Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus !
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Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus !

  1. 288 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus !

À propos de ce livre

Qu'est-ce qu'être féministe aujourd'hui? Les inégalités entre les hommes et les femmes sont-elles résolues? L'arrivée des générations Y et Z annonce peut-être une évolution sensible des mentalités. Nourri des références culturelles de ces dix dernières années, cet ouvrage dresse l'état des lieux et présente une radiographie complète et détaillée d'une société que l'on espère en pleine mutation.

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Informations

CHAPITRE 1

COSTUME DE PRINCESSE
VS
COSTUME D’ASTRONAUTE

Petite, j’avais une quinzaine de poupées Barbie que je partageais avec ma sœur et avec lesquelles nous jouions assez régulièrement. Je me souviens d’ailleurs que deux d’entre elles avaient même appartenu à ma mère, lorsqu’elle était enfant. Nous avions aussi notre robe de princesse bleu ciel. À l’époque, ma couleur préférée était le rose fluo. Et mon rêve absolu était d’obtenir l’attirail de la vendeuse que possédait ma copine Chloé et qui me fascinait : la balance, les fruits en plastique, la caisse enregistreuse. Chloé avait aussi une trousse de maquillage. Et nous passions des après-midi à nous maquiller et nous coiffer, pour un résultat plutôt raté… Mon petit frère, lui, a eu droit aux petites voitures, au garage, et au jeu de construction Kapla (à base de planchettes de pin des Landes). Très jeune, il multipliait les tours les plus hautes possibles. Dans notre fratrie, les jouets étaient finalement très banals. Quelle petite fille n’a jamais joué aux poupées ? Et quel petit garçon n’a jamais fait rouler ses petites voitures sur le parquet ? L’enfance est un moment crucial dans l’épanouissement d’un individu. Quel lien peut-on établir entre nos jeunes années et l’égalité femmes/hommes ? Si la question de l’éducation est devenue sensible avec les polémiques sur la théorie du genre2, elle n’en est pas moins fondamentale.
Des scientifiques américains3 ont tenté de comprendre comment un bébé était perçu par des adultes. Ils ont donc testé les réactions d’un groupe d’étudiants en médecine. Dans un premier temps, ils ont montré à ce groupe la photo d’un nourrisson en train de crier la bouche ouverte. Ils ont aussi donné comme information supplémentaire le sexe de l’enfant, un garçon. À la question : « Qu’est-ce que vous voyez ? », les étudiants hommes et femmes ont répondu : « Il est en colère. » Dans un deuxième temps, les scientifiques ont montré cette même photo à un autre groupe, en disant cette fois que le bébé était une fille. À la question : « Que voyez-vous ? », les réponses ont été différentes : « Elle a de la peine. Elle est triste », ont-ils expliqué. Sur une même photo, les deux groupes ont eu deux réactions différentes en fonction du sexe de l’enfant. Aux filles, on attribuait de la tristesse et aux garçons de la colère, et ce de manière intuitive. Ce qu’il faut conclure de cette recherche, c’est que consciemment ou pas, nous reproduisons des stéréotypes que l’on finit par croire naturels. Aujourd’hui, force est de constater que nous n’élevons pas les filles et les garçons de la même façon. Ils ne jouent pas non plus avec les mêmes jeux. Quelles conséquences cela a-t-il sur nous, sur notre rapport à l’égalité ?
