C
CAMBRIOLAGE
GrĂące au canal D et Ă ses Ă©missions spĂ©cialisĂ©es sur les diverses sortes de crimes, vous connaissez toutes les techniques policiĂšres pour faire triompher la lutte contre le mal : filature, Ă©coute tĂ©lĂ©phonique, pose de micros-espions, etc. Le Code criminel canadien exige, pour certaines opĂ©rations nĂ©cessitant une introduction dans un domaine privĂ©, que les policiers obtiennent un mandat Ă©mis par un juge. Mais ce nâest pas toujours le cas.
Le 12 fĂ©vrier 1980, revenant de la campagne, jâai constatĂ© que la porte arriĂšre de mon domicile avait Ă©tĂ© forcĂ©e et que jâavais Ă©tĂ© cambriolĂ©. Donc, entrĂ©e par effraction. Mais un cambriolage spĂ©cial. En faisant le tour de mon logement, je me suis vite aperçu que lâon ne mâavait volĂ© ni mon poste de radio, ni mon poste de tĂ©lĂ©vision, ni mĂȘme ma rĂ©serve de dollars amĂ©ricains que je conservais en prĂ©vision de reportages aux Ătats-Unis. Par contre, dans mon bureau, tous mes dossiers Ă©taient Ă©parpillĂ©s sur le plancher. Seul mon dossier sur la crise dâOctobre 1970 avait disparu. Jâai voulu faire un constat de police. Deux agents de la police de MontrĂ©al sont venus, mais, lorsquâils ont appris que seul mon dossier sur la crise dâOctobre avait Ă©tĂ© volĂ©, lâun dâeux sâest Ă©criĂ© : « Oh, lĂ , lĂ ! Câest une affaire politique ! » Et lĂ -dessus, ils se sont sauvĂ©s et se sont Ă©vaporĂ©s comme un pet dans le grand vent. Je ne les ai jamais revus.
Jâai reconstituĂ© mon dossier de mĂ©moire ; jâavais mes agendas ; je me suis fait aider par des informateurs, confrĂšres et collĂšgues. Je lâai reconstituĂ©. Mais il me manque quelques documents, quelques prĂ©cieuses photographies, quelques noms de tĂ©moins, voire de gens qui ont jouĂ© un rĂŽle secondaire, quelques adresses et numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone qui, de toute façon, me seraient inutiles maintenant. Ăgalement, quelques dates prĂ©cises ne me sont pas revenues.
CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY (CIA)
Dâabord, il convient de rappeler que, pendant la guerre du Vietnam, soit Ă la fin des annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970, il y avait un fort mouvement de contestation aux Ătats-Unis. Des manifestations avaient eu lieu dans certaines universitĂ©s et, en mai 1970, les forces de lâordre avaient fait quatre morts et une dizaine de blessĂ©s Ă lâUniversitĂ© de Kent. Des jeunes gens refusaient de partir Ă la guerre et se rĂ©fugiaient au Canada. MĂȘme au sein de la Central Intelligence Agency, des agents remettaient en question ses manĆuvres et ses procĂ©dĂ©s. Plusieurs avaient dĂ©missionnĂ© avec fracas (Victor Marchetti) et lâun dâeux, Philip Agee, avait mĂȘme publiĂ© un ouvrage en Angleterre, oĂč il avait prĂ©fĂ©rĂ© se mettre Ă lâabri.
Rappelons aussi que, depuis la Seconde Guerre mondiale, les pays de langue anglaise, blancs et chrĂ©tiens (Ătats-Unis, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-ZĂ©lande et Canada ; autrefois lâAfrique du Sud) sont liĂ©s par une entente en vertu de laquelle leurs services secrets se doivent aide et assistance mutuelle, ce qui signifie Ă©changes de renseignements et mĂȘme collaboration entre agents sur le terrain. Un informateur de la Gendarmerie royale du Canada mâavait indiquĂ© que, chaque semaine, un camion chargĂ© de documents faisait la navette entre Ottawa et Langley, la base de la CIA prĂšs de Washington ; câĂ©tait avant les Ă©changes rapides que permet Internet.
