Les crépuscules de la Yellowstone
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Les crépuscules de la Yellowstone

  1. 378 pages
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Les crépuscules de la Yellowstone

À propos de ce livre

Avril 1843, sur la digue de Saint-Louis, John James Audubon, le célèbre naturaliste, s'embarque pour ce qui sera sa dernière expédition. Son but est de capturer le plus grand nombre de spécimens possible pour les immortaliser dans le livre sur les quadrupèdes vivipares d'Amérique auquel il travaille. Lui qui est né Jean-Jacques Audubon à Saint-Domingue et qui a grandi en Bretagne se sent chez lui à bord de l'Oméga, qui se fraie un chemin sur les eaux boueuses de la rivière, puisque c'est la langue de Molière qui y domine, mais qui a déjà pris des couleurs d'Amérique. C'est Étienne Provost, né à Chambly, véritable légende vivante, le plus courageux des coureurs de bois, qu'Audubon a engagé comme guide. Tout ce pan du continent, qui va de la Nouvelle-Espagne aux Grands Lacs, est encore le royaume des Indiens et des trappeurs, et bien sûr celui de toute une faune à l'abondance miraculeuse. Un monde qui est sur le point de disparaître. Il ne faut pas croire que les voyageurs se privent pour autant de piller ses richesses fauniques, tirant sur tout ce qui bouge au nom de la science, ou peut-être tout simplement au nom de l'ivresse que procure à l'homme moderne le maniement des instruments de mort qu'a produits son génie. Les Crépuscules de la Yellowstone explore les mythes de tout un continent comme on remonte un fleuve, entre ombre et clarté, histoire officielle et légendes diffuses. C'est aussi le périple de son auteur sur les traces d'Audubon, car Louis Hamelin a décidé de refaire le même voyage, en voiture, parmi les VUS qui ont remplacé les bisons sur les chemins du Dakota du Nord. Sa virée se terminera par une brosse d'anthologie au Murray Bar de Livingston, au Montana, en compagnie de Cal Winkler, étoile montante du nature writing et fervent disciple de Jim Harrison. Irrévérencieux, truculent, poétique, ce nouveau roman de Louis Hamelin révèle un écrivain en pleine possession de ses moyens en même temps qu'un homme qui prend la mesure de son âge et du monde qui l'

