100 questions sur les femmes et la politique
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100 questions sur les femmes et la politique

Nouvelle édition revue et augmentée

  1. 376 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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100 questions sur les femmes et la politique

Nouvelle édition revue et augmentée

À propos de ce livre

Il n'est pas rare aujourd'hui que des pays soient gouvernés par des femmes; c'est le cas de l'Allemagne, de l'Argentine, du Brésil, du Chili, de la Corée du Sud, du Danemark et du Libéria. Plus près d'ici, pensons à Kathleen Wynne en Ontario, ou encore à Pauline Marois au Québec. Toutefois, en dépit de notables avancées, les femmes sont toujours largement sous-représentées dans les gouvernements du monde.Mais pourquoi faut-il plus de femmes dans les parlements? Comment le contexte politique est-il en train de se transformer? Les responsabilités familiales sont-elles un réel obstacle à l'engagement des femmes en politique? L'électorat est-il sexiste ou lesbophobe? Les femmes se font-elles offrir des circonscriptions perdues d'avance? Quels sont les arguments pour et contre les revendications de quotas et de parité?Constituant une radiographie de la situation des femmes en politique, au Québec, au Canada et dans le monde, cet ouvrage de référence entend répondre à ces questions et à bien d'autres encore.

Foire aux questions

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1. Les droits de vote et de candidature

1. Qu’est-ce que le mouvement suffragiste?

Le mouvement suffragiste a consisté en une série de mobilisations destinées à décrocher pour les femmes le droit de voter aux élections. Bien que sa durée ait grandement varié d’un pays à l’autre (par exemple, le mouvement s’est étendu sur plus d’un siècle en Suisse, voir la question 5), de manière générale le mouvement suffragiste s’est manifesté du milieu du 19e siècle jusqu’au milieu du siècle suivant (voir la question 4). Les premiers mouvements suffragistes apparaissent aux États-Unis et en Grande-Bretagne au cours des années 1850, où ils atteignent d’ailleurs des proportions appréciables. Ainsi, lors de la Conférence de Seneca Falls, en 1848 aux États-Unis, des femmes réclamèrent le droit de voter aux élections. En Grande-Bretagne, la première organisation suffragiste voit le jour en 1851 (la Sheffield Female Political Association). Par ailleurs, tous les pays n’ont pas connu de mouvement suffragiste. Par exemple, si ce mouvement a été virulent en Grande-Bretagne, il n’a pas existé en Finlande, où les femmes et les hommes ont eu le droit de vote en 1906, au moment de l’indépendance, non plus au Japon, où le conquérant américain l’octroya en 1945 et 1947.
Ce sont surtout des femmes qui ont milité dans le mouvement suffragiste, bien que des hommes y aient également pris part (par exemple en parrainant des projets de loi en ce sens). Plusieurs de ces militantes étaient scolarisées (du moins par rapport à leurs contemporaines), appartenaient à la bourgeoisie urbaine et endossaient les idéaux de l’individualisme libéral. Néanmoins, des femmes moins bien nanties s’y sont également investies (les femmes noires dans le mouvement américain, par exemple; voir à ce sujet le très beau film de Katja von Garnier, Iron Jawed Angels [Volonté de fer]).
Le mouvement suffragiste réclamait le droit pour les femmes de voter, il n’était pas pour autant uni; en fait, il a été traversé par une grande diversité sur le plan des idées et des tactiques. Les luttes pour le suffrage des femmes ont fait s’opposer ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler les «égalitaristes» et les «différencialistes». Ainsi, des militantes réclamaient le suffrage au nom de l’égalité des sexes, alors que d’autres le faisaient au nom de la différence entre les femmes et les hommes (voir la question 6). Le mouvement comptait à la fois des militantes réformistes et radicales. Les premières estimaient que suivre les règles du jeu politique allait leur permettre de décrocher le droit de voter. Leurs tactiques consistaient, par exemple, à faire du démarchage auprès des hommes politiques et à leur remettre des pétitions. Les militantes radicales, souvent qualifiées de «suffragettes», préconisaient plutôt des actions plus spectaculaires, comme chahuter les travaux parlementaires, manifester ou mener une grève de la faim: cette tendance a été incarnée par le National Woman’s Party d’Alice Paul et Lucy Burns aux États-Unis et par la Women’s Social and Political Union des Britanniques Emmeline et Christabel Pankhurst. La mémoire retient l’action extraordinaire de la suffragette britannique Emily Davison qui, en 1913, se jeta devant le cheval du roi aux cris de «Vote pour les femmes!». Des fissures au sein du mouvement se manifestèrent également entre les femmes de la majorité et celles des minorités ethniques, celles-ci étant souvent reléguées à la marge. L’expérience américaine est notoire à cet égard; le fait que les femmes noires obtiennent le droit de vote au même titre que les femmes blanches suscita beaucoup de résistance au sein de la communauté blanche.
Le mouvement suffragiste s’est inscrit dans la trame plus vaste de la première vague féministe. Celle-ci était préoccupée d’obtenir divers droits civils (tels le droit à la propriété pour les femmes mariées et le droit au divorce), sociaux (comme le droit à l’éducation), économiques (comme le droit d’être à l’abri de discriminations en matière d’emploi et de rémunération) et politiques (comme le droit de voter aux élections). La première vague féministe est couramment assimilée au mouvement suffragiste. Or, c’est là une vision réductrice, car même si le suffrage a occupé l’avant-scène du mouvement de la première vague, il n’en a pas moins constitué une revendication parmi d’autres. Par ailleurs, la deuxième vague, qui se manifeste à partir du milieu des années 1960, est souvent associée au mouvement de «libération» des femmes. Là encore, cette vision est réductrice: certes, la deuxième vague a été animée par des femmes qui réclamaient le droit à l’autonomie, notamment au chapitre du corps (une perspective étroitement associée au droit à l’interruption volontaire de grossesse grâce à l’accès à des services gratuits et sécuritaires), mais elle a aussi comporté une frange préoccupée d’obtenir l’égalité de droit et, surtout, de fait entre les femmes et les hommes (le passage de l’égalité salariale à l’équité salariale en est un exemple).
Une nuance s’impose toutefois: tout un courant au sein de l’histoire des femmes remet en question la pertinence de penser le mouvement féministe en fonction de «vagues» et, surtout, de supposer que le mouvement serait entré dans une phase de dormance au cours des années 1930 à 1960. Ce serait là ignorer la continuité des mobilisations des femmes pour la quête de leur égalité et de leur liberté.

