autre : incipits
- 1
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8
- 9
- 10
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- 16
- 17
- 18
- 19
- 20
- 2
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8
- 9
- 10
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- 16
- 17
- 18
- 19
- 20
- 21
- 22
- 23
- 3
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8
- 9
- 10
- 11
- 12
- 13
- 14
- 15
- 16
- Épilogue
- Histoire de mon livre
- Dora, rebondissement
- Notes