Une histoire du ministĂšre de la Culture (1961-2021)
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Une histoire du ministĂšre de la Culture (1961-2021)

Claude Trudel

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Une histoire du ministĂšre de la Culture (1961-2021)

Claude Trudel

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À propos de ce livre

Le ministĂšre de la Culture et des Communications fĂȘte ses soixante ans en 2021. Depuis sa crĂ©ation, vingt-sept QuĂ©bĂ©coises et QuĂ©bĂ©cois se sont succĂ©dĂ© Ă  sa tĂȘte. Claude Trudel retrace ici les principales Ă©tapes de son histoire Ă  travers les interventions des ministres, hommes et femmes, qui en ont prĂ©sidĂ© les destinĂ©es, de sa crĂ©ation par Georges-Émile Lapalme en 1961 Ă  nos jours.Convaincu que les rĂ©alisations qui permettent l'avancement des choses en sociĂ©tĂ© rĂ©sultent du travail et de la collaboration Ă©troite entre les hommes et les femmes politiques et les fonctionnaires des administrations publiques, l'auteur a souhaitĂ© rappeler l'Ɠuvre des premiers et le contexte dans lequel ils ont pu les faire progresser en soixante ans au ministĂšre de la Culture et des Communications. Ainsi, il rappelle dans ces pages le rĂŽle fondateur de Georges-Émile Lapalme, la volontĂ© de Pierre Laporte d'assumer l'hĂ©ritage de celui-ci, la dĂ©centralisation du ministĂšre entreprise dĂšs 1969 par Jean-NoĂ«l Tremblay, le livre vert que Jean-Paul L'Allier rĂ©digera lui-mĂȘme et qui fera Ă©poque. Il raconte comment Denis Vaugeois mettra sa passion du livre et ClĂ©ment Richard celle des musĂ©es au service de leurs concitoyens, comment Liza Frulla redĂ©finira la mission du ministĂšre en le dĂ©lestant de plusieurs importants dossiers dont il Ă©tait le maĂźtre d'Ɠuvre depuis trente ans. Nous verrons AgnĂšs Maltais imposer sa vision de la protection du patrimoine culturel religieux, Line Beauchamp mettre toute son influence politique, Ă  la suite de Louise Beaudoin, dans l'adoption de la Convention sur la protection et la promotion de la diversitĂ© des expressions culturelles de l'UNESCO, Christine St-Pierre faire sienne l'adoption de la Loi sur le patrimoine culturel. Ce ne sont lĂ  que quelques exemples de l'impact majeur, Ă©norme dans certains cas, de l'action ministĂ©rielle dans l'histoire du ministĂšre et, plus largement, dans le paysage culturel quĂ©bĂ©cois que ce livre vient mettre en valeur.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782764646687
premiĂšre partie
La mise en place des grandes institutions 1961-1976
La conversation roule sur le nouveau ministĂšre. M. Lapalme en voit se dĂ©velopper l’activitĂ© dans le cadre d’une politique gĂ©nĂ©rale de progrĂšs Ă©conomique et social. Il sait le rĂŽle que l’État doit jouer et, d’abord, qu’il est indispensable qu’il en joue un.
Guy Frégault, Chronique des années perdues
S’inspirant de l’exemple britannique, le Canada a crĂ©Ă© son Conseil des arts en 1957, un an aprĂšs MontrĂ©al. De son cĂŽtĂ©, la Commission royale d’enquĂȘte sur les problĂšmes constitutionnels, instituĂ©e par le premier ministre Maurice Duplessis en 1953, a recommandĂ© en 1957 que le gouvernement du QuĂ©bec ait une politique culturelle. La France s’est quant Ă  elle dotĂ©e en 1959 d’un ministĂšre de la Culture, dirigĂ© par AndrĂ© Malraux. Pour sa part, le chef du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec (PLQ), Georges-Émile Lapalme, rĂ©flĂ©chissait depuis longtemps Ă  la place de la culture dans l’évolution de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise, et son parti a fait de la crĂ©ation d’un ministĂšre des Affaires culturelles le tout premier engagement de son programme politique pour l’élection de 1960.