Avant et pendant la crise dâOctobre 1970, la CIA avait Ă©tĂ© active au QuĂ©bec et plus particuliĂšrement Ă MontrĂ©al. Lâun de ses officiers me lâavait confirmĂ©. Il sâappelle Claude Noyes (jâutilise le prĂ©sent parce que, bien quâil ait eu 83 ans en 2011, aux derniĂšres nouvelles, il Ă©tait encore en vie quoiquâaffectĂ© par lâĂąge). Citoyen amĂ©ricain de mĂšre française, il est absolument bilingue et il avait fait du renseignement en France oĂč il avait beaucoup voyagĂ©. BasĂ© dĂšs 1969 Ă MontrĂ©al, il avait comme couverture la reprĂ©sentation dâune maison dâĂ©dition amĂ©ricaine de manuels et de livres dâenseignement collĂ©gial et universitaire, ce qui lui donnait la possibilitĂ© de visiter tous les campus du QuĂ©bec. JâĂ©tais entrĂ© en contact avec lui par lâentremise dâamis communs et nous Ă©tions suffisamment liĂ©s pour que sa femme, Vicky, mâinvite Ă souper Ă lâoccasion de la naissance de leur fille chez eux le 24 janvier 1972, Ă Toronto oĂč il avait Ă©tĂ© mutĂ©. Voulant leur rendre la politesse, je les avais moi-mĂȘme invitĂ©s quelques jours plus tard au restaurant La Maison basque, sur Temperence Street, dans le centre de Toronto. Câest au cours de ces repas que Claude Noyes mâa donnĂ© quelques informations prĂ©cieuses. Ă ma question-affirmation : « Il paraĂźt que la CIA a une douzaine dâagents Ă MontrĂ©al », il a rĂ©pondu sans hĂ©siter : « En temps normal, nous sommes une douzaine mais, pendant la crise dâOctobre, nous Ă©tions au moins cinquante ! » EncouragĂ© par cette confidence et lui versant une rasade de vin blanc autrichien (nous mangions du saumon), jâai ajoutĂ© : « Il paraĂźt que les gars du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec appellent leur chef Le Vieux. Câest qui le chef du FLQ ? » Et la rĂ©ponse est tombĂ©e sur moi comme une tonne de briques. Asseyez-vous et accrochez-vous aprĂšs le bord de la table.
Claude Noyes, agent haut placĂ© de la CIA, en poste Ă MontrĂ©al pendant la crise dâOctobre 1970, Ă la question : « Qui câest le chef du FLQ » me rĂ©pond spontanĂ©ment : « Ben, câest Louis Laberge ! » Louis Laberge, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des travailleurs du QuĂ©bec. JâĂ©tais complĂštement abasourdi ! Craignant quâil ne se reprenne, je suis passĂ© Ă autre chose, me rĂ©servant dâessayer de vĂ©rifier cette information (voir Ă Commission dâenquĂȘte sur le crime organisĂ© et Ă MagnĂ©e). Claude Noyes a par la suite Ă©tĂ© rappelĂ© aux Ătats-Unis oĂč il est devenu directeur du Centre dâĂ©tudes canadiennes de lâUniversitĂ© de Rochester (New York), qui est dâailleurs le lieu oĂč Ă©taient colligĂ©s tous les renseignements concernant le Canada.
Lors dâune interview pour un film documentaire sur lâassassinat du pasteur noir amĂ©ricain Martin Luther King, un ancien contractuel de la CIA, Jules Rico Kimble, a dĂ©clarĂ© quâil avait jadis infiltrĂ© le Front de libĂ©ration du QuĂ©bec. Il sâest mĂȘme vantĂ© dâavoir commis deux assassinats (je cite) « pour contrer la montĂ©e du nationalisme au QuĂ©bec ». Aucune idĂ©e de lâidentitĂ© des victimes : ma source ne lâindique pas. Le 24 septembre 1971, le quotidien Montreal Star a publiĂ© un mĂ©mo top secret de la CIA datĂ© du 16 octobre 1970, au moment de lâinterruption des nĂ©gociations entre les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales et le FLQ et de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre, mĂ©mo qui disait : « Des sources recommandent quâon prenne de toute urgence des mesures pour cesser temporairement les contacts avec les militants du FLQ parce que les mesures du gouvernement canadien pourraient avoir des consĂ©quences indĂ©sirables. » Cela prouve que des agents de la CIA Ă©taient actifs auprĂšs de certaines personnes dans la mouvance felquiste.
