CHAPITRE IV
Des écoles inspirantes redevenues des institutions ouvertes sur le monde
On construit des bureaux gouvernementaux, des routes, des aqueducs, des hôpitaux, des palais de justice ou encore des infrastructures sportives. Mais on bâtit des écoles. On bâtit des institutions. Des lieux d’enseignement. Ce n’est pas la même chose. On ne le fait pas dans le même état d’esprit. Ou du moins on ne devrait pas.
Nos enfants ont le droit de fréquenter de belles écoles. Nous avons le devoir de mettre ces belles écoles à leur disposition. Pour plusieurs enfants, c’est le premier contact avec un établissement public. Ça doit être la plus belle et la plus invitante des expériences.
Bien-être, beauté et qualité de vie permettent de développer le sentiment d’appartenance. De favoriser la réussite.
On peut faire mieux que les écoles québécoises actuelles. On rénove et on construit beaucoup mieux déjà depuis quelque temps. Mais j’ai proposé de pousser la réflexion encore plus loin dès les premières semaines de mon mandat parce que rénover les écoles de mon enfance, des années 1960 et 1970, c’est bien. Toutefois, j’ai hâte que l’on construise les écoles de demain.
Eh bien, nous y sommes. Nous en parlons, certains y réfléchissent, d’autres même construisent aujourd’hui des écoles neuves étonnantes. Une chose est certaine, il ne faut plus brimer l’innovation, la créativité et réprimer la beauté et le design.
Il est temps de construire beau. De construire clair. De construire adapté aux réalités d’aujourd’hui. Pas à celles d’hier.
Notre enjeu reste la rénovation. L’entretien qui a fait trop longtemps défaut. On a laissé trop de nos écoles à l’abandon. Cela fait mal à notre orgueil… On ne doit pas être une société qui ne s’occupe pas convenablement des bâtiments qui accueillent ce qu’elle a de plus cher.
Alors on fait quoi ? On continue comme avant ? On rénove ce que l’on peut ? On construit partout pareil pour ne pas froisser personne ? On refuse de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs par chauvinisme ?
Non. Je refuse cette abdication. Il faut briser le moule et faire des gestes concrets !
J’ai choisi de répondre à cet enjeu en travaillant sur trois fronts. Trois actions distinctes, mais coordonnées autour du même objectif : transformer nos lieux d’enseignement, peu importe leur vocation.
Trois démarches pour un même objectif
Premièrement : le lab-école. C’est une mobilisation des citoyens et du milieu pour réfléchir en dehors de la boîte. Il faut saluer ceux et celles qui s’engagent pour changer les choses. Nous recevrons des projets. Nous bâtirons différemment et évaluerons les résultats qui s’ensuivront.
Deuxièmement : soutenir la création d’une plate-forme d’expertise en architecture scolaire par les chercheurs associés à ce projet de l’Université Laval. Pour soutenir les décideurs dans la prise de décisions lors de la réflexion et les décisions entourant la rénovation des écoles. Pour que la recherche contribue à la réussite des élèves. Du beau et de l’utile, pour faire augmenter le sentiment d’appartenance et le bien-être des élèves et de ceux qui travaillent auprès d’eux au quotidien.
Troisièmement : modifier le cadre de référence de construction du Ministère. Ce cadre détermine ce qui est accepté et ce qui ne l’est pas pour la construction des écoles. Il doit être modernisé pour ne pas freiner les initiatives et les innovations.
On construit pour longtemps. Il faut être à l’avant-garde. Il faut être ouvert à la nouveauté et donner de la flexibilité au milieu. Il faut que nous soyons plus habiles, pour éviter de reproduire les erreurs du passé lors de la rénovation ou de la construction d’écoles. Il nous faut un cadre innovant pour permettre aux milieux de rêver leurs établissements locaux comme ils le souhaitent.
Trois démarches cohérentes pour des lieux plus modernes. Trois démarches mais une seule raison d’être : les plus beaux établissements scolaires pour ce que nous avons de plus précieux ; nos enfants !
Il s’agit de chantiers sur plusieurs années. Nous devons être patients, mais déterminés. Une chose est sûre, ce que je vise c’est que nous redevenions fiers de nos écoles. Que le beau retrouve sa place. Que des environnements stimulants donnent le goût de l’effort à nos enfants. Et qu’il en soit terminé des écoles vétustes au Québec.
C’est ainsi que l’école redeviendra une véritable institution. Un lieu envié. Un lieu de savoir, de connaissances et d’apprentissages.