ROSE POUR LES FILLES, BLEU POUR LES GARÇONS
Dans son documentaire La domination masculine, le réalisateur Patric Jean filme toute une séquence dans un grand magasin. Pendant quelques minutes, il expose sous l’œil de sa caméra, tour à tour, les jouets des garçons et des filles : d’un côté, les poupées, qui parlent pour dire qu’elles sentent bon, et de l’autre les jeux de guerre bruyants et les déguisements de héros. Chargé de décrire toutes les habitudes d’achats de ses clients, le vendeur sert de cobaye. « Cuisine, c’est spécialement pour les filles, dans le but que l’enfant puisse imiter maman, ce qu’elle fait toute la journée. Jamais on n’a vendu ça pour un petit garçon », explique-t-il. « Là, vous avez une petite balayette, ajoute-t-il. Chez les garçons, il y a les héros, l’espace, la police, les cowboys. Chez les filles, ça reste toujours principalement des princesses. Vu que c’est des princesses, elles n’ont pas de pouvoir particulier. Elles se prennent juste pour la plus belle et elles sont très contentes avec ça. » En bref, là aussi, les petites filles doivent être jolies et toujours sourire. En revanche, les petits garçons ont d’autres missions plus importantes, comme se battre ou mieux encore, sauver le monde.
Si cette vision manichéenne a un certain succès, elle est loin de satisfaire tous les enfants. Riley, 4 ans, en sait quelque chose. En septembre 2012, une vidéo devenait virale sur YouTube, visionnée plus de quatre millions de fois et reprise notamment par la très sérieuse chaîne d’info américaine CNN. Filmée par son père dans un grand magasin, elle s’énervait de ne trouver que du rose pour les filles ou du bleu pour les garçons. « Des filles peuvent aimer s’habiller en princesse, mais elles peuvent aussi aimer se déguiser en super-héros. », expliquait-elle, un tantinet énervée. En moins d’une minute, elle avait résumé toute l’absurdité de la stratégie marketing qui impose ces couleurs. Avec une revendication simple : l’idée d’avoir le choix, ouvrir l’opportunité des possibles. « On peut aimer d’autres couleurs », insistait-elle.
Mais est-ce vraiment possible pour un enfant d’échapper aux jeux standardisés et aux incontournables rose et bleu ? Sarah, 32 ans, médecin, adore le bleu. Et sa fille de deux ans porte toutes les couleurs. « C’est vrai qu’en regardant sa garde-robe, il y a forcément beaucoup de rose, concède-t-elle. Lorsque Léa choisit ses habits le matin, elle s’oriente aussi de plus en plus vers cette couleur. » Pour son anniversaire, ses cadeaux étaient loin d’être stéréotypés avec des petits trains, une valise et une mallette de docteur pour faire comme maman. Mais il reste difficile d’échapper à ces jouets « clichés ». En décembre 2013, Astrid Leray, fondatrice du cabinet de conseil pour l’égalité Trezego, a décidé d’étudier les catalogues des magasins de jouets, sensibilisés récemment sur les questions filles/garçons. « Je cherchais à savoir si des progrès avaient été faits. En apparence, on pouvait avoir ce sentiment. Mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. En étudiant le tout avec attention, le résultat est dramatique, constate-t-elle. Pratiquement tous les catalogues proposent les mêmes jeux. Sur les photos, les filles sont moins nombreuses et systématiquement représentées dans une position passive. Elles ont toujours les cheveux longs et le sourire aux lèvres ! » Dans son étude, un catalogue tirait pourtant son épingle du jeu : celui de Nature & Découvertes, pour une simple et bonne raison : presque aucun enfant n’y est représenté. « La palme du pire va surtout aux catalogues de grandes surfaces où tout est très exagéré », confirme-t-elle. Heureusement, une autre grande enseigne, les