La Central Intelligence Agency aimait beaucoup les QuĂ©bĂ©cois. Il a Ă©tĂ© Ă©crit dans la presse quâelle considĂ©rait le QuĂ©bec comme un laboratoire politico-sociologique. Effectivement, le QuĂ©bec Ă©tait la derniĂšre des nĂ©o-colonies blanches et chrĂ©tiennes Ă tenter de se libĂ©rer. Les autres ayant Ă©tĂ© la Pologne, nĂ©o-colonie russe, et lâIrlande, nĂ©o-colonie britannique, tout comme le QuĂ©bec, peuplĂ©es Ă lâĂ©poque dâune population encore paysanne, catholique et dont les hommes avaient la rĂ©putation dâĂȘtre de sacrĂ©s buveurs (la vodka en Pologne, la biĂšre en Irlande et au QuĂ©bec).
Ă lâoccasion de lâenquĂȘte prĂ©liminaire sur le chef de la cellule de financement ChĂ©nier du FLQ, il avait Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le carnet personnel de Paul Rose contenait un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone Ă Houston au Texas (but de lâexpĂ©dition de la cellule aux Ătats-Unis en septembre-octobre 1970). Le procureur de la Couronne, maĂźtre Jacques Ducros, a demandĂ© en blaguant si ce nâĂ©tait pas par hasard le numĂ©ro de la CIA Ă Houston. Mon confrĂšre du quotidien Le Devoir, Michel Roy, dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment, a tĂ©lĂ©phonĂ© Ă ce numĂ©ro : il sâagissait dâun Ă©tablissement du nom de la Hudson Engineering. Un autre numĂ©ro du carnet de Paul Rose, dont il a aussi Ă©tĂ© question lors de lâaudience, Ă©tait celui dâune succursale de la Hudson Engineering, situĂ©e Ă Laval et qui, aprĂšs vĂ©rification par dâautres confrĂšres journalistes, nâavait aucune activitĂ© concrĂšte visible. Je signale que les procĂšs-verbaux de cette enquĂȘte prĂ©liminaire ne sont plus aux Archives nationales du QuĂ©bec oĂč, en 2010, jâaurais bien voulu les retrouver.
Bon. En 1973, Radio-Canada mâenvoie Ă Washington. La Central Intelligence Agency refuse de me recevoir. Elle interdit mĂȘme Ă mon camĂ©raman de filmer lâentrĂ©e de son quartier gĂ©nĂ©ral Ă Langley. Ă la suite dâinformations, jâai pu trouver et interviewer un renĂ©gat de la CIA. Nous nous Ă©tions installĂ©s dans son jardin pour pouvoir parler plus librement sans craindre les micros espions qui auraient pu se trouver dans sa maison. Pendant tout le temps quâa durĂ© lâinterview, un hĂ©licoptĂšre a survolĂ© le jardin Ă basse altitude sans changer de place. Ce personnage mâavait dit que les partis politiques fĂ©dĂ©raux canadiens Ă©taient Ă Ottawa infiltrĂ©s « up to the nose » (« jusquâaux narines »). Par la suite, jâai pu filmer ce quâon mâavait indiquĂ© comme Ă©tant un laboratoire chimique de la CIA et ce qui mâavait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme son Ă©cole de torture installĂ©e dans un ancien dĂ©pĂŽt de tramway. Pendant tout le temps que mon camĂ©raman filmait, on pouvait nettement voir un autre camĂ©raman qui nous filmait depuis une des fenĂȘtres de lâĂ©difice. Par la suite, jâai Ă©tĂ© affiliĂ© Ă une organisation contestataire amĂ©ricaine qui sâappelait « The Fifth Estate », dont la devise Ă©tait « Counter-spies are watching Big Brother » (« Les contre-espions surveillent Big Brother ») et dont les publications exposaient les coups tordus effectuĂ©s par la CIA Ă lâĂ©tranger.
