
- 164 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Le livre de Françoise Maffre Castellani est un commentaire, étayé sur de multiples exemples, de la détermination "grave et sereine" d'Edith Stein, cette philosophe juive allemande, entrée au Carmel et assassinée à Auschwitz. Témoin de la Shoah, femme de courage et de coeur, écrivain remarquable, le portrait qui nous en est présenté captive et retient l'attention, d'autant qu'il n'est pas dépourvu d'humour.
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Informations
Sujet
LittératureSujet
Critique littéraireIII
« …jusqu’à des commencements
qui n’auront plus de fin »
« …jusqu’à des commencements
qui n’auront plus de fin »
Cologne, Echt, Auschwitz
« Chaque créature chante à sa manière ce que Dieu est en elle. Aussi l’âme semble entendre une harmonie incomparable qui surpasse tous les concerts et les mélodies d’ici-bas. »{79} « Mais c’est une musique silencieuse, car cette connaissance calme et tranquille se communique sans aucun bruit de voix. »{80}
En entrant au Carmel en 1933, Édith Stein savait qu’elle ne résisterait à l’Adversaire que dans « la lumière obscure » de la foi. Elle était l’héritière de la pensée la plus abstraite, de la phénoménologie husserlienne et de la plus haute philosophie chrétienne. Et c’est cette armature intellectuelle qui lui sera un rempart sur lequel elle s’appuierait, jusqu’à ce qu’elle comprenne que son véritable rocher – sein Stein –, c’était Dieu seul.
Au point où nous en sommes de notre « expédition », il est possible de penser que, s’il restait encore un sceau qui aurait pu peser sur elle et l’enfermer dans les arcanes de l’unique recherche intellectuelle de la vérité, au moment où l’Allemagne, le pays de « la » philosophie, basculait dans l’abjection d’une doctrine aux mirages de laquelle plus d’un philosophe se laissa prendre (faut-il évoquer Heidegger ?), c’est certainement le sceau des complexités quasi inextricables de la philosophie pure.
Oserais-je le dire ? Sans l’horreur de l’Holocauste, sans le déferlement de haine antisémite, sans la fermeture devant elle de toutes les portes, Édith Stein serait-elle entrée au Carmel ? Qui pourrait en être certain ? (Exception faite de son amie Hedwig Conrad-Martius !)
Pour nous, l’essentiel se dit en bref : elle y est entrée. Dans le cas contraire, son influence dans le monde des idées eût été plus importante, mais quelque chose lui aurait manqué, une sorte de thébaïde secrète à laquelle elle songea douze ans avant de se décider à en franchir les portes. Et non seulement elle y est entrée, mais c’est à Cologne et surtout à Echt, alors qu’elle était cloîtrée et coupée apparemment du monde, qu’elle apprit et comprit d’une « science » reçue et non plus conquise, ce qu’il en serait pour elle de la vraie liberté.
L’école du Carmel
La vie carmélitaine demanda à Édith Stein beaucoup d’efforts. Elle voulait imiter sainte Thérèse d’Avila, mais elle n’était pas taillée dans le même acier que la réformatrice du Carmel. (La pierre peut se briser plus facilement que l’acier). Elle s’employa pourtant à répondre de toute son âme, de tout son cœur et de toutes ses forces à l’appel de Celui auquel elle avait lié sa vie depuis longtemps.
Au Carmel, ce fut moins la pauvreté ou la chasteté qui lui coûtèrent le plus. Édith avait toujours vécu dans la modestie matérielle – à vrai dire largement compensée dans le monde par le prestige de sa réputation. Quant à la chasteté, elle s’en accommoda d’autant mieux que ses expériences amoureuses l’avaient aguerrie et qu’elle n’avait plus le temps de penser à elle… Disons cependant que le sacrement du pardon qu’elle recevait régulièrement lui fut certainement une aide précieuse. Et ajoutons qu’Édith Stein, toute impressionnable et vibrante qu’elle fût, n’en était pas moins assez équilibrée pour ne pas se préoccuper excessivement de ce qu’une tradition millénaire avait charrié d’images consternantes, aussi noires que grotesques, de la Femme responsable par sa perfidie et sa séduction, de la chute du pauvre Adam.
