Histoire parlementaire du Québec, 1928-1962
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Histoire parlementaire du Québec, 1928-1962

La crise, la guerre, le duplessisme, l'État providence

  1. 744 pages
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Histoire parlementaire du Québec, 1928-1962

La crise, la guerre, le duplessisme, l'État providence

À propos de ce livre

L'hôtel du Parlement fut - et demeure - un important creuset de l'histoire du ­Québec. Grâce aux débats reconstitués de l'Assemblée législative, il est maintenant possible de renouer avec les paroles et les actes des députés québécois depuis1867.L'histoire parlementaire du Québec, 1928-1962, permet d'approfondir une époque riche en événements. La crise économique des années 1930 et soncortègede chômeurs, la Seconde Guerre mondiale et la volonté centralisatrice du gouvernement fédéral, le duplessisme et la défense de l'autonomie provinciale et la naissance de l'État-providence québécois sont les thèmes prépondérants delapériode.Les premiers ministres Louis-Alexandre Taschereau, Adélard Godbout, Maurice Duplessis, Paul Sauvé, Antonio Barrette et Jean Lesage ont, chacun à leurfaçon, marqué l'histoire du Québec. Des ministres et des députés se sont également illustrés par leur désir de contribuer au bien commun. De grands discoursont été prononcés dans «le Salon de la race» et, certes, les débats d'idées ont soulevé les passions.Ce livre témoigne d'une époque charnière entre l'administration provinciale du Québec et l'émergence d'un État québécois moderne. Il permet de nuancer la pensée des hommes politiques influents qui ont dirigé les destinées du Québec et, plus encore, de jeter un éclairage nouveau sur ceux qui furent les principaux protagonistes de l'actualité parlementaire. Avec la participation d'Aryane Babin, Christian Blais, Olivier Côté, Gilles Gallichan, Frédéric Lemieux, Jules Racine St-Jacques, Marc-André Robert, Stéphane Savard, Raphaël Thériault, Nicholas Toupin et Alexandre Turgeon.Historien à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Christian Blais a travaillé au projet de reconstitution des débats. Il est le corédacteur des ouvrages L'histoire du Québec à travers ses lieutenants-gouverneurs (2005) et Québec: quatre siècles d'une capitale (2008). Il a également collaboré à la 3eédition de La procédure parlementaire du Québec (2012).