magasins U, ont proposé un catalogue où l’on peut voir des filles et des garçons jouer ensemble à la poupée ou faire du bricolage. Un catalogue jugé dangereux, « subversif pour l’extrême droite », dénonce la blogueuse Dominique Bochel, qui a répertorié les réactions des détracteurs des magasins U. Ces derniers ont en effet accusé l’enseigne de « manipulation ». Pourtant, cette initiative fait figure d’exception. Les Kinder Surprise, célèbre friandise, devraient aussi bientôt avoir leurs gammes filles/garçons en rose et bleu. Ces objets « marquetés » n’échappent pas aux critiques. Dans un clip diffusé sur NBC et sur YouTube (avec plus de 3,5 millions de vues), l’humoriste et présentatrice à succès américaine Ellen DeGeneres se moquait de la marque Bic, qui a commercialisé des stylos « pour femmes, en rose et en violet ». Cette dernière a ainsi pris le contre-pied, en se mettant en scène dans une fausse publicité diffusée dans son émission. Elle y reprend tous les clichés associés aux femmes comme les « sautes d’humeur dues aux règles ». Avec ironie, elle explique à une jeune fille qui reçoit son premier stylo : « Tu pourras t’en servir pour dire ce que tu penses et ensuite jeter ce que tu as écrit. Personne ne s’intéresse à ce que pense une femme. » Au lieu de ça, elle lui conseille « de l’utiliser pour faire sa liste de courses ». En effet, même contestés, le rose et le bleu sont devenus de vraies obsessions. D’où viennent donc ces couleurs attribuées à chaque sexe ? Qui encourage ce phénomène ? Pour Anne Dafflon Novelle, docteur en psychologie sociale, il s’agit de « la société de consommation » et la recherche de plus grands bénéfices pour les entreprises. « De plus en plus d’objets sont devenus sexués en apparence. Au traditionnel vélo rouge, on trouve aujourd’hui les vélos Barbie, bref, des roses pour les filles, et bleus ou noirs pour les garçons. Ainsi, dans une famille composée d’une sœur et d’un frère, on en achètera deux distincts. Car le garçon ne prendra pas celui des filles et inversement », remarque-t-elle. Qui dit plus de vélos dit plus de ventes et de bénéfices pour des entreprises qui ont tout intérêt à proposer des objets pour l’un ou l’autre sexe. L’objectif des entreprises est de capitaliser sur ces couleurs dites féminines et masculines, sur ces différences qui ne servent qu’à faire exploser les bénéfices.
Ces entreprises s’appuient sur une idée fausse : ces couleurs sont censées être les symboles absolus des sexes. En réalité, elles ne sont pas éternelles et immuables. Elles caractérisent une époque. « Au XIXe siècle, les enfants étaient tous habillés en blanc, portaient des robes et les cheveux longs. Aujourd’hui, ce serait impensable, rappelle Anne Dafflon Novelle. On a ensuite ajouté des rubans de couleur aux enfants. Mais le rouge délavé, symbole de la guerre, de la violence, des valeurs “dites masculines”, était donné aux garçons. Le bleu, couleur de la Vierge, était attribué pour les filles. Puis il y a une centaine d’années, la tendance s’est inversée avec le bleu pour les garçons qui méritaient d’être protégés par la Vierge et le rose pour les filles. »
UNE LITTÉRATURE ENFANTINE ARCHAÏQUE
