Construction du droit des Autochtones par la Cour suprĂȘme du Canada (La)
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Construction du droit des Autochtones par la Cour suprĂȘme du Canada (La)

TĂ©moignage d'un plaideur

René Morin

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  1. 260 pages
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Construction du droit des Autochtones par la Cour suprĂȘme du Canada (La)

TĂ©moignage d'un plaideur

René Morin

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À propos de ce livre

RenĂ© Morin livre le tĂ©moignage d'un plaideur qui fut aux premiĂšres loges du dĂ©veloppement du droit des Autochtones en pleine Ă©bullition aprĂšs le rapatriement de la constitution, en 1982. Il dĂ©crit la lente construction de ce point de rencontre entre le droit et l'histoire Ă  travers 12 causes emblĂ©matiques entendues par la Cour suprĂȘme du Canada. L'auteur fait un retour sur des Ă©vĂšnements histo­riques et contemporains et explique certaines facettes de la preuve dans le contexte particulier des dossiers autochtones. Dans un style simple, imagĂ©, teintĂ© d'humour et parfois percutant, RenĂ© Morin sensibilise les lecteurs Ă  la cause autochtone.AprĂšs des Ă©tudes en droit et en sciences politiques, RenĂ© Morin a commencĂ© sa carriĂšre au ministĂšre des Affaires intergouvernementales de 1973 Ă  1981. Il fut ensuite avocat au ministĂšre de la Justice du QuĂ©bec en droit des Autochtones de 1981 Ă  2007, ce qui l'a conduit Ă  plaider Ă  de nombreuses reprises Ă  la Cour suprĂȘme du Canada. Il a terminĂ© sa carriĂšre comme avocat-conseil au sein du cabinet McCarthy TĂ©trault de 2008 Ă  2016. Il a aussi Ă©tĂ© chargĂ© de cours Ă  l'UniversitĂ© Laval, confĂ©rencier au QuĂ©bec, auCanada et Ă  l'Ă©tranger et auteurde plusieurs articles en droit autochtone.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782894482728
Sujet
Jura
Sous-sujet
Zivilrecht
1. 1534 et 1608 ou les débuts de la Nouvelle-France
Jacques Cartier, un marin français mandatĂ© par le roi de France pour dĂ©couvrir de nouveaux territoires, est arrivĂ© Ă  GaspĂ© en juillet 1534. La France voulait se tailler une place dans le Nouveau Monde aux cĂŽtĂ©s de l’Espagne et du Portugal, et plus tard de la Hollande et de l’Angleterre.
On rapporte que Jacques Cartier et ses compagnons plantĂšrent une croix sur les hauteurs de GaspĂ© pour prendre possession du territoire au nom du roi de France. Cette affirmation toute française peut faire sourire. D’abord de quel territoire s’agit-il ? De la rĂ©gion de Gaspé ? Des vastes contrĂ©es recoupant le QuĂ©bec d’aujourd’hui jusqu’aux Grands Lacs ? Cela aurait Ă©tĂ© totalement illusoire, mais pouvait sans aucun doute asseoir les prĂ©tentions françaises devant les autres colonisateurs europĂ©ens.
Ensuite, cette affirmation d’une certaine souverainetĂ© française s’est faite comme si les Autochtones n’existaient pas. Ce dĂ©faut de consentement des Autochtones sous-tend l’idĂ©e qu’ils n’étaient pas assez organisĂ©s pour occuper le territoire « à l’europĂ©enne », de sorte qu’ils ne pouvaient avoir d’existence vĂ©ritable. Cette idĂ©e de terra nullius, ou de territoire sans maĂźtre, s’est reflĂ©tĂ©e jusque dans les travaux d’une importante commission d’enquĂȘte en 1844-1845, qui a repris les propos d’Emmerich de Vattel en 1758 dans Le droit des gens ou le principe de la loi naturelle : « Leur habitation vague dans ces immenses rĂ©gions ne peut passer pour une vĂ©ritable et lĂ©gitime possession[1]. »
Les penseurs europĂ©ens de l’époque ont tentĂ© de justifier « la non-existence » des Autochtones en invoquant plusieurs raisons. Outre l’idĂ©e que les Autochtones n’étaient pas organisĂ©s et qu’ils ne faisaient que parcourir le territoire pour se nourrir, certaines nations europĂ©ennes avancĂšrent l’idĂ©e que les Indiens allaient avoir une existence lĂ©gale en devenant chrĂ©tiens. Ce fut le cas de la France.
Cela devenait une excuse facile pour les puissances europĂ©ennes afin d’occuper le territoire des Autochtones sans avoir Ă  justifier leur prĂ©sence en AmĂ©rique. Cette thĂ©orie imaginĂ©e dans le confort des chĂąteaux europĂ©ens se heurta rapidement Ă  la rĂ©alitĂ© du terrain en AmĂ©rique. Les Autochtones Ă©taient organisĂ©s et occupaient le territoire de sorte que les EuropĂ©ens durent composer avec eux. Le rapport de force a jouĂ© en leur faveur pendant longtemps.