Peu importe son niveau ou sa vocation, chaque école peut et doit être vénérée pour ce qu’elle est : un haut lieu de savoir et un ascenseur social extraordinaire. Un ascenseur qui donne accès à tous les étages. Qui offre à tous ce qui, autrement, ne serait l’apanage que de certains.
Le lab-école
Le lab-école. Un projet pas comme les autres qui a abondamment fait parler de lui, vous en conviendrez.
Il faut voir les projets avant-gardistes ici et un peu partout dans le monde, des écoles absolument formidables, la création de véritables milieux de vie pour les enfants et les enseignants, pour être convaincu de la pertinence de ce chantier.
On ne doit plus investir sur le modèle des années 1950 et 1960, par habitude, confort ou manque d’imagination. En se donnant les moyens de le faire, on peut rêver, améliorer, innover. C’est le cœur de mon engagement politique et, si l’on peut discuter des moyens, ce leitmotiv ne peut être remis en question.
La réussite éducative passe également par des écoles offrant un environnement optimal et des milieux de vie de qualité. Pour bon nombre d’écoles qui ont été construites il y a plusieurs décennies, la planification des travaux de rénovation ou de construction doit être assortie de la volonté d’embellir les lieux et de les rendre plus accueillants et mieux adaptés aux réalités du XXIe siècle.
Le lab-école, c’est le moyen de concevoir cet environnement des écoles de demain. Au cœur du lab-école, il y a avant tout des valeurs : l’innovation, l’accessibilité, l’adaptabilité, la collaboration, le développement durable et l’inclusion. Les travaux du lab-école se déclinent en trois chantiers qui permettent de rassembler une expertise multidisciplinaire.
Le chantier de l’aménagement physique, sous la direction de Pierre Thibault, pourra imaginer des lieux flexibles, polyvalents et inspirants pour les jeunes et les enseignants. Le chantier sur l’alimentation, sous la direction de Ricardo Larrivée, cherche à transformer le moment des repas pris à l’école. L’objectif est d’offrir de nouveaux territoires de découvertes et d’apprentissages. Enfin, le chantier portant sur les saines habitudes de vie, sous la direction de Pierre Lavoie, vise à faire de l’école un lieu qui inspire les enfants, les enseignants et la communauté à être actifs dans leur quotidien.
En outre, les travaux au sein du lab-école permettront de déterminer ce qui se fait de bien et ce qui pourra être amélioré afin de favoriser la réussite éducative des jeunes. Il s’agit d’un véritable projet de développement durable pour nos générations futures.
Ces efforts permettront d’optimiser la gouvernance des infrastructures en bonifiant les cadres de référence du Ministère relatifs à la construction et à l’agrandissement des bâtiments scolaires. En définitive, le lab-école vise à faire de notre école publique un lieu empreint de fierté.
Au cœur de cette initiative, les meilleurs spécialistes sont à l’œuvre et je ne parle pas seulement des trois initiateurs du projet qui ont généreusement offert leurs services, je parle des dizaines d’enseignants, de bénévoles, d’intervenants du monde de l’éducation et de beaucoup d’autres qui ont répondu avec enthousiasme à cet appel.
Je suis heureux d’entendre de plus en plus de commentateurs et d’experts prendre la défense de ce projet, mais aussi lui donner une chance, sur la base du principe qui veut qu’on juge l’arbre à ses fruits. Il faut nous donner les moyens de nos ambitions, des ressources, du temps, mais également un degré de liberté nécessaire à la réflexion et à la conception. Cette réflexion mènera à l’action.
Ce braquage instantané, presque automatique, de certains intervenants est un peu démoralisant à l’heure des défis actuels pour le système d’éducation au Québec. Ce n’est pas vrai qu’on peut reproduire le modèle datant de 50 ans en affirmant qu’on a fait nos devoirs ou, insidieusement, en perpétuant le statu quo par pur réflexe corporatif. Ce n’est pas acceptable.
Je terminerai en plaidant pour la nécessaire marge de manœuvre que l’on doit accorder à nos représentants politiques, sans quoi ce rôle démocratique devient désincarné et futile.
En toute humilité, il faut accepter cette nécessaire part de risque dans les projets des ministres et trouver cet équilibre entre audace et prudence. Personnellement, je plaiderai toujours pour l’innovation, la curiosité et l’audace.
Des écoles vivantes
L’école est le socle de la société. Elle doit être un milieu ouvert et l’on manque à nos responsabilités si nos écoles ne sont pas assez ouvertes sur le monde.
Mais une école, c’est avant tout une organisation vivante...