Références

Hannam, June, Mitzi Auchterlonie et Katherine Holden (2000). Inter­national Encyclopedia of Women’s Suffrage, Santa Barbara (CA), ABC-CLIO.
Von Garnier, Katja (réal.) (2004). Iron Jawed Angels [Volonté de fer], New York, HBO Video (film sur les luttes suffragistes aux États-Unis).
Zimmern, Alice (2010). Suffrage des femmes dans tous les pays, [s.l.], Nabu Press.

2. Les droits de voter et de briguer les suffrages aux élections législatives nationales ont-ils été accessibles aux femmes et aux hommes en même temps?

L’Histoire se rappelle de luttes suffragistes épiques aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Pourtant, règle générale, les femmes et les hommes ont décroché les droits de voter et de poser leur candidature à une élection législative en même temps et aux mêmes conditions. C’est le cas en Australie, par exemple, avec la création du Commonwealth of Australia en 1901. C’est aussi le cas en Finlande où, en 1906, fut institué le suffrage universel.
Par contre, dans certains pays, les femmes ont obtenu ces droits en deux temps, et ont dû mener des luttes distinctes afin que ces deux droits leur soient reconnus. C’est le cas, entre autres, à Djibouti, aux États-Unis, au Mexique, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Turquie. Cet écart est plus ou moins prononcé selon les pays: il n’est que de deux années au Canada (1918 pour le droit de voter et 1920 pour le droit de se porter candidate aux élections fédérales générales) et aux Pays-Bas (1917 pour le droit d’être candidate et 1919 pour celui de voter), de quatre années en Turquie (1930 et 1934) et de 11 années à Myanmar/Birmanie (1935 et 1946), mais de 22 années au El Salvador (1939 et 1961), 26 en Nouvelle-Zélande (1893 et 1919), 40 à Djibouti (en 1946 et 1986) et 132 années (1920 pour le droit de vote mais 1788 pour le droit d’éligibilité) aux États-Unis. Au pays de l’Oncle Sam, une femme (Jeannette Rankin, représentante du Montana) est élue à la Chambre des représentants en 1917, trois ans avant que les femmes ne puissent voter aux élections fédérales.
Que la tendance générale soit à l’octroi des droits de suffrage et de candidature simultanément aux femmes et aux hommes s’explique pour une bonne part par la vague de décolonisation des années 1950 à 1970: en accédant à la souveraineté, les nouvelles nations accordèrent ces droits aux unes et aux autres. Il faut dire aussi que quelques instruments du droit international étaient déjà en place, comme la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), la Convention sur les droits politiques de la femme (1952) ou encore le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966; voir la question 76), et ils ont fort probablement joué un rôle important (voir la question 80), quoique celui-ci reste à démontrer.
Deux nuances s’imposent toutefois afin de brosser un tableau plus juste de l’accès des femmes aux droits de suffrage et de candidature. Premièrement, on imposait parfois aux femmes certaines conditions afin de pouvoir voter (en termes d’âge, de statut marital, de scolarisation, de propriété ou de revenu), des exigences que les hommes n’avaient pas à satisfaire. Par exemple, en 1915, l’Islande autorisa les femmes à voter aux élections législatives à condition qu’elles aient célébré leur 40e anniversaire de naissance. En 1918, la Grande-Bretagne imposa une limite du même ordre: ne pouvaient voter que les femmes de 30 ans révolus (tandis que les hommes pouvaient voter dès 21 ans). En 1924, les Espagnoles célibataires et veuves, âgées d’au moins 23 ans, gagnèrent le droit de vote. L’Islande, la Finlande et la Suède réservèrent aussi le suffrage d’abord aux seules célibataires et veuves. On justifiait l’exclusion des femmes mariées par le fait qu’elles étaient représentées par leur mari; leur accorder le vote revenait ou bien à ce qu’elles votent deux fois si femme et mari partageaient les mêmes opinions politiques ou bien, dans le cas contraire, pour le mari à voir son vote annulé par sa tendre moitié… l’inverse n’étant pas envisagé… Au Portugal, il était exigé des femmes, mais non des hommes, qu’elles aient terminé leurs études secondaires ou supérieures pour pouvoir voter.
Ces conditions imposées au suffrage des femmes ont eu pour effet non seulement de produire une inégalité entre les femmes et les hommes, mais aussi d’instaurer — et c’est là la seconde nuance dont il faut tenir compte — des clivages entre les femmes elles-mêmes (par exemple, entre les femmes mariées et celles qui ne l’étaient pas ou qui ne l’étaient plus, entre les femmes de la bourgeoisie et les autres, ou encore entre les femmes de différents groupes ethniques). Rien d’étonnant à ce que les femmes, hier comme aujourd’hui, aient du mal à se penser comme un groupe éligible à la représentation politique (voir les questions 11 et 59).

