Gens du fleuve, gens de l'île
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Gens du fleuve, gens de l'île

Hochelaga en Laurentie iroquoienne au XVIe siècle

  1. 348 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Gens du fleuve, gens de l'île

Hochelaga en Laurentie iroquoienne au XVIe siècle

À propos de ce livre

Roland Viau propose un fascinant portrait d'Hochelaga avant 1600.À partir des connaissances acquises par l'archéologie, l'ethnohistoire et l'ethnologie sur les sociétés amérindiennes, et en exploitant les documents historiques disponibles, l'auteur replace d'abord Hochelaga au centre d'un vaste réseau fluvial s'étirant du lac Ontario au golfe du Saint-Laurent. Il dresse ensuite l'inventaire des ressources des Hochelaguiens, recrée minutieusement leur mode de vie, l'univers symbolique de la chasse, de l'agriculture. Il aborde la division sexuelle du travail, les règles de classification du végétal, l'ancienneté et la diversité du maïs. Il s'intéresse à la guerre, avançant l'idée d'un lien particulier avec les pratiques funéraires. Enfin, il fait revivre l'imaginaire au sens d'une cosmovision: nature de la guerre, condition d'esclave, exercice de la sexualité et de la parenté, rapports hommes-femmes. Les colonisateurs européens ont constaté avec étonnement que cette Laurentie iroquoienne s'est volatilisée entre 1545 et 1585. Personne, à ce jour, n'a pu apporter d'explication convaincante à ce phénomène. Guerre? Migration? Refroidissement climatique? Épidémie associée à la « mondialisation » des microbes? Viau examine rigoureusement ces hypothèses, retenant pour l'essentiel la dernière et validant la probabilité que les Iroquoiens du Saint-Laurent aient résisté à l'envahissement français et contribué à leur refoulement. Il introduit en cela un beau renversement du récit historique colonial traditionnel. Et que serait-il advenu d'éventuels survivants? Pourrait-on encore aujourd'hui trouver des traces de leurs migrations, de leur intégration au sein d'autres nations? Gens du fleuve, gens de l'île apporte une contribution majeure aux débats actuels sur les origines autochtones de Montréal. Ce livre, qui prend souvent les allures d'une magnifique « enquête policière », constitue la première et remarquable synthèse de l'histoire de Montréal au XVIe siècle, à la fois savante et accessible.