CHĂMAGE
Actuellement (2011), le taux de chĂŽmage au QuĂ©bec se situe entre 7 % et 8 % et tout le monde se lamente. Dans les annĂ©es 1950, il nâĂ©tait que de 6 %, ce qui semblerait indiquer une dĂ©tĂ©rioration de la situation Ă©conomique au cours du dernier demi-siĂšcle. Mais les chiffres sont trompeurs et, Ă mon avis, la situation Ă©conomique du QuĂ©bec demeure Ă peu prĂšs stable. Car, Ă lâĂ©poque, on ne comptait pas â et on ne pouvait pas compter â les travailleurs saisonniers : bĂ»cherons, ouvriers agricoles, pĂȘcheurs dont la majoritĂ© vivaient dans des rĂ©gions Ă©loignĂ©es oĂč lâadministration gouvernementale Ă©tait absente et dont lâaccĂšs Ă©tait difficile. En ce temps-lĂ , pour aller de Rimouski Ă GaspĂ© ou de Mont-Laurier Ă Amos, il nây avait que des routes de terre. Ces travailleurs saisonniers nâĂ©taient tout simplement pas inscrits sur les listes de demandeurs dâemplois quand leur saison de travail sâarrĂȘtait.
Une petite vite : Saint-BenoĂźt-du-Lac est une toute petite municipalitĂ©, situĂ©e sur la rive ouest du lac MemphrĂ©magog, qui a un peu plus de deux kilomĂštres carrĂ©s de superficie et une population dâune cinquantaine dâhabitants avec un seul Ă©tablissement, lâabbaye bĂ©nĂ©dictine de Saint-BenoĂźt-du-Lac. Ătablie en 1912, cette abbaye voulant vivre en autarcie avait obtenu en 1939 du gouvernement du QuĂ©bec la permission de sâinstituer en municipalitĂ© distincte. Lors de la crĂ©ation de lâassurance chĂŽmage aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants de lâabbaye se sont dit : « Chic, alors ! Nos moines vivent dans la contemplation, sans rien faire de leurs mains (sauf les frĂšres convers, bien sĂ»r), nous les mettons tous sur une liste de paie fictive, nous payons les cotisations patronales et, au bout de la pĂ©riode rĂ©glementaire, nous dĂ©clarons la moitiĂ© de nos effectifs en chĂŽmage. Et la communautĂ© percevra les allocations. » Tout marchait comme sur des roulettes. Tous les six mois, la moitiĂ© des moines en chĂŽmage fictif avait un emploi tout aussi fictif et lâautre moitiĂ© se retrouvait en chĂŽmage fictif Ă son tour. VoilĂ que, dans les annĂ©es 1960, Ottawa institue et finance un programme de travaux dâhiver pour les municipalitĂ©s ayant au moins 50 % de chĂŽmeurs. Cela tombait bien, câĂ©tait le cas de Saint-BenoĂźt-du-Lac ! Radio-Canada dĂ©cide de mây envoyer en reportage oĂč jâai pu constater que, grĂące au programme de travaux dâhiver, lâabbaye pouvait faire des travaux dâinfrastructure importants : asphaltage des chemins, installation de canalisations dâĂ©gouts, etc. Jâai mĂȘme filmĂ© des travaux dâagrandissement ou dâamĂ©lioration des bĂątiments de lâabbaye elle-mĂȘme. Et je suis revenu Ă MontrĂ©al avec un reportage dans lequel je rĂ©sumais tout ce que je viens de vous raconter. Sentant le danger, le prieur est intervenu le soir mĂȘme auprĂšs de Marcel Ouimet, alors vice-prĂ©sident de Radio-Canada, et mon reportage nâa Ă©tĂ© diffusĂ© quâaprĂšs la modification complĂšte du texte que jâavais Ă©crit, de façon Ă Ă©liminer toute allusion au tour de passe-passe administratif auquel sâĂ©taient livrĂ©s les bons moines.
