Ville contre automobiles
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Ville contre automobiles

Redonner l'espace public au piéton

  1. 204 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Ville contre automobiles

Redonner l'espace public au piéton

À propos de ce livre

L’automobile a transformé radicalement nos villes, au point de s’imposer comme l’étalon de mesure de la planification urbaine. Architectes et urbanistes ont embrassé cette vision de la ville qui mène à des espaces pollués, peu sécuritaires, et dont les infrastructures pèsent lourd sur le trésor public. Devant l’urgence climatique, Olivier Ducharme veut renverser ce modèle pour redonner au piéton la place qui lui revient. Il livre une charge pour sortir de nos villes ces « requins d’acier », qu’ils soient électriques ou à essence, et remettre la vie de quartier et le transport collectif au centre de l’aménagement urbain. Pour se libérer des embouteillages et amorcer la transition écologique, nous devons avoir le courage politique de bannir l’auto solo de nos villes. L’automobile est un piège, il est temps de s’en libérer.

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DEUXIÈME PARTIE

Une fois dans le piège

4 On se tire dans le pied 1

LORSQUE L’ON ÉTUDIE les statistiques annuelles sur le nombre d’automobiles en circulation au Québec, on se réjouit de constater qu’il est en baisse constante depuis 2010. Après avoir atteint cette année-là un sommet de 3 015 902 véhicules, ce nombre a diminué progressivement pour atteindre 2 776 988 véhicules en 2019, soit une diminution de 8 %36. Assisterions-nous à une réduction réelle de la taille du parc automobile?
Le portrait statistique demeure incomplet sans l’ajout des camions légers. C’est ici que tout se gâte. Qu’est-ce que les camions légers? Ce sont les fourgonnettes, les camionnettes et les véhicules utilitaires sport (VUS). À l’inverse des véhicules automobiles, on note une hausse constante de leur nombre sur les routes, eux qui sont passés de 816 997 en 2000 à 2 059 359 en 2019, soit une augmentation de 152 %. En 2016, pour une première fois, le nombre de camions légers en circulation a franchi le cap des 100 000 nouveaux véhicules par année, chiffre qui a été facilement dépassé depuis. À ce rythme-là, le nombre de camions légers supplantera bientôt celui des automobiles.
Une fois combinés les automobiles et les camions légers, on relève que le parc automobile augmente d’environ 1 % par année pour s’établir à 4 836 544 véhicules en 2019. Au lieu de diminuer, le parc automobile croît à un rythme qui ne laisse présager rien de bon pour l’avenir. Depuis le début du nouveau millénaire, la population québécoise a augmenté de 13 %, tandis que le nombre de véhicules en circulation (automobiles et camions légers) a grimpé de 29 %. À la vitesse où vont les choses, un jour le Québec pourra se vanter d’être une société où chaque personne, en âge de conduire, possédera son propre véhicule. Ne sommes-nous pas ainsi en passe de concrétiser le rêve de chaque constructeur automobile: faire de l’automobile un produit si indispensable que personne ne peut s’en passer?
Tableau 1: Nombre d’automobiles et de camions légers en circulation au Québec 2015-2019
Type de véhicule
2015
2016
2017
2018
2019
Automobile et camion léger
4 598 166
4 671 968
4 758 010
4 779 332
4 836 544
Automobile
2 952 378
2 924 369
2 894 562
2 834 054
2 776 988
Camion léger
1 644 863
1 747 423
1 863 266
1 945 091
2 059 359
Source: Bilan 2019: accidents, parc automobile et permis de conduire, Québec, Société de l’assurance automobile du Québec, 2020, p. 163.
Le portrait n’est guère plus reluisant lorsque l’on jette un coup d’œil au nombre de titulaires d’un permis de conduire. Entre 2015 et 2019, on observe une hausse de 4 % du nombre de titulaires. Cependant, là encore il semble qu’il y ait quelques signes qui nous permettent d’espérer. En effet, durant la même période, on assiste à une diminution importante de détenteurs de permis de conduire chez les moins de 25 ans. Chez les 16 à 19 ans, on constate une diminution de 7 %, alors qu’elle est de 10 % chez les 20 à 24 ans37. Faut-il en déduire, comme plusieurs éditorialistes et «experts» du monde de l’automobile, que les jeunes de moins de 25 ans se désintéressent de la conduite automobile et qu’ils sont moins enclins à se procurer un véhicule? Assisterions-nous à une transformation des habitudes de transport au sein de la jeune génération? Y a-t-il lieu d’espérer?
Lorsque l’on brosse un portrait plus large de la situation, on constate que depuis 1990, année où a été atteint le plus haut taux de titulaires de permis de conduire chez les moins de 25 ans (64,6 %38), on a enregistré une chute du taux qui se stabilise à un peu moins de 56 % depuis le début des années 2000. Comment expliquer cette chute? Si nous étions confrontés à un réel changement des habitudes de consommation au sein de la jeune génération, on observerait également une forte diminution des véhicules sur les routes, ce qui n’est pas le cas. Comme le note l’économiste Mario Jodoin, «[d]e nombreux facteurs peuvent expliquer la baisse du pourcentage des jeunes ayant des permis de conduire […]: hausse du taux de fréquentation scolaire (de 37,7 % en 1980 à 60,3 % en 1997 chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, taux qui est demeuré assez stable par la suite pour atteindre 61,1 % en 2016), départ des jeunes des régions où l’automobile est nécessaire (entre autres pour étudier à l’université), fondation plus tardive des familles, situation économique, etc.39» Les statistiques des 5 dernières années montrent une augmentation des titulaires de permis de conduire dans les tranches d’âge des 25 à 34 ans (3 %) et des 35 à 44 ans (5 %), ce qui donne à penser que plusieurs personnes attendent simplement plus longtemps avant de se procurer un permis de conduire.
On constate que loin de se désintéresser de la conduite d’automobiles ou de camions légers, les Québécois et les Québécoises optent pour des véhicules plus massifs, qui gaspillent plus de carburant et ont un impact plus grand sur l’environnement. Le discours environnemental peine à se faire entendre ou à modifier réellement les comportements. L’augmentation du nombre de véhicules sur les routes et de détenteurs de permis de conduire montre que bien loin d’amorcer la fameuse transition écologique, la population québécoise choisit plutôt de s’enfoncer davantage, chaque année, sur un chemin sans issue autre que la détérioration de la qualité de vie de toutes et tous.
On continue de faire comme si nos actions n’avaient pas d’impact sur notre environnement physique et social. Comme si s’acheter un véhicule de la grosseur d’un char d’assaut, consommant une quantité gargantuesque de carburant, avait une quelconque utilité dans la vie autre qu’une fausse impression de sécurité. «Ces camions légers neufs sont en moyenne des véhicules plus chers, plus lourds et plus énergivores que les automobiles neuves, peut-on lire dans une étude menée par HEC Montréal. Le Québec dépense ainsi plus d’argent pour développer un parc automobile qui ne devient pas plus écologique et qui contribue à la congestion, à la perte de productivité économique, à l’étalement urbain et à la détérioration de la santé des Québécois40
Mais qui a besoin d’un VUS pour traverser un pont et rouler en ville? Il y a juste dans les «annonces de char» qu’un VUS sort «des sentiers battus» pour s’aventurer dans la nature sauvage et affronter des conditions difficiles.

