Le Consul Infiltré
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Le Consul Infiltré

  1. 94 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

L'histoire de Roger Tur, consul honoraire de France à Saragosse. Nous sommes en 1972 lorsque trois activistes d'extrême gauche provoquent un incendie au consulat français de Saragosse, causant accidentellement la mort de Roger Tur, consul honoraire. Des années plus tard, lors de la déclassification des archives de la CIA, on apprend que le consul décédé était un agent double durant la Seconde Guerre mondiale, espionnant les nazis qui passaient par Saragosse et envoyant des rapports succincts aux alliés via l'ambassade des États-Unis. Voici son histoire.

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Informations

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Chapitre 1

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Jeudi 2 novembre 1972.
A dix heures et demie du matin, la rue La Salle est aussi tranquille que durant n’importe quel jour de la semaine. Il y a un peu plus d’une heure que les commerces ont ouvert et plusieurs personnes flânent sur les trottoirs. Une Seat 127 rouge circule au ralenti. Derrière, à peu de distance, presque pare-choc contre pare-choc, une Citroën GS couleur champagne circule également. Les deux, à la même vitesse, passent à côté d’une Renault 12, bleu foncé, qui se trouve garée en face du numéro 17 où un homme pressé, protégé par un pardessus de laine et un bonnet avec des caches-oreilles d’aspect russe, décharge des caisses de la malle. A côté, à l’entrée du numéro 5, un monsieur, vêtu d’un costume sombre avec cravate assortie, balaye le pas de porte tandis qu’il siffle une mélodie qu’il a récemment entendue à la télévision. Il faut que le trottoir soit propre, car le weekend approche et du vendredi au dimanche il n’y aura personne pour se charger de nettoyer les conciergeries. De l’autre côté, plusieurs hommes, dans un bar à tapas, parlent tout en fumant continuellement. De temps en temps on entend un rire qui résonne sur l’asphalte tel un souvenir joyeux qui n’en finit pas de se dissiper. Tout au long de la rue, il y a une odeur de jambon, de petits roulés de veau, de fromage, de beignets de poisson et de poivrons farcis.
A peu de distance de là, trois jeunes circulent dans une rue latérale. Il y a peu ils sont descendus d’une Seat 850 jaune, qu’un des occupants avait louée ce matin même sous un faux nom. Ils ont laissé le véhicule à proximité de là où ils se trouvent, près de l’école La Salle. Le jeune qui l’a louée s’est dit que c’était là une bonne voiture. Ses 843 centimètres cubes –d’où le nom de 850-, sont suffisants pour les amener jusqu’à cette rue, mais ils ne sont pas suffisants si ils doivent fuir la police. Ils marchent vite et à visage découvert, les mains dans les poches de leurs pantalons.
Les trois s’étaient retrouvés ce matin même, à huit heures et demie, dans le bar Picón, situé dans l’avenue Tenor Fleta, au numéro 3. Luis Javier Sagarra de Moor fut le premier à arriver et, tandis qu’il attendait ses camarades, il alluma une cigarette Pall Mall tirée d’un paquet que lui avait offert son père, en provenance directe du consulat américain, où il avait un ami qui lui fournissait du tabac et de l’alcool d’importation. Álvaro Noguera Calvet allait apparaître cinq minutes après. Il déclara au serveur qu’il ne voulait rien prendre et prit une cigarette dans le paquet que Sagarra avait laissé sur la table ; il l’alluma d’une façon nerveuse qui ne lui était pas habituelle. Les deux s’observaient au travers de l’épaisse fumée qui s’élevait jusqu’à disparaître sur un plafond sale et gras. Le troisième, José Antonio Mellado Romeo, est tellement inquiet qu’il les attend à la porte du bar ; il n’a même pas le courage d’entrer. Il vient tout juste d’arriver et il s’en est tenu à rentrer le cou dans les épaules, tandis qu’il serre sa veste contre son corps. Il les salue depuis une fenêtre qui donne sur la rue en levant la main afin qu’ils le voient. Ils se rendent compte maintenant, qu’une tension peu habituelle se dégage d’eux. Quarante huit heures avant, alors qu’ils planifiaient ce qu’ils allaient faire ce matin, ils avaient tout vu sous un meilleur angle ce qui maintenant ne leur paraissait plus aussi viable. Mentalement, ils se poussent à continuer et à ne pas reculer.
- Et la voiture ? —demande Noguera à Sagarra.
—A la porte —répond-il en levant la tête pour s’assurer qu’il peut la voir depuis l’intérieur du bar, mais aucune des fenêtres ne donne sur la zone où se trouve la voiture.
—Je suppose que tu as fait le plein ?
—Oui, bien sûr.
—Tu l’as louée à ton nom ?
—Tu me prends pour un imbécile ? Sous un faux nom, bien sûr.
- Tu as donné quel nom ?
— Qu’est-ce que j’en sais ! Je ne m’en souviens plus.
—Tu aurais pu louer une Seat 124, qui frime plus et va beaucoup plus vite au cas où nous ayons à fuir –suggère Noguera -. Une 124 n’est pas une tire facile pour la police.
—Si nous devons fuir il vaut mieux que nous le fassions à pied – répond Sagarra - . Ou bien crois-tu que nous sommes comme El Vaquilla ou El Lute ? Moi, si l’on doit m’attraper, ce sera mort, je peux vous le garantir.