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Informations

C’est seulement chez le Canadien que nous trouvons ce caractère patient, docile et persévérant ; bref, c’est un peuple inoffensif en soi, que l’habitude de la soumission rend particulièrement utile à nos affaires.
Ramsay Crooks, président
de l’American Fur Company (1834-1859)
Car c’est au fond de nous que s’ouvre l’immense fosse commune des créatures.
Elias Canetti, Le Livre contre la mort
Roman-fleuve
Ce livre raconte la remontée d’un fleuve.
En anglais, un même mot, river, sert à décrire le Mississippi et son affluent, la rivière Missouri, dont la longueur totale dépasse de quelques centaines de kilomètres celle du vénérable « Père des eaux ». Même le français, dont l’esprit cartésien distingue la rivière se jetant dans le fleuve du fleuve se jetant dans la mer, semble s’incliner devant cette logique, puisqu’on parle « du » Missouri, au masculin. Chaque langue découpe la réalité selon une vision qui lui est propre.
John James Audubon, naturaliste, peintre et auteur célébré des Oiseaux d’Amérique, s’appela Jean-Jacques Audubon jusqu’à ses dix-huit ans, âge auquel il apprit l’anglais archaïque des quakers qui soignèrent sa fièvre jaune attrapée en mer quelque part entre Saint-Nazaire et New York.
Il s’écoulerait une quarantaine d’années avant que ce Rastignac américain, né à Saint-Domingue et élevé en France, réalise enfin son rêve de voyager dans les contrées sauvages de l’Ouest. Il y découvrit un pays où, un siècle après l’expédition des frères La Vérendrye, quarante ans après la prise de possession symbolique de MM. Clark et Lewis au nom des États-Unis, la langue parlée par une majorité de chasseurs, trappeurs, négociants en fourrures et autres « truchements » plus ou moins ensauvagés qui servaient d’intermédiaires entre la civilisation blanche et les nations autochtones, était le français.
Au cœur du continent, la langue de la France coloniale et des Créoles de la Louisiane avait rencontré celle des voyageurs canadiens pour enfanter un dialecte qui, avec ses vieilles tournures, ses usages déviants et ses emprunts à l’anglais et aux langues autochtones, ressemblait sans doute étrangement à ma langue maternelle. Avant de s’empatoiser pour de bon et de revêtir les couleurs du folklore, cette langue restait assez vivante, en 1866, pour que le Français Régis de Trobriand, en mission militaire dans l’actuel Dakota du Nord, y reconnaisse « sa langue natale ».
Sur les bateaux de l’American Fur Company, fleuron des entreprises pelletières qui rayonnaient à partir de la ville de Saint Louis jusqu’au cœur des montagnes Rocheuses, les échanges se déroulaient principalement en français. Ce sera aussi le cas des dialogues de ce livre, même lorsqu’ils impliqueront des anglophones. Si les producteurs de 1492 : Conquest of Paradise ont pu imposer leur idiome impérial à un acteur fran-
çais incarnant un découvreur génois commandité par des souverains espagnols, l’administrateur yankee d’un fort de traite du Haut-Missouri peut bien, le temps d’un bouquin, faire un petit effort et s’exprimer dans la langue de Molière.
I
La dernière expédition
La porte de l’Ouest
Sur les marchés de Saint Louis, le dindon, sauvage ou domestiqué, se vend vingt-cinq cents. Une oie sauvage, dix cents. Les canards s’envolent à trois pour un shilling de New York (environ douze cents et demi). Le tétras des prairies, Tympanuchus cupido, vaut un shilling la paire. On peut avoir trois poulets pour le même prix. Ou deux fuligules à dos blanc. Le baril de farine est à deux dollars, la douzaine d’œufs à cinq cents, le beurre frais à six pence. Un gigot de gibier fumé coûte quinze cents, le boisseau de patates, dix cents.
Prix d’une semaine au Glasgow House – soixante chambres, le meilleur hôtel de toute la vallée du Mississippi : neuf dollars. Un tarif qu’Audubon jugeait excessif.
Depuis son arrivée, il avait été reçu par la meilleure société de ce qui, à peine quelques décennies plus tôt, n’était encore qu’un gros village. En ce petit matin frisquet d’avril 1843, tandis que, non loin de la levée – ce rempart dressé contre le Mississippi roulant ses flots gonflés par la crue –, il inspecte les oiseaux offerts sur les étals d’un marché, c’est une ville en pleine effervescence de vingt mille habitants qui s’agite autour d’Audubon, avec ses immeubles bas, ses rues étroites, souvent non pavées et boueuses, ses bureaux d’avocats, son palais de justice, sa cathédrale, ses magasins, fabriques, manufactures, entrepôts, imprimeries, tanneries, échoppes d’artisans, boutiques de forge, de graveur, de lithographie, avec aussi, suspendue au-dessus des toits dans le pâle soleil de l’aube, la nappe de fumée toxique crachée par les cheminées qui fleurissent à la surface de toute cette activité.
Bienvenue à Boomtown, USA. Quarante ans après le Louisiana Purchase, Saint Louis, nommée d’après un roi de France, située au croisement des deux plus grandes voies navigables du pays, est devenue le point de convergence d’une immense migration, le bec de l’entonnoir formé par le mouvement d’expansion vers l’ouest de toute une population en quête d’un avenir. De là partent les pistes dont les sillons embryonnaires à travers la prairie, la montagne et les routes d’eau douce aboutissent, quelques milliers de kilomètres plus loin, au Nouveau-Mexique et en Oregon. C’est, ni plus ni moins, par ce point précis de la carte que passe la conquête de l’Ouest.
Dans les villes où l’amènent ses incessants déplacements (sa « maladie ambulatoire », comme il appelait sa bougeotte chronique), l’impécunieux John James a pris l’habitude de fréquenter les marchés publics, dont les étals bien garnis le renseignent sur la faune aviaire des régions traversées.
Pour cette culture pionnière qui a conquis la vallée du Mississippi et s’apprête à déferler sur l’ouest du continent, le moindre gramme de chair comestible compte. Tout ce qui porte bec et plumes constitue une cible légitime. Les marchés regorgent de hérons, de grues, de merles d’Amérique vendus six cents et quart pièce. On y trouve aussi des pics, des hirondelles, et même des chapelets de parulines… Pièges, filets, rafales de grenaille : tous les coups sont permis et aucune espèce n’est encore visée par la moindre mesure de protection. Les réserves d’oiseaux ne sont pas seulement inexistantes, elles ne sont même pas encore une vue de l’esprit. Il faudra attendre soixante ans pour assister à la création du premier refuge faunique national, par Theodore Roosevelt, lui-même un chasseur effréné. À l’époque d’Audubon, Homo sapiens ne semble guère connaître d’autre langue que le plomb pour communiquer avec le monde vivant.
Tendant le bras vers un étal, Audubon s’empare d’un tétras des prairies pour l’examiner de plus près. L’oiseau qu’il tient dans sa main est un mâle, avec le cou orné de touffes de plumes et de sacs gulaires jaunes. Quand il courtise les femelles, ce tétras dresse sa collerette et gonfle ses sacs gulaires. Il est alors très facile de l’abattre.
Audubon approche l’oiseau de ses yeux. Ses doigts jouent dans les plumes. Il s’efforce de recréer mentalement la parade amoureuse de Tympanuchus cupido. Saisi d’une brusque inspiration, le naturaliste porte soudain la tête de l’oiseau à sa bouche. Arrondissant les lèvres, il lui souffle un peu d’air dans le bec, comme pour gonfler un ballon. Les sacs de peau plissée se tendent, enflent comme par magie. Les voici pleins, ballonnés, jaune vif et distendus, en un comique déploiement de virilité posthume. L’air s’échappe doucement. Audubon souffle de nouveau. On dirait qu’il embrasse l’oiseau.
Patriarches
Le 4 avril, le People’s Organ de Saint Louis informa ses aimables lecteurs que « quoique aujourd’hui un vieil homme arborant des mèches argentées et supportant le poids des années, Audubon garde la fraîcheur, l’élasticité et l’énergie de la jeunesse, et se montre tout aussi prêt à affronter les pièges et les privations des longs et pénibles voyages à travers les espaces sauvages et les territoires inhabités, afin d’y poursuivre ses études favorites, que dans ses jeunes années ».
Un journal concurrent, le Missouri Republican, annonça le matin suivant que le célèbre vi...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. À Paul Jeannotte,autre homme aux oiseaux
  8. Exergue 1
  9. Roman-fleuve
  10. I
  11. II
  12. III
  13. Crédits et remerciements
  14. Fin
  15. Quatrième de couverture