Richelieu
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La puissance de gouverner

  1. 128 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Richelieu

La puissance de gouverner

À propos de ce livre

A l'heure où notre système démocratique semble avoir perdu la maîtrise de lui-même et s'interroge sur le sens même du pouvoir, Richelieu, homme d'Eglise et d'Etat, nous instruit sur l'origine et la signification de l'aventure politique française.

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VI
Le « système » de Richelieu
à l’épreuve de la durée :
la monarchie absolue

Paradoxalement, le système du cardinal subit sa première épreuve avec la monarchie absolue. La force de Richelieu tenait à une étrange fusion de l’institutionnalisation et de l’imagination – toujours cette « poudre philosophale » de la royauté. Dans La Campagne avec Thucydide (1922), Albert Thibaudet le dit avec force : « On n’est un homme d’action que si on imagine, de même qu’on n’est un homme d’amour que si on cristallise. Sans imagination, sans cristallisation, il n’y a que le spécialiste borné et l’animal reproducteur. Mais dans les deux ordres, l’imagination et la cristallisation, si elles sont seules, se dissipent en la même fumée.1 » La politique selon Richelieu est à la fois action et passion ; il lui faut à la fois imagination et cristallisation, renouvellement constant d’énergie et d’inspiration, et capacité d’institutionnalisation. Aussi le miracle est-il difficile à reproduire.

Renouveler le miracle ?

Lorsque, après la mort de Louis XIII (mai 1643), qui suit de peu celle de Richelieu (décembre 1642), le Parlement de Paris décide de casser le testament du roi et de rendre à Anne d’Autriche le pouvoir de former le Conseil de régence selon sa volonté, le magistrat Omer Talon justifie, à sa manière, cette décision par une certaine fidélité à l’héritage politique de Richelieu : le partage du pouvoir de la régence, envisagé initialement par Louis XIII, n’est pas souhaitable, « parce que, dit-il, de cette division naissent les factions et les partis ». En prétendant, par méfiance envers la reine, fixer avant sa mort et au-delà de sa propre tombe le fonctionnement même de sa succession, Louis XIII a fait preuve d’irréalisme. Mais Mazarin, héritier désigné de l’homme rouge, veille, et entreprend déjà de placer son action politique sous le signe de son illustre prédécesseur. C’est lui qui, en 1648, favorise la publication du Journal de Richelieu, première esquisse de ces Mémoires qui ne paraîtront dans leur totalité qu’au début du XIXe siècle. C’est encore à son initiative, semble-t-il, que paraît, dès 1644 une apologie anonyme de Richelieu intitulée Le Politique très-chrétien ou discours politiques sur les actions principales de la vie de feu Monseigneur l’Éminentissime Cardinal duc de Richelieu. Écrit par un juif espagnol converti au catholicisme, Dom Emmanuel Fernandez de Villaréal, et orné en sa première page d’un frontispice représentant Richelieu sous la devise « Semper Idem », l’ouvrage est dédié à Mazarin, décrit comme le disciple et même « l’imitateur et l’image tout ensemble ». Très ouvertement hostile au parti espagnol, l’auteur exalte la figure posthume de l’homme rouge, concluant de manière très prosaïque qu’un homme de cette dimension ne peut apparaître qu’au prix d’un travail de plusieurs siècles et qu’un « Phénix de la France ne saurait renaître tous les