PĂȘche Ă  la morue en Nouvelle-France (La)
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PĂȘche Ă  la morue en Nouvelle-France (La)

Mario Mimeault

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PĂȘche Ă  la morue en Nouvelle-France (La)

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La pĂȘche Ă  la morue a Ă©tĂ©, jusqu'Ă  prĂ©sent, une industrie nĂ©gligĂ©e dans l'historiographie et mĂȘme dans l'imaginaire collectif. Les coureurs des bois intriguent et passionnent, mais les pĂȘcheurs ne soulĂšvent guĂšre d'enthousiasme. Pourtant, la pĂȘche Ă  la morue Ă©tait plus qu'une activitĂ© d'appoint, c'Ă©tait une industrie en Ă©mergence essentielle Ă  l'Ă©conomie de la Nouvelle-France.Mario Mimeault s'appuie sur une Ă©tude approfondie des principaux lieux d'exploitation de la pĂȘche Ă  la morue et expose les Ă©changes entre les entrepreneurs canadiens et français. Il fournit un Ă©clairage inĂ©dit sur l'organisation des entreprises et des seigneuries maritimes et explique les liens de la pĂȘche Ă  la morue avec l'administration de la Nouvelle-France, tout en tenant compte des contextes historiques successifs, de la lĂ©gislation, des mesures ponctuelles et des pĂ©riodes troublĂ©es par les guerres. Pour une rare fois dans l'histoire coloniale, une activitĂ© Ă©conomique est exercĂ©e par les Canadiens Ă  leur profit.Mario Mimeault a reçu en 2000 le Prix du Gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada pour l'excellence de son enseignement de l'histoire canadienne. Il a publiĂ© au Septentrion Destins de pĂȘcheurs en 2011 et L'Exode quĂ©bĂ©cois en 2013, qui lui a valu le Prix Clio-QuĂ©bec. Le prix Guy-et-Lilianne-FrĂ©gault lui Ă©tĂ© attribuĂ© pour son article publiĂ© dans la Revue d'histoire de l'AmĂ©rique française.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782894482469
CHAPITRE 1
Les prĂ©mices d’une industrie
Les eaux du golfe du Saint-Laurent s’avĂšrent au dĂ©but du RĂ©gime français un important champ d’exploitation pour les EuropĂ©ens. Tous les pays du vieux continent dont le littoral longe l’ocĂ©an Atlantique s’y intĂ©ressent, le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre et, bien sĂ»r, la France. En accord avec les statistiques fournies par Anthony Packhurst, Laurier Turgeon, de l’UniversitĂ© Laval, fixe annuellement, Ă  l’époque de Roberval, les flottes morutiĂšres Ă  quelque 380 navires, dont 30 Ă  50 sont anglais, 50 portugais, 100 espagnols et 150 français, Ă©crit-il50. Qu’en est-il plus prĂ©cisĂ©ment pour ceux qui se rendent jusqu’aux cĂŽtes de la Nouvelle-France ? En 1659, annĂ©e oĂč Mgr de Laval venait de prendre possession de son diocĂšse, ils sont 10 navires morutiers et 500 marins-pĂȘcheurs français pour le seul havre de PercĂ©. Qu’est-ce Ă  dire ? Si l’on veut comprendre l’importance de cette transhumance, rappelons que la colonie entiĂšre ne compte Ă  cette Ă©poque que 1 700 habitants aux origines europĂ©ennes.
Avec les activitĂ©s qui se dĂ©roulent aux abords du continent, il y a de quoi attirer l’attention des habitants de la vallĂ©e laurentienne. Ces derniers croisent sans cesse des morutiers lors de leurs voyages outre-Atlantique. Aussi convient-il de rappeler les efforts de ces EuropĂ©ens dans ce qu’ils appellent les « pĂȘches lointaines » avant d’exposer les premiers accomplissements de notre pays en ce domaine, non pas dans le but de prouver ce que d’autres ont dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ©, mais de contextualiser l’entrĂ©e des Canadiens dans ce champ de l’économie. On verra comment les timides essais des coloniaux se heurtent Ă  la gestion erratique d’une Compagnie de la Nouvelle-France peu intĂ©ressĂ©e aux richesses maritimes. CoupĂ©s dans leur Ă©lan, les promoteurs de la colonie seront relancĂ©s par l’administration quand le territoire deviendra une possession exclusivement royale (1663) et que l’intendant Jean Talon prendra son Ă©conomie en main. Ce sera alors l’occasion d’exposer ses politiques d’exploitation du domaine halieutique et les modulations suivant lesquelles elles se sont rĂ©alisĂ©es.
Les pĂȘches lointaines
