Les Crépuscules de la Yellowstone
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Les Crépuscules de la Yellowstone

Louis Hamelin

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Les Crépuscules de la Yellowstone

Louis Hamelin

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À propos de ce livre

Avril 1843, sur la digue de Saint-Louis, John James Audubon, le cĂ©lĂšbre naturaliste, s'embarque pour ce qui sera sa derniĂšre expĂ©dition. Son but est de capturer le plus grand nombre de spĂ©cimens possible pour les immortaliser dans le livre sur les quadrupĂšdes vivipares d'AmĂ©rique auquel il travaille. Lui qui est nĂ© Jean-Jacques Audubon Ă  Saint-Domingue et qui a grandi en Bretagne se sent chez lui Ă  bord de l'Omega, qui se fraie un chemin sur les eaux boueuses de la riviĂšre, puisque c'est la langue de MoliĂšre qui y domine, mais qui a dĂ©jĂ  pris des couleurs d'AmĂ©rique.C'est Étienne Provost, nĂ© Ă  Chambly, vĂ©ritable lĂ©gende vivante, le plus courageux des coureurs de bois, qu'Audubon a engagĂ© comme guide. Tout ce pan du continent, qui va de la Nouvelle-Espagne aux Grands Lacs, est encore le royaume des Indiens et des trappeurs, et bien sĂ»r celui de toute une faune Ă  l'abondance miraculeuse. Un monde qui est sur le point de disparaĂźtre. Il ne faut pas croire que les voyageurs se privent pour autant de piller ses richesses fauniques, tirant sur tout ce qui bouge au nom de la science, ou peut-ĂȘtre tout simplement au nom de l'ivresse que procure Ă  l'homme moderne le maniement des instruments de mort qu'a produits son gĂ©nie. Les CrĂ©puscules de la Yellowstone explore les mythes de tout un continent comme on remonte un fleuve, entre ombre et clartĂ©, histoire officielle et lĂ©gendes diffuses. C'est aussi le pĂ©riple de son auteur sur les traces d'Audubon, car Louis Hamelin a dĂ©cidĂ© de refaire le mĂȘme voyage, en voiture, parmi les VUS qui ont remplacĂ© les bisons sur les chemins du Dakota du Nord. Sa virĂ©e se terminera par une brosse d'anthologie au Murray Bar de Livingston, au Montana, en compagnie de Cal Winkler, Ă©toile montante du nature writing et fervent disciple de Jim Harrison.IrrĂ©vĂ©rencieux, truculent, poĂ©tique, ce nouveau roman de Louis Hamelin rĂ©vĂšle un Ă©crivain en pleine possession de ses moyens en mĂȘme temps qu'un homme qui prend la mesure de son Ăąge et du monde qui l'entoure. En Ă©levant un poignant tombeau en souvenir de toutes ces vies sacrifiĂ©es et de nos rĂȘves dĂ©sormais enterrĂ©s sous l'asphalte des autoroutes et des stationnements Ă  l'infini, le romancier nous fait aussi entrer dans sa propre Ă©popĂ©e.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782764646199
C’est seulement chez le Canadien que nous trouvons ce caractĂšre patient, docile et persĂ©vĂ©rant ; bref, c’est un peuple inoffensif en soi, que l’habitude de la soumission rend particuliĂšrement utile Ă  nos affaires.
Ramsay Crooks, président
de l’American Fur Company (1834-1859)
Car c’est au fond de nous que s’ouvre l’immense fosse commune des crĂ©atures.
Elias Canetti, Le Livre contre la mort
Roman-fleuve
Ce livre raconte la remontĂ©e d’un fleuve.
En anglais, un mĂȘme mot, river, sert Ă  dĂ©crire le Mississippi et son affluent, la riviĂšre Missouri, dont la longueur totale dĂ©passe de quelques centaines de kilomĂštres celle du vĂ©nĂ©rable « PĂšre des eaux ». MĂȘme le français, dont l’esprit cartĂ©sien distingue la riviĂšre se jetant dans le fleuve du fleuve se jetant dans la mer, semble s’incliner devant cette logique, puisqu’on parle « du » Missouri, au masculin. Chaque langue dĂ©coupe la rĂ©alitĂ© selon une vision qui lui est propre.
