
- 226 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Vrai parler présente l'univers du rap québécois à travers les propos croisés de plus d'une quarantaine de ses acteurs. Dans une forme qui se trouve à mi-chemin entre une histoire orale et un portrait varié et nuancé de la scène actuelle, les artistes abordent des thèmes comme l'engagement, la présence des femmes, les liens avec les médias traditionnels et l'industrie de la musique populaire au Québec, les relations avec le public et les considérations identitaires. Vrai parler offre une documentation inédite du rap québécois et présente cette pratique artistique par la voix de ses artisans.
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Informations
Sujet
MusicSurvol historique
par Félix B. Desfossés et Olivier Boisvert-Magnen
Olivier Boisvert-Magnen : journaliste culturel (Voir et CISM)
On mentionne beaucoup dans l’idéologie populaire que ce serait Lucien Francœur et le Rap-à -Billy qui aurait défriché le terrain pour ce qui est de l’arrivée du rap au Québec. Moi, je suis contre cette idée reçue, en fait n’importe quel historien ou archéologue musical serait contre ça, mais je trouve que Lucien Francœur est un peu notre Gil Scott-Heron, dans le sens où dans les années 70, bien avant le Rap-à -Billy, avec son groupe Aut’ Chose, il faisait déjà des poèmes narrés parfois avec un lexique franglais étoffé, par exemple sur la chanson Le freak de Montréal. Un genre de précurseur sans le vouloir, juste parce que c’est un poète qui voulait déclamer, débiter ses paroles au lieu de les chanter.
Indépendamment de ça, les débuts du hip-hop québécois remontent au tournant des années 80, y a peu de traces de ça, et c’était principalement en anglais. Et même au-delà de ça, je dirais que c’était pas vraiment du rap, mais plus de la danse, du graffiti pis du deejaying. Je sais même pas qui est le premier rappeur, en fait.
Félix B. Desfossés : journaliste culturel (Radio-Canada)
Les premiers événements hip-hop en tant que tels, c’étaient des block partys, des partys de quartier que les gens ici appelaient des blockos, qui se déroulaient les premiers à Greenfield Park pis dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. C’est là vraiment qu’il a commencé à y avoir des DJ qui faisaient spinner du disco, du funk, et qui ont commencé à faire des techniques de DJ, comme dans le cas du cut’n’scratch qui était ramené de Brooklyn. Ces partys-là , dans le fond, ont lancé la culture hip-hop à Montréal.
DJ Flight Almighty (j’oublie son vrai nom) vivait entre Montréal puis Brooklyn, pis il a commencé à ramener de ses voyages à Brooklyn des informations pis, surtout, des techniques de DJ à Montréal. La même chose pour Butcher T qui était un des premiers DJ à Montréal. Faque dès le début du rap américain, fin des années 70, déjà ça commençait aussi à Montréal avec des gens qui ramenaient ces influences-là .
Olivier Boisvert-Magnen
L’exportation de la culture américaine vers la culture québécoise, c’est essentiel au développement de la culture hip-hop ici parce qu’il y avait rien qui passait à la télé. Donc souvent c’était des gens issus de l’immigration qui étaient à Montréal et qui allaient visiter leur famille aux États-Unis. C’est ça qui a aidé à former la culture hip-hop à Montréal. Par la suite, des gars comme 01Étranjj et Shoddy, eux, avaient accès à des magazines — que ce soit en provenance de Toronto ou de New York —, et ils pouvaient être au courant de ce qui se passait dans la culture américaine du hip-hop. Donc c’est très vrai ce que Félix dit : beaucoup de précurseurs ont amené directement, physiquement, les techniques jusqu’ici.
Félix B. Desfossés
Pour moi, le premier jalon important ç’a été le début de l’émission de Mike Williams, qui passait le samedi soir sur les ondes de CKGM, à Montréal. Mike Williams, qui était souvent accompagné de Butcher T, faisait jouer du hip-hop, du r&b, de l’electro funk, finalement une espèce d’émission de musique urbaine où le hip-hop avait beaucoup de place. Tranquillement, quand il y a commencé à y avoir des MC à Montréal, Mike et Butcher T ont commencé à les inviter à venir faire des cyphers les samedis soirs, je pense que c’était comme de 18 h à minuit, quelque chose comme ça. Faque ils pouvaient remplir beaucoup d’heures de radio avec de la musique live, avec des beats en arrière pis les MC venaient. Ils ont pas mal enregistré comme ça les premiers MC à Montréal. C’était beaucoup des anglophones parce que CKGM c’était une station de radio anglophone, mais y avait aussi là -dedans beaucoup de francophones, de gens qui étaient issus de l’immigration, entre autres des Haïtiens.
Mike Williams, en 84, est parti de Montréal pour aller à Toronto pour devenir DJ à MuchMusic, pis il est devenu animateur de tout ce qui était créneau hip-hop et musique urbaine pour eux. C’est pour dire que ç’a été un pionnier à Montréal pis après ça une figure super importante de la musique urbaine au Canada au complet.
Parmi les premières personnes à faire du rap qui sont issues de la scène hip-hop, y a Blondie B. Elle, dans le fond son vrai nom c’est Ludmila Zelkine, elle est née d’une mère française et d’un père qui est aussi né en France, mais qui a grandi en Russie. Faque elle, elle pouvait rapper en français, en anglais, en espagnol, en russe. Elle avait aussi sa partner qui se faisait appeler Teddy Bear qui était originaire d’Haïti, faque elle pouvait rapper en français, en anglais pis en créole. Ensemble, elles faisaient un duo, pis y avait aussi d’autres duos féminins comme Wavy Wanda & Baby Blue. Y a aussi beaucoup de DJ, plutôt masculins, je pense à DJ Ray qui était parmi les premiers. Tout ce monde-là gravitait autour de Mike Williams pis de l’émission de CKGM. Ça, c’était vraiment la scène hip-hop de l’époque.