jours, si ce n’est dans le souvenir et dans la vie des personnes qui l’imitent »… Et « quand un Prince perd un fidèle ministre, par une fatalité ordinaire, il ne doit pas changer ses desseins quand il les trouve avantageux pour son service ». Dans le cas contraire, les ennemis « tâchent de brouiller l’État par l’État même ». Louis le Juste a donc raison de faire « subsister encore Richelieu dans l’illustre Mazarin et les autres personnes qui étaient chéries et estimées d’un si grand ministre ». Sur le même ton, le privilège du roi pour la publication du Traité de la perfection du chrétien, en 1646, exprimera le vœu que « ce Royaume qui a ressenti pendant la vie de notre dit Cousin tant d’effets de ses salutaires conseils, profite encore après sa mort de ses pieuses et savantes instructions ».
Mais comment faire vivre durablement, et non seulement prolonger à travers un autre cette énergie politique qui habitait le cardinal ? Comment pérenniser son « système », autrement qu’en commentant et rappelant sans relâche ses principes ? Il est vrai que dans les efforts démesurés que Mazarin doit dépenser pour maintenir l’unité du royaume pendant les épreuves de la Fronde et de la guerre européenne, l’ombre de Richelieu fait figure de secours autant que de repoussoir. C’est comme si, avec la mort du cardinal, suivie de peu de celle de Louis XIII, un ressort s’était détendu. L’une des plumes favorites de Richelieu, Jean de Silhon – auteur d’un traité, Le ministre d’État, plusieurs fois augmenté et remanié, et qui fait un portrait du ministre idéal ressemblant trait pour trait à Richelieu – s’efforcera de mettre ses raisonnements au service de Mazarin. À cet égard, il publie en 1651 à l’Imprimerie royale la première partie d’un curieux traité qui semble être resté sans suite, et dont le titre relève presque de l’euphémisme : Éclaircissement de quelques difficultés touchant l’administration du cardinal Mazarin. « Mon dessein, écrit-il, n’est pas de rallumer ici, ce qui ne devait jamais avoir brûlé ; ni de rebrouiller les Esprits, dont la désunion et le malentendu ont ouvert cette large source de maux qui a inondé ce royaume. » Au contraire : son espoir est « de voir revenir dans l’État cette bonne intelligence et cette mutuelle conspiration des membres, sans lesquelles il est nécessaire que le Corps Politique tombe, et avec lesquelles il est malaisé qu’il ne s’augmente ou ne se maintienne ». Mais il ne s’agit pas d’une pure fiction mimétique. Curieusement, la démarche habituellement appliquée à Richelieu est inversée. Les imperfections de son successeur Mazarin ne sont ni niées, ni ignorées. Elles sont simplement relativisées. Là encore, il est rappelé que des hommes comme Richelieu ne sont pas pour toutes les époques. Et il est rappelé aussi que les règnes qui ont précédé celui de Louis XIII n’ont pas été exempts d’erreurs ni de faux pas. Seule ressort l’idée maîtresse selon laquelle les ennemis de l’État tirent leur puissance des divisions du pouvoir. La division est « mère de la faiblesse ». L’exigence de clarté doit l’emporter sur ce qui « brouille » les esprits, « brouille » encore l’État avec lui-même. C’est avant tout par son ingéniosité diplomatique que Mazarin réussit, en définitive, à maintenir le rang de la France en Europe et la bonne entente au sein de la maison royale. Mais s’il y parvient, c’est aussi grâce à la force des principes posés par son prédécesseur.