Il n’en reste pas moins que les religieux français se donnĂšrent justement pour mission de convertir les Autochtones. Des concessions de terres leur furent accordĂ©es par les autoritĂ©s royales, principalement le long du fleuve Saint-Laurent, pour l’évangĂ©lisation et la sĂ©dentarisation des Indiens. On les appellera les « Indiens domiciliĂ©s ». Par ailleurs, des mesures Ă©manant des autoritĂ©s françaises prĂ©voyaient mĂȘme que les Indiens devenaient des « naturels français » une fois convertis.
Ces conversions « en accĂ©lĂ©ré » n’en faisaient pas nĂ©cessairement des chrĂ©tiens convaincus. Pierre Pouchot, un officier aguerri et consciencieux de l’armĂ©e française, a Ă©tĂ© envoyĂ© en Nouvelle-France Ă  l’aube de la guerre opposant la France Ă  l’Angleterre Ă  partir de 1755. Il rĂ©digea en 1769 un livre remarquable ayant pour titre MĂ©moires sur la derniĂšre guerre de l’AmĂ©rique septentrionale[2]. Il Ă©crit :
Le petit nombre de Sauvages qui se sont convertis depuis environ 180 ans que nous occupons ce vaste continent, est une preuve de leur indiffĂ©rence sur la religion. On a beau les prĂȘcher, ils Ă©coutent trĂšs tranquillement et sans humeur, mais ils reviennent toujours Ă  leur propos ordinaire, qu’ils n’ont pas assez d’esprit pour croire et suivre ce qu’on leur dit, que leurs pĂšres ont vĂ©cu comme eux, et qu’ils adoptent leur maniĂšre de vivre[3].
Jacques Cartier fit trois voyages au Canada jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1540 sans que cela entraĂźne des installations permanentes. Il faut dire que la France entra, au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIe siĂšcle, dans une lutte fĂ©roce entre catholiques et protestants sur son propre territoire. C’était presque la guerre civile.
Il faudra attendre l’arrivĂ©e du roi Henri IV, dans les annĂ©es 1590, pour que l’agitation religieuse se calme et que la France s’implique davantage au Canada. C’est dans ce contexte que l’on doit souligner l’installation permanente des Français en 1608 Ă  QuĂ©bec, un endroit surplombant le fleuve Saint-Laurent oĂč il Ă©tait possible de contrĂŽler les deux rives et de voir venir de loin les amis et les ennemis. Telle est l’Ɠuvre de Samuel de Champlain qui veilla jusqu’à son dĂ©cĂšs, en 1635, Ă  consolider l’emprise française sur le sol canadien.
DÚs 1603, à Tadoussac, Champlain et son mentor, François Pontgravé, furent néanmoins confrontés à la lutte opposant les Iroquois à plusieurs nations autochtones installées au Québec, dont les Montagnais (maintenant les Innus), les Algonquins et les Etchemins. Champlain a choisi le camp opposé aux Iroquois, ce qui entraßnera quelques décennies plus tard des conséquences sur la survie de la colonie française naissante.
Les Iroquois dont l’assise territoriale de base se situait dans l’État de New York d’aujourd’hui s’étaient aventurĂ©s au siĂšcle prĂ©cĂ©dent dans plusieurs rĂ©gions de la vallĂ©e du Saint-Laurent, bousculant ainsi les Indiens en place. Ceux-ci s’unirent dans une ligue et finirent par repousser les Iroquois. La rĂ©sistance contre l’envahisseur iroquois n’était pas finie lorsqu’arriva Champlain. Il a vite compris qu’il devait appuyer les nations indiennes opposĂ©es aux Iroquois s’il voulait s’établir de maniĂšre permanente Ă  QuĂ©bec et ailleurs.
L’arrivĂ©e de ces quelques Français aux cĂŽtĂ©s des Indiens de la vallĂ©e du Saint-Laurent fut d’abord dĂ©cisive, car Champlain dĂ©tenait une arme que les Iroquois n’avaient pas : le fusil. Il mit en dĂ©route les Iroquois au cours de quelques escarmouches. Mais les Iroquois allaient s’en souvenir. Ils allaient revenir quelques dĂ©cennies plus tard, cette fois, armĂ©s par les Hollandais qui s’étaient installĂ©s sur le site actuel de la ville de New York, vers les annĂ©es 1620, avant que les Anglais ne les dĂ©logent vers 1660. Mais, dans un cas comme dans l’autre, les Iroquois cherchĂšrent alliance avec ces colonisateurs pour contrebalancer la prĂ©sence française auprĂšs des Indiens de la Nouvelle-France.
Champlain fonda donc QuĂ©bec grĂące Ă  l’accord des Indiens de la vallĂ©e du Saint-Laurent et en s’alliant Ă  eux, mais il laissa en hĂ©ritage des rivalitĂ©s futures entre non seulement les Iroquois et les Indiens de l’alliance, mais aussi entre les Français eux-mĂȘmes et les Anglais qui commençaient Ă  s’installer le long de la cĂŽte est amĂ©ricaine. Cette rivalitĂ© allait se terminer par la dĂ©faite des Français en 1760 dans ce que l’on a appelĂ© la guerre de Sept Ans (1756-1763) en Europe ou la French and Indian War chez les AmĂ©ricains vu l’alliance entre les Français et les Indiens.
Notes