À côté, dans l’industrie musicale québécoise, y a eu quand même des répercussions du succès de Rapper’s Delight3. Rapper’s Delight, c’est en 1979, ç’a comme fait connaître le rap à large échelle. Y a eu une espèce de réponse un peu comique francophone par André Montmorency, qui était un acteur homosexuel qui est devenu une icône de la culture gaie au Québec.
Olivier Boisvert-Magnen
En fait, le rap francophone au Québec est intimement lié à la parodie à ses débuts. Dès le début des années 80, les premières démonstrations de « rap » qu’on a eues viennent de gens qui étaient pas issus de la culture hip-hop, qui ont vu qu’il y avait une tendance aux États-Unis et qui se sont servis un peu de ça comme un canevas pour faire de l’humour.
Félix B. Desfossés
André Montmorency faisait du rap parodique sous le nom de Christian Lalancette, un personnage qu’il jouait dans l’émission Chez Deniseà Radio-Canada. C’était un coiffeur qui était mettons pas ouvertement homosexuel, mais qui incarnait à peu près tous les clichés possibles de l’homosexualité. Donc, ç’a été un pionnier, un peu, au petit écran, de la culture gaie au Québec. Faque André Montmorency a sorti la chanson Wouch Wouch en 1980, et ç’a été, étrangement, un gros succès parce qu’on en retrouve encore des copies par dizaines, c’est super facile à trouver ce disque-là .
Olivier Boisvert-Magnen
Autour de la même année que Montmorency, y a Bill qui fait la toune. As-tu du feu (Beurre de peanut).On est assez loin du rap, mais y a un début de narration sur un beat funky avec un DJ. Après ça on a, évidemment, RBO qui a fait probablement le plus grand succès rap des années 80 au Québec, avec la chanson Ça rend rap. Encore une fois, oui ça ouvrait Monsieur Madame Tout-le-monde à cette culture-là , mais en la ridiculisant, en jouant sur les stéréotypes. Ç’a peut-être servi un petit peu, parce qu’au moins les gens ont su c’était quoi du rap en français, mais bon…
Félix B. Desfossés
On a aussi un 12’’ d’un groupe, l’artiste semble s’appeler O’Bey et est accompagné par le Rhythm Section Montréal Rock. Y a pas d’informations qui ont été retrouvées sur qui sont ces gens-là précisément, est-ce que c’est quelqu’un qui était du Québec ou qui était de passage ici (parce que beaucoup d’artistes disco passaient ici et s’en retournaient par la suite). Mais ça, c’était vraiment du disco-rap. Après ça t’as commencé à avoir toutes sortes d’autres exemples d’influences disco-rap avec plusieurs autres succès, jusqu’à tant qu’on arrive au Rap-à -Billy de Lucien Francœur. Si on prend Blondie B, dont je parlais tantôt, ben elle, ses premiers démos datent de 1983. Donc c’est vraiment en même temps que Lucien Francœur est arrivé avec son succès. Y avait déjà une scène hip-hop à Montréal, Lucien Francœur n’en était pas issu, t’sais.
Y avait quand même, faut dire, beaucoup d’autres rappeurs, DJ, beaucoup à Montréal-Nord, etc., et ça c’est moins bien documenté, je te dirais, à ce moment-ci [en 2019]. Le reste aussi est assez mal documenté, mais de la scène anglophone, tranquillement, les noms commencent à ressortir. Butcher T est encore actif à la radio de McGill en ce moment.
Olivier Boisvert-Magnen
Butcher T est une référence vivante, qui a lui-même connu les débuts du hip-hop influencés par la culture américaine. C’est une de nos légendes, très sous-estimée parce qu’il y a tellement pas de traces de ça qu’on peut même pas donner suite à l’histoire ou la propager. Mais Butcher T est clairement un élément fondateur de la culture hip-hop d’ici.
Faque tout ça c’est des balbutiements dont on a gardé peu de traces. C’est pas pour rien qu’il y a beaucoup de gens qui remontent à Lucien Francœur, c’est parce qu’on a presque pas de traces, y a personne qui a enregistré d’albums qu’on peut écouter maintenant.
Dramatik, par exemple, avait déjà commencé à rapper (en anglais) en 91. Mais ça, on le sait parce que c’est Dramatik et qu’il peut nous le dire. Mais tous les rappeurs de cette époque-là qui ont lâché peu après, on a aucune idée ils sont où. T’sais, Félix fait un travail d’archéologue, mais y a des limites à ce qu’il peut faire, surtout quand ç’a pas été enregistré. Le rap était une culture immatériel...
Table des matières
- Page couverture
- Titre
- Crédits
- Citation
- Avant-propos
- Survol historique
- Icitte
- Trajectoires et reconnaissance
- Vrais reconnaissent vrais
- La game
- Garde ta job
- Territoire hostile
- Présence en ligne
- All Hail the Queens
- Mentalité Moune Morne
- The Message
- Biographies des intervenants
- Remerciements
- Bibliographie
- Collection
- Fin
- Quatrième de couverture