L’héritage trahi ?

On mesure vite, pourtant, à quel point Louis XIV, en dépit de cette présence encore si proche, presque palpable du grand cardinal – et des efforts de propagande dédiés à sa gloire par Mazarin lui-même pour asseoir son propre pouvoir –, s’écarte vite de cette pratique dès sa majorité, pour exercer le pouvoir de manière plus solitaire. Dans les Mémoires pour l’instruction du Dauphin, il ne cite jamais Richelieu et semble obéir à une conception plus narcissique de sa propre autorité. Aussi n’est-il plus question de brandir l’icône omniprésente et exaspérante du grand cardinal. D’ailleurs, ce dernier ne survit-il pas à travers l’œuvre d’institutionnalisation reprise et développée par son disciple Colbert, à qui le Roi-Soleil, précisément pour cette raison, n’épargne pas ses sarcasmes ? Louis XIV, avant de songer à instruire son fils, a d’abord voulu élever un monument à sa propre gloire. « La France, écrit Charles Dreyss, éditeur de la bonne version des Mémoires, pour lui est tout entière dans un homme : les princes du sang, les ministres, les classes privilégiées, les gens d’Église même sont, comme les plus humbles sujets, à la merci du souverain. Obéir, et servir de sa personne et de ses biens, voilà le principe pour tous.2 » Les Français ne sont plus ces êtres de chair au « réalisme substantiel et charnu » (Albert Thibaudet), ce sont des sujets voués à la seule obéissance. Une expression revient : « Toute la terre en inquiétude ». Certes, la notion d’intérêt supérieur est constamment présente à l’esprit du grand roi, qui a eu en Mazarin le meilleur des précepteurs, mais elle s’identifie à une glorification de sa personne et de son pouvoir propre qui nous éloigne de Louis XIII. L’abandon du système combinant le pouvoir du souverain et celui du « principal ministre » n’y est pas étranger. La distinction de Campanella se retrouve ici tout entière : le gouvernement par les coups d’État, selon les vertus de la « bonne » raison d’État, n’est en vérité pas celui de l’absolutisme, version plus extrême, plus systémique, plus frontale de la raison d’État3.
Toutefois, le développement considérable de l’administration pendant toute la durée du règne est bien une autre façon de pérenniser l’héritage politique du cardinal. De politique, la puissance de gouverner devient de plus en plus administrative. Une tradition existe et demeure, perpétuée par Colbert, Louvois et toute une génération de grands commis fascinés par l’entreprise de Richelieu. Elle poursuit son cycle de vie, selon une mécanique entretenue par les hommes. La contestation philosophique ne s’y trompera pas. Dans la fureur persistante avec laquelle Voltaire, des décennies après sa première publication, s’est acharné à contester l’authenticité du Testament politique, il faut déceler, en réalité, la sourde réprobation d’une pratique du pouvoir qui place l’autorité royale, ses relais et les « intérêts publics », au-dessus de tout. Dans cette optique, les « lits de justice » et autres « Grands Jours » seront autant de « coups d’État » destinés à réaffirmer une prééminence de plus en plus contestée, pour des raisons et selon des voies différentes, par l’aristocratie, les parlements, les philosophes.
Mais un ressort est néanmoins brisé, après un « coup de majesté » qui s’avère, celui-là, destructeur : la Révocation de l’édit de Nantes, en 1685. Louis XIV suit les conseils d’une partie de son entourage et décide de rétablir par la force l’unité religieuse du royaume, sans comprendre qu’en agissant ainsi, il condamne à terme son unité politique. Richelieu avait compris que l’ordre du politique, dans le respect de l’ordre du divin, devait admettre la diversité religieuse pour préserver l’unité de l’État. Louis XIV, trompé par l’obsession de son propre pouvoir, mais conforté aussi par l’effet stabilisateur de la puissance administrative que ses ministres ont bâtie, semble oublier cette leçon décisive. Il résout à sa manière la contradiction que décrit Jörg Wollenberg : « Si le pouvoir d’État est défini comme issu de la puissance divine, l’unité de l’État ne peut être assurée et le Roi de France et son “principal ministre” ne peuvent accomplir leur devoir que s’ils rétablissent l’unité catholique du royaume.4 »
La Révocation, avec tout son train de violences aux personnes et de conversions forcées, va contribuer à libérer des mouvements puissants qui détruisent peu à peu l’unité du royaume : désunion politique, ralentissement économique et affaiblissement social provoqués par l’exil de « ceux de la religion prétendument réformée », émergence de la philosophie des Lumières qui inscrit le principe de tolérance dans l’opposition à la monarchie alors que Richelieu avait voulu en faire l’un de ses soutiens… Tous les efforts de Bossuet, grand théologien mais aussi esprit politique, viseront à soutenir cet élan nouveau demandé à l’Église catholique – être le seul principe d’unité et « le gardien de l’ordre établi ». D’autant que les menaces vont venir du sein même du catholicisme. Du jansénisme, en premier lieu, dont les premiers développements en France sont contemporains de la guerre de Trente Ans et s’inscrivent directement dans l’opposition à la politique de Richelieu. La doctrine proprement dite de l’évêque d’Ypres, Cornelius Jansenius, est moins en cause que ses dérivés politiques et sociaux qui vont inquiéter la monarchie pendant plusieurs décennies. L’affirmation du rôle prépondérant de la grâce, la revendication des droits de la conscience contre l’autorité semblent rejoindre les effets déstabilisateurs de la réforme protestante. La menace est peut-être même plus sournoise, comme le soulignera plus tard Joseph de Maistre : « Le jansénisme s’y est pris autrement ; il nie d’être séparé ; il composera même, si l’on veut, des livres sur l’unité dont il démontrera l’indispensable nécessité. Il soutient, sans rougir ni trembler, qu’il est membre de cette Église qui l’anathémise.5 »
Dans le droit fil du jansénisme – qui ne désarmera jamais et se retrouvera au cœur de l’agitation parlementaire sous Louis XV –, le « quiétisme », au couchant du règne du grand roi, est perçu, lui aussi, comme une menace directe contre la royauté, en raison de l’enseignement même qu’il porte : au-delà de la relation directe avec Dieu dans un état de bienheureux abandon, affleure l’enseignement d’une certaine passivité et d’un individualisme social identifiés à la vertu. Menace plus limitée dans le temps et dans la société, plus diffuse aussi, que le jansénisme, le quiétisme est une sorte de catharisme mondain qui insinue immobilisme et résignation dans les esprits et les comportements, et contre lequel il faut déchaîner non seulement les argumentaires de Bossuet, mais aussi l’humour ravageur du vieux La Bruyère6.

