AprĂšs le naufrage
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AprĂšs le naufrage

Refonder le Parti québécois

Frédéric Bastien

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AprĂšs le naufrage

Refonder le Parti québécois

Frédéric Bastien

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À propos de ce livre

Le 1er octobre 2018, le Parti quĂ©bĂ©cois a subi la pire dĂ©faite de son histoire. Pourtant, dans les semaines qui ont suivi, il n'y a eu aucun mea culpa de la part du chef. Au contraire, Jean-François LisĂ©e a dĂ©clarĂ© quelques jours aprĂšs le scrutin qu'Ă  dĂ©faut d'avoir remportĂ© l'Ă©lection, il avait « gagnĂ© la campagne ».L'historien FrĂ©dĂ©ric Bastien ne voit pas les choses du mĂȘme Ɠil. TĂ©moin privilĂ©giĂ© de la campagne, il tire de dures conclusions: parce qu'il a Ă©tĂ© incapable de se positionner avec force sur des sujets comme l'immigration, le multiculturalisme et, surtout, le rĂ©gime constitutionnel, LisĂ©e s'est fait le naufrageur de son propre parti.Dans ce livre, Bastien propose Ă  la fois le rĂ©cit de son engagement militant et une rĂ©flexion sur la situation politique du QuĂ©bec au sein du Canada. Pour lui, reprendre le combat constitutionnel est la seule façon d'assurer la survie de la nation quĂ©bĂ©coise, de maintenir en vie l'idĂ©e d'indĂ©pendance et de favoriser une vraie diversitĂ© culturelle en AmĂ©rique du Nord.«AprĂšs le naufrage» est Ă  la fois un constat lucide, un plan d'action et un appel Ă  l'espoir.