La table Ă©tait mise.
FidĂšle Ă  son engagement, le premier ministre Jean Lesage, Ă©lu en juin 1960, fait sanctionner le 24 mars 1961 le projet de loi 18 instituant le ministĂšre des Affaires culturelles.
À la surprise gĂ©nĂ©rale, les libĂ©raux mordent la poussiĂšre aux Ă©lections de 1966, et l’Union nationale, menĂ©e par Daniel Johnson, retourne au pouvoir plus tĂŽt que prĂ©vu. Se pose la question de savoir jusqu’oĂč le nouveau premier ministre et son Ă©quipe assumeront les acquis de la RĂ©volution tranquille, entreprise depuis 1960. En culture, la rĂ©ponse n’est pas claire.
Le Parti libĂ©ral du QuĂ©bec, maintenant dirigĂ© par Robert Bourassa, remporte la victoire Ă  l’élection gĂ©nĂ©rale du 29 avril 1970. Moins de six mois aprĂšs son accession au pouvoir, le gouvernement doit faire face Ă  la crise d’Octobre. Le maintien de la paix sociale et le dĂ©veloppement Ă©conomique par la crĂ©ation d’emplois relĂšguent assez loin les affaires culturelles sur la liste des prioritĂ©s gouvernementales.
À compter de 1973, au lendemain d’une Ă©crasante victoire Ă©lectorale, le premier ministre Bourassa introduit une nouvelle notion dans le langage politique de l’époque, celle de la souverainetĂ© culturelle. Le milieu de la culture s’impatiente, la grogne est manifeste, l’insatisfaction Ă©clate devant ce qu’on appelle « l’inertie du ministĂšre et de ses dirigeants politiques ». Marcel Rioux prĂ©side un « tribunal de la culture » dont le rapport dĂ©vastateur sera publiĂ© Ă  l’automne 1975.
1
Le visionnaire
Georges-Émile Lapalme (1961-1964)
Georges-Émile Lapalme, nĂ© le 14 janvier 1907 Ă  MontrĂ©al, a vĂ©cu, affirme-t-il, « une enfance heureuse qui laisse peu de souvenirs prĂ©cis1 », Ă  Joliette Ă  compter de 1914. On parlait beaucoup de politique chez les Lapalme, le pĂšre, Euclide, commerçant en tabac, Ă©tant un « bourassiste » pur jus, profondĂ©ment convaincu de ses idĂ©es nationalistes. On y lisait aussi religieusement Le Devoir, auquel le jeune Georges-Émile a Ă©tĂ© initiĂ© par sa mĂšre, qui s’en est servi pour lui enseigner Ă  lire2.
Admis au SĂ©minaire de Joliette, dirigĂ© par les clercs de Saint-Viateur, une des nombreuses institutions d’enseignement classique « oĂč les particularismes de chacun Ă©taient sans profondeur, l’esprit les imprĂ©gna[n]t de la mĂȘme vision3 », Georges-Émile Lapalme, lecteur prĂ©coce, a dĂ©couvert « la pauvretĂ© de la bibliothĂšque et le contrĂŽle des mauvais livres exercĂ© par ses professeurs4 ». Il a d’ailleurs fait une critique sĂ©vĂšre du cours classique des annĂ©es 1920, notamment sur la formation qu’il donnait. S’agissant de langue, il Ă©crit : « Nous Ă©tions des produits du classicisme grĂ©co-latin, incapables de parler et d’écrire proprement la langue maternelle. Il est difficile de pardonner cela5. »
Le collĂ©gien a Ă©tĂ© attirĂ©, comme tant de ses compagnons de l’époque, par le mouvement de l’Action française de l’abbĂ© Lionel Groulx. Membre du Cercle Saint-Michel, antenne locale de l’Association catholique de la jeunesse canadienne (ACJC), il a reçu la charge en 1923 de rapporter les conclusions de l’enquĂȘte du mouvement portant sur « notre avenir politique ». Il l’évoque dans le premier tome de ses mĂ©moires, publiĂ© en 1969 : « En 1922 et en 1923, les Ă©lĂšves qui avaient suivi le parcours tracĂ© par l’Action française avaient d’un commun accord dĂ©bouchĂ© sur une rĂ©alitĂ© pour eux inĂ©luctable : l’indĂ©pendance d’un État français en AmĂ©rique. Au Cercle, nous fĂ»mes tous des sĂ©paratistes avant la lettre6. » L’esprit n’a pas suivi, puisque Lapalme a choisi la carriĂšre politique libĂ©rale
