Plus peur de l'hiver que du Diable
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Plus peur de l'hiver que du Diable

Une histoire des Canadiens français en Floride

  1. 192 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Plus peur de l'hiver que du Diable

Une histoire des Canadiens français en Floride

À propos de ce livre

Plus d'un million de touristes francophones du Québec et du Canada, dont cent cinquante mille « snowbirds », selon l'expression consacrée, se rendent chaque hiver en Floride pour profiter de son climat idéal.Si cet engouement ne se dément pas, l'histoire des migrations canadiennes-françaises en Floride, qui dépasse largement le cadre du tourisme saisonnier, est quant à elle mal connue. «Plus peur de l'hiver que du Diable» retrace donc, sur plus de cent ans, cette épopée passionnante: de la colonisation agricole du 19e siècle aux vagues d'émigration économique des années 1930, de la naissance du tourisme de masse de l'après-guerre aux enfants d'immigrants, l'étude traite des enjeux entourant toutes ces formes de migration et analyse ses caractéristiques.Appuyée par des données tirées de fonds d'archives et des enquêtes de terrain, de même que par une solide historiographie, «Plus peur de l'hiver que du Diable» effectue une première véritable synthèse historique du rôle joué par les Canadiens français dans l'état balnéaire.

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CHAPITRE UN
LES COLONS

The Florida Everglades is a great region; The best of it is on the shores of Lake Okeechobee, the second largest freshwater lake in the United States. Unlike new soils elsewhere, the soils of the Lake Okeechobee require no preparation other than clearing to be ready for crops. The country for a mile or two back from the lakeis frost-proof except at rare intervals.
«Opportunities in the Upper Everglades»,
The Everglades News, 17 octobre 1924, p. 1,
dans PBCL, Microfilm Collection.
Afin de mieux situer l’émergence de l’un des grands pôles d’attraction touristique de la planète, mais aussi le principal lieu de vacances, d’hivernation et d’immigration des Canadiens français, un détour s’impose pour comprendre les origines séminole, française, espagnole, britannique et américaine de la colonie la plus méridionale de l’Amérique du Nord. Ce chapitre présente le cadre géographique et historique sur lequel situer la présence canadienne-française en Floride.
En abordant la colonisation, rappelons d’abord qu’il s’agit d’un processus par lequel des peuples européens ont exploré et conquis des territoires outre-mer, en vue d’en exploiter les ressources naturelles d’abord et d’y enraciner la civilisation occidentale ensuite. Des colons français aux colons canadiens-français, la présence française en Floride s’est faite sentir à travers des « tâtonnements » sporadiques. Selon les historiens Gilles Havard et Cécile Vidal,
[à] la différence des Espagnols, les Français ne mirent pas la main outre-Atlantique sur de fabuleux trésors, qu’ils soient aztèques ou incas, ni sur des mines d’or et d’argent; ils ne parvinrent pas non plus, en dépit de quelques tentatives, à établir durablement des colonies. Mais ils surent pourtant se montrer actifs35.
La concurrence entre les empires espagnol, français et britannique pour occuper l’Amérique du Nord – qui a mené à l’établissement de colonies éphémères en Floride –, a été suivie par une période de tensions pour la possession de la péninsule du XVIe au XIXe siècles, période au cours de laquelle les États-Unis sont nés. Entretemps, les colons français s’installaient dans la vallée laurentienne, mais la rapide saturation de ces terres a entraîné la dispersion de plusieurs d’entre eux à l’échelle du continent aux XIXe et XXe siècles. L’Entre-deux-guerres a vu deux tentatives de colonisation de la Floride, la première menée par des migrants acadiens au sud du lac Okeechobee, l’autre par des Franco-Américains à Bélandville dans le nord-ouest de l’État.