Références

Rodríguez-Ruiz, Blanca et Ruth Rubio-Marín (2012). «Introduction: Transition to Modernity, the Conquest of Female Suffrage and Women’s Citizenship», dans Blanca Rodríguez-Ruiz et Ruth Rubio-Marín (dir.), The Struggle for Female Suffrage in Europe. Voting to Become Citizens, Leiden (Pays-Bas), Brill, p. 1-46.
Tremblay, Manon (2005). «Introduction. Du droit d’élire et d’être élues au droit de représenter et d’être représentées: une lecture de la citoyenneté politique des femmes», dans Manon Tremblay (dir.), Femmes et parlements: un regard international, Montréal, Remue-ménage, p. 21-54.

3. Quels sont les premiers pays où les femmes ont obtenu les droits de voter et de se porter candidates aux élections législatives nationales?

Il existe plusieurs exemples où les femmes ont pu voter… jusqu’à ce que ce droit leur soit retiré. Dans l’Angleterre des Tudor et des Stuart des 16e et 17e siècles, les propriétaires foncières pouvaient participer à l’élection des membres du Parlement — un droit qu’elles perdirent avec la réforme électorale de 1832. Au Bas-Canada (le Québec au début de la confédération), les femmes détenant une propriété foncière purent voter entre 1791 et 1849, au même titre que les hommes propriétaires (voir la question 81). Ce fut aussi le cas au Connecticut et au Massachusetts, où les femmes satisfaisant à certaines exigences en termes de propriété et de résidence purent voter. Elles le firent aussi au New Jersey entre 1790 et 1807. Si l’île de Man, les îles Pitcairn, le Territoire du Wyoming (avant son entrée dans l’Union américaine) et la Nouvelle-Zélande élargirent le suffrage aux femmes en 1838, 1866, 1869 et 1893 respectivement, l’Australie est le premier pays pleinement souverain où les femmes et les hommes (mais non les Aborigènes) ont pu voter dans les mêmes conditions. L’Australie n’est pas le seul pays à avoir exclu du suffrage les femmes autochtones; c’est aussi le cas de l’Afrique du Sud, du Canada et du Zimbabwe. Au Kenya, une colonie britannique, les femmes d’origine européenne ont pu voter dès 1919, les femmes et les hommes asiatiques en 1923, mais les femmes et les hommes noirs n’ont pu le faire avant 1957. Il semble, pour l’essentiel, qu’une mentalité colonialiste et des préjugés racistes expliquent cet écart entre les femmes blanches et les femmes non blanches. Une mentalité colonialiste en vertu de laquelle les «peuples colonisateurs» placent les peuples autochtones en tutelle: les premiers ont pour mission de domestiquer la Nature, ce qui implique que l’État, en tant que fiduciaire des peuples autochtones, prend en charge leur bien-être et la défense de leurs intérêts. Des préjugés racistes en vertu desquels est mis en doute le fait que les peuples autochtones disposent des «outils» (soit le raisonnement et le discernement, la culture, l’instruction, l’intérêt pour la chose publique, etc.) jugés essentiels afin de faire des choix éclairés et ainsi assumer de manière responsable les obligations inhérentes à la citoyenneté.
Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande est le premier pays où les femmes maories (ou aborigènes) et paketas (c’est-à-dire non maories et donc le plus souvent d’ascendance anglo-britannique) ont obtenu au même moment le droit de voter aux élections législatives nationales, même si le pays était alors sous la tutelle du Royaume-Uni. McLeay (2006) explique cet avant-gardisme par plusieurs facteurs, dont les deux suivants. L’un veut que les hommes maoris, au même titre que leurs vis-à-vis non maoris, disposaient déjà du droit de vote depuis 1867; lorsque le suffrage a été élargi aux femmes en 1893, il n’a tout simplement pas été question d’en exclure les Maories. Selon l’autre explication, la Nouvelle-Zélande constituait alors une société nouvelle, où l’égalitarisme pouvait davantage prévaloir que dans les sociétés que les Européennes avaient quittées. Cette explication est d’autant plus vraisemblable que les femmes d’un autre pays nouveau, et voisin, soit l’Australie, sont les secondes (en 1902) à avoir obtenu le droit de voter aux élections législatives nationales.
