Une histoire de la politesse au Québec
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Une histoire de la politesse au Québec

Normes et déviances du XVIIe au XXe siècle

  1. 344 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Une histoire de la politesse au Québec

Normes et déviances du XVIIe au XXe siècle

À propos de ce livre

Du XVIIe au XXe siècle, la politesse sert à distinguer les classes sociales. La décence, l'élégance et la bonne conversation, ou, en revanche, leur absence et leur méconnaissance, permettent de classer les individus de manière hiérarchique. Paradoxalement, on soutient que le savoir-vivre doit aider à rapprocher les classes sociales en les polissant, d'où le terme politesse, afin de ne pas heurter les autres et de se conformer aux codes de la société. Visiblement, la politesse n'est pas qu'un simple échange, elle rend compte des fondements de la société, de ses valeurs intrinsèques et des possibilités d'avancement qu'elle offre. Une histoire de la politesse au Québec traite notamment des injures, des titres honorifiques, de la danse, des loisirs, des rapports entre les sexes et des livres d'étiquette.Avec des textes de Marise Bachand, Pascal Bastien, Annie Breton, Donald Fyson, René Hardy, Ollivier Hubert, Maude-Emmanuelle Lambert, Andréanne Lebrun, Denise Lemieux, Thierry Nootens, Peggy Roquigny, Jean-René Thuot et Laurent Turcot.Laurent Turcot est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements. Professeur en histoire à l'Université du Québec à Trois-Rivières, il a été consultant historique sur le jeu d'Ubisoft Assassin's Creed Unity qui se déroule à Paris pendant la Révolution française.Thierry Nootens est professeur régulier au département des sciences humaines de l'Université du Québec à Trois-Rivières et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire du droit civil au Québec. En 2014, il a reçu le prix Hilda-Neatby de la Société historique du Canada.

