Joséphine Marchand et Raoul Dandurand
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Joséphine Marchand et Raoul Dandurand

Amour, politique et féminisme

Marie Lavigne, MichĂšle Stanton-Jean

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  1. 410 pages
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Joséphine Marchand et Raoul Dandurand

Amour, politique et féminisme

Marie Lavigne, MichĂšle Stanton-Jean

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À propos de ce livre

Cette biographie a ceci de particulier qu'il s'agit de la biographie d'un couple. Ils sont nĂ©s la mĂȘme annĂ©e, en 1861, tous deux de parents fĂ©rus de politique. Ils se sont admirĂ©s avant de s'aimer, beaux, cultivĂ©s, bilingues, « rĂ©seauteurs habiles », ambitieux, gĂ©nĂ©reux et, au-delĂ  de tout, compagnons de route soudĂ©s autour d'un mĂȘme projet: faire avancer le Canada français dans des domaines aussi variĂ©s que les arts, la culture, la langue, l'Ă©ducation, la diplomatie, les droits des femmes et des minoritĂ©s.JosĂ©phine, femme de lettres, fonde en 1893 Le Coin du feu, la premiĂšre revue destinĂ©e aux femmes. Elle s'engage dans les toutes premiĂšres luttes fĂ©ministes et se bat pour l'Ă©ducation des femmes. Militante culturelle, elle crĂ©e « L'ƒuvre des livres gratuits » pour la diffusion de la lecture et se bat pour le dĂ©veloppement des arts et la dĂ©fense de la langue française. Raoul, organisateur politique des libĂ©raux puis sĂ©nateur, est un conseiller privilĂ©giĂ© de plusieurs premiers ministres. Diplomate, il s'illustre Ă  la SociĂ©tĂ© des Nations pour la dĂ©fense des minoritĂ©s et de la paix. DĂ©fenseur de l'autonomie du Canada par rapport Ă  l'Empire britannique, il est considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la diplomatie canadienne.En puisant abondamment dans le journal de JosĂ©phine et dans les mĂ©moires de Raoul, ainsi que dans la correspondance qu'ils ont Ă©changĂ©e, Marie Lavigne et MichĂšle Stanton-Jean tressent l'histoire de deux vies qui dĂ©fie l'image que l'on se fait souvent des couples anciens. Elles n'hĂ©sitent pas Ă  affirmer que JosĂ©phine a Ă©tĂ© aussi diplomate que Raoul a Ă©tĂ© fĂ©ministe.Chez eux, l'antique notion de devoir est remplacĂ©e par celles de plaisir et d'accomplissement, plaisir de retrouver en l'autre une complicitĂ© irremplaçable, d'escalader la vie Ă  deux, de voir ses idĂ©es et ses idĂ©aux triompher.