Formellement, la palme du premier pays où les femmes purent se porter candidates aux élections législatives nationales revient aux États-Unis. La Constitution de 1788 laissait la porte ouverte à l’éligibilité des femmes, et en 1866 Elizabeth Cady Stanton fut candidate. Ce n’est toutefois qu’en 1920, en vertu du 19e amendement à la Constitution, que les Américaines eurent le droit de voter aux élections du Congrès (plusieurs États les autorisaient déjà à voter pour élire les membres de leur législature, comme le Wyoming depuis 1869). Cette «première» des États-Unis s’explique en partie par l’écriture inclusive de la Constitution: en effet, on y utilisait le mot «personne» et non le pronom «il» ou les mots «mâle» et «homme», permettant ainsi aux femmes de voter à défaut d’en être spécifiquement interdites. Le 14e amendement, adopté en 1868, a toutefois introduit le mot «mâle» dans la Constitution. Une situation similaire s’est posée au Bas-Canada (voir la question 81). À mon avis, il est probablement plus juste d’attribuer à l’Australie la palme du premier pays où les femmes purent se porter candidates aux élections législatives nationales: alors que c’est par omission que les Américaines ont eu le droit de se présenter aux élections dès 1788, ce droit a été explicitement reconnu aux Australiennes en 1902.
L’Australie est le premier pays où, en 1902, les femmes ont obtenu de manière simultanée les droits de voter et de se porter candidates aux élections législatives du Commonwealth. Ce ne sera pourtant qu’aux élections fédérales de 1943 qu’une femme franchira le seuil de la Chambre des représentants et qu’une autre sera élue au Sénat. Comment expliquer cet avant-gardisme? Lors des pourparlers ayant mené à la fédération australienne au cours des années 1890, la délégation de l’Australie du Sud insista, à la convention constitutionnelle de 1897-1898, pour que les femmes conservent leurs droits politiques déjà acquis (nommément, les droits de vote et de candidature aux élections législatives, droits que détenaient aussi les femmes en Australie occidentale). Le Franchise Act de 1902 maintint ces droits et les étendit à toutes les femmes de la fédération nouvellement constituée.

Références

Gertzog, Irwin N. (1990). «Female Suffrage in New Jersey, 1790-1807», Women & Politics, vol. 10, no 2, p. 47-58.
McLeay, Elizabeth (2006). «Climbing On: Rules, Values and Women’s Representation in the New Zealand Parliament», dans Marian Sawer, Manon Tremblay et Linda Trimble (dir.), Representing Women in Parliament. A Comparative Study, Abingdon, Routledge, p. 67-82.
Sawer, Marian et Marian Simms (1993). A Woman’s Place. Women and Politics in Australia, St. Leonards, Allen &a...

Table des matières

  1. Remerciements
  2. Présentation
  3. 1. Les droits de vote et de candidature
  4. 2. Les comportements électoraux
  5. 3. Les obstacles à l’élection des femmes
  6. 4. La proportion de femmes dans les parlements
  7. 5. Les stratégies pour féminiser les parlements
  8. 6. La représentation politique
  9. 7. La participation au gouvernement
  10. 8. Les instruments du droit international
  11. 9. Au Québec et au Canada