—Arrêtez avec vos conneries – proteste Mellado, tandis qu’il tape le sol de ses pieds pour ne pas avoir froid ou peur – et mettons-nous en marche de suite.
Ils marchent vite et l’angoisse se dessine sur leurs visages. Les trois portent des pantalons en tergal et se protègent du froid avec des vestes boutonnées jusqu’au cou. L’air est tellement glacial qu’ils ont du mal à respirer. Un d’eux, celui qui marche au milieu, peut être le plus vieux des trois, a entre ses lèvres violacées par le froid une cigarette blonde dont la fumée se dissipe dans un ciel de plomb qui annonce l’arrivée éminente d’un froid intense. C’est une Bisonte sans filtre, qu’il y a trois semaines il a remplacé par les 3 Carabelas au paquet rouge. Voilà ce qu’ils sont à cet instant même, trois caravelles.
Le jeune à sa droite fixe des yeux l’affiche d’un film qui sera projeté ce weekend au cinéma Palafox. Il s’agit Du Séducteur, de Clint Eastwood. Il se dit qu’il aimerait être comme lui. Ne connaissant pas la peur, indifférent à la douleur et au chagrin. Décidé comme un tueur du Far West qui rentre dans un bar Colt à la main et menace sans pudeur les paroissiens.
Celui de la gauche remarque l’affiche qui annonce la troisième semaine de projection au théâtre Fleta du film le plus récompensé de l’histoire du cinéma : Ben Hur. Il lit qu’il y aura deux séances cet après midi, une à sept heures un quart et l’autre à neuf heures. Mais un étrange pressentiment lui dit que précisément cet après midi il ne pourra pas voir ce film, ni aucun autre.
Les trois s’arrêtent devant le numéro 3 de la rue La Salle. Ils échangent des regards de complicité en essayant de se convaincre qu’ils vont finalement faire ce qu’ils ont planifié durant toute la semaine. L’expression de leurs yeux ne laisse aucun doute. Il n’y a pas d’hésitation, mais de la peur. A leur vingt ans ils leur manque le discernement nécessaire pour reconsidérer ce qu’ils vont faire, mais dans leurs regards il existe une peur insolite, la peur de tout rater. Ils l’avaient déjà envisagé quelques heures auparavant, dans le bar Picón, mais alors ce n’était qu’un murmure, une faille dans le plan précipité, et maintenant c’était une certitude. Ils sont là et il ne reste plus de temps ni de motifs pour faire machine arrière. Les trois se regardent. Dans leurs yeux ils voient qu’il y a de la sûreté, ou l’illusion d’une sûreté qu’ils ne pourront confronter que si tout va bien.
— On y est ? – demande Sagarra.
— On y est – répondent les autres à l’unisson.
Ils ont encore quelques secondes pour se souvenir comment, il y a seulement trois jours, ils s’étaient réunis dans une maison que les parents de Luis Javier Sagarra ont à Garrapinillos. Il n’est pas le leader mais toutefois celui qui a les idées les plus claires. Il lutte par conviction et lorsque quelqu’un est convaincu de quelque chose il est impossible qu’il se trompe. Les autres le connaissent par son surnom : « Fidel Guevara ». Fidel pour Castro. Guevara pour le Che.
Bien avant ils avaient parlé ouvertement de la tâche qu’ils allaient exécuter. Ils se réunissaient alors à l’auberge la Venta de los Caballos, située sur la route de Madrid ; d’autres fois, ils se rendaient à Casa Agustín, dans le quartier des Delicias de Saragosse. Ils ne savaient pas encore le quoi, mais oui le comment et le pourquoi. Ils avaient convenu que se devrait être une action rapide, effective et à sensation. Ils espéraient que la presse se ferait écho de la nouvelle. Il fallait que ce soit un coup tellement dur et spectaculaire afin qu’au sein de tous les milieux universitaires, de Saragosse, dans le reste des associations communistes et dans tout le pays il soit considéré comme un grand pas dans les revendications.
Lors de ces échanges ils avaient décidé d’attaquer le consulat de France de la rue La Salle. Il s’agirait d’une action simple ; ils rentreraient par la porte principale, qui n’est pas surveillée, et menaceraient le concierge et la secrétaire. Il fallait que ce soit quelque chose de rapide : exécuter leur plan et sortir par la porte pour ensuite se séparer. Pendant des jours on ne parlerait pas d’autre chose. Ils n’ont rien contre le consul, ni contre le personnel du consulat, mais ils veulent ainsi envoyer un message à la France, pour l’appui qu’elle a donné au gouvernement de Franco dans la lutte pour en finir avec les mouvements qui se produisent à Bayonne. Un message « rouge ». Un message qui fait peur afin que ces p...... de français captent bien l’avertissement. Le plan est simple : ils entreront dans le consulat, ils demanderont qui est le consul et lui jetteront à la figure un pot de peinture acrylique rouge, de la marque Titanlux, qu’ils avaient acheté la veille dans la droguerie Alfonso, au Coso. Pour s’enfuir, ils créeront de la confusion et rien ne crée plus de désordre qu’un incendie. Alors, à la station service de Los Enlaces ils se sont fait remplir un bidon de trois litres d’essence. Surprise, peinture, essence et peur sont les ingrédients qui feraient de leur de exploit un succès assuré.
  • —Tout ira bien —se répètent les trois—. Tout ira comme nous l’avons planifié.
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Chapitre 2

