L'an 40. La bataille de France
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L'an 40. La bataille de France

Mai 1940 - Juillet 1940

  1. 464 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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L'an 40. La bataille de France

Mai 1940 - Juillet 1940

À propos de ce livre

15 mai 1940. Les chars allemands ont percé à Sedan. Paul Reynaud, président du Conseil, n'a d'autre choix que de se tourner vers son allié britannique, Winston Churchill, pour le supplier d'envoyer du renfort. Au même moment, à Dunkerque, Claudine Vermotte attend désespérément des nouvelles de son mari, au front depuis huit mois. Les réfugiés belges affluent dans la ville – doit-elle faire ses valises elle aussi, pour ne pas subir l'occupation allemande? De tout son coeur, elle espère que les Français vont repousser les panzers allemands à Sedan… Sedan, où se trouve son mari. Le sergent René Vermotte est à bord d'un B1 bis, un char de combat de 32 tonnes d'acier. Dumas, le lieutenant ardéchois, Boissier, le radiotélégraphiste du Sud-Ouest, Mérindol, le jeune pourvoyeur provençal, et Ziegelmeyer le mécanicien originaire d'Alsace, sont ses compagnons de lutte. Enfermés dans le ventre métallique de leur engin, ces cinq hommes incarnent une nation meurtrie par la Première Guerre mondiale, mais prête à se battre encore une fois pour sa survie.Road trip historique, de Sedan à Montpellier en passant par Compiègne et Orléans, La Bataille de France nous fait traverser le pays à bord d'un blindé plus puissant que tout ce que possède alors l'armée allemande. En croisant trois visions de la guerre – celle des gouvernants, des soldats et des civils –, Éric Teyssier signe une fantastique fresque humaine dans laquelle il fait revivre six semaines de combat aussi tragi

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Informations

IV.
L’HEURE DES CHOIX

14 JUIN ‒ 1er JUILLET 1940

LA MEILLEURE TABLE DE BORDEAUX
Samedi 15 juin, 12 h 30.
Bordeaux, restaurant le Chapon fin

