Louis : Poèmes hérétiques

Gregory Scofield

• Éditeur: Éditions Prise de parole
• Année: 2020
• ISBN:
  9782897442088
• Sujet: Literature
• Sous-sujet: Poetry

«Je tiens près de moi l'encre, ma plume est une frondealors qu'avec les mots que je jettemon ambition s'égare.Je crie à Dieu, C'est un sacrilège!Il me dit, Ou peut-être un poème.»Gregory Scofield se met dans la peau de Louis Riel et de personnes qui l'ont connu pour dresser un portrait humain du leader politique métis. Entremêlant extraits de journaux et de poèmes de Riel, déclarations historiques et inventions, il réussit à sortir le mythe de son carcan, donne accès à des dimensions peu connues du personnage: celles de mari, de père, d'ami, d'amoureux et de poète visionnaire.L'humour, l'inventivité et le souffle du texte sont rendus avec justesse par la traduction de Daniel Aubin, lui-même poète et conteur.Publié originalement en anglais sous le titre «Louis: The Heretic Poems» (2011, Nightwood Editions), ce recueil est la première œuvre de l'auteur à paraître en français.

Le Porte-parole

L’almanach d’un colon

(avec extraits des derniers grands discours, 1878-1887)

Aux colons en perspective, ces renseignements qu’ils doivent posséder sur les régions du Canada s’étendant à l’ouest de la frontière de l’Ontario et menant aux vastes plaines du Nord-Ouest, aux montagnes et à la côte du Pacifique.

Qui peut venir au Canada :

Le Canada est un pays salubre, mais ce ne sont pas toutes les catégories de gens qui sont assurées d’y réussir. L’homme ne peut pas vivre ici sans travailler, pas plus que n’importe où ailleurs. On n’y trouve pas des pépites d’or dans les rues. Chacun gagne son pain à la sueur de son front. Les Canadiens forment une nation de travailleurs; ils détestent les paresseux. Celui qui réussit bien chez lui et peut continuer de le faire, qu’il demeure là où il est, à moins qu’il n’ait des problèmes de famille. Celui qui veut émigrer doit être en bonne santé, avoir le cœur vaillant, être prêt à s’adapter et à accepter n’importe quelle tâche, être disposé à apprendre et à travailler.

Les vieilles années nous quittent.

L’année de la famine approche.

Déjà je vois les côtes de mes petits-enfants.

Ils ne jouent pas sur notre terre.

On dit d’elle qu’elle est oisive, kikâwînaw-askîy. Notre mère Terre

On dit de nous que nous sommes paresseux

Comme les dernières feuilles de l’été.

J’ai des considérations;

niwekimakanak, mes femmes

niawâsisak, mes enfants

nôsisimak, mes petits-enfants

niayisiniwak, mon peuple.

âsay nohtehkataynân.

Déjà nous avons faim.

Il y a de l’or dans les rues.

Les hommes blancs sont en bonne santé.

– Mistahimaskwa (Big Bear), Chef des Cris des Plaines

Les catégories les plus désirées :

Des fermiers, des capitalistes, des manœuvres, des bottiers et des cordonniers, des tailleurs, des ébénistes, des maçons, des poseurs, des meuniers, des bouchers. Toutes les personnes habituées aux tâches légères, les avocats, les médecins, les com...