Georges-Henri Lévesque, un clerc dans la modernité
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Georges-Henri Lévesque, un clerc dans la modernité

  1. 494 pages
  2. French
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Georges-Henri Lévesque, un clerc dans la modernité

À propos de ce livre

Prêtre dominicain, fondateur de l'École des sciences sociales de l'Université Laval, le père Georges-Henri Lévesque a joué un rôle prépondérant dans l'histoire moderne du Québec. Par sa présence au Conseil supérieur de la coopération, sa participation à la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada et son engagement pour l'éducation en Afrique, il a été un agent de transformation sociale et politique. Lui qui a été un opposant notoire au premier ministre Maurice Duplessis s'est vu qualifier de « père de la Révolution tranquille », mais que sait-on vraiment de ce clerc préoccupé par les affaires de la Cité? Jules Racine St-Jacques ne met pas en doute l'importance du père Lévesque dans l'histoire du Québec, mais en retraçant son parcours, il confronte aux faits historiques ce que la mémoire collective a retenu de l'homme. Érigée en faculté en 1943, l'École des sciences sociales de l'Université Laval a été un lieu de formation et d'incubation de savants, d'experts et de militants notoires qui joueront un rôle de premier plan en amont et en aval de la Révolution tranquille. Étaient-ils pour autant des disciples du père Lévesque? Ce dernier partageait-il leurs idées et leurs combats, notamment en ce qui a trait au catholicisme? Pour répondre à ces questions, l'auteur aborde la figure du père Lévesque comme celle d'un « intellectuel clérical », c'est-à-dire comme un croyant aux prises avec les défis intellectuels et sociaux d'une société engagée sur la voie de la modernisation. Il en conclut que Georges-Henri Lévesque n'était ni pour ni contre, mais bien dans la modernité, habité par les tensions de celle-ci.Le parcours engagé de ce dominicain dans le Québec des années 1930 à 1960 permet de saisir les grands enjeux d'une époque effervescente de l'histoire intellectuelle, sociale et politique. Il permet aussi de mieux comprendre, par la perspective individuelle, les rapports tendus entre Église et modernité au Québec depuis le XIXe siècle et le rôle joué par certains clercs pour les accorder l'une à l'autre. Enfin, il nous montre que le père Lévesque a écrit à lui seul un chapitre clé de l'histoire de l'éducation.

