Un écologisme apolitique?
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Un écologisme apolitique?

Débat autour de la Transition

  1. 84 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

Depuis son lancement en Angleterre au milieu des années 2000, le mouvement des Villes en Transition fait tache d'huile (en France, notamment). Son ambition est de développer la résilience et la viabilité des communautés locales en prévision des énormes défis que poseront inévitablement le pic pétrolier et les changementsclimatiques. Sa force tient entre autres à son approche inclusive et participative.Dans ce court pamphlet, deux militants anglais sympathisants du mouvement, Paul Chatterton et Alice Cutler, proposent une critique constructive de la Transition. Ils soutiennent que la Transition aurait avantage à identifier clairement ses «ennemis» politiques et ainsi renouer avec une approche de confrontation qui caractérise d'ordinaire les mouvements sociaux. Pour les auteur.e.s, il ne faut pas perdre de vue qu'il faut lutter pourqu'adviennent les changements souhaités."Un écologisme apolitique?" a suscité de nombreux débats parmi les militant.e.s de la Transition. La présente édition reproduit d'ailleurs la réponse que Rob Hopkins, auteur du "Manuel de Transition", a faite aux auteur.e.s.

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LE MOUVEMENT DES INITIATIVES DE TRANSITION ET SON RÔLE DANS LE CHANGEMENT SOCIAL
CES DERNIERS TEMPS, on a beaucoup parlé des Initiatives de transition. Pour présenter brièvement ce mouvement, disons qu’il s’agit de s’inspirer du modèle de la permaculture4 pour effectuer une transition vers une société consommant moins de pétrole. Tout a commencé à l’Université de Kinsale en Irlande, en 2005, lorsqu’un groupe d’étudiants en permaculture, animé par Rob Hopkins, a développé un plan de descente énergétique pour la ville, qui devait s’échelonner sur une période de dix ans. L’idée est vite reprise dans les villes de Totnes et Lewes, et bientôt ailleurs en GrandeBretagne, pour rapidement devenir un mouvement mondial avec plus de 900 Initiatives réparties dans une trentaine de pays et des centaines d’autres groupes qui se préparent à se joindre au réseau, dont quelques-uns au Québec5.
Le mouvement des Initiatives de transition est né en réaction à deux menaces : les changements climatiques et le pic pétrolier (c’est-à-dire le moment où la production maximale de pétrole est atteinte et commence à décliner). Le mouvement de Transition affirme que, pour faire face à ces menaces, nous devons formuler des réponses collectives fortes et former des groupes locaux qui prendraient en charge des questions telles que l’alimentation, la santé, le transport, l’énergie, les textiles, la gestion des déchets, tout en réduisant, au niveau local, notre dépendance envers les énergies fossiles.
Les douze étapes de la Transition sont décrites dans le Manuel de Transition6. Il s’agit de concevoir et de mettre en place un plan de descente énergétique qui implique les entreprises et organisations locales, le conseil municipal et la participation de tout un chacun. Un groupe local peut demander à être affilié au réseau national qui fait office de coordination générale.
Une Initiative de transition, c’est une collectivité qui libère son génie créatif pour affronter le pic pétrolier et les changements climatiques, pour trouver et expérimenter des réponses à LA grande question : « Considérant tous les aspects de la vie que notre collectivité doit gérer pour survivre et bien se développer, comment augmenter significativement notre résilience (pour diminuer les effets du pic pétrolier) et réduire drastiquement nos émissions de carbone (pour diminuer les effets du changement climatique) ? »
Si collectivement nous planifions et agissons suffisamment tôt, il y a espoir que nous puissions créer des modes de vie plus stimulants et plus en lien avec notre environnement que le rouleau compresseur de la pétro-dépendance que nous subissons à l’heure actuelle7 .
Nous8 avons rédigé cet opuscule comme une contribution à un débat sur ce mouvement en émergence. Tout d’abord, nous voulons qu’il soit bien clair que nous appuyons pleinement ce que les Initiatives de transition tentent de mettre en place ; cet essai est donc avant tout une critique constructive, visant à mettre en lumière les apports de la « transition » au changement social.
