LES MURS DE NOS VILLAGES
ou UNE JOURNĂE DANS LA VIE DâUN VILLAGE
Une création collective du Théùtre de la Vieille 17
Robert Bellefeuille, HélÚne Bernier, Anne-Marie Cadieux, Roch Castonguay, Jean Marc Dalpé, Vivianne Rochon et Lise L. Roy
PRĂFACE Ă LA DEUXIĂME ĂDITION
Les murs de nos villages, Le Théùtre de la Vieille 17 : quatorze ans déjà !
En ce temps-là , Trudeau était au pouvoir et on parlait beaucoup de référendum (le premier, le provincial!).
Il y avait Jean Herbiet au Centre national des Arts, câĂ©tait avant Brassard, avant Lepage... La compagnie belge de Louvain-la-Neuve allait prĂ©senter une version des Trois sĆurs de TchĂ©kov et mĂȘme sâil y avait des MoliĂšre, du thĂ©Ăątre de recherche au dĂ©partement de lâUniversitĂ©, le Festival de ThĂ©Ăątre-Action, etc., il me semble que câĂ©tait surtout le temps des crĂ©ations collectives! Quand jây pense, dans la rĂ©gion dâOttawa, on Ă©tait extrĂȘmement choyĂ©s, cĂŽtĂ© thĂ©Ăątre.
Quâon me demande dâĂ©crire cette prĂ©face, ça me touche et... me surprend. Je ne suis ni de la « famille » ni du « village », mĂȘme si jâai bien aimĂ© les quelques annĂ©es que jây ai passĂ©es.
Le thĂ©Ăątre, en Ontario, je mâen souviens et je le perçois encore maintenant comme Les murs de nos villages : quelques gens de talent qui unissent leurs Ă©nergies pour donner une thĂ©ĂątralitĂ© chaleureuse et risquĂ©e Ă lâidĂ©e quâils ont de la rĂ©alitĂ©. La force de cette crĂ©ation, câest dâĂȘtre parfaitement intĂ©grĂ©e au lieu et Ă lâĂ©poque dont elle tĂ©moigne.
Ainsi, quand je relis le texte, je ne peux que me dĂ©lecter des dĂ©tails oubliĂ©s de cette Ă©poque. Si on en faisait une mise en scĂšne aujourdâhui, il faudrait assurĂ©ment la mettre au goĂ»t du jour et remplacer certains de ses rĂ©fĂ©rents. (Ă moins, bien sĂ»r, que lâon dĂ©cide de la jouer comme un « classique » en production historique avec costumes dâĂ©poque!)
Il me semble que je vieillis vite tout dâun coup!
Me voilĂ , comme la gĂ©nĂ©ration de nos parents, Ă mâesclaffer devant le coĂ»t de la vie qui a bien changĂ© en si peu de temps quand je retrouve dans le texte des « coke Ă quarante cennes et des repas du midi Ă deux dollars cinquante »!
LâĆuvre tĂ©moigne vraiment de son Ă©poque, celle des pots de cĂ©ramique montĂ©s dans du macramĂ©, qui dĂ©jĂ tirait Ă sa fin... La piĂšce me ramĂšne Ă la mĂ©moire les sons de Supertramp et de Queen.
CâĂ©tait avant le sida, bien avant...
« Câest la nuit sur le pays
Câest la nuit dans le village... »
Trente tableaux présentent une journée, du lever au coucher du soleil, dans un seul décor.
Humour, rĂ©alisme, thĂ©ĂątralitĂ© pour aller Ă lâessentiel avec peu de moyens, poĂ©sie et drame. Menu complet pour tous les goĂ»ts.
Fallait ĂȘtre fou pour crĂ©er cent vingt personnages jeunes et vieux, en deux heures. Plus fou encore pour tout faire, crĂ©er, produire, vendre et jouer en tournĂ©e.
Et le plus fou, câest que ça continue : je suis allĂ©e voir cette semaine la toute derniĂšre production du ThĂ©Ăątre de la Vieille 17, qui sâappelle La nuit; comme un Ă©cho...
La création se fait probablement dans de meilleures conditions mais demande autant de courage et de folie. La nuit témoigne certainement encore de leur amour du risque.
Je ne suis ni du « village » ni de la « famille »...
Mais jâai la mĂ©moire auditive; ce sont les voix qui remontent en moi, des Ă©chos dâautrefois.
Dans cette galerie de personnages multiples, certains me hantent. Dans « Le DĂźner », dans les scĂšnes simultanĂ©es de la maison et du restaurant oĂč on servait une mĂȘme pointe de tarte imaginaire, Rita la se...