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chapitre 1
L’Église et la modernité politique, socioéconomique et épistémologique aux xixe et xxe siècles
Jadis alourdi par la tradition, obscurci par les croyances et encombré des interdits d’un ordre social divinement constitué, le ciel des idées, éclairci par les Lumières, s’est ouvert sur l’infini potentiel de la pensée humaine à compter de la fin du xviiie siècle. La liberté trouve alors des déclinaisons inédites. La liberté de penser, que Kant avait désignée comme le trait dominant de la philosophie des Lumières, s’accompagne de la liberté de croire, de s’exprimer publiquement, d’enseigner, de commercer, bref, de décider individuellement et collectivement de son propre sort. Au xixe siècle, cet idéal d’affranchissement général s’érigea progressivement en horizon idéologique des nations européennes.
Après le grand séisme de 1789 qui continua de secouer les structures sociales européennes tout au long du xixe siècle, l’Église, comme l’a remarqué Émile Poulat, « s’est retrouvée de l’autre côté de la barricade, devant l’effondrement d’un ordre social, moral et intellectuel qu’elle avait mis des siècles à construire1 ». Face au changement en constante accélération entraîné par cette révolution qui l’avait jetée à l’écart de la société, la résistance s’imposa d’abord à Rome comme la seule attitude possible. Dans l’espoir que le monde contemporain, ivre de progrès, revienne à ses sens et s’aperçoive de son erreur, l’Église eut pour premier réflexe de se replier sur elle-même et de durcir ses positions doctrinales. Refusant de se tourner vers l’avenir comme l’exigeait son siècle, elle rêvait de restaurer cette Europe des rois « très chrétiens » où elle tenait jadis lieu de référent moral suprême et de structure sociale, cette Europe où le catholicisme représentait la matrice culturelle fondamentale des individus, où le credo relevait de l’évidence commune et où la spéculation théologique était considérée comme la plus haute forme d’activité intellectuelle2. « Or voilà que le xixe siècle accouchait d’une société qui, se disant moderne et libérale, avait [rompu] avec ce passé, secoué cette tutelle, tourné ses regards vers d’autres horizons. Elle donnait aux rapports humains d’autres règles, à l’activité humaine d’autres buts, au savoir humain d’autres bases. Elle parlait richesse, progrès, science, droits de l’homme et de la raison, liberté de pensée3… »
Bientôt cependant, certains clercs ressentirent un inconfort par rapport au refus romain de vivre en phase avec l’époque et perçurent dans ce décalage le signe annonciateur du déclin de l’idée catholique avec celui, de plus en plus avéré, du sentiment religieux. Un pénible effort de réconciliation de l’Église et de la modernité fut entrepris – notamment par des clercs dominicains – sur les plans à la fois politique, socioéconomique et épistémologique. Sur le plan politique, il s’agissait de trouver un terrain d’entente entre le trône et l’autel dans la nouvelle donne théologico-politique distribuée par les principes républicains de la Révolution française. Sur le plan socioéconomique, le problème portait à concilier les droits de l’intérêt individuel avec le principe fondamental de la dignité humaine. Sur le plan épistémologique, enfin, le défi de l’Église consistait à aménager un espace de liberté pour la recherche rationnelle de la vérité à l’intérieur des limites prescrites par le credo catholique.
L’Église et la liberté : l’expérience du catholicisme libéral
C’est sur le plan politique que l’Église se trouva d’abord heurtée par la modernité. Les droits et libertés individuels et la laïcité de l’État français proclamés haut et fort par les révolutionnaires sonnaient le glas d’une époque où la religion catholique constituait l’univers mental et social dans lequel évoluaient les individus dès leur naissance. Le grand acquis de la modernité sur ce plan est d’avoir séparé le temporel du spirituel, affirmé la suprématie du trône – ou plutôt du peuple assemblé – sur l’autel en matière politique et confiné par le fait même la religion dans la sphère privée. Insatisfaits de ce divorce apparemment définitif, des catholiques dits libéraux élaborèrent un compromis de manière à réintégrer l’Église dans son siècle. Si leur tentative de réconciliation entre catholicisme et libertés politiques échoua à court terme, ils amorcèrent tout au moins le dialogue entre le catholicisme et la modernité.
Le catholicisme libéral de L’Avenir
« Toute grande révolution, admettait le réactionnaire Joseph de Maistre, agit toujours sur ceux mêmes qui lui résistent et ne permet plus le rétablissement total des anciennes idées4. » Au fil des divers régimes politiques que connut la France entre 1789 et 1830, l’attachement à la liberté a imprégné les mentalités collectives postrévolutionnaires. Sous la Restauration monarchique de 1815 à 1830, les libertés individuelles conquises durant la Révolution étaient déjà tenues pour un droit naturel par une génération de citoyens n’ayant connu de l’Ancien Régime que le bruit de sa contestation. Aussi les nouveaux monarques durent-ils largement composer avec les principes de 1789 pour asseoir leur pouvoir sur l’État. Dans le contexte de flottement idéologique qui découla de la Révolution, des solutions de compromis entre l’ancien et le nouveau étaient susceptibles d’apparaître. C’est ce que montre la brève et pionnière excursion du journal L’Avenir sur les chemins de traverse du catholicisme libéral.
Le 16 octobre 1830, alors que la révolution de Juillet conduite par les partisans d’une république plus libérale a chassé les Bourbons du trône, un abbé, Hugues-Félicité Robert de Lamennais, fonde le journal L’Avenir avec une petite phalange de disciples : l’abbé Olympe-Philippe Gerbet et les publicistes Charles de Coux et Ferdinand Eckstein. Se joignent bientôt à eux un comte, Charles Forbes René de Montalembert, et un prêtre, Jean-Baptiste Henri Lacordaire. En page frontispice du premier numéro, leur devise, « Dieu et la liberté », exprime l’idéal d’une liberté conquise non plus à l’encontre de la religion mais par et pour celle-ci. Un article de Lamennais y explique les raisons de sa dissidence. Après les troubles politiques incessants des dernières décennies, seuls survivent la croyance en Dieu et l’attachement à la liberté. De leur opposition sont nées toutes les souffrances de la France depuis la Révolution.
Au contraire, Lamennais affirme qu’elles doivent être réunies pour que le peuple connaisse enfin la paix et le contentement : « Unissez-les, tous les besoins intimes et permanents de la nature humaine sont satisfaits, et le calme règne dans l’unique région où il puisse régner sur la terre, dans ...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Titre
  5. Crédits
  6. À Joëlle, à Éléonore et à Henri
  7. Préface
  8. Introduction
  9. Prologue
  10. Chapitre 1
  11. Chapitre 2
  12. Chapitre 3
  13. Chapitre 4
  14. Chapitre 5
  15. Chapitre 6
  16. Épilogue
  17. Conclusion
  18. Remerciements
  19. Bibliographie
  20. Crédits et remerciements
  21. Fin
  22. Quatrième de couverture