Les jouets et les couleurs ne sont pas les seuls vecteurs de stéréotypes. La littérature enfantine joue aussi un rôle dans la transmission des idées reçues. Lorsque Raphaëlla décida de poser des étagères dans la chambre de Manon, sa fille de trois ans, cette dernière fut très étonnée. « C’est toi maman qui vas bricoler ? lui demanda-t-elle. Personne d’autre ne va venir le faire ? » Par cette simple question, elle sous-entendait que le bricolage, c’était une affaire de papas. La faute à qui ? Difficile de le dire précisément, mais difficile aussi de passer à côté d’une certaine littérature enfantine. « En lisant Tchoupi, j’ai été un peu sidérée par les clichés et le modèle de famille hyper conservateur et pas du tout représentatif de la société d’aujourd’hui avec le papa qui travaille, bricole et prend toutes les décisions. Et la maman qui quitte difficilement sa robe de chambre », remarque Raphaëlla. On se croirait presque dans un épisode de Ma sorcière bien-aimée, les super-pouvoirs en moins pour la mère au foyer parfaite. « Ce qui est caractéristique de la littérature enfantine, c’est cette inadéquation avec la réalité dans la représentation des hommes et des femmes. Actuellement, si la plupart des femmes ont une profession, cela ne ressort absolument pas dans les livres pour enfants. Et si elles travaillent, c’est toujours dans certains domaines comme l’éducation, la vente ou le domaine de l’esthétique, confirme Anne Dafflon Novelle. Mais dès que les femmes ont des enfants, elles n’ont pas de profession. Elles sont mamans à plein temps. » Une chose étonnante, cette représentation n’évolue pas. « Manon a aussi mis du temps à comprendre que je travaillais. Le matin, elle était beaucoup plus rapide pour se préparer avec son papa, dont je suis séparée. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, avec moi, les matins étaient si compliqués, elle m’a répondu : “Parce que papa travaille”, mais moi aussi ! Et j’ai dû lui expliquer ! » En 2014, une partie de la littérature destinée aux enfants ressemble parfois à s’y méprendre à celle en vigueur dans les années 50. « C’est assez frappant ce modèle passéiste », s’étonne Anne Dafflon Novelle. « Ce qui est agaçant, c’est que ce genre de livre, Tchoupi ou encore Petit Ours Brun, fait partie des moins chers et de ceux qu’on trouve très facilement, notamment à la crèche ou au supermarché, remarque Raphaëlla. On n’y montre aucune famille séparée, ou alors ce n’est arrivé que dans des conditions tragiques. Et même, parfois, lorsqu’ils évoquent le sujet, ces livres n’échappent pas non plus aux stéréotypes puisqu’on comprend en lisant entre les lignes que papa a quitté maman pour une nouvelle amoureuse et que maman est seule mais heureuse. Une morale plus que contestable. » Et bien sûr, on ne parle pas des familles homoparentales. En février 2014, la polémique autour de la soi-disant « théorie du genre » a aussi révélé les pressions que pouvaient subir les auteurs et les éditeurs de presse enfantine quand ceux-ci présentaient des histoires différentes à la littérature enfantine classique. « Si on devait les écouter, il n’y aurait plus aucune création, explique Sylvie Gracia, éditrice aux éditions du Rouergue. La littérature enfantine devrait répondre à une morale précise ». D’autres maisons d’édition essaient pourtant de proposer des productions éditoriales luttant pour l’égalité des sexes, comme la maison d’édition Talents hauts, créée en 2005 et dont le premier livre La Princesse et le dragon bouleversait les schémas habituels, avec une princesse qui part au combat contre un dragon ayant enlevé son prince. Ces critiques concernant la littérature enfantine ne sont pas nouvelles pour Sylvie Gracia, pourtant étonnée par l’ampleur de la controverse. L’auteure du livre Le Jour du slip4, Anne Percin, a notamment été l’objet d’attaques violentes, accusée d’être « perverse » ou « pédocriminelle ». Son livre raconte l’histoire d’une petite fille qui se réveille dans la peau d’un garçon. Elle a notamment dénoncé l’amalgame fait entre « la littérature jeunesse et des livres pédagogiques ou des manuels de morale », rapporte le magazine ELLE du 21 février 2014.
LES HÉROÏNES DISNEY, DE SIMPLES FAIRE-VALOIR ?
