Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle (La)
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Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle (La)

Robert-Lionel SĂ©guin

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Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle (La)

Robert-Lionel SĂ©guin

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À propos de ce livre

Robert-Lionel SĂ©guin en a Ă©tonnĂ© plus d'un au moment de la parution, en 1972, de La Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle. «J'ai voulu sortir nos ancĂȘtres de la lĂ©gende et les replacer dans leur vĂ©ritable contexte. Ils Ă©taient capables de vibrer, de vivre intensĂ©ment. Ils aimaient s'amuser, faire bonne chĂšre. Ils levaient aussi allĂšgrement le coude que le cotillon», avait-il commentĂ© en recevant le prix Duvernay. Cet ouvrage lĂšve le voile sur le tabou qu'Ă©tait la sexualitĂ© Ă  cette Ă©poque en divulguant de croustillantes anecdotes et de surprenantes rĂ©vĂ©lations sur la vie libertine de nos ancĂȘtres. Le recours au verbatim des tĂ©moignages en français du XVIIe siĂšcle rend la lecture savoureuse. Cette nouvelle Ă©dition prĂ©sente des transcriptions en français moderne et de surprenantes gravures de Jean-HonorĂ© Fragonard. Un gĂ©nĂ©reux index s'offre comme outil essentiel pour les chercheurs et les gĂ©nĂ©alogistes qui trouveront dans ces textes une source premiĂšre de prĂ©cieux renseignements. Robert-Lionel SĂ©guin (1920-1982) Ă©tait un Ă©crivain, ethnologue et historien quĂ©bĂ©cois. Il a publiĂ© une vingtaine de livres durant sa carriĂšre et a fait partie de la SociĂ©tĂ© des Dix. Il a gagnĂ© plusieurs prix, dont le Prix du Gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada en 1967 et le prix Jean-Hamelin en 1973 pour son oeuvre La Vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782896649990
DEUXIÈME PARTIE
La vie quotidienne
Les divertissements
En Nouvelle-France, les impĂ©ratifs de la vie quotidienne ne favorisent guĂšre les rĂ©unions de parents et d’amis. DĂšs les premiĂšres heures, le colon est tiraillĂ© entre la terre et l’eau. Maintes fois, il prĂ©fĂšre l’incertitude de la course au castor Ă  la stabilitĂ© de l’établissement rural. Pourquoi ?
L’agriculture quĂ©bĂ©coise n’est pas complĂ©mentaire de l’agriculture française. Nous produisons du blĂ©, mais la mĂ©tropole en a davantage dans ses greniers. Et s’il en Ă©tait autrement, la distance jointe aux difficultĂ©s de transport en rendrait le prix prohibitif sur les marchĂ©s europĂ©ens. La constatation est encore plus dĂ©savantageuse s’il s’agit d’élevage. Autre chose : la population des villes de MontrĂ©al, QuĂ©bec et Trois-RiviĂšres est mi-urbaine, mi-rurale ; sauf les marchands et les fonctionnaires, chacun possĂšde et exploite un sol d’oĂč il tire toutes les denrĂ©es dont il a besoin. Avant le XVIIIe siĂšcle, la population des villes prĂ©citĂ©es n’est pas assez nombreuse pour crĂ©er le marchĂ© oĂč s’écoulerait le surplus de la production agricole. D’ici lĂ , les produits de la terre n’ont d’autre dĂ©bouchĂ© que celui de la consommation familiale.
Dans ces conjectures, la course au castor est indiscutablement plus lucrative que l’agriculture. Mieux encore, Ă  l’argent s’ajoute le plaisir. Dans les Hauts, il rĂšgne un climat de libertinage comme nulle part ailleurs. Ces perpĂ©tuelles pĂ©rĂ©grinations disloquent les familles. Plusieurs contrats d’engagement obligent les hommes Ă  hiverner au pays des fourrures445. Conscients du danger, l’Église et l’État conjuguent leurs efforts pour retenir l’habitant au sol. DĂšs novembre 1668, le jĂ©suite Lafitau Ă©crit que cette dĂ©sertion « est contraire au bien des habitants qui, attirĂ©s par l’espoir du profit de cette traite, abandonnent leurs terres et leurs familles pour aller chez les nations sauvages, quelquefois mĂȘme sans congĂ©, oĂč plusieurs se livrent Ă  la dĂ©bauche, vivant sans rĂšgle, scandalisant les indigĂšnes446
 »
Ce dĂ©rĂšglement prendra de nouvelles proportions. Étant Ă  MontrĂ©al, le 14 juin 1684, La Hontan parle ainsi du comportement des hommes qui reviennent des Hauts447 :
