La Traversée du Colbert
eBook - ePub

La Traversée du Colbert

De Gaulle au Québec en juillet 1967

  1. 327 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La Traversée du Colbert

De Gaulle au Québec en juillet 1967

À propos de ce livre

Le 24 juillet 1967, Charles de Gaulle, président de la France en voyage officiel, invité des gouvernements de Québec et d'Ottawa, a marqué à jamais l'histoire en prononçant, au balcon de l'hôtel de ville de Montréal, quatre mots — « Vive le Québec libre! » — dont la portée a traversé le temps. Cet événement, ses causes et ses conséquences ont été maintes fois scrutés, répertoriés, analysés et commentés par tout ce qui « grouille, grenouille, scribouille ».

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à La Traversée du Colbert par André Duchesne en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Histoire et Histoire de l'Amérique du Nord. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

première partie
La grande bataille diplomatique
chapitre 1
Une politique québécoise en mutation
Avant d’être un président, Charles de Gaulle est un général de brigade. Il sait que sur un terrain où on affronte un adversaire, il est important d’établir une tête de pont, de profiter des failles, des ouvertures. C’est la meilleure façon de conquérir et de conserver sa place.
C’est un peu la même chose avec le cours de l’histoire, domaine dans lequel le président excelle. Lorsque des occasions se sont offertes à lui, le grand homme les a à plusieurs reprises saisies. Pour lui comme pour la France.
La conjoncture lui est de nouveau favorable à l’été 1967, sur les rives du Saint-Laurent.
Depuis le début de la décennie, le Québec est en pleine transformation, en quête de renouveau. Il est sorti de la Grande Noirceur pour entrer dans la Révolution tranquille.
Tout à coup, au Québec, on se dit capable. L’État se donne des outils de développement économique comme la Caisse de dépôt et placement. Il modernise les grandes institutions, écoles et hôpitaux au premier chef, hier encore dirigées par le clergé. On veut vivre et travailler dans sa langue et sa culture. On veut revendiquer une identité… et la montrer au monde entier.
Le Québec et sa majorité francophone ne veulent plus se faire dire comment agir, comment penser, comment suivre. Ils veulent prendre les commandes de leur destinée. Ils revendiquent pour le gouvernement qu’ils contrôlent plus de pouvoirs, plus d’autonomie ; ils manifestent leurs aspirations et veulent élargir les champs de compétence assignés à leur province par la Constitution fédérale.
Et, tel un adolescent face à ses parents, c’est vers le gouvernement central que le Québec se tourne pour exprimer ses doléances. Au cœur de la fédération, le Québec va, plus que jamais depuis 1867, exprimer qu’il se sent le parent pauvre, l’oublié, le négligé. Ce qui va inévitablement créer des tensions, des affrontements, des batailles de compétences avec Ottawa.
Dans l’espoir d’y voir plus clair, de moderniser une confédération dans laquelle le Québec se sent de plus en plus à l’étroit, le gouvernement fédéral va, parmi d’autres mesures, créer une commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Cette commission Laurendeau-Dunton, du nom de ses deux coprésidents, tente de diagnostiquer les problèmes les plus manifestes et d’apporter des solutions afin que les deux « peuples fondateurs » vivent dans l’harmonie et l’équilibre.
En parallèle, ce Québec de plus en plus fier de ses racines et désireux de vivre en français se tournera, réflexe naturel, vers des interlocuteurs avec qui il partage une communauté d’esprit. La France constitue le partenaire tout désigné.
Président de la République française depuis le 8 janvier 1959, Charles de Gaulle est sensible à ce qui se passe là-bas, dans cette petite enclave française en Amérique. Il la connaît, cette enclave où il est venu en 1944, en 1945 et en 1960. Il sait que ses prédécesseurs, rois comme présidents, lui ont tourné le dos depuis la signature du traité de Paris de 1763, par lequel la France a cédé à la Grande-Bretagne le Canada et ses autres colonies du continent.
Mais pas lui. Pas Charles de Gaulle.
Quelques semaines à peine après son appel du 18 juin 1940 pour l’unification des Français soucieux de continuer le combat contre l’Allemagne nazie, lui, de Gaulle, tendait déjà la main à ces Français d’Amérique pour leur demander de l’aider. Ce Canada français, il a aussi appris à mieux le connaître grâce à son amitié avec Georges Vanier, ministre plénipotentiaire du Canada en France au début de la Deuxième Guerre mondiale. Il est bien conscient que le Québec a eu des sympathies plus marquées pour le régime de Vichy pendant la guerre, mais il a tourné la page.
Le président n’est pas le seul à diriger son regard vers cette Amérique française. Autour de lui, à l’Élysée, des membres influents de sa garde rapprochée établissent et entretiennent des contacts chaque jour plus étroits avec les nouvelles élites francophones du Québec. Cela s’inscrit parfaitement dans une période où les balbutiements de la francophonie internationale se font entendre.
