La Cadie, frontière du Canada
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La Cadie, frontière du Canada

Micmacs et Euro-canadiens au Nord-Est du Nouveau-Brunswick, 1620-1850

  1. 342 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Cadie, frontière du Canada

Micmacs et Euro-canadiens au Nord-Est du Nouveau-Brunswick, 1620-1850

À propos de ce livre

Le faible peuplement blanc avant 1763 au nord du Nouveau-Brunswick explique le peu d'intérêt qu'ont démontré jusqu'à aujourd'hui les historiens pour cette région. Nicolas Landry montre, au contraire, qu'elle est très fréquentée à la fois par les Micmacs, qui la parcourent selon leur cycle saisonnier de subsistance alimentaire, mais également par des exploitants euro-canadiens et des missionnaires qui tentent d'évangéliser les Amérindiens et de les garder dans le giron des alliances françaises contre l'envahisseur britannique.Le territoire de cette portion du Nouveau-Brunswick actuel devient, durant la guerre de Sept Ans (1756-1763), un avant-poste primordial pour la défense de la Nouvelle-France et un refuge pour des milliers d'Acadiens fuyant la déportation de 1755. Au milieu du XIXe siècle, les Micmacs sont toujours aussi attachés à la France, même bien des années après le traité de Paris de 1763. Ils continuent de réclamer la présence missionnaire française.Nicolas Landry détient une maîtrise en histoire de l'Université de Moncton, où il enseigne depuis 1990, ainsi qu'un doctorat en histoire de l'Université Laval. Il a publié plusieurs livres et articles portant principalement sur l'histoire des francophones du Canada atlantique depuis le XVIIe siècle, dont Éléments d'histoire des pêches, Histoire de l'Acadie etPlaisance, tous parus au Septentrion.