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CHAPITRE 1
Taschereau au sommet de sa gloire
(17e législature, 1re session, du 10 janvier au 22 mars 1928)
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Détail du vitrail de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, CC_IMG_9562.
Le Québec, le Canada et le monde
Dix ans après la fin de la Grande Guerre, le charleston et le jazz rythment les « années folles » pendant que l’économie tourne à plein régime. Aux États-Unis, au mois d’août 1928, une flambée boursière, causée par un abaissement des taux d’escompte, déclenche une vague de hausses des titres boursiers. Ce contexte économique en effervescence crée une poussée spéculative, notamment sur les actions industrielles.
Au Québec, le Parti libéral, qui domine la scène politique depuis 1897, tire avantage de la prospérité économique. Cette croissance est nourrie par la hausse des exportations et par l’augmentation des investissements étrangers dans l’exploitation des ressources naturelles. De nombreuses centrales hydroélectriques et usines de pâtes et papiers voient le jour. Les débuts de l’exploration minière engendrent la création de nouvelles villes à travers le Québec, telle Rouyn en Abitibi, fondée en 1926. Or, le développement hydroélectrique du Lac-Saint-Jean prend l’allure d’une tragédie au printemps de 1927 et de 1928. Le rehaussement du niveau du lac, pour en régulariser le débit, inonde les terres agricoles de la région. Les agriculteurs font connaître leur mécontentement au gouvernement et demandent l’exécution de travaux de protection à la compagnie Duke-Price.
En plein essor, le développement industriel vient intensifier le mouvement d’urbanisation. Au début des années 1930, près de 60 % de la population québécoise habite dans les villes1. Montréal est le pôle industriel dominant de la province où s’impose la production de textile, de fer et d’acier. Dans la ville de Québec, même si sa croissance est inférieure à celle de la métropole, le développement industriel est en constante progression grâce à la production de chaussures, de corsets et de tabac.
En 1928, le paysage politique de ces deux municipalités se renouvelle. À Montréal, Camillien Houde devient maire, le 2 avril, avec une avance de plus de 20 000 voix sur le candidat sortant, Médéric Martin. À Québec, Joseph-Oscar Auger est élu maire, le 20 avril, avec une majorité de 2 294 voix contre l’ancien maire Télesphore Simard2.
D’importants projets sont mis en chantier pendant l’année 1928. L’Université de Montréal annonce la construction de nouveaux bâtiments sur le flanc du mont Royal et la compagnie Bell Canada installe son siège social dans la métropole. Les premières communications téléphoniques transatlantiques entre Paris et New York garantissent l’expansion de cette compagnie. L’essor industriel se poursuit avec l’implantation de la Saint-Georges Woollen Mills à Saint-Georges de Beauce3. Parmi les premières à s’établir dans la région, cette entreprise se spécialise dans le tissage de la laine.
À l’Assemblée législative, le discours du trône souligne l’accession au cardinalat de Mgr Raymond-Marie Rouleau. Nommé archevêque de Québec, le 24 février 1927, Mgr Rouleau avait été promu cardinal le 1er décembre de la même année. Il est le troisième Canadien français à recevoir ce titre. Le 1er février 1928, c’est au tour de Mgr Georges Courchesne d’être désigné évêque du diocèse de Rimouski.
Le 30 juillet 1927, les deux fils du roi George V, les futurs Édouard VIII et George VI, sont en visite à Québec. Ils sont accompagnés par le premier ministre de la Grande-Bretagne Stanley Baldwin. Aux frais de la province, les notables invités dînent au Château Frontenac et sont reçus à Spencer Wood, résidence du lieutenant-gouverneur Narcisse Pérodeau. Louis-Alexandre Taschereau, premier ministre du Québec, annonce pendant le discours d’ouverture de la session de 1928 que « ces distingués visiteurs ont été l’objet d’un accueil très sympathique et, dit-il, notre population a tenu à leur montrer combien elle reste attachée aux institutions qui régissent notre pays ». (10 janvier) Le but de ce voyage était de renforcer les liens britanniques au Québec et dans le dominion.
Sur le plan culturel, la production littéraire québécoise s’enrichit par la parution de plusieurs essais. Le poète Robert Choquette se démarque avec son premier recueil À travers les vents. En chanson, Mary Travers, surnommée La Bolduc, entame sa carrière. La chanteuse gaspésienne se distingue avec sa turlutte et ses textes humoristiques qui évoquent la vie quotidienne des Québécois. Elle est la première auteure-compositrice-interprète québécoise à vivre de son métier.