Putain de camion

À ce tableau du nombre de véhicules en circulation, il manque bien entendu celui des camions lourds. Comme pour le reste du parc automobile, le nombre de camions lourds est, année après année, en constante augmentation. En 2000, ils étaient 107 078 sur nos routes, en 2019, ils étaient 157 979, soit une augmentation de 32 %.
Tableau 2: Nombre de camions lourds en circulation au Québec 2015-2019
Type de véhicule
2015
2016
2017
2018
2019
Camion lourd
138 207
141 737
149 294
153 235
157 979
Source: Bilan 2019: accidents, parc automobile et permis de conduire, Québec, Société de l’assurance automobile du Québec, 2020, p. 163.
À la différence des automobiles et des camions légers qui servent principalement à des fins de loisir et de transport individuel, les camions lourds représentent une part importante du transport pour le commerce et l’économie. En 2016, le camionnage contribuait «à près du tiers du produit intérieur brut (PIB) de l’industrie du transport et entreposage, soit près de 4,6 milliards de dollars41».
De tous les moyens de transport, le camion lourd est de loin le plus utilisé pour le cheminement des importations et des exportations avec les États-Unis. En 2016, le transport par camion lourd représentait 66 % des exportations et 53 % des importations avec nos voisins du Sud. Le plus proche concurrent était le transport ferroviaire, avec 15 % des exportations et 19 % des importations.
L’importance économique du camionnage, au Québec, a pour effet de mettre de la pression sur le gouvernement pour entretenir et développer le réseau routier. La croissance continuelle du nombre de camions lourds sur nos routes contribue à l’augmentation des dépenses en infrastructures routières. Dans son budget 2020-2021, le gouvernement ajoute 15,1 milliards $ au Plan québécois des infrastructures, qui possède déjà une enveloppe de 130,5 milliards $ d’ici 2030. De ce montant, le gouvernement prévoit dépenser 26,8 milliards $ dans le réseau routier, soit le double de ce qui est investi dans le transport collectif (13,6 milliards $). L’Association du camionnage du Québec se réjouit des nouveaux investissements qui, dit-elle, «permettront de maintenir ou de générer des retombées économiques favorables aux activités des transporteurs routiers de marchandises de la province42».
L’aspect proprement économique des transports ne transparaît jamais aussi clairement qu’avec le transport des marchandises. Le camionnage es...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Ville contre automobiles
  3. Crédits
  4. Introduction
  5. Première partie – Avant que le piège se referme
  6. Deuxième partie – Une fois dans le piège
  7. Troisième partie – Le piège se verdit
  8. Épilogue – On se libère du piège
  9. Notes