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Les trois se tiennent là, debout, plantés devant la porte du bâtiment du consulat, face à l’indifférence des passants et des véhicules qui transitent dans les deux sens. C’est comme si une enclume inexistante de maréchal ferrant leur aurait emprisonné les pieds et ne leur permettrait pas d’avancer. Dans la rue il y a beaucoup de bruit. Le mouvement des gens qui entrent et sortent du collège de La Salle, qui se trouve en face. Du bruit provenant du bar. Deux concierges parlent tandis qu’ils fument. Un troisième se met de nouveau à balayer la conciergerie tandis qu’il siffle la mélodie accrocheuse d’une publicité à la télévision. Mais, et c’est cela qui les surprend le plus, il n’y a personne sur le pas de la porte du consulat, puisque personne ne les attend.
Celui du milieu, Luis Javier Sagarra de Moor, jette la cigarette sur le trottoir, sous le regard attentif et impassible du concierge de l’immeuble d’à côté, qui à cet instant même rassemble avec son balai tout un tas de mégots. Sagarra tient dans sa main gauche un sac de sport dont il a fait l’acquisition le vendredi précédent aux Galeries Primero, dans la rue San Jorge, pour 349 pesetas. A l’intérieur du sac, il y cache le bidon d’essence de trois litres et le pot de peinture rouge d’un demi kilo ; le rouge est la couleur communiste par excellence. Celui à sa gauche, qui est très pensif, c’est José Antonio Mellado Romero, lui aussi tient un sac dans lequel il cache deux longueurs, de deux mètre chacune, de câble électrique recouvert de plastic blanc. Alvaro Noguera Calvet, celui à droite, n’a qu’une boite d’allumettes dans la poche de sa veste, avec laquelle il a allumé le demi paquet de cigarettes qu’il fume depuis qu’il s’est levé.
—Allons-y —lance Sagarra d’une voix tremblante.
Noguera et Mellado acquiesce de la tête. Ils savent ce qu’ils doivent faire et comment ils vont le faire. Ils ont tous juré un engagement qui ne peut être rompu au cas où le résultat ne serait pas celui prévu.
— Et si ils nous prennent ?
—Si ils nous prennent, advienne que pourra, aucun de nous ne doit cracher le morceau, même si ils nous donnent de coups, même si ils nous torturent, même si, comme cela est arrivé au camarade de Madrid, ils nous jettent par dessus le balcon du commiss...

Table des matières

  1. Page de Titre
  2. Droits d'Auteur
  3. Prologue
  4. Chapitre 1
  5. Chapitre 2
  6. Chapitre 3
  7. Chapitre 4
  8. Chapitre 5
  9. Chapitre 6
  10. Chapitre 7
  11. Chapitre 8
  12. Chapitre 9
  13. Chapitre 10
  14. Chapitre 11
  15. Chapitre 12
  16. Chapitre 13
  17. Chapitre 14
  18. Chapitre 15
  19. Chapitre 16
  20. Chapitre 17
  21. Chapitre 18
  22. Chapitre 19
  23. Chapitre 20
  24. Chapitre 21
  25. Chapitre 22
  26. Chapitre 23
  27. Chapitre 24
  28. Chapitre 25
  29. Chapitre 26
  30. Chapitre 27
  31. Chapitre 28
  32. Chapitre 29
  33. Chapitre 30
  34. Chapitre 31
  35. Chapitre 32
  36. Chapitre 33
  37. Chapitre 34
  38. Chapitre 35
  39. Chapitre 36
  40. Chapitre 37
  41. Chapitre 38
  42. Chapitre 39
  43. Epilogue de l’auteur
  44. Annexe 1
  45. Annexe 2
  46. Annexe 3