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CHAPITRE 1
Micmacs et missionnaires en Acadie du Nord-Ouest au XVIIe siècle : un bilan des connaissances
Le présent chapitre aspire à fixer les contours des relations entre les missionnaires et les Micmacs durant la période à l’étude, mais particulièrement au cours du XVIIe siècle. Il se limite donc à brosser un tableau de la présence missionnaire, à tracer les paramètres du pays des Micmacs en Acadie du Nord-Ouest[11], à dresser un bilan des connaissances sur les écarts entre les attentes d’évangélisation des missionnaires et les réalités auxquelles ils doivent faire face, de même qu’à adresser la question à deux volets qu’est l’implication des Micmacs dans les guerres du fleuve Saint-Laurent et la migration de quelques-uns d’entre eux vers cette région. Bien qu’il s’agisse là de thèmes abordés dans l’historiographie amérindienne du XXe siècle, il n’existe pas de bilan mettant l’accent sur le cas des Micmacs de l’Acadie du Nord-Ouest. Dans le prochain chapitre, nous aborderons des aspects de l’histoire matérielle des Micmacs tels leur système de subsistance, leur production artisanale et leur mode de vie en général.
Le pays des Micmacs
Le territoire traditionnel des Micmacs, toujours drainé vers les eaux salées, couvrait la Nouvelle-Écosse, les îles du Cap-Breton et du Prince-Édouard ainsi qu’une bonne partie du Nouveau-Brunswick. Au total, ce territoire s’étendait sur environ 100 000 km2, soit une superficie semblable à celle du Portugal ou de l’Islande[12]. Le pays en question dans notre étude se limite toutefois à ce qui peut être qualifié de quadrilatère incluant l’île de Miscou à l’est, Miramichi au sud, Nepisiguit au centre et Ristigouche à l’extrême nord. Samuel de Champlain parle de Miscou comme étant une île découpée par plusieurs bras d’eau qui forment des îles et qui se déversent dans la baie des Chaleurs. Les Micmacs qui s’y trouvent font la traite en échangeant des peaux d’élans et de castors[13]. En 1647, les Relations des Jésuites décrivent Miscou comme ayant environ 24 km de circonférence et située dans le golfe du Saint-Laurent. Le sol n’y est pas très fertile et les eaux ne sont pas très saines ; les bois ne sont pas grands, ni beaux, bien que l’île abonde en perdrix et en lièvres. En raison de la traite des fourrures, les élans ont tous été exterminés. Traditionnellement, ces peaux s’obtiennent en assez grand nombre des Micmacs qui habitent la terre ferme, à proximité de Miscou. Probablement les missionnaires se réfèrent-ils à Miramichi, Nepisiguit et Ristigouche. La pêche y est toujours abondante et les morues s’y rendent en grand nombre. On en charge tous les ans sur les navires qui retournent vers la France, le Portugal et l’Italie[14]. Durant son séjour dans le golfe du Saint-Laurent, Nicolas Denys voit parfois de cinq à six navires faire la pêche à Miscou. Leurs équipages doivent toutefois construire des vigneaux sur une pointe de sable pour faire sécher la morue, car il n’y a pas de grave naturel comme à Terre-Neuve par exemple.
En 1640, les Relations mentionnent que, depuis l’embouchure du golfe du Saint-Laurent jusqu’au sault Saint-Louis, on trouve des Micmacs du Cap-Breton alors que les Souriquois résident davantage à l’intérieur du continent. On rencontre aussi les Micmacs de Miscou et de Gaspé. Entre les rives de la mer de l’Acadie et le grand fleuve il y a les Etchemins ou Malécites, tout le long de la rivière Saint-Jean[15]. En 1659, dans ce que l’on désigne alors comme étant la mission d’Acadie, trois missionnaires travaillent à la conversion des Micmacs et au salut des Français. On perçoit alors l’Acadie comme étant cette région de la Nouvelle-France « qui regarde l’océan Atlantique » et qui s’étend de la Nouvelle-Angleterre jusqu’à Gaspé[16], où se trouve l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Les missionnaires sont d’avis que cette étendue faisant environ 1 200 kilomètres porte un même nom, et que les habitants micmacs partagent la même langue. Le district (mission) de Miscou serait le plus peuplé et les Micmacs seraient les mieux disposés envers l’enseignement des missionnaires. Ce serait là où l’on compte alors le plus de Micmacs chrétiens. Mais il faut noter que cette mission englobe les Micmacs de Gaspé, de Miramichi et de Nepisiguit. En 1659 toujours, le père Charles Lalemant rattache lui aussi toute cette région à la mission de Miscou[17].
Au nord-ouest de Miscou, le haut de la rivière Nepisiguit est une région où les arbres sont gros et clairsemés. Il n’y a pas de petits arbres pour nuire aux Micmacs dans leur chasse à l’élan. De Nepisiguit, les Micmacs peuvent se rendre à l’île de Miscou située à environ 48 km. Huit kilomètres avant les îles Miscou (incluant celle de Lamèque), on trouve une grande anse qui est le passage de Caraquet, débouchant sur la baie des Chaleurs. La rivière allant de la Nepisiguit à la Miramichi n’est que pour les canots. Les Micmacs racontent que leurs ancêtres dirent un jour au missionnaire : « Notre fleuve est bien méchant, sans doute parce qu’il n’a pas été baptisé. Le prêtre l’ayant béni, il n’a plus causé aucune perte de vie. » C’est à l’embouchure de la Nepisiguit qu’ont été établis un des premiers postes de commerce du pays et la plus ancienne mission micmaque, après celle de Port-Royal et avant celle du Cap-Breton[18]. Dans leurs déplacements en partance de Nepisiguit, les Micmacs doivent effectuer deux ou trois portages de canots au travers des bois en suivant les chemins reliant les rivières. Les Micmacs appellent cela « Louniguins ». Les autres portages se déroulent à des endroits où la navigation des rivières est empêchée par des chutes d’eau. Le plus souvent, ces portages font environ 25 km et parfois jusqu’à 40. Mais les chaloupes ne peuvent pas remonter à plus de 80 km dans la Nepisiguit[19].
À l’extrême sud du territoire, à partir de la rivière de Richibouctou, les canots ont accès à deux autres rivières par où les Micmacs vont à la rivière Saint-Jean grâce à deux portages pour traverser d’une rivière à l’autre. C’est ainsi que les Amérindiens de la rivière Saint-Jean (Malécites ou Etchemins) et les Micmacs se « visitent souvent ». L’autre rivière, partant du bassin de Richibouctou, plus petite celle-là, sert, encore grâce à un portage, à se rendre à Miramichi. L’entrée de la rivière Miramichi est très étroite en raison de la présence d’une petite île. Cette rivière fait environ 24 km de long où les navires peuvent monter jusqu’à une fourche donnant accès à deux autres rivières. Elles ne sont cependant navigables que par canot, à cause des roches. La rivière de gauche conduit à Richibouctou et celle de droite vers la baie des Chaleurs. Du haut de cette rivière, grâce à un portage de canot, on accède à la rivière Nepisiguit qui est dans le fond de la baie des Chaleurs. En partance de Nepisiguit, les Micmacs peuvent, à raison de quelques portages, atteindre le Saint-Laurent en trois jours et, de là, se rendre à Tadoussac ou même à Québec[20].
Plus au nord, la Ristigouche, ou Listogotj, débute à Miramichi et s’appelle la petite Ristigouche ou Listogotjitjg. Le territoire missionnaire de Ristigouche englobe toute la région de la baie des Chaleurs, les versants nord et sud, et s’étend jusqu’à Gaspé ou Gespeg. La tradition veut qu’il y ait eu à Ristigouche un chef micmac célèbre nommé Tonel, du mot français tonnerre. Le nom de Ristigouche a été donné à la rivière et à toute la région par cet ancien chef, en souvenir de l’extermination d’un parti d’Iroquois[21]. En 1639, un parti de Mohawks ou Iroquois, commandé par un jeune guerrier impulsif, entra dans la Ristigouche et à l’île longue, attaqua et massacra un groupe de pêcheurs micmacs. Tous périrent sauf Tonel, qui organisa une expédition revanche contre le village de Caughnawaga[22]. Nous y revenons plus loin dans le texte.
Des années 1660 à 1745 environ, le principal lieu de rassemblement des Micmacs de Ristigouche était Tjigog (Atholville). Tjigog est alors inclus dans la seigneurie de Miramichi, sans perturber les activités de chasse et de pêche des Micmacs. De 1700 à 1760, un poste de traite français est en exploitation à la pointe des Sauvages[23].
Le pays de l’Acadie, selon les termes de l’évêque de Québec en 1688, comprend alors la grande baie du fleuve Saint-Laurent, et une étendue d’environ 400 km en droite ligne, depuis le cap des Rosiers jusqu’au fort de Pentagouet[24]. Par mer, en contournant ce territoire, on doit franchir une distance d’environ 1 200 km, dont 480 entre cap des Rosiers et Canseau. Cette région, durant les années 1650, a été concédée à Nicolas Denys. Le reste du territoire, entre Canseau et Pentagouet, est « proprement le pays particulier de l’Acadie et dont Port Royal est la place principale[25] ».
L.F.S. Upton est d’avis que le territoire s’étendant de Richibouctou en longeant la côte nord du Nouveau-Brunswick, incluant la péninsule de Gaspé, se nomme alors Gespegeoag ou la dernière terre[26]. D’abord, Ristigouche est à peu près à 180 km de l’île Percée, dans le fond de la baie des Chaleurs, vis-à-vis du banc des Orphelins (Miscou), sur une rivière très poissonneuse et assez profonde pour po...

