
- 240 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
En interpellant publiquement Manuel Valls, Marc La Mola a choisi les mots, plus forts que n'importe quelle arme de service, pour dénoncer l'état de déliquescence de la police nationale, pilier de notre démocratie. Politique du chiffre, prime au mérite, syndicats corrompus, locaux insalubres, manque d'effectifs…Un document choc, qui nous entraîne dans les arcanes d'une institution moribonde.
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Sujet
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Sociology1
CONSTAT
Monsieur le ministre, depuis plus de dix ans, l’institution policière est malade. Le virus qui l’a infectée la ronge et aucun médicament ne semble efficace. Il est vrai aussi qu’aucun médecin ne s’est penché sur elle pour effectuer un vrai diagnostic, pour mesurer ses souffrances et tenter de lui apporter les remèdes nécessaires. Alors elle sombre lentement au fil des différentes politiques appliquées, elle vient de mettre un genou à terre.
Au fil du temps, elle est devenue un enjeu, une priorité pour ces femmes et hommes politiques qui dirigent notre pays. Ils l’ont utilisée et l’utilisent encore dans des discours trop éloignés d’une triste réalité. Chacun s’en est emparé, toutes les tendances politiques ont pris position sur ce phénomène de société pour n’en sortir parfois que de ridicules propositions provoquant le rire des policiers. Mais aujourd’hui, l’heure n’est plus à rire, même pas à sourire car ce gros bateau qu’est la police semble ne plus être dirigé, ou alors seulement par des politiques irresponsables et incompétentes.
Sur les chaînes d’information, on peut tout entendre. Elles sont devenues la cour de récréation des criminologues et autres experts en sécurité, bien souvent tous auto-proclamés comme tels. C’est là qu’ils développent leur savoir, leur vision de la police ou d’une situation de crise en pleine gestion par les réelles autorités. Mais personne ne semble s’interroger sur leur véritable légitimité.
La police est un métier mais elle est, dans ces cas-là, vue à travers le prisme de l’information-spectacle et donc dénaturée. Elle n’est pas décrite telle qu’elle est véritablement.
La police nationale est une immense corporation composée d’environ cent cinquante mille femmes et hommes. Elle comprend plusieurs directions, comme la Police judiciaire, les Compagnies républicaines de sécurité, la direction du Renseignement intérieur en enfin la Sécurité publique.
Cette dernière direction est celle que le grand public connaît, côtoie, fréquente. Elle regroupe l’ensemble des effectifs en uniforme et a vocation de répondre aux très nombreuses sollicitations et besoins de notre société. Cette direction est la plus importante et c’est elle qui est le plus souvent accablée, critiquée notamment par une certaine presse.
Essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie, cette direction de la police nationale est malheureusement aujourd’hui moribonde.
Initialement, son rôle était d’apporter aide et assistance aux citoyens. Il y a quelques années, elle veillait sur les villes et remplissait formidablement bien ses missions. Mais aujourd’hui et après de nombreuses politiques dévastatrices, elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été, celle que j’ai connue, celle que j’ai tant aimée.
Par choix stratégique et politique, par idéologie aussi, la Sécurité publique a été si négligée que rares sont les policiers qui ne veulent pas en partir.
Les orientations de M. Sarkozy ont eu raison du service public, ont sonné le glas d’une police préventive et attentive : révision générale des politiques publiques, fin de la police de proximité, mise en place de primes aux résultats…
Monsieur le ministre, ces dix dernières années ont mis la police nationale à terre. Elle ne peut donc plus garantir la sécurité des personnes et des biens et porte elle-même atteinte aux libertés individuelles.
Les blessures sont connues de tous, les maux sont identifiés, mais ceux qui les ont inoculés ne mesurent pas le mal qu’ils ont fait à notre société : politique du chiffre, culture du résultat, primes au mérite, déroulement de carrière, fin du corporatisme et maintenant indicateur de mesure de la performance.
Et bien d’autres, tant d’autres maladies devenues incurables par manque de courage politique, par électoralisme et par ambition personnelle de responsables politiques.
Nicolas Sarkozy a voulu se placer en pourfendeur de la police qui jouait un rôle social, il a tant voulu l’utiliser comme un marchepied pouvant le conduire à l’Élysée qu’il en a sacrifié les fondamentaux, pourtant essentiels au bon fonctionnement de l’institution.
Aveuglé par une ambition débordante, il a vite compris que ce tremplin allait le conduire au sommet et, négligeant volontairement les bases d’une solide corporation, il est parvenu à l’anéantir.
Auto-proclamé nouveau parangon du soutien aux forces de l’ordre, il n’a sans doute pas imaginé à quel point une majorité de ces dernières ont souhaité son départ.