La colonie huguenote de Fort Caroline

Les vastes savanes de pins et les marécages de la péninsule ne la prédestinent en rien à devenir le premier lieu de colonisation européenne du continent. Depuis 10 000 ans, une demi-douzaine de peuples indigènes sont installés en Floride, où ils cultivent le maïs, les fèves, la courge et la citrouille, et pêchent des conques et des huîtres sous un soleil rassurant36. De l’autre côté de l’Atlantique, l’esprit de la Renaissance ranime une ferveur impériale en Europe, qui s’exprime par une course pour établir un passage vers les Indes et assurer l’approvisionnement en épices. Cette route pouvant rapporter beaucoup à l’empire qui la découvrirait, d’immenses efforts sont déployés à l’échelle planétaire. Quand, en 1492, Christophe Colomb apprend aux Européens l’existence du continent nord-américain, 11 empires se lancent dans une grande aventure pour en exploiter les ressources naturelles, pour en évangéliser les peuples indigènes mais également pour y déverser la population européenne « excédentaire ». Certains empires connaîtront plus de succès que d’autres.
C’est aussi l’époque du schisme d’Occident, qui scinde la chrétienté entre ceux qui restent fidèles au Vatican et ceux qui adhèrent aux 95 thèses (1517) de Martin Luther. Préconisant un rapport individualisé avec le Créateur par l’étude de la Bible dans sa langue vernaculaire, le protestantisme rejette plusieurs traditions de l’Église romaine, dont les indulgences, la majorité des sacrements et la hiérarchie vaticane37. La conversion de l’empereur de Prusse, du roi d’Angleterre et de nombreux anciens fidèles à ce nouveau credo inquiète le Vatican, qui se mobilise pour endiguer le protestantisme et le faire reculer en Europe. À l’issue des audiences du Concile de Trente (1542-1563), le protestantisme est condamné et le Vatican appelle à la reconquête idéologique et militaire des âmes « perdues », ce qui déclenche les guerres de religion (1560-1598). En France – et surtout dans sa partie ouest –, l’Église contraint « les huguenots38 » à renoncer à leur fidélité à Jean Calvin, influent maître à penser du protestantisme.
L’Amérique n’échappera pas à ces conflits. C’est pendant les Pâques de 1513 que le gouverneur de Porto Rico, Juan Ponce de León, arrive au sud du Cap Canaveral et réclame « la Florida », terre des fleurs, pour le roi d’Espagne. En 1565, la première colonie européenne permanente de l’Amérique du Nord, Sainte-Augustine, y voit le jour. Sous le commandement de l’amiral Pedro Menéndez de Avilés, elle est rapidement dotée d’un fort, d’une église, d’un séminaire, d’un hôpital et d’un marché.
Quelques années plus tôt, l’amiral français Gaspard de Coligny avait tenté d’établir une colonie dans cette région. Converti à la religion réformée en 1557, Coligny voulait encourager la coexistence religieuse et favoriser l’implantation de la France dans les Amériques39. Souhaitant que la France rivalise avec l’Espagne et le Portugal en Amérique du Sud, il avait établi une colonie au Brésil en 1555. Malgré ses espoirs d’y faire coexister huguenots et catholiques, l’aventure n’avait pas connu le succès. Il pense qu’une colonie huguenote aurait plus de chances de réussir en Floride, péninsule espagnole à partir de laquelle il pourrait, du même coup, faire un pied de nez à Madrid40. Les Espagnols, qui ont déjà des colonies à Cuba et à Porto Rico, portent peu d’intérêt à la Floride et s’arrêtent à la simple exploration de ses côtes. Le prince des Espagnes, Charles Quint, a même qualifié la péninsule d’« inutile41 ».
C’est dans cet esprit que l’éminent capitaine Jean Ribaut quitte Le Havre en France le 18 février 1562. Il traverse l’Atlantique en deux mois et demi, et il atteint l’embouchure de la rivière Saint-Jean le 1er mai. S’il est étonné par le « spectacle42 » que lui offre une « infinité de beaux arbres élevés43 » et un climat « bon, salubre, tempéré et fort plaisant44 », Ribault laisse 30 hommes à l’embouchure et part fonder, plus au nord, la colonie de Charlesfort (plus tard, Charleston, en Caroline du Sud), avant de rentrer en France un mois plus tard45. Ribault laisse au Fort Caroline, non pas des agriculteurs et des diplomates, mais des guerriers, qui peineront à établir des rapports avec le peuple timuacan, sans lequel ils ne peuvent survivre. À ces derniers, on offre des pièces d’or et d’argent en échange de denrées alimentaires et de fourrures. Les Timuacans prêtent main-forte dans la construction des premières habitations, mais les pathogènes, transmis par les colons, réduisent le contingent indigène de 50 000 à quelques centaines de personnes en deux ans seulement46.
La colonie connaît aussi des difficultés en raison des comportements des militaires qui la dirigent. En 1563, un deuxième groupe de huguenots quitte la France sous le commandement de René Goulaine de Laudonnière47. Ce dernier se montre imprudent puisqu’il s’engage à appuyer Satourioua, chef des Timuacans, dans un raid contre une tribu rivale, mais revient sur sa promesse48. Il établit aussi des rapports avec Utina, chef de la tribu ennemie, mettant en péril l’alliance tissée entre huguenots et Timuacans49. (Au siècle suivant, l’explorateur Samuel de Champlain retiendra de cette expérience la nécessité des alliances avec les peuples indigènes50, dont les secours s’avéreront longtemps incontournables à la sécurité alimentaire et physique des colons.) Laudonnière agit impulsivement : il capture Utina en vue d’obliger sa tribu à nourrir la colonie française, ce qui provoque la guerre. Constatant l’échec de sa politique, il abandonne le camp en août 1565.
Au même moment, Jean Ribaut commande une flotte de 7 navires, comprenant 600 artisans, laboureurs, femmes et enfants venus raviver la colonie et paralyser le commerce espagnol dans les Antilles51. Le 28 août 1565, Ribault ayant appris que les Espagnols ont fondé Sainte-Augustine, à 70 kilomètres au sud de la colonie française, il décide d’y faire escale – pour l’attaquer – avant de se rendre à la Rivière de Mai. Malheureusement pour lui, une tempête tropicale emporte une part importante de sa flotte52. Lorsqu’il apprend les intentions du navire français, Menéndez rappelle à ses troupes la...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Prise de parole
  3. Page titre
  4. Crédits / Catalogage
  5. Remerciements
  6. Note sur l’utilisation du vocable « canadien-français »
  7. Introduction
  8. Chapitre un – Les colons
  9. Chapitre deux – Les touristes
  10. Chapitre trois – Les immigrants
  11. Chapitre quatre – Les hivernants
  12. Chapitre cinq – Les descendants
  13. Conclusion
  14. Bibliographie
  15. Table des matières
  16. 4e de couverture