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Informations

chapitre 1
Familles
Lorsqu’elle est enfant, JosĂ©phine Marchand rĂ©side Ă  Saint-Jean, au bord du Richelieu. Elle ne connaĂźtra pas ses grands-parents paternels, Mary McNider et Gabriel Marchand. Le grand-pĂšre Marchand, nĂ© Ă  QuĂ©bec, s’établit Ă  Saint-Jean en 1802 et devient un marchand de bois prospĂšre : au recensement de 1851, ce notable est dĂ©fini comme « bourgeois ». Jeune homme, il a Ă©tudiĂ© au SĂ©minaire de QuĂ©bec, puis il a Ă©tĂ© commis dans l’entreprise de transport du bois de l’Écossais McNider, rue de la Fabrique, Ă  QuĂ©bec. NommĂ© gĂ©rant, il ouvre au Fort Saint-Jean en 1802 un bureau et des entrepĂŽts de bois, ainsi qu’un « magasin de ravitaillement pour les vaisseaux chargĂ©s de bois allant vers New York par la riviĂšre Richelieu et le lac Champlain1 ». Sa premiĂšre Ă©pouse, une jeune AmĂ©ricaine, meurt peu aprĂšs leur mariage ; il se remarie en 1810 avec la fille de son patron Ă  la cathĂ©drale anglicane de QuĂ©bec, bien qu’elle soit presbytĂ©rienne et lui, de foi catholique.
La sƓur et les deux jeunes frĂšres du grand-pĂšre de JosĂ©phine le suivent Ă  Saint-Jean. Les frĂšres Marchand Ă©pousent des anglophones non catholiques, et seule leur sƓur Sophie convole avec un francophone catholique, Augustin Gauthier, de Saint-Luc, le village voisin. Ainsi, le patronyme Marchand se rĂ©pand dans la rĂ©gion. JosĂ©phine y aura plusieurs petits-cousins et petites-cousines. Les familles Marchand et Gauthier sont, dans la rĂ©gion du Richelieu, parmi les plus influentes de leur temps2.
MalgrĂ© leur mariage avec des anglophones, les trois frĂšres Marchand laisseront une descendance essentiellement francophone et catholique. Comme le fait remarquer l’historien Alex Tremblay, qui a Ă©tudiĂ© le cas de cette famille « mixte », la « canadianisation » s’explique non seulement par la force d’intĂ©gration de l’Église catholique dans la seconde moitiĂ© du xixe siĂšcle, mais aussi par le nouvel Ă©quilibre dĂ©mographique, les petites villes du QuĂ©bec et leurs Ă©lites se francisant au cours de cette pĂ©riode3. Ces Ă©lites, note-t-il, auront une plus grande capacitĂ© Ă  fraterniser avec l’autre groupe linguistique. Ces origines mixtes et la convivialitĂ© avec la culture anglophone marqueront la famille de JosĂ©phine.
Vers 1830, le grand-pĂšre paternel de JosĂ©phine se retire des affaires et s’installe Ă  sa ferme, la ferme Beauchamp, qu’il a agrandie en acquĂ©rant les terres voisines. Il est davantage un gentleman farmer qu’un cultivateur. Il est aussi officier de milice et juge de paix. Notable engagĂ© dans son milieu, il est favorable Ă  la cause des patriotes au cours des rĂ©bellions de 1837-1838. Il prĂ©side mĂȘme l’une des grandes assemblĂ©es tenues par Louis-Joseph Papineau Ă  Saint-Athanase, mais il fait partie de ceux qui s’opposent Ă  une action armĂ©e. En 1837, il refuse, en raison de ses convictions patriotiques, un poste au Conseil spĂ©cial mis en place par l’Angleterre aprĂšs les rĂ©bellions4.
Du mariage de Gabriel Marchand et de Mary McNider naissent six enfants, mais seuls trois garçons survivent, dont FĂ©lix-Gabriel, futur premier ministre du QuĂ©bec, nĂ© le 9 janvier 1832. Ils sont Ă©levĂ©s en anglais par leur mĂšre et commencent l’école en anglais dans une Ă©cole privĂ©e, la St. Johns Classical School5. La transition vers le français s’effectue par Ă©tapes. Ce n’est qu’à l’ñge d’onze ans que FĂ©lix-Gabriel Marchand Ă©tudie en français, d’abord au collĂšge de Chambly, puis, de 1845 Ă  1849, au collĂšge de Saint-Hyacinthe. Il est admis Ă  l’étude de la profession de notaire et commence en 1850 sa clĂ©ricature.
L’étĂ© de ses dix-huit ans, FĂ©lix-Gabriel s’embarque avec un ami pour l’Europe et visite l’Angleterre et la France. Les lettres que son pĂšre lui envoie rĂ©vĂšlent un homme sensible, gĂ©nĂ©reux, respectueux des dĂ©sirs de son fils et dont l’intĂ©rĂȘt pour la politique ne se dĂ©ment pas. Il enjoint FĂ©lix-Gabriel Ă  la prudence, car « les papiers [sic] nous donnent Ă  craindre que des troubles Ă©clatent en France durant votre sĂ©jour dans cette malheureuse France que nous dĂ©sirons tous voir heureuse ». Il lui donne aussi des nouvelles de l’Institut canadien, qui vit des heures particuliĂšrement difficiles. Ce haut lieu du patriotisme et des dĂ©bats intellectuels libĂ©raux « s’en va mourant ; il n’y a que trĂšs peu de personnes qui y assistent6 », lui Ă©crit-il. FondĂ© en 1844, l’Institut canadien subit dĂ©jĂ  les foudres de Mgr Bourget et des milieux conservateurs. En 1868, Rome le condamnera et mettra une partie de ses livres Ă  l’index. Ces propos d’un pĂšre Ă  son fils tĂ©moignent de la proximitĂ© et de l’intĂ©rĂȘt de la famille pour cette institution libĂ©rale hĂ©ritiĂšre de la tradition des patriotes « rouges ».
Alors qu’il lui reste un an de clĂ©ricature et qu’il n’est pas encore devenu notaire, FĂ©lix-Gabriel devient follement amoureux d’HersĂ©lie Turgeon, jeune femme de trois ans son aĂźnĂ©e. HersĂ©lie est originaire de Terrebonne ; c’est la fille de PĂ©lagie Marchand, une lointaine parente des Marchand de Saint-Jean, et de Louis Turgeon, membre d’une famille libĂ©rale illustre de Terrebonne. Ce dernier est un « bourgeois » cultivateur qui, devenu veuf avec deux enfants, a Ă©pousĂ© PĂ©lagie Marchand, encore mineure au moment du mariage. HersĂ©lie semble ĂȘtre la seule enfant de ce « deuxiĂšme lit » ; elle connaĂźt peu son pĂšre, qui meurt lorsqu’elle a six ans. Sa famille conserve toutefois une certaine aisance financiĂšre qui lui permet d’étudier au couvent de Saint-Roch de QuĂ©bec et Ă  celui de Terrebonne, deux institutions des SƓurs de la CongrĂ©gation de Notre-Dame. À ce dernier couvent, elle retrouve ses cousines, les filles de Joseph-Ovide Turgeon, un dĂ©putĂ© qui avait votĂ© pour le Parti patriote et qui sera par la suite conseiller lĂ©gislatif 7.
La jeune HersĂ©lie, Ă  l’instar des enfants de sa gĂ©nĂ©ration, voit les Ă©pidĂ©mies faire des ravages. Elle a six ans quand, en 1834, une deuxiĂšme vague de cholĂ©ra Ă©clate au pays et entraĂźne plus de 3 000 dĂ©cĂšs dans la province ; mĂȘme le couvent de Terrebonne n’est pas Ă©pargnĂ© 8. Les insurrections de 1837-1838 troublent aussi la ville de Terrebonne, et quiconque y habite Ă  ce moment voit les fermes incendiĂ©es par les Britanniques. Femmes et enfants du village, couventines et religieuses se rĂ©fugient dans un lieu sĂ©curitaire ou fuient la ville assiĂ©gĂ©e par les soldats britanniques. HersĂ©lie, petite fille de dix ans, sait tout cela. Dans leurs Annales, les religieuses du couvent de Terrebonne racontent que « les Ă©lĂšves tout bas causaient patriotes et bureaucrates, la peur les saisissait et bien souvent le sommeil des nuits paisibles du couvent Ă©tait interrompu par un tocsin imaginaire ou un appel aux armes entendu dans les rĂȘves des dormeuses9 ».
Les amours de FĂ©lix-Gabriel commencent Ă  l’étĂ© 1853. Puisque la mĂšre d’HersĂ©lie est nĂ©e Marchand, ils se ...

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