Mais les ministres ont changé : les responsables de droite ont laissé la place aux responsables de gauche. Peu de choses ont évolué, bien peu de décisions ont chamboulé le quotidien des Français pourtant bien en souffrance.
C’est dans le domaine de la sécurité qu’il semble que le travail ait été le plus aisé. Il était facile d’inverser la tendance et de se positionner aux antipodes des décisions précédemment prises. La politique de Sarkozy ayant rapidement démontré ses limites, il suffisait de conduire le gros bateau vers une autre destination, celle de la réalité de terrain, celle tant espérée par les citoyens et les policiers eux-mêmes.
Mais rien n’a été fait, tout a été conservé, tout a été maintenu.
Pas de retour vers une police dite de proximité, pas d’arrêt de la politique du chiffre et pas non plus de volonté de renouer ce lien entre la police et les citoyens qui, malgré vos affirmations, fait tant défaut.
Ministre de gauche et personnage important de ce nouveau gouvernement, vous êtes arrivé place Beauvau sous le regard des observateurs éclairés tels que les spécialistes de la sécurité publique, la société et les policiers eux mêmes.
Je n’ai jamais connu un tel soulagement dans les troupes policières ; je n’ai jamais vu un tel engouement à renouer avec les fondements de la police et un tel espoir de pouvoir à nouveau faire son métier de manière convenable et réaliste.
Les premiers mois ont été consacrés à la mise en place et il était difficile de manœuvrer ce navire en dérive après tant d’années de politique du chiffre, du rendement, des résultats, du management et des primes abondamment versées. Les policiers s’étaient fourvoyés à appliquer ces directives et ils avaient évidemment hâte, dans leur grande majorité, de revenir à l’essentiel de leur métier, le service public.
Mais c’était sans prendre en considération que le nouveau modèle de société que nous avait imposé Sarkozy avait fait des émules, des adeptes et ce même dans le clan adversaire, et l’avenir allait nous le démontrer.
Les ministres de Sarkozy s’étaient relayés pour anéantir des années de mise en place de dispositifs préventifs. Seule la répression était de mise et les orientations précises et claires ne laissaient aucune ambiguïté quant à l’exercice des effectifs engagés sur le terrain. Vous alliez changer cela, vous alliez supprimer ces armées de flics et leur cortège d’interpellations massives et souvent injustifiées si ce n’est pas la seule motivation des fonctionnaires à atteindre leur chiffre.
C’est du moins ce que j’ai pensé.
Mais aujourd’hui, rien n’a changé. L’unique mode de fonctionnement des services de police demeure la politique du chiffre, et après bientôt deux années d’exercice de la fonction de ministre de l’Intérieur.
Pourquoi n’avez-vous rien chamboulé ?
Pourquoi n’avez-vous pas appliqué une vraie politique de gauche ou, du moins, une politique non plus basée sur l’unique répression ?
Le modèle précédent, bien qu’inefficace en termes de lutte, avait malgré tout donné satisfaction à une population avide de mesures répressives et désireuse de désigner les responsables de leurs maux. Abreuvée de chiffres, de statistiques tronquées et trafiquées, cette société réclamait toujours plus de présence policière et de pénalisation, et ce tant que cette dernière s’appliquait à celui qu’elle avait désigné comme le voleur, le drogué ou l’étranger en situation irrégulière.
En fin politique, vous avez très vite assimilé et pris la mesure des envies de nos concitoyens sans oublier évidemment la vôtre, celle d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État. Vous n’ignoriez pas que ce passage, devenu presque obligatoire, au ministère de l’Intérieur, allait vous faire caracoler au sommet des sondages d’où vous ne tomberiez qu’en quittant ce ministère pour assumer d’autres fonctions.
Sans avoir d’autre ambition que celle de faire appliquer une politique qui avait bien fonctionné seulement dans les sondages, vous avez développé, officialisé et entériné la politique de vos prédécesseurs dans un silence magistral à peine brisé par quelques journalistes courageux.
Vous incarniez un rêve bien plus grand que celui suscité par le président de la République et de tout le gouvernement lui-même. Vous avez été un cauchemar pour moi. Une abomination pour l’institution policière, contrainte encore de faire appliquer ce qui lui avait tant pesé depuis des années, une déception immense pour une certaine société dont le cœur bat à gauche.
Le mal avait été fait, il se perpétuait.
Alors il est nécessaire de relater ce que cette institution est devenue, il faut révéler ce qui se fait dans ces commissariats. Il faut raconter comment, aux travers des différentes politiques conduites, la police s’est éloignée des citoyens, à quel point elle peine pour être encore à leur service.
