LA SPIRITUALITÉ : MÉDECINE DE L’ÂME QUI PERMET SON PERFECTIONNEMENT
« De même que pour chaque maladie du corps, le remède
se trouve dans le corps, pour chaque maladie de l’âme,
le remède se trouve dans l’âme. »
(Maximes de guidance, 17)
Pour Ostad Elahi, la spiritualité est une science, dans le sens où elle n’échappe pas au principe de causalité, qu’elle repose sur des axiomes fondamentaux (existence de Dieu, de l’âme céleste, des vies successives, etc.) d’un côté et l’expérimentation de l’autre.
Il définit la spiritualité comme une science expérimentale dont le but est d’assurer la santé et le développement harmonieux du soi en maîtrisant les excès de la part terrestre de notre âme. En termes pratiques, cette régulation active se traduit par une recherche expérimentale de l’équilibre éthique dans nos actions les plus quotidiennes.
QUELLE EST LA PLACE DE LA FOI DANS LA SPIRITUALITÉ ABORDÉE COMME UNE SCIENCE ?
Ne croyez pas que la foi n’appartient qu’au domaine spirituel. Même pour aborder l’étude d’une science, il est d’abord nécessaire d’avoir foi en cette science. Si nos scientifiques n’avaient pas cru dans la physique, y compris Einstein, ils n’auraient jamais découvert l’énergie nucléaire. Croire (avoir foi) dans le perfectionnement de l’âme au travers de vies successives nous permet d’aborder la spiritualité de la même façon que les autres sciences expérimentales. D’aucuns rétorqueront qu’il faut d’abord expérimenter la spiritualité et obtenir des résultats concrets pour croire en cette science.
Ce serait comme « faire une expérience de chimie sans en connaître les principes et seulement si elle marche se mettre à étudier la chimie. Dans toute science expérimentale, il y a une marche à suivre : avant d’expérimenter, il faut apprendre les principes de cette science et ensuite pratiquer assidûment » (La spiritualité est une science, p.66).
Barham Elahi, professeur de chirurgie infantile, établit un parallèle intéressant à partir de la pensée de son père : il fait la comparaison entre d’une part la médecine, qui est une science expérimentale universelle et rigoureuse de l’homme et a pour but le bon fonctionnement du corps et du psychisme humains, et d’autre part la médecine de l’âme qu’est la spiritualité, donc une science expérimentale également, qui a pour but le bon fonctionnement de l’âme.
Comme il l’écrit dans son livre Médecine de l’âme :
« Pour soigner un trouble fonctionnel de l’organisme physique, on fait appel à un médecin, pour l’organisme spirituel aussi ; il faut d’abord en faire le diagnostic, ce qui requiert de connaître les symptômes et de savoir les interpréter correctement ; puis il faut trouver la thérapeutique adaptée. »
Comme la médecine, la spiritualité est une science expérimentale. C’est donc par la pratique que l’on apprend. On peut faire l’analogie avec le jeune médecin qui, confronté pour la première fois à des douleurs abdominales diffuses, a du mal à faire son diagnostic d’appendicite. Au bout de quelques années de pratique, il la distinguera au premier examen. Comme lui, l’homme doit acquérir la connaissance par sa propre expérience, la lecture de livres aussi savants soient-ils ne remplace pas l’expérience. La difficulté réside dans le fait que l’homme est à la fois le médecin et le malade. Tant que l’on n’a pas fait l’expérience de la colère ou de la jalousie, que l’on n’en a pas mis à jour les signes pathologiques, il est difficile de faire un diagnostic et de prescrire un traitement. Il faut s’observer attentivement et quotidiennement pour reconnaître les symptômes de ces deux sentiments. Le regard porté sur les autres est également un bon exercice. À force de reconnaître tous ces symptômes, on peut en tirer des lois causales et trouver les remèdes.