CODE CIVIL
Dans les annĂ©es 1950, il y avait Ă MontrĂ©al un jeune avocat spĂ©cialisĂ© dans le droit international, maĂźtre Raymond Lette. Le pauvre souffrait, dans ses relations avec les pays Ă©trangers, du caractĂšre obsolĂšte du Code civil quĂ©bĂ©cois, qui datait tant sur le fond que dans la forme. Pour vous donner une idĂ©e, on estimait Ă lâĂ©poque que notre code civil nâĂ©tait ni plus ni moins quâune copie du code NapolĂ©on. Cela Ă©tait Ă la fois vrai et faux car le code NapolĂ©on nâĂ©tait lui-mĂȘme quâune modernisation faite en 1807 par les juristes français de lâancienne Coutume de Paris qui, elle-mĂȘme, datait du XVIe siĂšcle ! Donc, dans les faits, notre code civil Ă©tait, Ă peine remaniĂ©e, lâancienne Coutume de Paris. Un simple exemple me vient Ă lâesprit : le seul serment valable devant les tribunaux quĂ©bĂ©cois Ă©tait le serment fait devant Dieu. En 1955, Raymond Lette mâavait donc demandĂ©, puisque jâĂ©tais rĂ©dacteur professionnel et que, dans le temps, jâavais un peu Ă©tudiĂ© le droit, de lâaider Ă refaire le Code civil. Je mâinstallais chez lui devant ma petite machine Ă Ă©crire portative Underwood avec, Ă ma droite, le Code civil du QuĂ©bec et, Ă ma gauche, un paquet de feuilles blanches.
Raymond Lette sâest aperçu trĂšs vite quâil ne fallait pas se limiter Ă rĂ©Ă©crire le texte existant en Ă©liminant les archaĂŻsmes, mais quâil fallait effectuer une rĂ©forme en profondeur, ce qui dĂ©passait sa compĂ©tence et, surtout, la mienne. Il sâest donc mis Ă militer en faveur dâune refonte officielle. Le lĂ©gislateur lâa nommĂ© prĂ©sident de la Commission sur la rĂ©forme du Code civil et il a eu la gentillesse de me convoquer parmi les premiers tĂ©moins pour dire, justement, quâil ne suffisait pas de moderniser le vocabulaire mais quâil fallait rĂ©former le code en entier et en profondeur, dans son esprit et ses dispositions autant que dans sa forme. AprĂšs bien des discussions, le nouveau Code civil du QuĂ©bec a finalement Ă©tĂ© adoptĂ© par lâAssemblĂ©e nationale en 1991.
COMMISSION DâENQUĂTE SUR LE CRIME ORGANISĂ (CECO)
La commission Ă©tait prĂ©sidĂ©e par le juge Robert Cliche et a commencĂ© Ă siĂ©ger en fĂ©vrier 1973. Nâayant pas Ă©tĂ© affectĂ© Ă sa couverture, je ne sais rien de plus que ce que tout le monde a appris par la presse. Sinon quâun ancien collĂšgue de Radio-Canada qui avait Ă©tĂ©, pendant un temps, reprĂ©sentant en boissons alcooliques dâimportation et qui, Ă ce titre, avait visitĂ© tous les bars de la province et quâen ayant appris de belles, il avait dĂ» tĂ©moigner. AprĂšs son tĂ©moignage, pour assurer sa sĂ©curitĂ©, on avait jugĂ© bon de lui trouver un emploi à ⊠Vancouver.
Par contre, un jour, jâai demandĂ© Ă rencontrer le juge Cliche. Il a acceptĂ© et la rencontre sâest dĂ©roulĂ©e en prĂ©sence de ses deux assesseurs : Guy Chevrette, qui a Ă©tĂ© ensuite dĂ©putĂ© de Joliette et ministre pĂ©quiste, et Brian Mulroney, qui a Ă©tĂ© chef du Parti progressiste-conservateur et premier ministre du Canada. CâĂ©tait donc une rencontre officielle. Je voulais savoir si la CECO avait fait enquĂȘte sur les antĂ©cĂ©dents du prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des travailleurs du QuĂ©bec, Louis Laberge, et sur ses liens possibles avec le Front de libĂ©ration du QuĂ©bec et avec la Gendarmerie royale du Canada (voir Central Intelligence Agency et MagnĂ©e).
Le juge Cliche me rĂ©pond (textuel) : « Nous savons que Louis Laberge a dĂ©jĂ Ă©tĂ© agent dâinformation pour la GRC ; nous nâen savons pas plus. » Je rappelle que le juge Robert Cliche Ă©tait dans lâexercice de ses fonctions, quâil avait pris la prĂ©caution de parler en prĂ©sence de ses deux assesseurs e...