Nous écrivons ceci en tant que partisans et militants, actifs au sein de diverses initiatives populaires s’attaquant aux changements climatiques de multiples manières : projets d’alimentation communautaire, modes de vie durables avec des technologies appropriées, cliniques de santé alternatives, ateliers de réparation de vélos, centres d’éducation populaire et lieux de débats publics, etc. Nous ne voudrions surtout pas marginaliser le concept d’Initiatives de transition ni freiner son expansion. Bien au contraire !
Nous soutenons tous les efforts cherchant à sortir des structures et modes de vie écologiquement non viables et socialement injustes qui prévalent, aujourd’hui, dans nos villes et villages. Cependant, nous pensons aussi que nous devons être prêts à discuter et à interroger en profondeur les causes de ces problèmes. Par notre travail d’éducation populaire, nous croyons que questionner, s’approprier notre histoire collective, comprendre les racines des problèmes, encourager la tenue de débats publics — même si ceux-ci nous sortent de notre zone de confort —, inspirer des actions nouvelles font intrinsèquement partie du processus de Transition.
Au cours des dernières années, on a pu voir dans les médias un nombre impressionnant d’articles et d’initiatives diverses pour comprendre et contrer les changements climatiques. Alors que, pendant des années, le message des environnementalistes passait quasiment inaperçu, le débat est désormais lancé sur la place publique, et ce, depuis qu’Anthony Blair a mis la question du changement climatique au menu du Sommet du G8, en 2005. Depuis, beaucoup de personnes ont ressenti peur et anxiété en voyant l’ampleur du problème, le battage médiatique et les preuves de l’évidence de la vitesse des changements. Les gens recherchent désespérément des idées d’actions positives pour réagir et limiter quelque peu l’ampleur de ce désastre qui menace la planète.
Selon Rob Hopkins, le modèle des Initiatives de transition « libère une impulsion de profond engagement » dans l’action concrète. Bien que cela soit clairement une avancée positive par rapport au déni des décennies précédentes, ne nous empêchons pas pour autant de soulever quelques problèmes, même si les solutions ne sont pas toutes encore clairement définies. Alors qu’énormément d’énergie et des milliers d’heures de travail sont investies dans ces projets, nous voulons poser les questions suivantes : une transition vers quoi et à partir de quoi ? Quels modèles d’organisation déjà existants peuvent nous aider dans cette voie ? Oui, il est temps d’agir. Mais nous devons aussi faire face à de fortes pressions et il est essentiel d’apprendre des expériences du passé afin de clarifier nos objectifs.
Le modèle de Transition pourrait n’être que la dernière mode éphémère, un petit rayon d’espoir dans un monde par ailleurs déprimé. Ou, au contraire, il pourrait être en mesure d’offrir quelque chose de réellement captivant. Impossible aujourd’hui de trancher. C’est seulement en étant réalistes quant à la profondeur du changement nécessaire, et à ses implications éventuellement douloureuses, que nous pourrons affronter les temps difficiles à venir. Réinsérer le mouvement des Initiatives de transition dans son contexte historique et politique peut aider à approfondir et renforcer les débats qui ont cours dans les rencontres de Transition.
Bien sûr, beaucoup de gens connaissent déjà les arguments formulés ici ; notre intention n’est pas de prendre une position paternaliste ou de francs-tireurs irréfléchis. Nous reconnaissons aussi que plusieurs des questions soulevées ne sont pas exclusives aux Initiatives de transition, et que certaines suggestions peuvent prendre des années avant de s’intégrer au modèle de Transition. Mais, au sein d’un processus ouvert et évolutif, nous espérons que ce texte provoquera un débat constructif et offrira quelques pistes de réflexion à tous ceux et celles qui sont engagés ou non dans ce nouveau et passionnant mouvement.

LE CHANGEMENT, OUI ! MAIS OÙ EST LE CHANGEMENT POLITIQUE ?