À l’Élysée donc, plusieurs proches du président sont sensibles à ce désir d’émancipation des « cousins » canadiens-français. Et voient dans ce désir de construire des ponts un catalyseur d’échanges économiques avantageux pour l’Hexagone.
Ce « lobby du Québec à Paris1 », surnom parfois attribué au groupe, compte dans ses rangs Bernard Dorin, Philippe Rossillon, Pierre-Louis Mallen, Xavier Deniau, Jean-Daniel Jurgensen, Alain Peyrefitte et plusieurs autres.
La Maison du Québec
Un des premiers chapitres dans l’établissement de ces nouveaux liens France-Québec s’écrit en octobre 1961 avec l’ouverture de la Maison du Québec à Paris.
Ce n’est quand même pas une première. Le Québec est par exemple représenté à New York depuis 1940.
Il n’en demeure pas moins qu’au moment d’accueillir à l’Élysée, le 5 octobre 1961, le premier ministre Jean Lesage, venu inaugurer les bureaux québécois dans la Ville lumière, de Gaulle se réjouit de la création de cette entité faite sur mesure « pour servir à nos rapports directs ».
« Nous, Français, comprenons mieux que personne votre souci de prendre à votre propre compte la conduite de vos affaires économiques », lance-t-il, ajoutant que le vœu de développer « votre personnalité » rendra service « au Canada tout entier2 ».
À Ottawa, dans les officines de la haute fonction publique fédérale, on prend des notes. On est inquiet de voir le Québec ainsi sortir du rôle qui lui est assigné pour jouer du coude sur la scène internationale. Lorsque les libéraux de Lester B. Pearson sont portés au pouvoir en avril 1963, une de leurs premières mesures, sans qu’elle soit criée sur les toits, est de multiplier les contacts avec la France. Le but : rappeler qu’en matière de politique étrangère, c’est le Canada, et non ses constituantes provinciales, qui mène le bal. Et on veut aussi éviter de se faire tirer le tapis sous les pieds dans les domaines où les provinces ont plus de latitude.
De Gaulle reste poli. Mais il est déjà ailleurs. Ainsi, en septembre 1963, alors que son cabinet prépare la visite du premier ministre canadien Lester B. Pearson à Paris en janvier 1964, le président écrit dans une note à Étienne Burin des Roziers, secrétaire général de l’Élysée : « Nous devons avant tout établir une coopération particulière avec le Canada français. » Il ajoute plus loin : « Le Canada français deviendra nécessairement un État et c’est dans cette perspective que nous devons agir3. »
En 1964, la Maison du Québec à Paris devient Délégation générale, avec les privilèges et immunités diplomatiques afférents. De nouveaux accords France-Québec sont signés : entente permettant à de jeunes Québécois de suivre une formation à l’École nationale d’administration à Paris (janvier 1964), entente sur un programme d’échanges et de coopération en matière d’éducation (février 1965), entente de coopération en matière de culture (novembre 1965), etc.
Cette sympathie croissante d...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Dédicace
  8. Épigraphe
  9. Introduction
  10. Première partie - La grande bataille diplomatique
  11. Chapitre 1 - Une politique québécoise en mutation
  12. Chapitre 2 - Premières démarches
  13. Chapitre 3 - Entente conclue
  14. Chapitre 4 - Québec: préparer un accueil inoubliable
  15. Chapitre 5 - Ottawa: tordre le bras du général
  16. Chapitre 6 - Paris: à chacun son étiquette
  17. Chapitre 7 - La bataille de l’anse au Foulon
  18. Chapitre 8 - Tonnerre de Brest
  19. Chapitre 9 - Sur une mer houleuse
  20. Chapitre 10 - Une guerre des ondes
  21. Carnet de photos 1
  22. Chapitre 11 - Au bord de l’Amérique
  23. Deuxième partie - En territoire canadien
  24. Chapitre 12 - En route vers Québec
  25. Chapitre 13 - Veillée d’armes
  26. Chapitre 14 - Des cinéastes sur le Saint-Laurent
  27. Chapitre 15 - Québec
  28. Chapitre 16 - Un orage se prépare
  29. Chapitre 17 - Un seigneur sur le chemin du Roy
  30. Chapitre 18 - « On va chanter le Canada ! »
  31. Chapitre 19 - Du pont jusqu’au balcon
  32. Chapitre 20 - « C’est une immense émotion… »
  33. Chapitre 21 - Retour sur un micro
  34. Troisième partie - Gérer la crise
  35. Chapitre 22 - Un jour, un jour…
  36. Chapitre 23 - Ottawa sous haute tension
  37. Chapitre 24 - « Inacceptables »
  38. Chapitre 25 - De Gaulle s’en va
  39. Chapitre 26 - Quand l’UdeM reçoit en grand
  40. Chapitre 27 - Le héros du Canada
  41. Chapitre 28 - Tout le monde en parle
  42. Carnet de photos 2
  43. Chapitre 29 - Une analyse de la CIA
  44. Chapitre 30 - Enfin les chefs réagissent
  45. Chapitre 31 - Dernières salves
  46. Épilogue
  47. Annexe 1 - « Vive le Québec libre ! »
  48. Annexe 2 - Projet de communiqué franco-canadien
  49. Annexe 3 - De Gaulle, l’homme qui fait l’histoire
  50. Annexe 4 - Conférence de presse du président Charles de Gaulle, le 27 novembre 1967
  51. Remerciements
  52. Sources
  53. Liste des sigles
  54. Crédits des illustrations
  55. Crédits et remerciements
  56. Fin
  57. Quatrième de couverture