John James Audubon, naturaliste, peintre et auteur cĂ©lĂ©brĂ© des Oiseaux d’AmĂ©rique, s’appela Jean-Jacques Audubon jusqu’à ses dix-huit ans, Ăąge auquel il apprit l’anglais archaĂŻque des quakers qui soignĂšrent sa fiĂšvre jaune attrapĂ©e en mer quelque part entre Saint-Nazaire et New York.
Il s’écoulerait une quarantaine d’annĂ©es avant que ce Rastignac amĂ©ricain, nĂ© Ă  Saint-Domingue et Ă©levĂ© en France, rĂ©alise enfin son rĂȘve de voyager dans les contrĂ©es sauvages de l’Ouest. Il y dĂ©couvrit un pays oĂč, un siĂšcle aprĂšs l’expĂ©dition des frĂšres La VĂ©rendrye, quarante ans aprĂšs la prise de possession symbolique de MM. Clark et Lewis au nom des États-Unis, la langue parlĂ©e par une majoritĂ© de chasseurs, trappeurs, nĂ©gociants en fourrures et autres « truchements » plus ou moins ensauvagĂ©s qui servaient d’intermĂ©diaires entre la civilisation blanche et les nations autochtones, Ă©tait le français.
Au cƓur du continent, la langue de la France coloniale et des CrĂ©oles de la Louisiane avait rencontrĂ© celle des voyageurs canadiens pour enfanter un dialecte qui, avec ses vieilles tournures, ses usages dĂ©viants et ses emprunts Ă  l’anglais et aux langues autochtones, ressemblait sans doute Ă©trangement Ă  ma langue maternelle. Avant de s’empatoiser pour de bon et de revĂȘtir les couleurs du folklore, cette langue restait assez vivante, en 1866, pour que le Français RĂ©gis de Trobriand, en mission militaire dans l’actuel Dakota du Nord, y reconnaisse « sa langue natale ».
Sur les bateaux de l’American Fur Company, fleuron des entreprises pelletiĂšres qui rayonnaient Ă  partir de la ville de Saint Louis jusqu’au cƓur des montagnes Rocheuses, les Ă©changes se dĂ©roulaient principalement en français. Ce sera aussi le cas des dialogues de ce livre, mĂȘme lorsqu’ils impliqueront des anglophones. Si les producteurs de 1492 : Conquest of Paradise ont pu imposer leur idiome impĂ©rial Ă  un acteur fran-
çais incarnant un dĂ©couvreur gĂ©nois commanditĂ© par des souverains espagnols, l’administrateur yankee d’un fort de traite du Haut-Missouri peut bien, le temps d’un bouquin, faire un petit effort et s’exprimer dans la langue de MoliĂšre.
I
La derniÚre expédition
La porte de l’Ouest
Sur les marchĂ©s de Saint Louis, le dindon, sauvage ou domestiquĂ©, se vend vingt-cinq cents. Une oie sauvage, dix cents. Les canards s’envolent Ă  trois pour un shilling de New York (environ douze cents et demi). Le tĂ©tras des prairies, Tympanuchus cupido, vaut un shilling la paire. On peut avoir trois poulets pour le mĂȘme prix. Ou deux fuligules Ă  dos blanc. Le baril de farine est Ă  deux dollars, la douzaine d’Ɠufs Ă  cinq cents, le beurre frais Ă  six pence. Un gigot de gibier fumĂ© coĂ»te quinze cents, le boisseau de patates, dix cents.
Prix d’une semaine au Glasgow House – soixante chambres, le meilleur hĂŽtel de toute la vallĂ©e du Mississippi : neuf dollars. Un tarif qu’Audubon jugeait excessif.
Depuis son arrivĂ©e, il avait Ă©tĂ© reçu par la meilleure sociĂ©tĂ© de ce qui, Ă  peine quelques dĂ©cennies plus tĂŽt, n’était encore qu’un gros village. En ce petit matin frisquet d’avril 1843, tandis que, non loin de la levĂ©e – ce rempart dressĂ© contre le Mississippi roulant ses flots gonflĂ©s par la crue –, il inspecte les oiseaux offerts sur les Ă©tals d’un marchĂ©, c’est une ville en pleine effervescence de vingt mille habitants qui s’agite autour d’Audubon, avec ses immeubles bas, ses rues Ă©troites, souvent non pavĂ©es et boueuses, ses bureaux d’avocats, son palais de justice, sa cathĂ©drale, ses magasins, fabriques, manufactures, entrepĂŽts, imprimeries, tanneries, Ă©choppes d’artisans, boutiques de forge, de graveur, de lithographie, avec aussi, suspendue au-dessus des toits dans le pĂąle soleil de l’aube, la nappe de fumĂ©e toxique crachĂ©e par les cheminĂ©es qui fleurissent Ă  la surface de toute cette activitĂ©.