Récemment, alors que nous travaillions avec les membres d’un groupe de Transition à élaborer un atelier sur les changements climatiques, un des membres de notre collectif a proposé le cas de Rossport pour amorcer la réflexion et la discussion sur l’engagement. Depuis cinq ans, les résidents de la communauté de Rossport, située dans le comté de Mayo, en Irlande, s’opposent à ce que la société Shell et un consortium fassent passer un gazoduc à haute pression sur leurs terres. Des gens sont venus de toute l’Irlande pour les appuyer, et leur cause est devenue célèbre grâce aux nombreuses actions de solidarité menées en leur nom. Or certaines personnes avec lesquelles nous planifiions l’atelier nous ont dit que, selon le modèle des Initiatives de transition, ce n’était pas un sujet approprié. Selon elles, afin de demeurer le plus accessible possible, les groupes de Transition sont plutôt censés élaborer un modèle axé sur ce que les personnes de milieux divers ont en commun, sans appuyer de causes particulières. Ce serait un modèle « pour », orienté vers des réponses positives, et non pas un mouvement qui se positionne « contre » des institutions ou des projets.
Même s’il apparaît nécessaire de limiter autant que possible les désaccords politiques au sein d’un mouvement naissant, cet argument nous a poussés à soulever d’importantes questions sur l’efficacité d’un mouvement « dépolitisé » et constitue une des origines de ce texte. Il se peut que, dans ce cas précis, discuter d’une campagne n’ait pas été pertinent; il existe toutefois de nombreuses autres situations et raisons pour lesquelles il est important de se montrer plus assurés et plus combatifs quand nous parlons de Transition et, ainsi, de prendre réellement position contre des pratiques polluantes et des politiques d’exploitation auxquelles se livrent les grandes compagnies autour de nous.
Comment discuter des changements climatiques et du pic pétrolier sans parler de politique ou sans soutenir les communautés qui se voient menacées par l’expansion des infrastructures liées aux carburants fossiles ? Si nous souhaitons réellement éviter des changements climatiques dévastateurs, il nous faudra laisser la plupart des carburants fossiles restants là où ils sont, dans le sol. Bien entendu, il incombe à chacun d’entre nous de réduire radicalement notre consommation et nos besoins personnels, mais il ne s’agit là que d’une partie de l’équation. Il semble naïf de croire que des compagnies comme Shell, Statoil, Total ou BP puissent simplement abandonner certains projets et rentrer chez elles, ou bien encore qu’elles changent fondamentalement leurs façons de faire, alors que ces activités sont encore immensément rentables.
À titre d’exemple, la société Shell empoche un profit net de quelque 11 millions de dollars US (ou 8,5 millions d’euros) tous les jours ! Les communautés aux prises avec Shell dans la région de Rossport font face à la corruption et à une police de connivence avec ces sociétés multinationales assoiffées de profit et bafouant toutes considérations sécuritaires et environnementales. Ce projet de gazoduc ne s’explique pas comme étant une simple réponse à une demande croissante d’énergie de la part des consommateurs ; il s’agit plutôt d’un projet agressif, motivé par le profit, qui ne pourrait se réaliser sans la complicité de politiciens sous influence. Il s’agit également d’une ruée vers les dernières réserves d’énergie, à un moment où l’accès aux champs de pétrole d’outre-mer est de plus en plus compromis par l’instabilité géopolitique.
Un peu partout sur la planète, au Pays de Galles, au Nigeria, en Géorgie, au Mexique et en Alaska par exemple, des gens affrontent les multinationales de l’énergie de façon semblable. Leurs moyens de subsistance et leurs vies mêmes sont directement menacés, pas seulement par les catastrophes climatiques à venir mais par la pollution, la répression et la perte de leurs terres pendant que l’extraction est en cours. Ceux et celles qui dénoncent ou qui essaient d’empêcher cet état de fait sont souvent caricaturés comme des personnes en colère ou violentes ; il s’agit là d’une tactique de division contre laquelle il faut se prémunir. Soutenir les communautés qui résistent à l’acharnement des industries à extraire et à flamber des quantités toujours plus importantes de combustibles fossiles constitue une stratégie essentielle dans la bataille contre les changements climatiques. Rester solidaire avec ces luttes et dénoncer les compagnies ainsi que les systèmes politiques qui les soutiennent devrait bel et bien occuper une place centrale dans la Transition.
Il n’est pas nécessaire de se positionner politiquement pour s’opposer aux changements climatiques. Mais, pour autant, toute analyse pour comprendre comment nous sommes arrivés à la situation ...

Table des matières

  1. Un écologisme apolitique ?
  2. Crédits
  3. Exergue
  4. Préface
  5. Le mouvement des initiatives de transition et son rôle dans le changement social
  6. Réponse de Rob Hopkins aux auteurs
  7. Ressources
  8. Notes