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Informations

« Depuis que l’élément étranger s’est mêlé […] à la première société française » : dynamiques de genre dans l’espace domestique élitaire canadien au XIXe siècle
Marise Bachand, Université du Québec à Trois-Rivières
Introduction
En cet « heureux temps » d’après la Conquête, raconte Philippe Aubert de Gaspé dans son roman Les Anciens Canadiens (1864), « les maisons semblaient s’élargir pour les devoirs de l’hospitalité ». Lors de ces réunions sociales, les « anciens Canadiens, terribles sur les champs de bataille, étaient de grands enfants » et s’adonnaient à des « jeux, qui seraient inconvenants de nos jours et qui répugneraient à la délicatesse du sexe féminin des premières sociétés ». En effet, « depuis que l’élément étranger s’est mêlé davantage à la première société française », déplore le seigneur, « ces jeux, qui faisaient les délices des réunions canadiennes, il y a soixante ans, ont cessé par degré dans les villes355 ». Et, on le devine, tendent également à disparaître dans les campagnes du milieu du XIXe siècle. Dorénavant, les femmes canadiennes prennent calmement le thé au salon au lieu de gambader avec les hommes à travers la maison et le jardin. En quelques générations, de nouvelles convenances viennent rigidifier les relations sociales entre les hommes et les femmes. Tandis que les maisons de l’élite canadienne s’élargissent réellement, l’espace intérieur se cloisonne et se spécialise, complexifiant les dynamiques de genre à même l’espace domestique. L’hétérosociabilité est la grande perdante de ces transformations356.
Cet essai propose une réflexion sur les transformations du « savoir-vivre dans les lieux », c’est-à-dire la spatialisation des convenances sociales357. Les convenances, rappelle le sociologue Thorstein Veblen, sont d’abord et avant tout « l’expression d’un rang social358 ». S’attachent aux convenances ceux et celles qui appartiennent aux élites, ou du moins, aspirent à y appartenir359. À l’instar de Philippe Aubert de Gaspé, des hommes et des femmes de l’élite canadienne ont produit des discours tantôt normatifs, tantôt descriptifs sur les usages en société de l’espace domestique. Ces discours prennent la forme du roman, des mémoires, de l’essai, du manuel d’économie domestique, de la correspondance, du journal intime et du plan architectural360. Juxtaposées, ces sources permettent de documenter la spatialisation des convenances sociales – et, en particulier, les convenances de genre – autant dans les maisons urbaines que rurales des élites canadiennes. Comme l’architecture domestique se transforme de façon très progressive, ce phénomène est ici observé sur un temps long, soit des bouleversements qu’entraîne la Conquête jusqu’à la fin du XIXe siècle361. Collectivement, les élites francophones du Québec ne disposaient peut-être pas des ressources financières de leurs homologues anglophones, mais individuellement, les Papineau ou Forget se sont donné les moyens de façonner l’espace domestique de manière à traduire leurs conceptions du savoir-vivre dans les lieux362. Plus le XIXe siècle avance, comme le révèlent les prochaines pages, plus les convenances spatiales ségrèguent les hommes et les femmes, mais aussi les parents et les enfants, les maîtres et les domestiques. Après une brève mise en perspective historiographique, cet essai retrace les manières d’habiter en société l’espace domestique élitaire canadien.
L’espace domestique élitaire : mise en perspective historiographique
Au Québec, comme le constatait Paul-Louis Martin à la fin des années 1990, l’histoire sociale de l’architecture domestique est à peine ébauchée. « Vêtement de la famille », la maison exprime « par ses formes, son mode d’organisation et son décor des réalités moins tangibles comme le statut social de ses occupants […] et leur vision du monde et d’eux-mêmes363 ». Au total, on en connaît beaucoup plus sur l’extérieur des maisons de l’élite que sur l’intérieur364. L’espace domestique est pourtant une source évocatrice pour comprendre les dynamiques sociales comme l’ont montré Annmarie Adams et Peter Gossage365. Les études se sont surtout intéressées à l’adaptation de modèles architecturaux étrangers au contexte québécois, l’appropriation de l’espace domestique par les femmes et la recherche d’intimité366. Pour reprendre l’expression couramment utilisée dans l’historiographie française, on étudie d’abord et avant tout « l’architecture de la vie privée ». Avec sa synthèse couvrant trois siècles A History of Domestic Space (1999), Peter Ward inscrit l’espace domestique canadien (et québécois) dans cette logique. Pour Ward, l’histoire de la maison canadienne est fondamentalement l’histoire de la domestic privacy367. Or, en appréhendant l’espace domestique élitaire, on s’aperçoit que le concept d’une architecture de la vie privée occulte autant qu’il explicite. L’équation espace domestique = vie privée tend à obscurcir les motivations symboliques des élites qui se font construire de grandes résidences. La vie de famille – intime et privée – y est souvent subordonnée à des impératifs sociaux de représentation. « La catégorie des maisons privées », observe Norbert Elias, « rend mal leur caractère social368 ». Dans la société libérale qui se met en place au Québec à partir des années 1830, la sphère publique opère à l’intérieur même de l’espace domestique369.
Les rares études traitant de la sociabilité élitaire canadienne ont d’ailleurs rejeté un autre aspect de l’idéologie des sphères séparées, en l’occurrence l’idée que les hommes et les femmes appartiennent à des univers sociaux distincts. Françoise Noël insiste sur l’importante de la sociabilité « en famille » et sur l’existence d’un espace social partagé dans lequel évoluent hommes et femmes, jeunes et vieux, parfois issus de cultures différentes. Les réceptions « privées » ont pour fonction, dans la société bas-canadienne, de créer des distinctions de classe, et non de genre370. Avant 1870, l’espace domestique élitaire canadien apparaît ainsi comme une zone franche hétérosociale dans laquelle les convenances marqueraient les différences entre les genres, mais pas les inégalités. Peter Ward conclut d’ailleurs que le genre est une catégorie peu utile pour analyser l’espace domestique canadien371. D’autres études conçoi...

Table des matières

  1. Une histoire de la politesse au Québec. Normes et déviances, XVIIe-XXe siècles
  2. Remerciements
  3. Une histoire de la politesse dans la longue durée : modèles, approches et objets
  4. Injures verbales et langage de l’honneur en Nouvelle-France
  5. Les titres honorifiques au Québec après la Conquête, 1759-1791 : de l’écuyer français à l’esquire britannique ?
  6. La danse : forme d’expression des élites dans le Canada du XVIIIe siècle
  7. Charivari : le droit de surveiller les mœurs
  8. Bancs d’église, plantation du mai et pain bénit : notes sur quelques transgressions rituelles dans la campagne canadienne post-Conquête
  9. Du discours à la pratique : l’étiquette appliquée et négociée dans les soirées dansantes -bourgeoises du tournant du siècle
  10. Villégiateurs et villégiature en Charlevoix : des étés de rêve
  11. « Depuis que l’élément étranger s’est mêlé […] à la première société française » : dynamiques de genre dans l’espace domestique élitaire canadien au XIXe siècle
  12. « Regardez donc comme ça fait l’homme et ça ne veut pas payer ses dettes » : quelques poursuites en dommages pour atteinte à la respectabilité en affaires, 1880-1890
  13. Entre convenance et transgression : une histoire orale et photographique d’une famille de la petite bourgeoisie rimouskoise (1930-1945)
  14. De la politesse des anciens aux livres sur l’étiquette : la -redéfinition des codes entourant le choix des conjoints au début du XXe siècle
  15. « Comment développer la jeunesse qu’il nous faut ? » : modèles citoyens et conceptions de l’adolescence au Québec, 1943-1967
  16. Conclusion
  17. Biographie des auteurs
  18. Crédit