La bataille de l'avortement
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La bataille de l'avortement

Chronique québécoise

  1. 550 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La bataille de l'avortement

Chronique québécoise

À propos de ce livre

«Je ne peux pas croire que je dois encore me battre pour ça!» clament les pancartes des manifestantes les plus âgées. On aimerait croire que ce débat appartient au passé, mais depuis 1989, près d'une trentaine de projets de loi visant à recriminaliser l'avortement ont été déposés par des députés du caucus pro-vie à la Chambre des communes du Canada. Si nous y avons échappé jusqu'à maintenant, c'est grâce à la vigilance de militantes et à l'appui de milliers de personnes, convaincues que le droit à l'avortement est crucial pour l'émancipation des femmes.Par sa durée, son ampleur et l'intensité des résistances, la lutte pour le droit à l'avortement libre et gratuit est l'une des plus importantes du mouvement féministe, au Québec comme ailleurs. C'est ce que permet de constater ce livre, précieux assemblage de documents et d'analyses, enquête minutieuse sur un pan ignoré et pourtant déterminant de l'histoire des femmes du Québec.Présentant une chronologie détaillée et rigoureuse des événements, tant sur les plans juridique et politique que du point de vue de l'organisation citoyenne, ce livre offre un portrait vivant, original et complet par une protagoniste de ce mouvement. Il salue également le courage des femmes qui ont réclamé le droit à l'avortement à une époque où il était considéré comme un meurtre, le dévouement de celles et ceux qui, devant la résistance et l'inertie des autorités, l'ont si longtemps pratiqué illégalement.