Mais avec l’obéissance, il en alla tout autrement : Édith y consentit plus difficilement, ce qui ne surprendra personne. Admirons-la d’avoir été capable, par délicatesse à l’égard de ses compagnes qui pour la plupart avaient vingt ans de moins qu’elle et se trouvaient aussi ignorantes de phénoménologie que d’histoire contemporaine – Dieu seul leur suffisant –, de manifester douceur et patience à celles qui ne comprenaient pas qu’on puisse être philosophe et, en même temps, souhaiter vivre dans un carmel.
Édith, quant à elle, obéissait à sa Supérieure qui, je le disais, était sensible et très intuitive. Mais elle n’obéissait pas sans application. L’opuscule qu’elle écrivit un jour sur « une remarquable carmélite » du XIXè siècle, Mère Françoise, est de ce point de vue assez plaisant. En effet, lit-on : « Ce n’était pas un petit sacrifice pour une personne de quarante-six ans qui depuis des années était son propre maître, de redevenir un enfant, d’obéir, de soumettre son propre jugement à celui de ses Supérieures. Elle a plus tard honnêtement déclaré que cela lui avait été pénible : « Il est plus facile de se laisser clouer à la Croix avec le Sauveur que de devenir avec Lui un enfant mineur. » Mais elle y a réussi. »{81} On sourit un peu en lisant ces lignes et pour deux raisons : la première vient de ce que l’on se demande si l’idéal de la vie religieuse consiste vraiment à « devenir un enfant mineur ». (L’injonction de Jésus à ses disciples sur ce point visait l’humilité et n’avait rien à voir avec une quelconque infantilisation). Reste que l’expression prête à confusion. La seconde raison, c’est que la ressemblance est flagrante entre Mère Françoise et Édith ! Elle aussi avoua à une compagne de noviciat combien son « acclimatation lui avait été difficile ». Le noviciat à quarante-deux ans devait être effectivement « dur, très dur ».
Thérèse-Bénédicte de la Croix avait écouté Thérèse de Jésus, son guide et son modèle. Thérèse consacre six chapitres du Chemin de perfection à la pauvreté matérielle et spirituelle, c’est dire l’importance à ses yeux de cette vertu ; et un chapitre à la chasteté, ce qui ne veut pas dire qu’elle fut moins soucieuse de netteté à cet égard, mais peut-être estimait-elle l’exigence de pauvreté plus urgente à son époque dans les couvents eux-mêmes, avant qu’avec Jean de la Croix, elle ne s’occupe de les réformer. Quant à l’obéissance, elle explique très bien au chapitre 10 des Sixièmes Demeures du Château intérieur, qu’elle procède de l’humilité. Se demandant pourquoi le Christ était « si ami de l’humilité », la réponse lui vient alors : « C’est parce que Dieu est la suprême Vérité et que l’humilité n’est rien d’autre que marcher dans la vérité. » Et, au chapitre 2 des Septièmes Demeures, elle écrit que lorsque l’âme est unie à Dieu dans l’oraison de silence et de quiétude, elle est parfaitement libre, puisque c’est Lui qui l’établit dans « une paix » que rien, « ni les fatigues, ni les peines », ne saurait lui ravir.
Édith, sûre que Thérèse d’Avila disait la vérité, comprit que sa soif de vérité et de liberté, son désir de dépouillement, de maîtrise des sens, de fidélité à la Parole de Dieu, ne trouveraient de réponse et d’étanchement que dans la vie contemplative.
La vie contemplative
Le mot « contemplation » fait penser à une émotion devant la beauté, au sentiment de vivre un instant d’éternité, à une expérience à la fois sensitive et spirituelle devant un tableau ou un paysage, ou à l’écoute d’une musique ou d’une voix : expérience que l’esthéticien allemand Worringer compare à une Einfühlung, cette perception intuitive de la réalité des choses. Aussi s’apparente-t-elle à l’expérience mystique, en tant que saisie de Dieu dans la prière d’adoration. À en croire les grands mystiques, donc Édith Stein, celui qui veut vraiment prier doit ménager en lui solitude et silence, et consentir à « durer » dans la lumière obscure de la foi.