Si ces voyageurs ont fatiguĂ© dans une si longue course, ils s’en donnent Ă  cƓur joie au retour. Ceux qui sont mariĂ©s sont ordinairement plus sages ; ils vont se dĂ©lasser chez eux, et ils portent leurs profits ; mais pour les garçons, ils se plongent dans la voluptĂ© jusqu’au cou. La bonne chĂšre, les femmes, le jeu, la boisson, tout y va. Tant que les castors durent, rien ne coĂ»te Ă  nos marchands. Vous seriez mĂȘme Ă©tonnĂ©s de la dĂ©pense qu’ils font en habits. Mais la source est-elle tarie, le magasin est-il Ă©puisĂ©, adieu dentelles ; dorures, habillements, adieu l’attirail du luxe, on vend tout. De cette derniĂšre monnaie, on nĂ©gocie de nouvelles marchandises, avec cela ils se remettent en chemin, et partagent ainsi leur jeunesse entre la peine et la dĂ©bauche ; ces coureurs, en un mot, vivent comme la plupart de nos matelots d’Europe.
Tout n’est pourtant pas dit. Deux ans plus tard, le 10 novembre 1686, Jacques-RenĂ© de Brisay, marquis de Denonville et gouverneur du pays448, fait part au ministre de la rĂ©cente visite pastorale de monseigneur de Saint-Vallier. « Il vous rendra compte, Ă©crit-il de QuĂ©bec, de la grande quantitĂ© de dĂ©sordres qui se font dans les bois par les malheureux libertins qui sont comme des sauvages depuis longtemps, sans avoir rien fait du tout pour la culture des terres449. »
L’homme doit rester au foyer, coĂ»te que coĂ»te. Pour y parvenir, le meilleur moyen n’est-il pas de fermer les bois aux cĂ©libataires ? Le 20 octobre 1671, Talon en arrive Ă  cette mesure radicale. DĂ©sormais, obligation Ă  tout mĂąle « en Ăąge d’entrer dans le mariage de se marier 15 jours aprĂšs l’arrivĂ©e des navires qui apportent les filles sous peine d’ĂȘtre privĂ© de la libertĂ© de toutes sortes de chasse, pĂȘche et traite avec les sauvages
 » Ayant pris Ă©pouse, l’homme accepterait plus facilement de vivre sur sa terre, ce qui favoriserait l’expansion agricole et dĂ©mographique de la Nouvelle-France. Si sensĂ©e soit-elle, la consigne tombe trop souvent dans l’oreille d’un sourd. PrĂ©fĂ©rant la libertĂ© Ă  la patrie, des coureurs de bois passent Ă  la Nouvelle-Angleterre. Quatre ans plus tard, le vindicatif Frontenac n’est pas plus Ă©coutĂ© lorsqu’il s’en prend aux « chasseurs qui ne servent qu’à la destruction des colonies et non Ă  leur augmentation450 ». Passe encore pour le peuple, mais la noblesse et la bourgeoisie sont pareillement complices d’un tel trafic. Duchesneau451 le confirme le 10 novembre 1679. « Ces gentilshommes, Ă©crit-il, en parlant d’officiers et de fonctionnaires coloniaux, rĂ©solurent de s’emparer du commerce des fourrures et d’y associer les fils des habitants que la nĂ©cessitĂ© contraignait Ă  rechercher ailleurs que sur leurs terres Ă  peine ouvertes un supplĂ©ment de ressources452. » L’annĂ©e suivante, Frontenac reçoit pareille directive de Saint-Germain-en-Laye. Comme le souhaite la prose royale, il faut « exciter continuellement les habitants Ă  la culture [
] et les empĂȘcher de vaquer par les bois dans l’espĂ©rance d’un profit qui tend Ă  la ruine de la colonie453 ». MĂȘme les expĂ©ditions de La Salle ne doivent pas, non plus, entraver la marche normale du dĂ©frichement et du peuplement de la Nouvelle-France. Non pas que le roi n’en reconnaisse pas la nĂ©cessitĂ©, mais, Ă©crit-il de Fontainebleau, le 5 aoĂ»t 1683, « il faut dans la suite empĂȘcher de pareilles entreprises qui ne vont qu’à dĂ©baucher les habitants par l’expĂ©rience du gain ». La guerre doit Ă©galement cĂ©der le pas Ă  l’agriculture. En juillet 1684, une missive de Versailles est adressĂ©e au gouverneur de La Barre454. Tout en approuvant l’expĂ©dition que le gouverneur a dirigĂ©e contre les Iroquois, le roi ne dĂ©plore pas moins « que pareilles opĂ©rations doivent les dĂ©tourner [les habitants] de la culture des terres455 ». Constante apprĂ©hension de maints administrateurs. Si bien que ceux qui prĂ©fĂšrent la libertĂ© des bois Ă  la douceur du foyer seront pourchassĂ©s comme de vulgaires criminels. À l’automne de 1709, le sieur de La Noue bivouaque sur une Ăźle lorsqu’il surprend et cueille « trois frĂšres habitants de ce pays coureurs de bois ». Profitant d’une distraction de leurs gardiens, les prisonniers sautent dans un canot et prennent le large. Les ayant aperçus, le sieur de Croisil les somme de rebrousser chemin sans quoi « il tirerait sur eux, si bien que ne revenant point et n’ayant point de canot...

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