Et, tandis qu’une famine se déclare en Éthiopie en 1927-1928 et que la surproduction de café entraîne l’effondrement de l’économie brésilienne, Charles Lindbergh devient, les 20 et 21 mai 1927, le premier pilote à traverser l’océan Atlantique, de New York à Paris, sans escale. Signalons aussi que Ferdinand Buisson, fondateur et président de la Ligue des droits de l’homme, et Ludwig Quidde, délégué à de nombreuses conférences de paix, se partagent le prix Nobel de la paix en 1927. Aucun prix n’est attribué l’année suivante.
Des élections générales
La tenue d’élections est décrétée le 19 avril 1927. La campagne électorale est de courte durée et donne lieu à de vives attaques. Forts des réalisations des sept dernières années avec Louis-Alexandre Taschereau comme chef, les libéraux sont confiants de remporter la victoire au détriment du Parti conservateur d’Arthur Sauvé, député de Deux-Montagnes.
Les libéraux misent sur les thèmes du progrès et de la prospérité. Premier ministre depuis 1920, Taschereau fait, dans un manifeste, le bilan des réalisations de son administration : la Commission des liqueurs (1921), la loi de l’Assistance publique (1921), les primes aux colons, la construction de ponts et de chemins de fer et le développement des ressources naturelles, particulièrement l’hydroélectricité. Pour le gouvernement, l’amélioration la plus importante est sans contredit la prise en charge, en remplacement des municipalités, de la réfection et de l’entretien du réseau routier.
Le programme des libéraux propose de poursuivre le développement intensif des ressources hydrauliques et minières, de protéger la forêt en restreignant la coupe des arbres, d’améliorer les services de l’instruction et de l’hygiène publique, de favoriser un nouvel essor à la colonisation et de créer de nouveaux marchés pour les agriculteurs. Taschereau adresse un message spécial aux ouvriers en promettant d’apporter des modifications pour améliorer la Loi sur les accidents du travail. En substance, le premier ministre demande aux électeurs de lui accorder « un mandat pour poursuivre les politiques et les programmes précédents, avec l’assurance sous-jacente que cela assurerait la poursuite de la prospérité4 ».
Pour leur part, les conservateurs tentent de montrer qu’ils sont à la hauteur malgré l’affaiblissement de leur parti depuis la mort de Jules Langlais (1926), député de Témiscouata, et d’Arthur Plante (1927), député de Beauharnois5. À cela s’ajoute l’annonce de Sauvé qui déclarait que c’était sa « dernière campagne comme chef de l’opposition6 » s’il n’obtenait pas la majorité parlementaire.
Pire encore, les coffres du Parti conservateur sont vides et le parti n’est plus soutenu ni par les journaux ni par le Parti conservateur fédéral. Faisant fi de ces déboires, les conservateurs entament la course électorale avec une confiance affichée. Pendant la campagne, les bleus profèrent des attaques personnelles envers les députés libéraux, mais le manque d’organisation et d’unité se fait sentir. Les candidats conservateurs y vont de critiques sur les politiques du gouvernement sans toutefois proposer d’alternatives aux électeurs7. Seule la promesse d’instaurer un système d’allocations familiales pour venir en aide aux familles nombreuses retient l’attention8.
Le scrutin se tient le 16 mai 1927. Les résultats des élections générales accordent une victoire écrasante au Parti libéral. Le gouvernement Taschereau obtient 60,7 % des votes contre 32,1 %. Sur un total de 85 sièges à l’Assemblée législative, 75 seront occupés par les libéraux, soit 13 de plus qu’aux élections de 1923 (six à Montréal, trois à Québec en plus des comtés de Beauharnois, de Joliette, de Soulanges et de Témiscouata). Trois comtés libéraux sont perdus au profit de l’opposition (Hull, Trois-Rivières et Montréal-Dorion). La Chambre compte aussi un seul député ouvrier en la personne de William Tremblay qui représente le comté de Maisonneuve.
La défaite conservatrice est qualifiée de « catastrophe » et de « tragédie9 » par Le Soleil. L’opposition est réduite à neuf membres et subit des défaites cuisantes avec la perte de « ses têtes les plus vigoureuses10 » dans les comtés tombés aux mains des libéraux. Seuls les comtés de Montréal–Saint-Georges, avec Charles-Ernest Gault, de Deux-Montagnes, avec Arthur Sauvé, et de Westmount, avec Charles Allan Smart, demeurent des châteaux forts conservateurs. Quant aux six autres comtés devenus conservateur...