 fĂ©dĂ©rale.
Les Ă©tudes universitaires Ă  la FacultĂ© de droit de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al ne l’ont pas enchantĂ© non plus, Ă  l’exception de sa rencontre avec Édouard Montpetit, professeur d’économie politique rĂ©putĂ© qui l’a initiĂ© Ă  L’Avenir du peuple canadien-français, Ɠuvre d’Edmond de Nevers. Cet ouvrage l’a grandement influencĂ© 7. Lapalme y a parfait aussi sa culture en lisant les grands auteurs contemporains, tels Duhamel, Proust, Gide, Rolland, Bernanos, PĂ©guy et Mauriac8, tout en exerçant sa plume au Quartier latin, journal des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, de 1925 Ă  1927.
Admis au barreau en 1929, Lapalme a pratiquĂ© seul dans des conditions que la crise Ă©conomique a rendues plus difficiles encore jusqu’à son association avec Charles-Édouard Ferland, dĂ©putĂ© libĂ©ral du comtĂ© fĂ©dĂ©ral de Joliette, en 1939. Entre-temps, il a Ă©pousĂ© en 1935 Maria Langlois, avec laquelle il a eu sept enfants.
Son associĂ© Charles-Édouard Ferland ayant Ă©tĂ© nommĂ© sĂ©nateur en 1945, Lapalme a acceptĂ© la candidature libĂ©rale qu’on lui offrait. AprĂšs tout, le comtĂ© Ă©tait « sĂ»r », son prĂ©dĂ©cesseur l’ayant occupĂ© sans interruption depuis 1928. Le 11 juin 1945, Georges-Émile Lapalme a Ă©tĂ© Ă©lu dans L’Assomption – Montcalm. Encore une fois, cette expĂ©rience l’a déçu. DĂ©putĂ© d’arriĂšre-ban, il s’est difficilement adaptĂ© Ă  son nouvel environnement : « Dans cette cathĂ©drale anglicane qui nous sert de parlement fĂ©dĂ©ral, j’éprouvais physiquement et intellectuellement la difficultĂ© d’ĂȘtre Canadien français9 », Ă©crit-il. Au contact de gens de partout au pays, il a constatĂ© par ailleurs le paradoxe de deux cultures qui s’ignoraient sans chercher Ă  se connaĂźtre et Ă  se comprendre. Il a « Ă©galement [pris] conscience de la fragilitĂ© de la langue française au sein des institutions fĂ©dĂ©rales » et des « difficultĂ©s de s’exprimer dans une autre langue que la sienne, et cela, mĂȘme avec la meilleure volontĂ© du monde10 ». Lapalme a transformĂ© son ennui et sa dĂ©sillusion en action par une prĂ©sence trĂšs active dans son comtĂ©. Il a fondĂ© le Joliette Journal, qui s’est avĂ©rĂ© prĂ©cieux non seulement pour le dĂ©veloppement de sa vision politique et sociale, mais aussi pour la rĂ©orientation de sa carriĂšre politique.
On savait Lapalme infatigable lecteur, homme de culture, dĂ©jĂ  rompu Ă  l’écrit par l’expĂ©rience acquise au Quartier latin. Le 3 dĂ©cembre 1947 est paru le premier numĂ©ro du Joliette Journal, auquel le dĂ©putĂ© de L’Assomption – Montcalm allait contribuer par deux chroniques hebdomadaires. L’une, on s’en doute, Ă©tait politique, l’autre, assez surprenante pour un personnage politique, sauf si on s’appelle Lapalme, Ă©tait littĂ©raire. Ses chroniques politiques lui ont procurĂ© l’occasion d’expliquer Ă  ses Ă©lecteurs diffĂ©rents enjeux Ă©lectoraux fĂ©dĂ©raux, de faire l’apologie de son parti et de ses leaders, ainsi que d’attaquer vigoureusement le premier ministre Maurice Duplessis en critiquant sĂ©vĂšrem...

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