« La foi […] est l’obscurité de minuit parce que non seulement l’activité des sens est éliminée, mais aussi le savoir de la raison naturelle. Cependant quand l’âme trouve Dieu, alors commence déjà à poindre dans sa nuit même la lumière de l’aube, celle qui précède le jour nouveau de l’Éternité. »{82}
« Der Glaube […] ist mitternächtliches Dunkel, weil hier nicht nur die Sinnestätigkeit ausgeschltet ist, sondern auch die nicht die natürliche Verstandeserkenntnis. Wenn aber die Seele Gott findet, dann bricht in ihre Nacht gleihsam schon die Morgendämmerung des neuen Tages der Ewgkeit herein. »
J’ai reproduit le texte original d’Édith Stein, parce qu’il évoque mieux que le langage de la phénoménologie – pourtant superbe, avec ses phrases comparables aux périodes cicéroniennes, rythmées à merveille et rehaussées de toutes les figures de l’éloquence : antithèses puissantes, symboles, archétypes, antiphrases… – ce que l’écriture steinienne traduit par le langage de la poésie. Ainsi dans le fragment ci-dessus, dont les images touchent à l’essence du spirituel et dont les sonorités rauques ou assourdies rendent sensible une joie intérieure que rien ne put jamais éteindre, fût-ce au plus ténébreux de la nuit.
Désormais, Édith Stein était prête à entrer dans sa passion.
La passion
La passion d’Édith Sein fut remplie de ténèbres, mais si cruelle qu’elle fût, elle reste le signe d’une charité de compassion – empreinte sur elle de la Charité du Christ – étayée sur une lucidité rare, qui lui permit d’assumer l’histoire de l’Allemagne, de l’Église et du peuple juif.
L’Allemagne
1939. 30 janvier : Hitler annonce l’anéantissement de « la race juive » en Europe. À Echt, Édith Stein apprend le néerlandais en trois mois. (Le carmel d’Echt avait été fondé en 1875 après l’expulsion des religieuses de Cologne durant le Kulturkampf). La sœur d’Édith, Erna, en partance pour New York, écrivait : « J’étais rassurée à l’idée de la savoir à l’abri de Hitler dans son cloître, tout comme ma sœur Rosa qui elle aussi avait trouvé refuge à Echt par l’entremise d’Édith. »
9 juin : Édith rédige son testament. « Dès maintenant, j’accueille avec joie la mort que Dieu m’a destinée en parfaite soumission à sa sainte Volonté. Je prie le Seigneur d’accepter ma vie et ma mort pour sa Gloire et Glorification. […] J’offre ma vie en expiation pour le refus de foi du peuple juif ; pour le salut de l’Allemagne et pour la paix du monde ; enfin pour tous les miens vivants et morts, et pour tous ceux que Dieu m’a donnés ; qu’aucun d’eux ne se perde. »
1940. Mai : Invasion de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark et de la Norvège.
1941. Les Juifs sont astreints à porter l’étoile jaune, en signe d’infamie (et en souvenir du bouclier de David). Les Allemands mettent en place des conseils juifs avec à leur tête des notables comme agents de renseignements contraints, plus ou moins, de s’exécuter.
28 juillet : Frieda, la sœur d’Édith, Paul, son frère, sa femme et leur fille sont déportés au camp de Teresienstadt en Bohème, réservé aux « privilégiés ». Édith et Rosa, sa sœur arrêtée en même temps qu’elle, l’ont su. Ils seront assassinés.
14 septembre : en la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, Édith prononce devant les carmélites une allocution impressionnante. (Nous aurons l’occasion d’en lire quelques fragments).
À l’automne, des informa...
Table des matières
- Copyright
- Page Titre
- Introduction
- I « De commencements en commencements »…
- II Présent du passé, présent du présent, présent du futur
- III « …jusqu’à des commencements qui n’auront plus de fin »
- Conclusion
- Remerciements