MĂ©tier d'intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siĂšcle (Le)
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MĂ©tier d'intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siĂšcle (Le)

Marie-Eve Ouellet

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MĂ©tier d'intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siĂšcle (Le)

Marie-Eve Ouellet

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L'intendant fait partie de ces personnages que l'on croit connaĂźtre du fait de leur omniprĂ©sence. NĂ©anmoins, il subsiste une certaine confusion quant Ă  la nature de son pouvoir: est-il un juge, un politicien, un administrateur? MĂȘme s'il fut au coeur des Ă©vĂ©nements marquants du RĂ©gime français, on en sait finalement peu sur l'exercice de ses fonctions, sur son «mĂ©tier d'intendant», pour reprendre la cĂ©lĂšbre expression de Louis XIV. Quelles sont les tĂąches qui l'occupent concrĂštement? Que nous rĂ©vĂšlent les documents produits par l'intendant sur sa pratique? Personnage clĂ© de l'administration monarchique au XVIIIesiĂšcle, l'intendant est le sujet idĂ©al pour observer la portĂ©e rĂ©elle de ce rĂ©gime sur le terrain, tant dans la mĂ©tropole que dans la colonie. Comparer l'intendance au Canada, en Bretagne et Ă  Tours permet de voir Ă©merger les traits communs, mais aussi les disparitĂ©s liĂ©es Ă  la proximitĂ© ou Ă  l'Ă©loignement de Versailles. C'est toute l'histoire d'une institution qui se rĂ©vĂšle et, avec elle, les rapports entre gouvernants et gouvernĂ©s.Marie-Eve Ouellet est titulaire d'un doctorat en histoire, rĂ©alisĂ© en cotutelle Ă  l'UniversitĂ© de MontrĂ©al et l'UniversitĂ© Rennes 2. En parallĂšle de ses recherches, elle a travaillĂ© sur de nombreux projets touchant le patrimoine de la rĂ©gion de QuĂ©bec. AprĂšs avoir enseignĂ© dans plusieurs universitĂ©s quĂ©bĂ©coises, elle est actuellement historienne et chargĂ©ede projets Ă  la Commission de la capitale nationale du QuĂ©bec.