Devant le luxueux établissement, un chasseur portant redingote à rotonde et gants blancs se tient à l’entrée du restaurant. Les personnalités en vue du monde politique, du spectacle ou des affaires sont accueillies avec un grand sourire. Les réfugiés mal rasés qui ont l’audace de regarder la carte sont priés d’aller chercher ailleurs leur pitance.
En quelques jours, la population de Bordeaux est passée de 300 000 à 1 million d’habitants. Chaque place de la ville est devenue une véritable cité de voitures transformée en logements. Avant d’échouer là, ces milliers de déplacés ont parcouru des centaines de kilomètres. Épuisés, sans toit et souvent affamés, ils errent dans les rues à la recherche de pain ou de lait pour les enfants.
Les gendarmes tentent bien de filtrer les accès de l’agglomération, mais le flux ne s’arrête pas. La ville est également pleine de militaires de tous grades et de toutes armes, il y a des journalistes, des parlementaires et des ambassadeurs. Depuis plusieurs jours, les ministres complètent le tableau. Ils sont souvent accompagnés de leur maîtresse et ils ont toutes les peines du monde à trouver un logement digne de leur rang.
Le désordre et l’inquiétude règnent. Les députés et les sénateurs sont partagés. Pour la moitié d’entre eux, leurs circonscriptions sont déjà entre les mains de l’ennemi et l’absence de nouvelles accentue leurs incertitudes. Les plus inquiets et les plus combatifs viennent des départements de l’Est. Les Alsaciens et les Lorrains savent bien ce que signifie l’Occupation allemande. En cas de défaite, Hitler ne manquera pas d’annexer à nouveau leurs départements. Sans doute ira-t-il même au-delà des exigences de Bismarck en 1871. Si pour eux, la continuation de la lutte est une évidence, tous leurs collègues ne partagent pas ce point de vue. Sur la route de l’exode, certains ont pu faire un crochet dans leurs circonscriptions. Ils en reviennent paniqués. Le bombardement de leur ville, les cris, les larmes de leurs administrés, tout les pousse à demander l’armistice sans plus attendre. En ce 15 juin 1940, le sort de la France est sur le fil du rasoir. Nul ne peut dire de quoi sera fait l’avenir.
Malgré le chaos ambiant, le Chapon fin s’honore d’accueillir le Tout-Paris en débandade. Les femmes du monde ont pris soin d’emporter leurs bijoux. Elles les arborent fièrement avec de luxueuses toilettes. Les officiers vaincus sans avoir combattu ont accroché toutes leurs médailles. Les diplomates en tenue de gala se confondent en politesses. Les titres volent d’une table à l’autre, Excellence… Monsieur le ministre… Monseigneur… Mon général… Chère comtesse… Paris n’est plus dans Paris, il est au Chapon fin.
Dans cette ambiance de fin de règne, un homme à la cravate blanche et aux cheveux noirs luisants est assis seul à sa table. Ce sénateur vient juste d’arriver de Clermont-Ferrand. Très à gauche avant et après la Première Guerre, il a rompu avec ses collègues socialistes dans les années trente. Malgré cela, il compte beaucoup d’amis qui lui ont permis d’être plusieurs fois ministre et président du Conseil. Fils d’aubergiste, cet ancien avocat a défendu des anarchistes avant de devenir riche et de racheter le château de son village natal en Auvergne. Maintenant, le bougnat a des terres et un journal influent mais l’argent n’est pas son moteur.
Tout en allumant une nouvelle Balto, il observe la salle du coin de l’œil. Son regard s’assombrit lorsqu’Édouard Daladier fait son entrée dans le restaurant.
Ce baron de la République est au bras de la marquise de Crussol. Avec son boa, sa figure chevaline et son grand chapeau, la maîtresse de l’ex-ministre de la Guerre ne passe pas inaperçue. Elle pousse une sorte de hennissement en voyant l’actrice Béatrice Bretty attablée avec son amant Georges Mandel. Froid comme un poisson, le ministre de l’Intérieur demeure impassible. S’il salue à peine Daladier, les deux femmes se mettent à parler assez fort pour être entendues par la moitié de la salle.
‒ Ma chérie, c’est horrible ! Rien n’était prévu à notre arrivée. Heureusement, Édouard a pu obtenir une chambre au Royal Gascogne. C’est à côté de la place des Quinconces, là où résident Reynaud et son horrible comtesse.
Tout en caressant le petit chien assis sur ses genoux, l’actrice veut également témoigner de ses déboires.
‒ Pour nous aussi, c’était effroyable. Georges a voulu s’installer à la préfecture. J’ai dû commander des meubles et des tentures. La décoration de la chambre était hideuse. J’ai entendu dire que la Porte à côté a fait la même chose avec son petit Reynaud.
‒ Oh, la pauvre petite fée doit être débordée de travail avec son lutin…
L’image fait glousser la marquise de Crussol.
‒ On voit bien que l’installation à Bordeaux a été organisée par les militaires. On comprend pourquoi nous en sommes arrivés là où nous sommes…
L’air agacé, Daladier entraîne son amie vers leur table. En passant, le taureau du Vaucluse serre rapidement la main de l’homme à la cravate blanche et au teint olivâtre. Ils se sont souvent affrontés mais le sénateur du Puy-de-Dôme lui sourit de toutes ses dents jaunies par le tabac.
Le cou épais, la lippe boudeuse, le nez fort et les paupières lourdes, il semble mystérieux derrière son regard insistant. Ses choix politiques peuvent paraître élastiques, mais une conviction ne l’a jamais quitté : le pacifisme. Il a toujours eu la guerre en horreur. En 1917, il cherchait déjà une issue à la grande boucherie de 14 en s’opposant à Clemenceau. On l’a considéré comme un traître mais il n’a pas ménagé ses efforts avec les socialistes les plus à gauche… en vain.
Après la Grande Guerre, il a continué à défendre la paix et personne ne discute sa perspicacité. Avant les autres, il a senti venir le danger de l’Allemagne nazie. Ministre des Affaires étrangères en 1935, il a mené une politique très active visant à s’allier à la fois à l’Italie de Mussolini et à l’URSS de Staline. Il a rencontré les deux dictateurs et sa roublardise de paysan auvergnat lui a permis d’établir des contacts prometteurs. Devenu président du Conseil, son gouvernement a été balayé par le Front populaire. Blum et les Anglais ont immédiatement renié son système d’alliance avec Mussolini et Staline.
Du coup, ces deux-là ont fini par s’allier avec Hitler. En 1938, il était favorable aux accords de Munich, comme presque tout le monde. En revanche, lorsque le Parlement a voté la guerre après ¬l’invasion de la Pologne, il était l’un des seuls à s’y opposer. Selon lui, il valait mieux accepter les exigences d’Hitler en lui abandonnant ce bout de Pologne qu’il réclamait. Beaucoup le pensaient tout bas, mais lui a déclaré haut et fort ne pas vouloir mourir pour Dantzig. Il a été critiqué, attaqué, marginalisé et les faits lui donnent raison à présent. Il ne fallait pas faire cette guerre. Il s’y est opposé par principe mais aussi parce que la France n’était pas prête.
Son éternelle cigarette au bec, il sourit encore quand Chautemps vient le saluer.
Comme lui, Chautemps a été plusieurs fois ministre et président du Conseil. Politiquement, c’est un radical-socialiste, un homme de compromis qui peut s’entendre avec tout le monde. À nouveau ministre dans le cabinet de Paul Reynaud, Chautemps gémit en parlant de la situation. Il se lamente sur le sort de l’armée, sur les malheurs des Français jetés par millions sur les routes. Ces images dramatiques lui mettent les larmes aux yeux. Il décrit les pères désespérés devant leur voiture en panne d’essence. Les enfants affamés et surtout… surtout, cette vieille grand-mère…
‒ La pauvre, mon Dieu, la pauvre, elle avait très mal au ventre.
Chautemps a déjà raconté son histoire à dix personnes. Il la racontera encore vingt fois d’ici ce soir. Son interlocuteur l’écoute calmement puis il souffle à voix basse en roulant les r.
‒ Le crime c’est d’avoir déclaré la guerre. Maintenant qu’ils nous ont foutus dans la merde, ils ne savent plus comment s’en tirer. Il ne fallait pas suiv...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Dédicace
  6. I. Le coup de faux
  7. II. Opération Dynamo
  8. III. L’exode
  9. IV. L’heure des choix
  10. Bibliographie