Table des matières

  1. La Cadie, forntière du Canada. Micmacs et Euro-canadiens au Nord-Est du Nouveau-Brunswick, 1620-1850
  2. DU MÊME AUTEUR
  3. AVANT-PROPOS
  4. INTRODUCTION
  5. CHAPITRE 1 • Micmacs et missionnaires en Acadie du Nord-Ouest au XVIIe siècle : un bilan des connaissances
  6. CHAPITRE 2 • L’histoire matérielle des Micmacs de l’Acadie du Nord-Ouest au XVIIe siècle
  7. CHAPITRE 3 • Les mécanismes du commerce dans le golfe du Saint-Laurent et en Acadie à l’époque de Nicolas Denys, 1636-1648
  8. CHAPITRE 4 • Les défis d’un commerçant de La Rochelle en Acadie : Nicolas Denys, 1636-1684[]
  9. CHAPITRE 5 • Richard Denys de Fronsac, seigneur de Miramichi[]
  10. CHAPITRE 6 • Administrer un territoire frontalier de la Nouvelle-France au XVIIIe siècle : l’Acadie du Nord-Ouest
  11. CHAPITRE 7 • Une terre de refuge ou la dernière frontière, 1755-1763
  12. CHAPITRE 8 • Le sort des anciens alliés, 1776-1850
  13. Conclusion
  14. Bibliographie
  15. Crédit