LA VIE PRODIGIEUSE
PRISE I
Nous pourrions peut-ĂȘtre vivre sans poĂ©sie
mais pourquoi le ferions-nous ?[réf]
On peut tout avoir
La poésie logique
lucide et gantée
sérieuse ou affolée
criminelle et pure.
Elle ne rencontre jamais la frontiĂšre
affronte les obstacles Ă sa respiration
enjambe avec ses féroces regards les mondes entiers
elle galope Ă toute allure
déferle obscurité
artifices.
Rivale des grands libérateurs
elle se réjouit de la force de la beauté.
Au large des longs chemins
les paysages coulent
roulent
comme une source cachĂ©e Ă lâombre
Ă la lisiĂšre de lâinconnu.
Elle galope sans freiner le présent
ne sâattarde pas au ravage fermentĂ©
sur le terrain glaiseux
oĂč aucune rĂ©colte nâest possible.
Nous avions tellement hĂąte
nous voulions hĂąter la course
raccourcir le temps pour arriver plus vite Ă nous.
Nous voulions faucher les herbes sĂšches
mais le virevent feu follet Ă©clate
un firmament erratique.
Elle reste troublĂ©e dâorages
fonce encore
et les cauchemars de bandits tueurs
ne détournent pas sa locomotive-lumiÚre-vitesse
du parcours Ă suivre.
Lâivresse la baigne
ïŹotte dans lâeuphorie
le corps enfin oublié.
Ăros
enrobé de parfum illégal
somnole ïŹuide
nous emporte Ă dâautres rives
Ă dâautres vies.
Semence trouble
Et la part des autres dans notre vie
lâespace quâils rĂ©clament
quâon leur cĂšde
ou pas.
Le message leur parvient-il ?
Sommes-nous des Ă©tincelles
du grand brasier qui dévore tout
le grand destructeur qui rase
puis regĂ©nĂšre lâĂ©merveillement ?[rĂ©f]
Quâil incendie !
Quâil se gave de leurs dĂ©chets
et réclame le terrain purifié
pour une tout autre semence.
Tourner la page
La routine caverneuse ne mâennuie plus
nâest plus la mienne qui relĂšve du paysage mystique
du corps plein de formules et de potions musicales.
Jâattends avec joie
jâai envie
je crache du feu
jâĂ©ternue la vieille misĂšre miteuse
je rĂȘve de nourrir la ïŹamme du jour nouveau
offrir mes louanges Ă lâespace oĂč mijote le mystĂšre
oĂč le scintillement de la perle des yeux
imagine lâau-delĂ dans lâautre.
Possédée
Survolant la détresse sans se poser
tellement dâangoisse
si je nâavais pas esquissĂ© les gestes
si je nâavais pas dit les mots
En usant les parodies
jâai fracassĂ© les vitres dâhorreurs
qui à peine nous séparent
tiennent Ă lâĂ©cart ces vents rageurs
qui nous reïŹĂštent
mais qui ne sont pas nous
et qui ne sont pas vous.
Fiasco
Leurs paysages nous baignent
dans les excrĂ©ments de lâinhumanitĂ© consciente.
Ils détruisent la planÚte
ces macabres maraudeurs
déchirant le tissu de notre vie
enguenillant nos aspirations.
Pendant que la panique de la hantise trahit la vérité.
Ăcrire
MĂȘme si elle paraĂźt angoissante la valse prĂ©destinĂ©e
lâouvrage dans la noirceur est un stimulant fidĂšle
quâon accueille euphoriques.
Une vraie délivrance.
Obsession
Nâessaie plus dâĂ©touffer mes priĂšres
de les enchaĂźner avec lâencens et les lampions.
Les litanies dâargent de la grosse truie monstrueuse
écrasent et dévorent ses petits.
LâentĂȘtement aveugle de lâignorance parle trop fort
cherche Ă convaincre
veut se convaincre
maintient son point de vue borné.
MĂ©diocre mortel vouĂ© Ă lâinertie
incapable de changement
de jouissance
dâamour avouĂ©
tu gaspilles le présent
clĂŽtures le paysage
rancis le sensuel délice
dérobes le cocon
empĂȘches la chrysalide dâĂ©clore
ne deviendra jamais papillon fabuleux.
La prison de ton corps
Ă lâimage dont tu façonnes son dĂ©dain
ta petitesse visqueuse pitoyable.
Cannibale furieux
tu es un pauvre démon démuni de pouvoir réel et de grùce.
Tes ailes renfrognĂ©es, calcinĂ©es par lâinfernal volcan de la peur
sa lave si dense recouvre déjà tes empreintes sur ma peau.
Lâaudace bafouĂ©e
lâinertie tâembourbe.
Au lieu de plonger dans lâaventure
tu restes friand du malheur, ...