Table des matières

  1. Histoire parlementaire du Québec, 1928-1962. La crise, la guerre, le duplessisme, l'État providence
  2. Mot du président de l’Assemblée nationale du Québec
  3. Remerciements
  4. Introduction
  5. Le déroulement d’une session parlementaire
  6. La Tribune de la presse, gardienne de la mémoire parlementaire du Québec
  7. Les débats reconstitués, une œuvre monumentale
  8. Une critique des sources
  9. LA CRISE
  10. CHAPITRE 1 • Taschereau au sommet de sa gloire [par Aryane Babin]
  11. CHAPITRE 2 • Camillien Houde à l’œuvre [par Aryane Babin]
  12. CHAPITRE 3 • Une crise comme les autres ? [par Christian Blais]
  13. CHAPITRE 4 • Le chômage et son cortège [par Christian Blais]
  14. CHAPITRE 5 • Taschereau bien en selle [par Christian Blais]
  15. CHAPITRE 6 • Charité bien ordonnée [par Christian Blais]
  16. CHAPITRE 7 • Un vent de changement [par Christian Blais]
  17. CHAPITRE 8 • De l’électricité dans l’air [par Christian Blais]
  18. CHAPITRE 9 • La fin d’un régime [par Christian Blais]
  19. CHAPITRE 10 • Duplessis, premier ministre [par Frédéric Lemieux]
  20. CHAPITRE 12 • Le gouvernement d’un seul homme [par Christian Blais]
  21. CHAPITRE 12 • L’autonomie provinciale [par Christian Blais]
  22. CHAPITRE 13 • Au bord du gouffre [par Christian Blais]
  23. LA GUERRE
  24. CHAPITRE 14 • Godbout : le nouveau gouvernement [par Gilles Gallichan]
  25. CHAPITRE 15 • Un monde bouleversé [par Gilles Gallichan]
  26. CHAPITRE 16 • Le Québec en guerre : plébiscite et conscription [par Nicholas Toupin]
  27. CHAPITRE 17 • En regard de la politique fédérale [par Christian Blais]
  28. CHAPITRE 18 • Les dernières réformes de Godbout [par Stéphane Savard]
  29. Cahier-photo
  30. LE DUPLESSISME
  31. CHAPITRE 19 • La mise en place du régime duplessiste [par Stéphane Savard]
  32. CHAPITRE 20 • Le respect du « pacte confédératif » [par Gilles Gallichan]
  33. CHAPITRE 21 • Apologie de l’autonomie provinciale [par Nicholas Toupin]
  34. CHAPITRE 22 • Un nouveau symbole : le fleurdelisé [par Christian Blais]
  35. CHAPITRE 23 • La grève d’Asbestos et la crise du Code du travail [par Marc-André Robert]
  36. CHAPITRE 24 • Duplessis, fidèle à lui-même [par Frédéric Lemieux]
  37. CHAPITRE 25 • Guerre froide, conservatisme et tragédies [par Gilles Gallichan]
  38. CHAPITRE 26 • Entre charité chrétienne et anticommunisme [par olivier Côté]
  39. CHAPITRE 27 • L’âge d’or du duplessisme [par Jules Racine St-Jacques]
  40. CHAPITRE 28 • Rapatrier le butin de la province [par Jules Racine St-Jacques]
  41. CHAPITRE 29 • Un impôt provincial [par Frédéric Lemieux]
  42. CHAPITRE 30 • L’autonomie provinciale comme argument préélectoral [par marc-André Robert]
  43. CHAPITRE 31 • « Lendemain d’élections » : la déconfiture des libéraux [par Marc-André Robert]
  44. CHAPITRE 32 • Duplessis, seul au sommet [par Raphaël Thériault]
  45. CHAPITRE 33 • L’automne du duplessisme [par Jules Racine St-Jacques]
  46. L’ÉTAT-PROVIDENCE
  47. CHAPITRE 34 • Entre la « grande noirceur » et la Révolution tranquille [par Alexandre Turgeon]
  48. CHAPITRE 35 • Lesage et les problèmes administratifs de Montréal [par Stéphane Savard]
  49. CHAPITRE 36 • Un temps nouveau [par Jules Racine St-Jacques]
  50. CHAPITRE 37 • À l’heure de la Révolution tranquille [par olivier Côté]
  51. Conclusion
  52. Bibliographie
  53. Présentation des auteurs
  54. Crédit