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Informations

1
La texture du lieu
Disons-le d’entrée de jeu : Montréal, avant Cartier, c’est une longue histoire. Celle-ci s’étend sur 35 ou 40 siècles de séquences culturelles archéologiquement documentées de manière non équivoque qui se déroulent jusqu’à l’arrivée des premiers visiteurs européens, en octobre 1535. Et ce long passé est celui non pas d’une civilisation du texte mais de sociétés à culture orale. C’est donc l’espace de 115 à 130 générations successives de populations se succédant tous les trente ans environ. Montréal a somme toute une préhistoire (une période des temps précolombiens) et une histoire (une période coloniale emblématique du contact avec les Européens de passage ou implantés) durant lesquelles les groupes humains qui y ont vécu se sont transmis des traditions et des savoirs colportés oralement plutôt que par l’écriture ou par le recours à des signes graphiques artificiels apposés sur une surface1. L’explorateur et coureur des bois Pierre-Esprit Radisson (vers 1636-1710), un témoin de terrain qui a parcouru la région du Nord-Est américain en tous sens au xviie siècle et côtoyé ses peuples pendant trente-cinq ans, a observé ceci à juste titre : « Leur mémoire est leur chronique, car elle passe de père en fils et assurément est très excellente autant que je le sais et que beaucoup d’autres l’ont remarqué 2. »
Ill. 1 – Relief et principaux cours d’eau anciens sur l’île de Montréal entre 1535 et 1642
Cette carte montre les élévations, les lacs, les rivières, les marais et les grands ruisseaux. Elle a été conçue par l’architecte Aristide Beaugrand-Champagne (1876-1950) et préparée par Jean Poirier (1946-2014).
Ces peuples que nous appelons « Amérindiens » nommaient non seulement les lieux qu’ils fréquentaient mais aussi les divers éléments de leur environnement physique qui entraient dans la mémoire à long terme : les montagnes, les rochers, les cavernes, les interfluves, les lacs, les rivières, les rapides, les sources, les chutes, les îles et les pointes bordant le fleuve. Chaque toponyme, hydronyme et oronyme avait et était une histoire. C’est pourquoi les gens d’alors tenaient fermement à conserver les noms géographiques originaux qu’ils avaient attribués3. Liés à la nature par un contrat, les individus estimaient être les gestionnaires d’un patrimoine mis à leur disposition par des êtres surnaturels et légué par leurs ancêtres depuis les temps longs préhistoriques.
Un nœud routier
L’archipel d’Hochelaga, qui comprend plus de 325 îles et îlots, est situé au cœur du Saint-Laurent, au confluent du fleuve et de la rivière des Outaouais. Cette zone inclut toutes les îles sur la rivière des Mille-Îles, sur la rivière des Prairies et sur une partie du fleuve Saint-Laurent, avec pour principales îles qui s’avoisinent l’île de Montréal (470 km2), l’île Jésus (242 km2), l’île Perrot (41 km2) et l’île Bizard (22 km2)4. À la croisée de plusieurs voies d’eau indispensables à la vie, l’île de Montréal était à la fois un lieu de transition obligé, un carrefour naturel et un espace dynamique qui incitait aux échanges constants, tandis que le fleuve était une voie de communication de premier plan5. À ce propos, l’année même de la fondation de Ville-Marie, le jésuite Jérôme Lalemant (1593-1673) faisait observer dans la Relation de 1642 : « L’Isle de Montreal a environ vingt lieuës de tour [50 km de long et presque 16 km à son point le plus large] ; elle est baignée d’un costé du grand fleuve Sainct Laurens, et de l’autre de la riviere des Prairies. Ces deux grands fleuves se iognans ensemble, font comme deux lacs ou deux grands estangs [lacs Saint-Louis et des Deux-Montagnes]6. »
Lalemant poursuit : « Elle donne un acces et un abord admirable à toutes les Nations de ce grand pays ; car il se trouve au Nord et au Midy, au Levant et au Couchant des rivieres qui se iettent dans les fleuves de Sainct Laurens et dans la riviere des Prairies qui environnent cette Isle7. »
À l’est, en aval de l’archipel, à partir du lac Saint-Pierre, le Saint-Laurent mène à son estuaire et à son golfe que les Amérindiens appelaient « la Grande Baye » et que les Français de la période des premiers contacts nommaient « la mer de la Nouvelle France, dicte Canada8 ». À l’ouest, ce fleuve de grande antiquité remonte vers les lacs Saint-Louis, Saint-François et Ontario. De là, on rejoint le pays d’en Haut, sis au cœur de l’Amérique du Nord, sur les rives des Grands Lacs et du Mississippi. Au nord-ouest, en allant vers le nord, le lac des Deux-Montagnes, qui alimente les rivières des Mille-Îles et des Prairies, et la rivière des Outaouais donnent accès aux territoires intérieurs jusqu’à la Radissonie, pays de la baie James, ainsi qu’au lac Huron, en Ontario. Au sud-est, le Richelieu mène aux lacs Champlain et George puis partage l’Hudson qui coule sur plus de 500 kilomètres avant d’atteindre l’océan Atlantique.
Les insulaires entretenaient des liens ancestraux avec le fleuve Saint-Laurent, qui constituait une voie de circulation à l’échelle continentale avec ses réseaux de rivières et de lacs9. De ces plans d’eau jalonnant le territoire, Antoine-Denis Raudot (1679-1737), intendant de la Nouvelle-France (1705-1710), dira ceci : « On en trouve partout, c’est icy le pays le mieux arrosé qui soit dans l’univers10. » Grâce à de frêles esquifs au faible tirant d’eau limité, faits « d’escorche de bouays de boul [bouleau] », qu’ils « garnissent par-dedans de demi cercles de bois de Cedre, bois fort soupple & obeïssant », « presque aussi leger que le liége », les Amérindiens se déplaçaient commodément sur l’eau durant la majeure partie de l’année11. Ces embarcations, propulsées à la force des bras par de puissants coups d’aviron, « qu’ilz appellent casnouy », notera le navigateur Jacques Cartier12 (1494-1554), étaient d’une construction si adroite et si parfaitement adaptées au milieu qu’elles favorisaient les déplacements courts et longs, donc des échanges de tous ordres, qu’ils soient commerciaux au long cours ou politiques afin d’assurer ou d’étendre la paix. Dans son récit, Cartier ne dit pas qui fabriquait les canots, mais rien n’exclut que les deux sexes se livraient à leur co...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Dédicace
  8. Citation
  9. Avant toutes choses
  10. Notules
  11. Chronologie des voyages de Cartier et de Roberval au Canada
  12. 1 - La texture du lieu
  13. 2 - Le pays d'avant: la Laurentie iroquoienne au XVIe siècle
  14. 3 - Montréal au temps de Cartier
  15. 4 - Enquête sur une disparition
  16. 5 - Entre exploration et colonisation
  17. 6 - Autopsie d'un contact
  18. 7 - Un îlot de survie
  19. 8 - Hochelaga revisité
  20. Jalons pour une réconciliation
  21. Bibliographie
  22. Remerciements
  23. Crédits et remerciements
  24. Fin
  25. Quatrième de couverture