Il est encore difficile de raisonner, de comprendre pourquoi les changements d’orientation, l’hypocrisie de la hiérarchie et les décisions politiques appliquées à cette si belle institution ont dénaturé ses missions initiales.
2
LA TENTATION
La voiture est inondée de soleil. Elle approche lentement d’une cité de ces quartiers nord, de ces quartiers oubliés par certains responsables politiques, délaissés, abandonnés et devenus des ghettos pour des populations contraintes d’y organiser leur vie.
Le trafic, le recel et les armes automatiques comme unique moyen de subsistance, comme seul mode d’expression face à une société qui oublie les vulnérables, face à des institutions perçues comme des bandes rivales et à des flics à qui l’on a confié une mission qui, en l’absence de toute autre stratégie, semble n’avoir d’autre justification que celle de l’unique répression.
Aucun arbre dans la rue, aucune protection contre les assauts du soleil, pas d’ombre, pas un seul coin abrité qui pourrait, même furtivement, apaiser les occupants de cette voiture de flics. Ils progressent lentement comme s’ils n’avaient pas envie d’atteindre leur but.
Parfois elle s’immobilise à un feu rouge, elle dépasse même des automobiles bien plus lentes qu’elle, mais toujours de manière lymphatique, comme si la chaleur l’empêchait d’atteindre des vitesses excessives.
Les rues sont sales et le sol est jonché d’immondices que les employés de la ville ont oubliées, que les familles de ces quartiers feignent d’ignorer tant cela fait partie de leur environnement, de leur vie. Les enfants shootent dans ce qu’il reste d’une énorme pastèque qui vient éclater sur une voiture abandonnée et les dealers, bien installés dans leurs fauteuils, attendent le chaland sans quitter des yeux la kalachnikov, dissimulée à proximité, qui pourrait leur sauver la vie au cas où ils seraient pris pour cible par des rivaux bien plus gourmands.
Elle aussi fait partie intégrante de ce quartier, elle aussi demeure la compagne idéale de ces jeunes gens qui banalisent la violence et en font même un mode d’expression. L’AK 47 circule dans ces lieux et crache régulièrement ses projectiles sur des jeunes gens que l’argent facile a rendus sauvages et mercenaires d’une guerre destructrice, de celles qui laissent inévitablement au sol leurs combattants. Est-ce son côté simple d’utilisation et son chargeur tordu qui ont permis à cette arme de s’adapter très vite à ces quartiers, ou est-ce simplement son faible prix qui, malgré le long trajet effectué depuis les Balkans, en fait l’outil le moins coûteux de ces dealers ?
Simple et tordu. Tout comme le sont ces jeunes, tout comme sont les quartiers nord de Marseille.
Ces lieux sont impitoyables, et surtout bien hostiles pour ceux qui s’y égareraient ou qui voudraient y faire régner une loi nouvelle, notamment celle de l’État. Car l’État a bel et bien déserté cette zone, qu’il a jugée lui-même irrécupérable.
Marseille n’est riche que de soleil et d’armes automatiques dont les crépitements mettent en alerte les élus de ces quartiers bien impliqués dans un combat qui semble perdu d’avance.
Un jeune dealer assiste au lent passage de cette voiture banalisée qu’il considère comme son ennemie. Lui se tient à l’ombre d’un grand arbre, seul rescapé dans ce royaume du béton, de la résine de cannabis et de la violence sans borne.
Son regard est attentif. Silencieusement, il regarde ses adversaires franchir l’intersection, se rapprocher de lui et de son point de vente. Il reste aux aguets en feignant de les ignorer, en faisant mine de ne pas les avoir repérés. Mais chacun sait ce qu’il a à faire, chacun connaît son job et les risques encourus.
La prison, il l’a déjà connue, il y est resté six mois pour en sortir encore plus fort, encore plus aguerri à des méthodes bien plus violentes que celles qu’il avait acquises dans sa cité, là où il a grandi. Il n’est pas ...
Table des matières
- Couverture
- 4ème de couverture
- Collection
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- Prologue
- 1 – Constat
- 2 – La tentation
- 3 – Politique du chiffre
- 4 – Marseille
- 5 – Battue
- 6 – Politiques
- 7 – CEEA
- 8 – ESI
- 9 – CREAI
- 10 – Double homicide
- 11 – Le mérite
- 12 – Note de service
- 13 – Suicide
- 14 – Violée
- 15 – Insalubres
- 16 – Le gouffre
- 17 – Guetteur
- 18 – La preuve
- 19 – Les solutions
- 20 – Aveugle
- 21 – Souriez, vous êtes filmés !
- 22 – Syndicats
- 23 – Lui
- 24 – Bilan
- Épilogue
- Table des matières