Conscients de l’abondance de la ressource nouvellement trouvĂ©e par Jean Cabot (1497), les Portugais, dont le pays compte au rang des puissances maritimes, le suivent de prĂšs. On en a pour preuve en 1502 l’apparition sur les cartes du toponyme Terra Corterealis en lieu et place de Terre-Neuve. Le nom de lieu faisait rĂ©fĂ©rence aux frĂšres CortĂ©rĂ©al, partis explorer l’Atlantique Nord quelques annĂ©es plus tĂŽt au nom du roi Manuel du Portugal51. Cette annĂ©e-lĂ , des gens des ports de Vianna et d’Aveiro vont s’installer Ă  Terre-Neuve52. Leur intĂ©rĂȘt pour la morue est trĂšs grand : produit de substitution en un temps oĂč l’Église impose quelque 150 jours de jeĂ»ne par annĂ©e, elle avive la convoitise des marchands. Les expĂ©ditions des Portugais se font nombreuses, Ă  telle enseigne qu’à l’automne 1506 le roi veille personnellement Ă  ce que ses fonctionnaires perçoivent avec diligence la dĂźme sur les produits de la pĂȘche entrant dans les ports de Minho53.
À cette Ă©poque, l’archipel des Açores lui sert de base opĂ©rationnelle pour des voyages de dĂ©couverte et de colonisation des nouvelles terres. C’est de lĂ  que JoĂŁo Álvares Fagundes, accompagnĂ© de plusieurs familles, organise en 1521 une campagne qui le mĂšne Ă  l’intĂ©rieur du golfe du Saint-Laurent. Il fonde avec eux une colonie sur l’üle du Cap-Breton, un Ă©tablissement qui ne survivra pas longtemps, les rigueurs de l’hiver les en ayant chassĂ©s, dira d’eux Samuel de Champlain54.
Mais qu’à cela ne tienne. Ils continuent de venir. En 1542, François La Roque de Roberval, chargĂ© de mission de François Ier et grand patron de Jacques Cartier, trouve de leurs navires en rade dans le havre de Saint-Jean (aujourd’hui St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador). AncrĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de morutiers français, il semble que des tensions se soient Ă©levĂ©es entre les deux groupes, tensions que Roberval doit modĂ©rer55. À cette Ă©poque, 60 navires pĂȘcheurs quittent Aveiro chaque annĂ©e. En 1550, un sommet, 150 morutiers de ce port prennent la direction de Terre-Neuve56. Dix-sept ans plus tard, un descendant des frĂšres CortĂ©rĂ©al, Manoel, part de l’üle de Terceire pour fonder Ă  son tour une colonie Ă  Terre-Neuve. Il obtient du roi la permission d’amener avec lui un notaire dont la mission sera sans doute d’enregistrer les hauts faits du voyage57.
Les Espagnols ne demeurent pas en reste. Ne sont-ils pas d’ailleurs les premiers arrivĂ©s sur ces rivages, du moins officiellement ? Leurs ressortissants basques sont rendus Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la pĂ©ninsule gaspĂ©sienne quand Jacques Cartier y passe en 1534. C’est lui-mĂȘme qui en apporte la preuve en faisant Ă©tat de l’existence d’un lieu de pĂȘche appelĂ© Cap Pratto (aujourd’hui PercĂ©). Et si des doutes s’élevaient Ă  propos de cette prĂ©sence en ce lieu et Ă  ce moment, il faudra expliquer les quelques mots basques retrouvĂ©s par le linguiste Peter Bakker dans le lexique de langue amĂ©rindienne que l’explorateur breton a rĂ©digĂ© au cours de son sĂ©jour Ă  GaspĂ©58.
InstallĂ©s depuis longtemps dans le dĂ©troit de Belle Isle, les Basques sont en surnombre en terre amĂ©ricaine, ce qui leur crĂ©e des problĂšmes. La rivalitĂ© dans le partage des richesses naturelles les amĂšne Ă  y affronter manu militari leurs homologues français en 155459. Dans les annĂ©es 1570, ils sont plus de 200 navires et 6 000 marins Ă  traverser de ce cĂŽtĂ©-ci de l’Atlantique, tant et si bien que les archĂ©ologues ont dĂ©nombrĂ© une vingtaine d’établissements saisonniers leur appartenant dans l’ensemble du secteur60. Ils sont aussi prĂ©sents sur les bancs de Terre-Neuve oĂč, selon Harold Adams Innis, une centaine de leurs bateaux sillonnent les eaux en 157861. Leurs activitĂ©s les entraĂźnent encore davantage vers l’intĂ©rieur du golfe du Saint-Laurent, comme en tĂ©moigne le routier de Martin de Hoyarsabal publiĂ© l’annĂ©e suivante. La frĂ©quentation des cĂŽtes ouest du golfe est telle que ce pilote a jugĂ© bon de publier un carnet de voyage indiquant la route Ă  suivre depuis le Pays basque jusqu’aux « Iles de Perca et de Force Molue [PercĂ© et Malbaie]62 ».
Plusieurs témoignages attestent du partage des espaces halieutiques. Sir Hu...

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