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Informations

chapitre 1
De Meech Ă  La Bataille de Londres
Mes parents Ă©taient des militants pĂ©quistes dans les annĂ©es 1970. Je me souviens de la campagne Ă©lectorale de 1976 : ma mĂšre nous avait « conscrits », mon frĂšre et moi, afin que nous distribuions des dĂ©pliants Ă  l’effigie de Bernard Landry, qui se prĂ©sentait dans Laval-des-Rapides, oĂč nous habitions. Je me souviens de la joie de mon pĂšre et de ma mĂšre le 15 novembre, alors que j’avais sept ans. Ils Ă©taient partis cĂ©lĂ©brer la victoire tandis que nous nous faisions garder. Je conserve aussi un souvenir indĂ©lĂ©bile du rĂ©fĂ©rendum de 1980. L’appartement de mon pĂšre s’était transformĂ© en un centre d’appels pour faire sortir le vote. Des bĂ©nĂ©voles Ă©taient venus de tout le quartier avec les gros tĂ©lĂ©phones d’antan, qui avaient Ă©tĂ© branchĂ©s un peu partout dans la maison. Le soir mĂȘme, la vue de RenĂ© LĂ©vesque ne pouvant retenir ses larmes lors de son discours avait beaucoup marquĂ© l’enfant que j’étais.
Le parcours d’un nationaliste
Fort de ce bagage familial, c’est tout naturellement qu’à l’adolescence j’ai commencĂ© Ă  m’intĂ©resser Ă  la politique et suis devenu nationaliste. Le dĂ©part Ă  la retraite de RenĂ© LĂ©vesque a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur de cet Ă©veil. Nous Ă©tions alors au milieu des annĂ©es 1980. Le nationalisme quĂ©bĂ©cois Ă©tait Ă  son plus bas. Les jeunes de mon Ăąge n’étaient aucunement interpellĂ©s par la question nationale. À mon Ă©cole secondaire, nous n’étions que deux ou trois Ă  nous y intĂ©resser. Les autres y Ă©taient complĂštement indiffĂ©rents. La nouvelle gĂ©nĂ©ration Ă©tait diffĂ©rente, disait-on. La preuve ? Les jeunes et les moins jeunes n’en avaient que pour les humoristes comme Ding et Dong, qui Ă©taient les vedettes de l’heure. Nous apprenions leurs rĂ©pliques par cƓur, les imitions et riions beaucoup. Le QuĂ©bec tout entier semblait s’ĂȘtre lancĂ© dans une thĂ©rapie par le rire pour effacer la dĂ©chirure du rĂ©fĂ©rendum et du rapatriement constitutionnel.
Lors de son retour en politique, en 1988, Jacques Parizeau, dĂ©sormais chef, avait pris acte de ce creux de vague. Tout indĂ©pendantiste qu’il Ă©tait, il se rendait bien compte qu’il ne servait Ă  rien de tirer sur la tige d’une tulipe pour la faire pousser plus vite, suivant l’expression de RenĂ© LĂ©vesque. D’abord, il en avait appelĂ© Ă  la base souverainiste, aux gens comme moi, en martelant constamment que le Parti quĂ©bĂ©cois Ă©tait indĂ©pendantiste avant, pendant et aprĂšs les Ă©lections. Toutefois, son discours ne consistait pas Ă  promettre de tenir un rĂ©fĂ©rendum le plus tĂŽt possible. Contrairement Ă  ce qu’il a laissĂ© entendre quelques annĂ©es plus tard, le chemin qu’il proposait n’était pas une ligne droite. En lieu et place, il Ă©voquait entre autres des revendications ciblĂ©es de pouvoirs supplĂ©mentaires Ă  obtenir. Il avait citĂ© en exemple la culture, et disait qu’en cas de refus du fĂ©dĂ©ral on pourrait dĂ©clencher un rĂ©fĂ©rendum sectoriel pour appuyer les revendications du QuĂ©bec en ce sens. En politicien rĂ©aliste, il avait fait le constat que de miser tout sur une promesse de rĂ©fĂ©rendum rapide aurait Ă©tĂ© suicidaire et, contrairement Ă  son prĂ©dĂ©cesseur, Pierre Marc Johnson, il a eu l’habiletĂ© de mettre en avant un objectif intermĂ©diaire qui Ă©tait rĂ©aliste. Il Ă©voquait d’ailleurs les multiples consultations rĂ©fĂ©rendaires qui avaient rĂ©guliĂšrement lieu en Suisse et en Californie. Pourquoi se priver de poser des questions au peuple sur des enjeux prĂ©cis ? disait-il en substance.
Jacques Parizeau avait une qualitĂ© que tous les politiciens n’ont pas. Il Ă©tait capable d’allier rĂ©flexion et action. Certains Ă©lus et leurs conseillers affichent parfois du mĂ©pris pour les idĂ©es, la pensĂ©e, et sous-estiment grandement le rĂŽle qu’elles jouent en politique. Ils ne font que rĂ©agir Ă  la nouvelle du jour et sont centrĂ©s sur l’image. À l’autre extrĂȘme, il y a des politologues, intellectuels ou chroniqueurs, qui critiquent l’action du gouvernement ou des partis d’opposition, mais qui ne disent jamais ce qu’ils feraient Ă  leur place. Ils sont strictement dans l’abstrait ou dans la morale, levant le nez sur les contraintes de ceux qui sont dans l’action.
Monsieur, comme on l’appelait au PQ, n’était pas de cette Ă©toffe, et sa stratĂ©gie de 1988-1989 Ă©tait la bonne. Les circonstances demeuraient toutefois difficiles pour les pĂ©quistes. L’économie allait bien, aucun scandale majeur n’avait Ă©claboussĂ© le gouvernement, et la tempĂȘte de la loi 178 (sur l’affichage unilingue) et de l’utilisation de la clause dĂ©rogatoire par Robert Bourassa Ă  l’hiver 1988-1989 s’était dissipĂ©e. MalgrĂ© Parizeau, qui disait « le lac Meech est cuit » dans des publicitĂ©s Ă  la radio, la rĂ©conciliation QuĂ©bec-Canada semblait en voie de s’accomplir. Les libĂ©raux Ă©taient bien en selle et les sondages nous donnaient peu d’espoir.
