ANNEXES
Retraites
À Regina, Mgr Mathieu a organisé chaque année une retraite à l’intention de ses prêtres en vue de leurs interventions auprès de leurs fidèles. Ses expériences antérieures dans l’enseignement et dans l’administration incitent à penser que l’organisation de ces événements était bien rodée. L’évêque signale cependant que le diocèse en est encore à ses premiers pas. Tout est à faire selon lui. Les prêtres n’ont pas de paroisses bien organisées à leur disposition. D’où l’importance de les aider avec fermeté et chaleur humaine. Il veut leur être utile et agréable et, en gage de l’affection qu’il leur porte, les aider dans la direction des âmes dont ils ont la charge.
Les retraites durent habituellement cinq jours. Il est rare que tous les prêtres ne soient pas présents. Un prédicateur invité, souvent de Québec, venait présenter le sujet principal de la retraite. Chaque thème abordé touchait les aspects spirituels, mais aussi les éléments très concrets à mettre en pratique pour les prêtres et leurs fidèles. Mgr Mathieu vise ainsi à leur manifester son affection et son appui. Pour inscrire cette démarche dans le temps et dans la durée, les présentations ont par la suite toujours fait l’objet de publications mises au service de ces prêtres.
Les sujets religieux ainsi abordés sont nombreux et surtout les publications qui ont suivi ces rencontres portent sur 19 sujets et couvrent plus de 1 850 pages. J’ai consulté ces documents sur microfiches ; quel travail : repérer, encadrer l’image page par page, la mettre droite, l’agrandir ou l’élargir, ajuster la luminosité, puis la transférer sur une clé USB. Mais, surtout, comment rendre compte adéquatement du contenu de ces rencontres et réflexions ?
De chères collaboratrices et de chers collaborateurs, retraités de l’Université Laval, ont bien voulu, avec une grande générosité de cœur et un peu de plaisir intellectuel, mettre leurs compétences, leurs talents et de leur temps pour synthétiser cette immense matière dont voici d’ailleurs un aperçu.
Chaque personne collaborant au projet a traité au moins un de ces sujets, souvent plusieurs. Il s’agissait de ramener des textes, dont la longueur variait de 50 à plus de 200 pages, à une synthèse de 3 à 5 pages. Il leur en a fallu du courage et du travail. Je suis heureux de pouvoir le reconnaître ici. Il s’agit de Doris Arsenault, Louise Beaulac-Baillargeon, Serge Bertin, Andrée Caron, Lise Darveau-Fournier, Monique Girard, Huguette Hébert, Claire Mainguy, Sylvie Marcoux et Françoise Sorieul. Je signalerai de façon plus détaillée les sujets examinés par chacun d’eux.
J’ai osé m’inspirer un peu de Mgr Mathieu dans cette présentation en signalant mes collaborations. C’était sa façon de faire. Au début de chacun des sujets traités lors des retraites annuelles, il s’adresse d’abord à ses prêtres en les nommant ses chers collaborateurs pour se rapprocher d’eux en écartant son statut d’autorité. Il privilégie ainsi la participation commune à une œuvre collective.
Les chers collaborateurs de Mgr Mathieu
Dans la lettre d’introduction de chaque thème de la retraite annuelle, un message de quelques pages est adressé à ses chers collaborateurs. Mgr Mathieu fait connaître ses intentions et les effets espérés. La retraite vise à leur permettre de voir plus clair en eux et en Dieu. Elle rappelle des vérités qu’il faut toujours avoir à l’esprit. Elle sert à éclairer leur intelligence et à purifier leur cœur. Elle invite à quitter un moment la vallée des douleurs pour trouver la clef qui ouvre la porte du séjour éternel. Il leur dédie ces pages sorties d’un cœur qui les connaît. Il a voulu prouver sa reconnaissance sur papier et montrer ainsi son intérêt pour leur avancement spirituel. Ces gerbes de pensées sont à lire avec l’amour qui les a dictées pour consacrer leur temps et leurs facultés au salut des âmes.