Il y a deux grands moments dans le travail du médecin :
‒ le diagnostic : il interroge le patient sur ses symptômes et tente de déterminer en présence de quelle maladie il se trouve, et au besoin, il prescrit des examens complémentaires (analyses, IRM) pour confirmation ;
‒ la thérapeutique adaptée : le médecin élabore une stratégie adéquate pour soulager les symptômes puis guérir le malade. Le dernier stade consiste à développer les défenses immunitaires pour se préserver de nouvelles maladies.
COMMENT POSER UN DIAGNOSTIC EN MÉDECINE DE L’ÂME : SIGNES ET SYMPTÔMES
Gardons à l’esprit que nos points faibles caractériels viennent d’un déséquilibre entre part terrestre et part céleste de l’âme. Si un élément caractériel est en excès ou en manque, cela conduit à une maladie telle que l’orgueil, la jalousie, la médisance, la colère, la veulerie, la paresse, etc.
Si l’on ressent de la colère ou de la concupiscence, c’est notre part terrestre qui est en déséquilibre. Grâce à notre raison ‒ notre part céleste ‒ on va tenter de rééquilibrer la part terrestre.
‒ la colère : si sous l’action de la raison elle nous permet de défendre nos droits, elle est juste, comme Jésus chassant les marchands du Temple. Sans cette faculté, nous serions sans énergie et à la merci de tous. Elle est nécessaire à notre intégrité. En excès, elle s’avère nuisible pour nous, comme pour les autres, et peut même nous faire perdre la raison. Ne dit-on pas « fou de colère » ?
‒ la concupiscence : l’envie est un moteur qui peut nous faire avancer socialement et/ou professionnellement. En excès, elle nous pousse à jalouser les autres et même à leur « marcher sur la tête » pour arriver à nos fins.
La combinaison des deux entraîne la jalousie qui peut devenir maladive.
Il faut avoir à l’esprit que tous nos « défauts » sont des facultés nécessaires à notre survie. Ce n’est que l’excès ou le manque, le déséquilibre, qui est néfaste et conduit notre ego à mener notre vie. Notre but sur terre est de résoudre « nos points faibles caractériels » pour atteindre notre humanité véritable.
La différence essentielle entre le corps et l’âme est que le corps tend toujours à se remettre en équilibre (homéostasie), mais si les mécanismes de régulation sont dépassés, alors la maladie survient. Pour l’âme, le déséquilibre permanent entre part terrestre et part céleste nécessite qu’un travail quotidien soit effectué pour éviter d’aller jusqu’à la maladie. Ce qui n’est pas simple, c’est que nous sommes à la fois le patient et le médecin : le travail (diagnostic et thérapie) porte sur nous-même et non sur les autres !
« Si nous voulons nous rapprocher de Dieu et parcourir le chemin du perfectionnement et de la foi, nous devons fermer les yeux sur les défauts des autres et les ouvrir sur nos propres défauts. Voyons ce que nous aimons et comment nous voulons que les autres se conduisent avec nous et faisons la même chose pour eux. À l’inverse, ne faisons pas à autrui ce que nous n’aimerions pas qu’il nous fasse. Par exemple, nous n’aimons pas qu’on nous scrute dans les moindres détails, qu’on dise du mal de nous derrière notre dos ou qu’on cherche nos défauts, alors… » (Paroles de Vérité, 75)
LES SIGNES CLINIQUES À RECHERCHER
La crise d’appendicite tout comme la crise de jalousie nous parlent de nos déséquilibres. Dans un cas, c’est notre corps qui envoie des signaux, dans l’autre c’est notre âme. Ces signaux sont les mêmes quels que soient les personnes et les pays. Repérer les symptômes fonctionnels, ce dont le patient se plaint, les symptômes physiques, ce que le médecin voit, et pratiquer des examens complémentaires si nécessaire, telle est la méthode.
‒ symptômes fonctionnels : ce que le patient ressent. C’est notre conscience morale qui tire le signal d’alarme. Prenons un...