Les circonstances Ă©taient encore dĂ©favorables aux souverainistes, ce qui bien sĂ»r en amenait certains Ă  conclure que cette question Ă©tait complĂštement dĂ©passĂ©e. C’était le cas notamment d’Alain Dubuc, l’ineffable Ă©ditorialiste de La Presse, selon qui cette situation s’expliquait par la nature mĂȘme de l’Homo quebecus. « Une des grandes surprises de cette campagne Ă©lectorale, Ă©crivait-il alors, aura Ă©tĂ© de dĂ©couvrir que le dĂ©bat sur l’indĂ©pendance n’a eu droit qu’à un strapontin
 Les QuĂ©bĂ©cois, peu importe leurs convictions, ne veulent ni crise, ni problĂšmes, ni soubresauts1. »
Dubuc, comme tant d’autres chroniqueurs, voyait des tendances lourdes lĂ  oĂč il n’y avait que des circonstances changeantes. Les chiffres, les graphiques et les courbes exercent une hypnose incroyable sur les praticiens de la politique et ceux qui la commentent. Sauf qu’ils oublient souvent que ces chiffres sont le reflet de la contingence. La campagne Ă©lectorale, difficile pour les souverainistes, et les sondages dĂ©favorables Ă  cette option n’indiquaient pas quelque chose de fondamental sur la nature profonde de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Nous Ă©tions alors Ă  moins d’un an de l’échec du lac Meech et de l’appui record que cet Ă©vĂ©nement allait donner Ă  l’option souverainiste. J’étais moi-mĂȘme au dĂ©filĂ© de la Saint-Jean du 25 juin 19902, rue Sherbrooke, avec des dizaines de milliers de marcheurs. Tous ceux qui ont vĂ©cu ce moment se souviennent de l’enthousiasme de la foule. Les drapeaux du QuĂ©bec flottaient partout. De nombreux jeunes, qui devaient ĂȘtre au secondaire, dĂ©ambulaient avec le visage bariolĂ© aux couleurs du fleurdelisĂ©. Cela faisait contraste avec l’indiffĂ©rence des camarades d’école que j’avais eus Ă  peine quelques annĂ©es auparavant. La jeunesse soi-disant ailleurs Ă©tait maintenant dans la rue et embrassait la cause avec fougue.
La Constitution et le chÎmeur en Gaspésie
Le double Ă©chec de Meech et de Charlottetown avait laissĂ© les fĂ©dĂ©ralistes quĂ©bĂ©cois sans beaucoup d’arguments. Cependant, la question fondamentale de la place du QuĂ©bec dans le Canada demeurait irrĂ©solue. À cette Ă©poque, un nouveau discours a commencĂ© Ă  se faire entendre. En gros, il consistait Ă  dire que toute l’affaire Ă  laquelle le pays venait de consacrer des annĂ©es constituait en rĂ©alitĂ© un faux dĂ©bat. Il fallait dĂ©sormais faire croire aux QuĂ©bĂ©cois que leur statut dans la fĂ©dĂ©ration, que leurs aspirations collectives Ă©taient une distraction par rapport aux enjeux qui seraient plus tard dĂ©signĂ©s comme « les vraies affaires ». Jean ChrĂ©tien, grand fossoyeur de Meech et lieutenant de Trudeau en 1982, qui avait consacrĂ© tant d’énergie Ă  la question, a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă  propager ce mensonge. Je me souviens notamment d’une dĂ©claration dans laquelle on l’entendait dire que « le chĂŽmeur en GaspĂ©sie, la Constitution, ça lui dĂ©range pas » (sic). Ce credo serait bientĂŽt repris par les conservateurs et par les libĂ©raux quĂ©bĂ©cois. Contrairement Ă  aujourd’hui, les batailles constitutionnelles Ă©taient encore trop rĂ©centes pour que ce genre d’affirmation soit crĂ©dible. Surtout, les souverainistes n’avaient pas encore fait cause commune avec les fĂ©dĂ©ralistes quĂ©bĂ©cois en reportant aux calendes grecques la question du rĂ©gime. Le Bloc et le PQ fonçaient vers un second rĂ©fĂ©rendum et cette question demeurait au centre du jeu.
Toutefois, aprĂšs cette deuxiĂšme consultation, Ă  force d’ĂȘtre reprise par les fĂ©dĂ©raux et les fĂ©dĂ©ralistes quĂ©bĂ©cois, l’idĂ©e a fini par s’imposer au fil des annĂ©es, mĂȘme chez les nationalistes. La souverainetĂ© ne devait plus ĂȘtre un moyen d’assurer la survie du peuple quĂ©bĂ©cois. La question de la place du QuĂ©bec dans le Canada ne devait plus ĂȘtre au centre du discours souverainiste. Il fallait parler aux gens de choses concrĂštes qui, supposĂ©ment, les intĂ©ressent vraiment.
Cette dynamique a Ă©tĂ© favorisĂ©e par le fait que Lucien Bouchard, aprĂšs la courte dĂ©faite de 1995, a laissĂ© de cĂŽtĂ© la question du rĂ©gime pour se concentrer sur la rĂ©duction du dĂ©ficit, pariant qu’une fois cet enjeu rĂ©glĂ© il pourrait revenir au rĂ©fĂ©rendum. Sans nier un instant que la question des finances publiques Ă©tait importante, il devait garder celle du rĂ©gime Ă  l’avant-scĂšne. Évidemment, il est plus facile de poser ce jugement aprĂšs coup. L’argument de la peur Ă©conomique, quoique dans une moindre mesure qu’en 1980, avait influĂ© sur les rĂ©sultats de 1995, et la dĂ©cision de Bouchard se fondait lĂ -dessus.
Reste qu’en 1996 les sondages Ă©taient favorables aux souverainistes. Dans les derniers jours de la campagne rĂ©fĂ©rendaire, Jean ChrĂ©tien s’était formellement engagĂ© Ă  procĂ©der Ă  du changement. Lucien Bouchard aurait pu exiger un amendement constitutionnel et aller en rĂ©fĂ©rendum faute d’obtenir sati...

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