Violences au travail
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Violences au travail

L'organisation en débat

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Violences au travail

L'organisation en débat

À propos de ce livre

Les violencesau et dutravail touchent managĂ©s et managers. La mĂ©diatisation des vagues de suicides dans de grandes entreprises françaises a Ă©rigĂ© le management en principal coupable et responsable de la dĂ©gradation de la santĂ© des salariĂ©s au travail. Dans sa forme la plus aboutie, il est incarnĂ© par les managers harceleurs qui recherchent le stress et la terreur pour mieux atteindre les objectifs.Cette thĂšse se trouve renforcĂ©e par les Ă©tudes et recherches dĂ©nonçant l'Ă©valuation des performances, les mĂ©thodes de Gestion des Ressources Humaines individualisĂ©es comme autant de pratiques inductrices de violence au travail. Cependant, d'autres recherches Ă  contre-courant rĂ©orientent le problĂšme: de nombreux cas d'entreprise montrent que la violence prospĂšre lorsque le management est absent ou « empĂȘchĂ© ». Le rĂŽle du management est donc ambivalent, Ă  la fois potentiellement producteur et aussi prĂ©venteur, rĂ©gulateur des violences.Ce livre s'adresse ainsi Ă  tous ceux qui souhaitent approfondir voire modifier le rĂŽle du management dans les situations de violence: salariĂ©s, agents (fonctionnaires), Ă©tudiants en management, managers-encadrants, dirigeants d'entreprises et professionnels de la fonction RH. Il propose un regard diffĂ©rent sur les violences au travail et des pistes innovantes pour les prĂ©venir et les rĂ©guler. L'ouvrage invite Ă©galement Ă  construire un projet Ă©ducatif qui prenne en compte la dimension critique dans l'enseignement du management.