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Informations

Année
2018
ISBN
9782894489451
Chapitre 1
Une Ă©lite transatlantique
L’interrogation fondamentale sur la spĂ©cificitĂ© des institutions coloniales et mĂ©tropolitaines engendre celle de l’appartenance des intendants Ă  une mĂȘme Ă©lite du pouvoir1. Cette derniĂšre s’entend comme l’ensemble des agents et des serviteurs de l’État et des membres des classes dirigeantes, qui s’investissent dans l’État et assurent leur cohĂ©sion par des stratĂ©gies communes. Durant l’époque moderne, les liens de consanguinitĂ© et les rĂ©seaux de clientĂšle ont jouĂ© un rĂŽle essentiel dans le recrutement de l’élite dirigeante, qui cependant dut se professionnaliser autour de l’apprentissage du droit pour conserver sa place dans les cercles du pouvoir2. En nous basant sur les principales variables des Ă©tudes prosopographiques, nous verrons qu’en dĂ©pit de leur position spĂ©cifique dans l’organigramme politico-administratif et d’une spĂ©cialisation qui s’accroĂźt au cours du XVIIIe siĂšcle les intendants de la colonie et de nos deux gĂ©nĂ©ralitĂ©s partagent de nombreuses affinitĂ©s en regard de leurs origines familiales et des clientĂšles dans lesquelles ils Ă©voluent, de mĂȘme que sur le plan de la formation et des antĂ©cĂ©dents professionnels.
Étrangers en leur province
L’extranĂ©itĂ© des intendants par rapport Ă  leur rĂ©gion d’assignation constitue un premier point de convergence entre les intendants de gĂ©nĂ©ralitĂ© et de colonie. Dans une lettre adressĂ©e Ă  l’intendant du Canada Jean Bochart de Champigny en 1699, le secrĂ©taire d’État Ă  la marine met en garde l’intendant de ne pas « s’attirer l’applaudissement d’un nombre d’habitants » et de plutĂŽt rechercher le bien de la colonie en gĂ©nĂ©ral. Les liens tissĂ©s par les agents du roi avec leurs administrĂ©s entrent en contradiction avec le service du roi et c’est pourquoi les charges administratives dans la colonie sont confiĂ©es surtout Ă  des Français, en particulier chez le personnel judiciaire3. En France Ă©galement, le roi Ă©vite de confier l’exĂ©cution de ses ordres Ă  des individus bien intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© provinciale, par crainte qu’ils soient plus enclins Ă  dĂ©fendre des privilĂšges particuliers qu’à exĂ©cuter les arrĂȘts de son Conseil. On nomme donc dans les intendances des agents extĂ©rieurs Ă  la rĂ©gion, qui seront ainsi plus aptes Ă  remplir leurs fonctions de mĂ©diateur entre les intĂ©rĂȘts locaux et centraux4. À l’instar de la grande majoritĂ© des membres de l’administration centrale, les Parisiens d’origine dominent parmi les intendants de Bretagne et de Tours, tandis que chez les intendants du Canada on observe une surreprĂ©sentation des LigĂ©riens, la Loire Ă©tant une autre rĂ©gion traditionnellement proche du pouvoir royal5. Sans compter que la majoritĂ© de ceux qui sont nĂ©s en province ont commencĂ© leur carriĂšre dans la capitale. Parmi les 23 intendants Ă  l’étude, 16 (dont deux de la colonie) ont exercĂ© diverses charges Ă  Paris avant d’ĂȘtre nommĂ©s intendants.
Des réseaux familiaux tissés serré
Le jeu de parentĂšles et d’alliances est la source principale de la cohĂ©sion du groupe des intendants, dont les familles sont souvent liĂ©es entre elles ou avec des lignages puissants, assurant ainsi la protection nĂ©cessaire Ă  leur avancement6. En s’intĂ©ressant Ă  la profession des ascendants des intendants, l’étude de Jean-Claude DubĂ© rĂ©vĂšle que les carriĂšres des intendants du Canada s’inscrivent toutes dans une continuitĂ© familiale7, un phĂ©nomĂšne que l’on observe Ă©galement dans la mĂ©tropole. Citons l’exemple de l’intendant du Canada Jean Bochart de Champigny, dont le pĂšre fut successivement intendant de Limoges, de Tours et de Rouen, de l’intendant de Bretagne Louis BĂ©chameil de Nointel, dont le fils fut nommĂ© intendant d’Auvergne en 1713, ou encore de Paul-Esprit Feydeau de Brou, intendant de Bretagne qui Ă©pousa la fille d’un ancien intendant de Poitiers et de Rouen, Yves-Marie de la Bourdonnaye. De mĂȘme, dans la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Tours, les intendants proviennent d’un groupe social trĂšs fermĂ© : prĂšs de la moitiĂ© d’entre eux sont fils ou gendre d’intendants et leur mariage renforce leur place dans le cercle Ă©troit des serviteurs de l’État. Lescalopier, intendant de Tours Ă  partir de 1756, Ă©pousa par exemple la fille de son prĂ©dĂ©cesseur Lesseville, intendant de Tours dans les annĂ©es 17308. La proportion d’intendants partageant des liens de parentĂ© grimpe si l’on tient compte des petits-fils, frĂšres ou cousins de commissaires dĂ©partis. L’étude de Vivian Gruder montre qu’au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle 50 % des fils d’intendants embrassĂšrent Ă  leur tour une carriĂšre administrative. Cette proportion chute Ă  28 % au milieu du siĂšcle : Ă  ce moment, il devient toutefois plus frĂ©quent de voir le fils succĂ©der Ă  son pĂšre aprĂšs l’avoir assistĂ© en tant qu’intendant adjoint, une situation inĂ©dite en France sous Louis XIV9. La nomination conjointe de Jacques (pĂšre) et Antoine-Denis (fils) Raudot Ă  l’intendance du Canada en 1705 peut ĂȘtre vue comme une expression prĂ©coce de ce modĂšle, qui permettra par exemple au fils de l’ancien intendant de Bretagne Jean-Baptiste des Gallois de La Tour de lui succĂ©der Ă  l’intendance de Provence10.
Les intendants proviennent donc d’un milieu familial remarquablement homogĂšne, animĂ© par l’ambition commune de consolider leur position sociale et solidifiĂ© par des liens de clientĂšle et de fidĂ©litĂ©. Ces liens produisent de « vĂ©ritables dynasties de grands commis » qui, selon Denis Richet, assurĂšrent mieux que les institutions elles-mĂȘmes la continuitĂ© de l’État11.
Cette logique dynastique prĂ©vaut Ă©galement dans la marine, oĂč l’on trouve des grandes familles liĂ©es par mariage, comme les BĂ©gon et les Beauharnois, qui produisent des lignĂ©es d’administrateurs. L’intendant du Canada Michel BĂ©gon de La PicardiĂšre Ă©tait ainsi mariĂ© avec la sƓur de son prĂ©dĂ©cesseur, François de Beauharnois de La Chaussaye, et son pĂšre avait Ă©tĂ© intendant de Saint-Domingue en mĂȘme temps que son beau-frĂšre, Jacques de Meulles, Ă©tait intendant du Canada. Le pĂšre de Gilles Hocquart, commissaire ordonnateur puis intendant du Canada de 1729 Ă  1748, fut intendant des ports de Toulon et du Havre. La famille maternelle de François Bigot, intendant du Canada de 1748 Ă  1760, avait aussi occupĂ© de nombreux postes dans l’administration maritime. Les fils des intendants du Canada feront carriĂšre Ă©galement dans la marine, devenant officiers de vaisseau...

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