Bienvenue Ă  Boomtown, USA. Quarante ans aprĂšs le Louisiana Purchase, Saint Louis, nommĂ©e d’aprĂšs un roi de France, situĂ©e au croisement des deux plus grandes voies navigables du pays, est devenue le point de convergence d’une immense migration, le bec de l’entonnoir formĂ© par le mouvement d’expansion vers l’ouest de toute une population en quĂȘte d’un avenir. De lĂ  partent les pistes dont les sillons embryonnaires Ă  travers la prairie, la montagne et les routes d’eau douce aboutissent, quelques milliers de kilomĂštres plus loin, au Nouveau-Mexique et en Oregon. C’est, ni plus ni moins, par ce point prĂ©cis de la carte que passe la conquĂȘte de l’Ouest.
Dans les villes oĂč l’amĂšnent ses incessants dĂ©placements (sa « maladie ambulatoire », comme il appelait sa bougeotte chronique), l’impĂ©cunieux John James a pris l’habitude de frĂ©quenter les marchĂ©s publics, dont les Ă©tals bien garnis le renseignent sur la faune aviaire des rĂ©gions traversĂ©es.
Pour cette culture pionniĂšre qui a conquis la vallĂ©e du Mississippi et s’apprĂȘte Ă  dĂ©ferler sur l’ouest du continent, le moindre gramme de chair comestible compte. Tout ce qui porte bec et plumes constitue une cible lĂ©gitime. Les marchĂ©s regorgent de hĂ©rons, de grues, de merles d’AmĂ©rique vendus six cents et quart piĂšce. On y trouve aussi des pics, des hirondelles, et mĂȘme des chapelets de parulines
 PiĂšges, filets, rafales de grenaille : tous les coups sont permis et aucune espĂšce n’est encore visĂ©e par la moindre mesure de protection. Les rĂ©serves d’oiseaux ne sont pas seulement inexistantes, elles ne sont mĂȘme pas encore une vue de l’esprit. Il faudra attendre soixante ans pour assister Ă  la crĂ©ation du premier refuge faunique national, par Theodore Roosevelt, lui-mĂȘme un chasseur effrĂ©nĂ©. À l’époque d’Audubon, Homo sapiens ne semble guĂšre connaĂźtre d’autre langue que le plomb pour communiquer avec le monde vivant.
Tendant le bras vers un Ă©tal, Audubon s’empare d’un tĂ©tras des prairies pour l’examiner de plus prĂšs. L’oiseau qu’il tient dans sa main est un mĂąle, avec le cou ornĂ© de touffes de plumes et de sacs gulaires jaunes. Quand il courtise les femelles, ce tĂ©tras dresse sa collerette et gonfle ses sacs gulaires. Il est alors trĂšs facile de l’abattre.
Audubon approche l’oiseau de ses yeux. Ses doigts jouent dans les plumes. Il s’efforce de recrĂ©er mentalement la parade amoureuse de Tympanuchus cupido. Saisi d’une brusque inspiration, le naturaliste porte soudain la tĂȘte de l’oiseau Ă  sa bouche. Arrondissant les lĂšvres, il lui souffle un peu d’air dans le bec, comme pour gonfler un ballon. Les sacs de peau plissĂ©e se tendent, enflent comme par magie. Les voici pleins, ballonnĂ©s, jaune vif et distendus, en un comique dĂ©ploiement de virilitĂ© posthume. L’air s’échappe doucement. Audubon souffle de nouveau. On dirait qu’il embrasse l’oiseau.
Patriarches
Le 4 avril, le People’s Organ de Saint Louis informa ses aimables lecteurs que « quoique aujourd’hui un vieil homme arborant des mĂšches argentĂ©es et supportant le poids des annĂ©es, Audubon garde la fraĂźcheur, l’élasticitĂ© et l’énergie de la jeunesse, et se montre tout aussi prĂȘt Ă  affronter les piĂšges et les privations des longs et pĂ©nibles voyages Ă  travers les espaces sauvages et les territoires inhabitĂ©s, afin d’y poursuivre ses Ă©tudes favorites, que dans ses jeunes annĂ©es ».
Un journal concurrent, le Missouri Republican, annonça le matin suivant que le célÚbre vi...

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