Autre défaut de la littérature enfantine classique : les héroïnes sont aussi beaucoup moins présentes que les héros, censés plaire à tout le monde. D’ailleurs, ils et elles ne sont pas représentés de la même façon. « Les garçons vont être en train de jouer, de faire du sport, précise Anne Dafflon Novelle. Les filles, en revanche, seront essentiellement dans un univers familial, souvent à l’intérieur de la maison et dans des activités dites “de filles” ». Des préjugés parfois inconscients. « Je fais parfois remarquer aux auteurs qu’ils ont par exemple tendance à représenter des filles qui papotent dans la cour. Et ce ne sont pas des auteurs qu’on pourrait accuser de sexisme, ajoute Sylvie Gracia. Mais on peut tomber rapidement dans un cliché, sans même s’en rendre compte. » C’est comme si dans ce domaine le « masculin neutre » l’emportait complètement. Idem pour les dessins animés. Il aura fallu attendre Pocahontas pour que les filles prennent le pouvoir chez Disney. Jusqu’à présent, elles étaient surtout des princesses en danger et de très jeunes filles à marier. Elles sont au mieux passives et elles adorent les tâches ménagères et la gestion de la maison. C’est le cas de Jasmine, Belle, Cendrillon, Blanche-Neige et Raiponce. Ou alors, elles sont muettes, comme Ariel. Pis, carrément endormies, telles Blanche-Neige et la Belle au bois dormant. Certes, Pocahontas est active, mais elle finit par perdre son « amour », et Mulan est obligée de se travestir en homme pour réussir. Les morales laissent sérieusement à désirer, entre Ariel, la petite sirène prête à se transformer totalement physiquement et à quitter définitivement tous ses proches pour son bien-aimé, avec qui elle n’a jamais échangé un mot, et Belle, qui vit dans un monde où les apparences ne comptent pas, sauf pour elle bien sûr, qui se doit d’être toujours la plus belle, sans oublier Blanche-Neige et la Belle au bois dormant qui trouvent merveilleux qu’on les embrasse alors qu’elles ne sont pas conscientes. Bref, des modèles féminins un peu légers… Quand elles ne sont pas de simples faire-valoir, comme Mégara dans Hercule, Esméralda dans Le Bossu de Notre-Dame.
Depuis la fin des années 90, les héroïnes ont pris de la consistance. Dans l’un des derniers films d’animation, Rebelle, l’héroïne, très jeune, ressemble à une fille de son âge. Et aucun garçon n’est à l’horizon. Son combat consiste au contraire à attendre le plus longtemps possible pour se marier. Et Merida est indépendante et si insouciante qu’elle transforme par erreur sa mère en ours. Elle passe le reste du film à tenter de rattraper cette « erreur ». On a vu des aventures plus imaginatives. « J’ai été très déçue par Merida, confie Astrid Leray. Certes, l’héroïne échappe au mariage, mais seulement en raison de ses prétendants inintéressants, et non parce que la vie recèle plein de surprises, de découvertes ou d’aventures à vivre. » D’une certaine façon, les dessins animés de Disney sont les prémices des comédies romantiques qui ciblent presque exclusivement un public féminin. Le but : to find true love, en français trouver le grand amour, « pour se marier et faire beaucoup d’enfants ». Ces modèles ont plus d’influence qu’il n’y paraît. Lorsque le créateur de Wonder Woman pense à cette super-héroïne qu’il lance en 1941, c’est une première dans le monde de la bande dessinée. Son ambition est claire : donner des modèles aux femmes pour s’épanouir. « Même les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance, expliquait-il en 1943. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes de bien. Les g...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. Introduction
  7. Chapitre 1 – Costume de princesse vs costume d’astronaute
  8. Chapitre 2 – Qui va garder les enfants ?
  9. Chapitre 3 – Sheryl Sandberg et Marissa Mayer, des réussites en trompe-l’oeil
  10. Chapitre 4 – Travailler plus pour gagner moins
  11. Chapitre 5 – Le syndrome Ally McBeal
  12. Chapitre 6 – Médias : la rentrée des femmes n’est encore jamais arrivée
  13. Chapitre 7 – À Hollywood, pas de Wonder Woman
  14. Chapitre 8 – Million Dollar Baby
  15. Chapitre 9 – « Alors, vous voulez qu’elles baisent ? »
  16. Chapitre 10 – « C’est un troussage de domestique »
  17. Chapitre 11 – « Femmes, je vous hais » ou les anti-féministes
  18. Chapitre 12 – La nouvelle vague féministe
  19. Conclusion
  20. Remerciements
  21. Chronologie
  22. Bibliographie
  23. Index des principaux noms cités
  24. Table des matières