Filiations

C’est un grand serviteur de l’État, Vauban, qui, le premier, fait le clair constat de la dérive subie par la monarchie et reprend des raisonnements qui s’inscrivent dans le système de Richelieu. Maréchal de France, ingénieur, architecte, il n’est pourtant ni un théologien, ni un intellectuel. Mais il rejoint l’esprit organisé du cardinal par d’autres voies, qui sont celles du dessin et de la géométrie. Vauban édifie un système de défense militaire qui doit aller de pair, dans son esprit, avec le développement d’une puissance administrative et fiscale moderne. C’est la raison pour laquelle cet esprit simple et déterminé, qui a beaucoup lu, vu et réfléchi, consacre les dernières années de son existence à rédiger une quantité de traités, d’études et de mémoires sur des sujets très variés : économiques, politiques, sociaux, religieux, militaires… Ces textes, que Vauban rassemble sous le titre d’Oisivetés, et qui sont exclusivement destinés à la lecture du roi et de ceux qui l’entourent, reprennent l’image du corps politique du royaume qui, à l’image du corps humain, doit être irrigué par une organisation administrative et militaire structurée, harmonieuse, efficace. C’est dans cet esprit qu’il rédige, remanie, puis adresse à Louis XIV – sans succès – ce grand projet de réforme fiscale du royaume qu’il intitule « Projet de dîme royale ». Imprimé en 1707, à quelques dizaines d’exemplaires, afin d’être distribué aux élites dirigeantes du royaume, il est saisi sur ordre du roi. Vauban meurt peu après dans la déception et le chagrin, mais sa « Dîme royale » n’en sera pas moins plusieurs fois réimprimée l’année même et diffusée à travers l’Europe à plusieurs milliers d’exemplaires. Contrairement à ce que l’on croit souvent, il ne s’agit nullement d’un ouvrage dirigé contre la monarchie, mais d’un système de réforme destiné au contraire à en renforcer les assises, dans la plus pure tradition de Richelieu. En effet, l’idée, dominante, de l’unité nécessaire du pouvoir se retrouve dans le raisonnement de Vauban. La vision politique de Richelieu était structurée par le mystère de la Trinité et le sacrement de l’Eucharistie, qui traçaient l’un et l’autre l’étendue et les limites de l’énergie créatrice de pouvoir. La vision politique de Vauban, plus prosaïque mais tout aussi efficace, est structurée par l’approche de l’architecte et par l’esprit de géométrie. Pour Vauban, la réforme administrative doit obéir à des vues globales. Ainsi, l’unité de l’impôt est la condition même de son efficacité, si l’on entend garantir au roi des revenus réguliers et stables et éviter que le peuple ne soit trop surchargé en proportionnant bien les ressources aux besoins : « Il est certain que le Roy est le Chef Politique de l’État, comme la Tête l’est du Corps humain […]. Or il n’est pas possible que le Corps humain puisse souffrir lésion en ses membres, sans que la tête en souffre. » Avec son projet de réforme fiscale, Vauban propose de faire franchir un pas nouveau à la monarchie dans le domaine de l’uniformisation et de l’institutionnalisation. C’est au nom du même principe – et dans une filiation tout à fait claire, là encore, avec Richelieu – que dès 1689, dans un Mémoire pour le rappel des huguenots, il préconise une nouvelle politique envers les protestants. Le « parti » protestant n’existe plus : il faut donc abandonner la vaine pratique des conversions forcées, réintégrer les réformés dans la communauté nationale au lieu de les exclure, et rétablir ainsi l’unité du royaume.
Vauban n’est pas écouté. Le thème de la réforme administrative n’en demeure pas moins présent pendant toute l’histoire du XVIIIe siècle. Mais à aucun moment – sauf peut-être lors des réformes Maupeou, qui tentent une révolution « par le haut » contre les compagnies d’officiers – la volonté royale ne relaie pas avec suffisamment de constance et de volonté les innombrables projets élaborés par les soutiens intellectuels et administratifs de la monarchie. La grande et puissante administration qui s’est déve...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Exergue
  6. Introduction : Du pouvoir comme sacerdoce
  7. I. L’aspiration française à l’unité
  8. II. La politique éclairée par la controverse
  9. III. Loi de Dieu, loi du Prince : du bon usage de l’imperfection humaine
  10. IV. Le « système » du cardinal de Richelieu
  11. V. Quand l’excès du droit sauve le droit
  12. VI. Le « système » de Richelieu à l’épreuve de la durée : la monarchie absolue
  13. VII. L’âge démocratique : à la recherche du pouvoir
  14. Conclusion : « Réparer le désordre du monde »
  15. Table des matières
  16. Titre parus dans la même collection