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Informations

Année
2016
ISBN de l'eBook
9782890915541
Sujet
Nursing
Chapitre 1
Le règne des broches à tricoter
(1869 – 1969)
La lutte pour le droit à l’avortement libre et gratuit commence en mai 1970, soit un an après que le Parlement canadien a modifié le Code criminel afin de légaliser l’avortement uniquement pour des raisons thérapeutiques. Comparativement à la première loi canadienne de 1869, qui criminalise l’avortement en toutes circonstances, celle de 1969 ne représente qu’un léger assouplissement mais qui, contre toute attente, provoque une importante crise sociale partout au pays et déclenche un interminable conflit qui dure encore aujourd’hui.
Mais avant de plonger au cœur de cette lutte, il importe de retracer les principaux événements qui ont conduit à ces changements législatifs, de planter le décor politique, social et juridique qui prévaut à la fin des années 1960. Ce rapide survol permet également d’assister à la mise en place graduelle des protagonistes de ce conflit à venir, d’entrevoir la réalité des femmes et de mieux comprendre pourquoi certaines d’entre elles voudront changer le monde.
La politique de l’inertie
Au Canada, jusqu’en 1969, mis à part des modifications mineures apportées au Code criminel en 1892 et en 1955, la situation demeure inchangée : l’avortement est toujours interdit, peu importe les motifs et le stade de grossesse. Mentionnons que jusqu’en 1803, cette répression envers les femmes était moins grande : seul l’avortement pratiqué après les premiers mouvements du fœtus, soit entre la 16e et la 20e semaine de gestation, était illégal, car on considérait que c’était à ce moment que l’âme pénétrait dans le corps. Ainsi, pendant 100 ans, les femmes canadiennes et québécoises subiront les conséquences de cet immobilisme et seront prises au piège d’une double interdiction : celle d’avorter et celle de se procurer de l’information et des produits contraceptifs. Elles vivent dans la peur continuelle d’être enceintes, avec ce que cela signifie de grossesses non désirées, de fausses couches répétées, sans compter les risques élevés de mourir en couches. Afin d’échapper à ces calamités dites naturelles, des milliers d’entre elles défient la volonté de Dieu et des hommes, et tentent, par tous les moyens, d’empêcher la famille, de retarder leurs règles et de s’auto-avorter ; en dernier recours, elles s’adressent à une « faiseuse d’anges » qui les avorte clandestinement.
Connue des autorités civiles et religieuses, la pratique des avortements clandestins est assez répandue. Par exemple, en 1924, « un avocat siégeant à la Commission d’enquête Coderre sur la police de Montréal mentionne 25 maisons de la rue Saint-Denis, entre les rues Craig et Roy, où se pratiqueraient des opérations illégales1 ». Mais il est impossible d’en évaluer le nombre car seuls ceux qui se terminent par des complications médicales ou qui sont suivis d’un décès sont révélés au grand jour. Selon le Bureau fédéral de la statistique, pour la période de 1960-1966, l’avortement, avec ou sans mention d’infection ou de toxémie, a causé le décès de 150 femmes2, et ces chiffres officiels seraient bien en deçà de la réalité ! À titre d’indicateur de l’ampleur du phénomène, le BFS rapporte en 1968 43 491 hospitalisations de Canadiennes pour des complications résultant d’un avortement légal ou illégal3. En 1966, toujours selon le BFS, l’avortement était la principale cause d’hospitalisation des femmes avec 45 482 admissions et en 1962, il atteignait le chiffre record de 57 617 admissions4. La difficulté d’établir la preuve et l’absence de témoin font en sorte qu’il y aura peu de poursuites judiciaires. Ainsi, les rapports annuels fédéraux sur la criminalité ne rapportent que « 77 accusations d’avortements et de tentatives d’avortement au Québec de 1919 à 1939, dont 58 se soldèrent par des condamnations5 ». Pour la période de 1960 à 1966, 215 personnes ont été accusées au Canada d’avortement et de tentatives d’avortement, en vertu des articles 237 et 238 du Code criminel ; sur ce nombre, 160 furent déclarées coupables6.
Sur le plan juridique, il faut mentionner deux événements importants annonciateurs des changements à venir. D’abord, en 1936, en Ontario, une infirmière, Dorothea Palmer, accusée d’avoir distribué illégalement de l’information sur la contraception, est acquittée par le juge Lester Clayton, qui estime qu’elle a agi « pour le bien public ». Grâce à ce procès retentissant, le mouvement pour le contrôle des naissances acquiert la respectabilité qui lui manquait et connaît, par la suite, un essor important dans les provinces anglophones ; au Québec, il faudra attendre le début des années 1960 pour que la première association de planification familiale voie le jour.
Ensuite, en Angleterre, l’acquittement par un jury, en 1938, du Dr Alec Bourne introduit la notion d’avortement thérapeutique : désormais un médecin accusé d’avoir pratiqué un avortement pourra invoquer pour sa défense qu’il a agi de bonne foi pour sauver la vie ou la santé de la femme. Cette victoire fera jurisprudence dans la plupart des pays du Commonwealth, le Canada compris. Enfin, le cas de Sherri Chessen Finkbine, survenu en 1962, mérite d’être souligné. Cette Américaine, qui avait pris des comprimés de thalidomide pendant sa grossesse et venait d’apprendre que son fœtus risquait d’être atteint de malformations congénitales, décida de se faire avorter. Cette affaire ouvre le débat, tant aux États-Unis qu’au Canada, sur l’avortement pratiqué pour des raisons eugéniques.
Lorsque, en 1967, le gouvernement fédéral propose enfin d’amender le Code criminel afin de légaliser l’avortement thérapeutique, plusieurs se demandent ce qui peut bien le pousser à s’engager sur un terrain aussi dangereux. Nous aimerions croire que c’est en raison d’un soudain élan de compassion envers les femmes ou par ­esprit de justice, mais il n’en est rien. L’explication se trouve plutôt, en partie, dans le contexte particulier des années 1960.
« C’est le début d’un temps nouveau... »
Le monde est en ébullition. Les luttes de libération nationale font rage en Amérique latine et en Afrique, la Chine entreprend sa révolution culturelle. En France, les événements de mai 1968 ébranlent le gouvernement du général De Gaulle, cependant que la lutte contre la guerre du Vietnam, la radicalisation de la lutte des Noirs américains et le mouvement de la contre-culture secouent les États-Unis. Ce vent de changement n’épargne pas le Canada et encore moins le Québec qui, durant cette décennie, se modernise, « s’ouvre au monde et se met à l’heure de l’Amérique7 ». De 1960 à 1966, « l’équipe du tonnerre » du gouvernement de Jean Lesage réalise des réformes en profondeur dans le domaine de la santé, de l’éducation et des affaires sociales. Cette « Révolution tranquille » s’accompagne de la laïcisation de la société québécoise, de l’émergence d’un nouveau nationalisme, de la transformation des valeurs et de la syndicalisation massive des travailleuses et travailleurs de l’État. Cette période de rattrapage et de prospérité ­atteint son point culminant avec la tenue, à Montréal, de l’Exposition universelle de 1967, sous le thème « Terre des hommes ».
Durant ces années, les sondages d’opinion et les reportages sur le contrôle des naissances se multiplient8 et témoignent d’un important changement de mentalité chez les couples québécois francophones et catholiques. Ils « démontrent que les femmes pratiquent déjà la contraception dans des proportions très élevées : 70 % de la population à Montréal et à Québec et jusqu’à 82 % à Sherbrooke selon l’enquête McClean’s [1966]9 » et qu’elles rejettent l’autorité de l’Église catholique en matière de morale conjugale et sexuelle. Cette évolution favorise la mise sur pied, en 1964, de l’Association pour la planification familiale de Montréal (APFM) et, en 1967, du Centre de planning familial du Québec (CPFQ), qui seront les pionniers du mouvement de planification des naissances au Québec.
À la fin des années 1960, le Québec connaît un vaste mouvement de contestation sociale et politique, caractérisé par un refus de l’ordre établi et des objectifs de libération nationale et sociale. Ce mouvement est porté par les associations étudiantes, les syndicats, les groupes populaires, politiques et contre-culturels, et il donne lieu à de multiples affron...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Faux-titre
  3. Titre
  4. Crédits
  5. Table des matières
  6. Remerciements
  7. Dédicace
  8. Introduction
  9. Note de l'auteure
  10. Chapitre 1
  11. Chapitre 2
  12. Chapitre 3
  13. Chapitre 4
  14. Chapitre 5
  15. Chapitre 6
  16. Conclusion
  17. Notes
  18. Bibliographie
  19. Annexe
  20. Index
  21. Quatrième de couverture