1. Rapport sur les Affaires des Sauvages en Canada, 8 Victoria, appendice E.E.E., 1844-45.
2. Pierre Pouchot, MĂ©moires sur la derniĂšre guerre de l’AmĂ©rique septentrionale, Sillery, Septentrion, 2003, 322 p.
3. Ibid., p. 287.
2. La Nouvelle-France face Ă  la Nouvelle-Angleterre
Afin de bien cerner le statut et la place des Autochtones en AmĂ©rique du Nord, il faut examiner comment se sont installĂ©s les colonisateurs français et britanniques sur le continent. À cet Ă©gard, on ne peut faire abstraction de la gĂ©ographie et en particulier du climat.
La prĂ©sence française en Nouvelle-France se caractĂ©rise par une faible colonisation le long des rives du Saint-Laurent et un immense territoire de traite autour des Grands Lacs grĂące Ă  des alliances avec les nations autochtones. De son cĂŽtĂ©, les Anglais s’implantent le long de la cĂŽte est de l’Atlantique en formant treize colonies, dont le noyau formera la Nouvelle-Angleterre. Rapidement, elles vont se sentir menacĂ©es dans leur expansion par les Français.
Faible colonisation le long du fleuve Saint-Laurent
Les Français ont trouvĂ© un moyen ingĂ©nieux de coloniser la vallĂ©e du Saint-Laurent. Ils ont concĂ©dĂ© de vastes domaines Ă  des personnes appelĂ©es « seigneurs ». Ceux-ci obtenaient des privilĂšges, mais ils avaient l’obligation d’attribuer des terres Ă  des colons sur leur concession. En somme, les seigneurs Ă©taient ni plus ni moins des agents de colonisation. Les seigneuries, au nombre de 242, ont Ă©tĂ© concĂ©dĂ©es pour la plupart sous le rĂ©gime français jusqu’en 1760. Les colons Ă©taient les censitaires du seigneur qui restait propriĂ©taire du fond de la terre. Ce systĂšme, devenu anachronique avec le temps, a Ă©tĂ© aboli en 1854. Son abolition a permis Ă  ces censitaires de devenir...

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