Cette note introductive concerne les prêtres personnellement, mais aussi leurs relations avec leurs fidèles. Lui comme eux doivent se sentir heureux d’être les instruments de bonnes œuvres. En même temps, il leur donne des règles pratiques pour mieux remplir leur devoir et faire une bonne administration. L’objectif est d’augmenter la connaissance et l’amour des fidèles envers Jésus et de les préparer à son Royaume. Pour bien s’acquitter de leur mission, les prêtres doivent être des modèles de vertu. Dans leur rôle médiateur, la sainteté est la condition de leur efficacité auprès des âmes qui leur sont confiées. Il faut savoir finalement que l’on aime de soi que ce que l’on a donné aux autres.
Il fournit ensuite en quelque sorte les recettes pour réussir. Ils doivent devenir des fontaines d’eaux vives. Susciter l’estime et le respect, être honorés de coopérer, avoir conscience et témoigner de l’importance de l’œuvre par leur dévouement et leur dignité. Ils doivent travailler avec ardeur, respecter les personnes, gagner l’esprit des hommes en observant eux-mêmes ces comportements. En somme, agir en saints prêtres pour être heureux sur terre et mériter l’éternel bonheur. Ces objectifs religieux se traduisent en comportements humains pratiquement ritualisés en paroles, gestes, environnements et pratiques qui, ici, retiennent plus particulièrement notre attention.
À mes prêtres, par Doris Arsenault
Le premier texte de la série a été transmis aux prêtres du diocèse de Regina sous forme de circulaire le 1er février 1916, soit cinq ans après son arrivée à Regina et un an après avoir été promu archevêque. Ce texte sert en quelque sorte d’introduction à la série. Il n’a probablement pas fait l’objet d’une retraite. Il est relativement court, 69 pages, pour une retraite de cinq jours. Il est destiné à être lu plutôt qu’à être dit. Dans l’introduction, Mgr Mathieu écrit : « Nous espérons que les vérités que renferment ces pages… » et « Nous vous envoyons ce travail… »
Ce texte, comme son nom l’indique, s’adresse essentiellement aux prêtres. On y parle d’abord de l’esprit surnaturel, puis, plus concrètement, de l’organisation de la vie sacerdotale et des relations que le prêtre doit entretenir avec son entourage ; des sujets fort à propos dans un diocèse qui en était à ses débuts et pour des prêtres nouvellement arrivés.
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Dans son introduction, Mgr Mathieu s’adresse dans un premier temps à ses prêtres en faisant l’éloge de leur mission : « Nous écrivons à des dieux… », « nous sommes des hommes divins… » Il poursuit en rapprochant la mission du prêtre à celle de Jésus-Christ. Plusieurs exemples de récits des saints font l’éloge du sacerdoce. Ce préambule incite le prêtre à se valoriser et à s’enthousiasmer devant la valeur et l’importance de sa mission par rapport aux autres hommes. Monseigneur prépare ainsi ses prêtres à considérer les meilleures façons d’accomplir leur importante mission dans leur communauté.
I – L’esprit surnaturel
Le contenu de cette partie consiste essentiellement, souvent subtilement, en directives sur les façons d’agir pour les prêtres ; sans doute des rappels de ce qu’ils ont appris durant leur formation de prêtrise. On peut également percevoir des problèmes réels ou appréhendés dans le diocèse et dans l’Église en général à l’époque.
Le respect et l’acceptation de l’autorité sont mis en priorité. Mgr Mathieu en profite pour passer ses messages : les prêtres doivent être « respectueux et soumis envers leur évêque » et les autorités de l’Église « peuvent avoir pour agir des raisons que le public n’a pas à connaître ». Il demande aux prêtres une acceptation de leur rôle et l’obéissance à leurs supérieurs, tout en faisant montre d’une totale humilité.
Mgr Mathieu soulève aussi la tentation d’abandonner le sacerdoce : « Accepter qu’un prêtre puisse quitter son ministère pour cause d’âge ou de maladie, mais abandonner son ministère pour goûter les douceurs d’une vie plus faci...