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Informations

Éditeur
Editions EMS
Année
2013
Imprimer l'ISBN
9782847695199
Chapitre 1.
Les dimensions culturelle et politique des violences au travail
L’analyse faite ne prĂ©tend pas ĂȘtre exhaustive. Elle dĂ©veloppe notre reprĂ©sentation des travaux dominants et des tendances qui s’en dĂ©gagent. Ce chapitre a pour objectif d’éclairer le champ vaste et flou des violences au travail en dĂ©fendant la thĂšse d’un ancrage culturel des reprĂ©sentations du phĂ©nomĂšne.
L’angle de vue et la perception des situations de violence au travail dans les travaux de recherche diffĂšrent selon les cultures (AmĂ©rique du Nord, Europe, France). Ces recherches utilisent des notions parfois voisines pour dĂ©crire un mĂȘme phĂ©nomĂšne. La comparaison des diffĂ©rents travaux de recherche suggĂšre deux grandes visions des problĂšmes de violence au travail en fonction des termes utilisĂ©s pour identifier le problĂšme. Une premiĂšre vision qualifiĂ©e « d’anglo-saxonne » Ă©mane des recherches nord-amĂ©ricaines dans le domaine. Elle se caractĂ©rise par une vision trĂšs individualiste occultant les rapports de pouvoir (1). L’approche française en donne une conception plutĂŽt compassionnelle et politique (2). Nous la prolongeons avec les notions de « violence symbolique et Ă©conomique », plus insidieuses (3). Enfin, nous prĂ©sentons un cadre intĂ©gratif pour mieux comprendre les violences au travail (4).
Une vision anglo-saxonne occultant les rapports de domination
Les travaux nord-américains, pour la plupart, cherchent à comprendre pourquoi un salarié fait preuve de violence et de quelle maniÚre il exprime cette violence.
Ainsi, les recherches anglo-saxonnes abordent le problĂšme de la violence en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  l’agression/agressivitĂ©, aux mauvais traitements, aux abus, Ă  la dĂ©viance au travail (Workplacedeviance), aux comportements contre-productifs, antisociaux ou au harcĂšlement (bullying), aux conflits interpersonnels (workplacemistreatment). Peu d’auteurs utilisent nommĂ©ment le terme de violence au travail. Et, celui-ci est dĂ©fini de façon trĂšs individuelle par : « un comportement physique ou non-physique (verbal, psychologique) fortement affirmĂ©, dirigĂ© contre une ou des personne(s) ou un ou des objet(s) » (Griffin et Lopez, 2005, p. 1001). C’est donc une personne, un tiers qui induit de la violence par son comportement.
Selon la typologie du US Department of Labor Occupational Safety and Health Administration (OSHA, 1995), la violence peut Ă©maner de quatre types de tiers : des clients-usagers/patients ou de leur entourage/famille (violence liĂ©e Ă  la consommation), des collĂšgues de travail (violence des relations de travail : supĂ©rieurs, pairs et subordonnĂ©s), des proches (violence domestique : personnes intimes) ou d’agents extĂ©rieurs (violence intrusive : dĂ©linquants, terroristes, militants). Autrement dit d’acteurs outsiders (clients/usagers/proches/criminels) et d’acteurs insiders (collĂšgues de travail/supĂ©rieurs).
Ces violences Ă©manant de tiers sont caractĂ©risĂ©es par certaines dimensions : l’intention, la frĂ©quence, la gravitĂ©, la position/pouvoir de l’acteur (lien acteur/victime) et les effets (Hershcovis, 2011). La perception de l’intentionnalitĂ© de l’acte influence la façon dont les victimes interprĂštent et rĂ©agissent Ă  la violence. Les construits dans la recherche nord-amĂ©ricaine tels que le bullying, le mĂ©pris social supposent l’intention alors que la dĂ©finition du harcĂšlement moral par le droit français n’implique pas forcĂ©ment l’intentionnalitĂ©1.
Pour expliquer les motivations d’un comportement agressif, les auteurs distinguent plusieurs sources : le stress et/ou le sentiment d’injustice, le dĂ©sir de vengeance, une pathologie mentale. Pour illustrer notre propos, un exemple d’application des rĂ©sultats des recherches nord-amĂ©ricaines en hĂŽpital psychiatrique sur une forme de violence est prĂ©sentĂ© tableau 1.
Tableau 1 : La violence des patients perçue par les soignants
Intentionnalité
LiĂ©e Ă  la pathologie mentale des patients. Les soignants considĂšrent l’agression comme non-intentionnelle si le patient est en plein « dĂ©lire ». Par contre, l’agression d’un toxicomane pour obtenir des substances est considĂ©rĂ©e comme intentionnelle.
Fréquence
Quotidienne – fait partie des caractĂ©ristiques mĂ©tiers dans le milieu intra-hospitalier et les parties fermĂ©es.
Gravité
Le degrĂ© de gravitĂ© dĂ©pend de la forme (incivilitĂ©, insultes, menaces, agressions physiques – plus ou moins graves selon la perception) et sans doute du lien affectif entre patient et soignant.
Lien acteur /
victime
Relations de domination (les soignants ont le pouvoir sur les patients car ils exercent un contrĂŽle physique et psychologique sur eux) et relations affectives (un patient peut rester dix, vingt ans, toute sa vie dans la partie fermĂ©e et ĂȘtre confrontĂ© dans la durĂ©e aux mĂȘmes soignants, ce qui crĂ©e des liens).
Dans cette premiĂšre approche, la violence est due Ă  des comportements « abusifs ». Cette perspective stigmatisant les facteurs individuels est sans doute influencĂ©e par la culture et l’évolution des rapports au travail et Ă  l’entreprise, qui tendent eux-mĂȘmes vers une forme de plus en plus individualisĂ©e. Effectivement, les incivilitĂ©s au travail et les violences interpersonnelles ressenties augmentent au sein des entreprises françaises (DARES, 2012). Pourtant, la vision française de la violence au travail est assez Ă©loignĂ©e de cette conception comme nous le verrons dans le point 2.
Les recherches anglo-saxonnes soulignent le lien nĂ©gatif entre les actes de violence subis et la santĂ©, la satisfaction, l’engagement, le comportement contre-productif et le bien-ĂȘtre du salariĂ©. Elles montrent avant tout l’importance de l’enjeu Ă©conomique en termes de coĂ»ts directs, d’impacts sur la productivitĂ©, Ă  travers la baisse des indicateurs de climat social (absentĂ©isme, roulement de personnel, stress, baisse de qualitĂ©, insatisfaction au travail, etc.) ou d’insatisfaction client. Les effets de la violence subie sur la santĂ© des salariĂ©s ont d’abord Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s Ă  partir des rĂ©actions post-traumatiques des victimes de catastrophes. C’est pourquoi, la peur est considĂ©rĂ©e comme la premiĂšre et principale rĂ©action face Ă  un Ă©vĂšnement traumatisant. Elle a des consĂ©quences sur la santĂ© mentale et physique des salariĂ©s. Cette conceptualisation dĂ©finit la violence au travail comme facteur de stress (stressor) et assimile la peur au stress qui est l’expĂ©rience subjective de la violence. La santĂ© mentale du salariĂ© est le rĂ©sultat de ce stress (strain). C’est donc une perspective trĂšs psychologique et individuelle qui prĂ©domine dans ces recherches.
Les travaux europĂ©ens et français s’inscrivent dans une toute autre vision rĂ©introduisant les rapports de force au travail.
Une conception française compassionnelle et politique
En Europe et particuliĂšrement en France, les travaux mettent davantage l’accent sur les victimes de violence au travail et Ă©voquent les termes de mobbing2, de « souffrance au travail3 », de « mal-ĂȘtre 4» de « violences au travail5 », de « harcĂšlement psychologique6 », de « placardisation7 ». Ces nouvelles tensions psychiques sont aussi souvent dĂ©signĂ©es par la rĂ©fĂ©rence au stress.
L’historique des termes pour qualifier le mal-ĂȘtre au travail est riche d’enseignements, comme le montre dans un de ses ouvrages Vincent de Gaulejac (2011), Travail, les raisons de la colĂšre. C’est le livre de Marie-France Hirigoyen en 1998, HarcĂšlement moral au travail : la violence perverse au quotidien, en France, qui eut tout d’abord un large retentissement ; le titre de son ouvrage reprend bien le terme de violence qu’il associe au qualificatif « perverse » c’est-Ă -dire immorale, cruelle. L’auteure s’est pour partie inspirĂ©e des rĂ©sultats de recherche de Leymann H., psychosociologue suĂ©dois avec son ouvrage Mobbing, la persĂ©cution au travail qui date de 1993, traduit en 1998 en français. Ces essais ont fait prendre conscience des problĂšmes de santĂ© mentale au ...

Table des matiĂšres

  1. Préambule
  2. Introduction
  3. Chapitre 1. Les dimensions culturelle et politique des violences au travail
  4. Chapitre 2.Le management, principal responsable des violences au travail ?
  5. Chapitre 3.Le management régulateur des violences au travail
  6. Conclusion
  7. Bibliographie