La consolatrice des affligés

Marie-Ève Comtois

• Éditeur: Le Quartanier
• Année: 2021
• ISBN:
  9782896985470
• Sujet: Literature
• Sous-sujet: Poetry

Un an de solitude, en congé de l'hôpital, les cafés sont fermés, donc je marche. Geneviève a changé de travail, Isabelle a déménagé dans le Grand Nord, et moi au dix-septième étage. J'essaie de me traiter comme ma meilleure amie. J'essaie de faire la paix. Le temps passe-t-il si vite? De quoi j'ai peur, quand la nuit s'en vient? Je traverse le monde, et le monde me traverse. Il y a trop de bruit, tout est si beau que j'en ris, et le répit ne vient jamais. Je ne veux plus sortir, mais je marche quand même. Je crée du sens avec ce qui ne semble pas en avoir. Je marche, à la recherche de l'esprit des animaux. Peu importe que le vent fasse demi-tour, je continue d'avancer. On ne m'achète pas, je suis sauvage. Je suis la consolatrice des affligés. Si vous ne me croyez pas, allez vous coucher.

emporte-moi loin des bouquets de fleurs

de l’enthousiasme trop grand

je marche vite

pour toi

pour toujours

et je te remercie

j’arrive chez moi

je me rappelle

le parc

l’eau

l’été

j’aimerais y retourner

l’année dernière

je pouvais aller à vélo

jusqu’à Sainte-Anne-de-Bellevue

je suis une artiste

je veux que les couleurs

m’éclaboussent

partout dans la face

je me suis brûlée

encore une fois

sur l’élément

je ne vis pas

dans mon corps

je ne pense pas

à mon espace

je ne le trouve plus

trop petit

mon petit

appartement

je suis toujours là

et toujours ailleurs

mon cœur chante

encore enthousiaste

j’existe

c’est d’accord

je continue

dans la mort

ou la vie

je reste

pareille

quand tu auras l’idée

ne t’en fais pas

viens me voir

peu importe

l’heure du jour

ou de la nuit

toutes les taches

se ressemblent

les artères pleurent

trouve le moyen

de ne pas te fâcher

tout le temps

il faut être forte

il faut être fière

il faut être là

faque j’ai prévu

aller à Gatineau

à bicyclette

avec Philippe

tout est possible

j’hésite

tu parles d’un café

en fin de semaine

et ça me tente

je pourrai

te parler la main

enroulée sur une tasse

de café

j’accepte peu de trains

mon oiseau

tu peux te poser

tu peux t’envoler

plein de filaments

de panneaux

dans le ciel

dans l’infirme

plein de peau

de cerise

sur les dents

au passage des loups

dans le firmament

dans mon rêve

le docteur a dit

elle plonge avec les requins

elle nage avec les requins

pour se divertir

je ne m’ennuie plus

à force de bâtard

mon Dieu mon cœur

d’abeilles un tas de pommes

tu aurais pu me dire

plein de choses

maman

au centre de la Terre on écoute

une sorte de reggae italien ...