Avant
de commencer
Même si tous nos vœux étaient exaucés, on entendrait encore des pensées nous blesser.
Les pensées blessantes et blessées sont toujours là. On ne peut pas les éliminer. Personne n’est assez beau, assez jeune, assez célèbre, assez riche ni assez en santé pour leur échapper. Alors mieux vaut s’en faire des alliées ! Comme Épictète l’a dit : Ce n’est pas en lui mettant de l’herbe sous le nez que les moutons montrent au berger qu’ils ont bien mangé. C’est à leur laine et à leur lait que celui-ci s’en aperçoit, après qu’ils ont digéré leur nourriture. En d’autres mots, on prend conscience de ce qu’on a appris une fois qu’on vit l’expérience de comprendre nos pensées.
Cette citation résume à merveille l’intention de la Pratique de pensée consciente : t’accompagner par le biais de ce livre afin que tu puisses te libérer des pensées qui te blessent. Il s’agit d’une pratique en cinq étapes qui s’inspire de cinq questions fondamentales que tu connais bien : QUOI, QUAND, OÙ, COMMENT et POURQUOI. Chaque étape te propose de répondre par écrit à deux questions phares afin d’éclairer ta réflexion. Elle te permet ainsi de jaser en toute conscience avec une pensée, jusqu’à ce que celle-ci cesse de te blesser et te rende ta liberté.
Avant d’aller plus loin, je tiens à parler de ton confort extérieur. Pourquoi est-ce si important de te trouver dans une zone physiquement favorable ? Parce que c’est plus facile pour toi, quand tu te sens confortable et en sécurité, de pouvoir jaser avec des pensées blessantes qui te transportent dans une zone mentalement inconfortable. En harmonisant le confort de ton foyer avec celui de ton pré, tu donnes vraiment le goût à tes pensées de venir se confier. Dans ce havre de paix propice à la confidence, tu peux te recueillir pour les accueillir en toute confiance. Ton cocon douillet peut inclure tout meuble et tout objet qui te font sentir bien dans ton corps et dans ton décor, comme un fauteuil, des coussins, une table, une lampe, un verre d’eau, une boîte de papiers-mouchoirs, de l’encens et de la musique. Libre à toi de le créer à ton image !
Maintenant, pense à l’être que tu aimes le plus au monde. Imagine qu’il est là, devant toi. Il souffre et dit n’importe quoi. Il a besoin de ton attention et de ton affection. Que voudrais-tu savoir de lui ? Que lui dirais-tu pour le rassurer ? Voici mon intention pour toi : que tu traites tes pensées blessantes et blessées comme tu traites l’être aimé. Je dirais même, comme tu voudrais être traité. Voilà pourquoi, au moment où tu seras prêt, je t’invite à t’asseoir confortablement dans un endroit où tu te sentiras à l’aise de jaser avec elles, le cœur rempli d’amour. Assure-toi aussi d’avoir le nécessaire pour écrire ce qu’elles ont à te dire. Vous valez bien tout ce soin, elles et toi.
Étape 1 :
le QUOI
L’écriture constitue une façon sûre de voir les pensées qui nous font la vie dure.
La première étape de la Pratique de pensée consciente nous permet de découvrir en QUOI une personne, une situation ou une chose nous fait sentir mal. Comme il s’agit de libérer une pensée à la fois, cette étape nous invite à écrire les pensées qui nous blessent afin de choisir celle avec laquelle nous voulons travailler en particulier. Ah… je sais ! Écrire nos pensées. On dirait un moyen insignifiant, voire enfantin. Pourtant, nous ne pouvons pas en mesurer toute la puissance tant que nous n’en avons pas fait nous-mêmes l’expérience. À cet égard, l’Étape 1 : le QUOI, constitue un bon point de départ. Un sage du nom de Socrate a dit : Connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde. J’aimerais te le redire en ces mots : Connais tes pensées et tu connaîtras l’ampleur de ton monde intérieur. Car tu es la seule personne qui peut entendre celles qui te font souffrir et celles qui viennent à ton secours. Toi seul peux trouver le merveilleux cadeau qui se cache dans chaque pensée en forme de douloureux fardeau.
Pourquoi réfléchir dans ta tête ne suffit pas ? Parce que les pensées voyagent à la vitesse de la lumière et qu’elles font tout pour te distraire. Cela demande beaucoup de courage pour t’arrêter et prêter attention à celles qui te font du mal. Pourtant, une chose extraordinaire se produit lorsque tu les écris. Tu les sors de leur monde virtuel et tu les déposes dans ton monde matériel. En encrant les pensées blessantes sur le papier, tu les ancres dans la réalité. Elles commencent à perdre leur puissance. Parce qu’elles deviennent apparentes, elles cessent de te faire souffrir inconsciemment. Elles passent de l’invisible au visible. Enfin, tu peux les voir avec tes yeux et les toucher avec tes doigts. Tu peux les lire à haute voix et les entendre en dehors de toi. Parce qu’elles sont écrites, elles sont plus simples à saisir, à désamorcer et à rassurer.
Prenons un exemple banal. Par une belle journée d’été, je me promenais avec une amie. Soudain, j’ai entendu un commentaire qui m’a fait sentir mal. Un troupeau de jugements est apparu dans mon pré. En marchant, j’ai noté quelques mots dans mon téléphone cellulaire afin de pouvoir me rafraîchir la mémoire. Je leur ai dit : Ce n’est pas le moment. On se jasera plus tard. Ce petit geste m’a permis de rester présente à mon amie et d’apprécier sa compagnie. Bien sûr, je ne lui en ai pas parlé puisque ça ne la concernait pas. Une fois chez moi, je me suis assise confortablement. J’ai retranscrit dans mon cahier ce que j’avais noté. Puis, j’ai causé avec les petites chéries qui m’avaient mise à l’envers jusqu’à ce que tout s’éclaire. C’est en gardant un excellent contact avec nos pensées que nous pouvons garder nos relations interpersonnelles intactes.
Que ce soit ce livre, un cahier, un fichier ou une feuille de papier qui te sert à écrire tes pensées, cet objet devient l’espace concret où vous pouvez, elles et toi, faire connaissance et développer une relation de confiance. En tant qu’observateur silencieux, tu peux voir autrement les histoires blessantes d’abandon et de rejet qu’elles inventent. C’est possible. Et ça ne veut pas dire que c’est facile. Pourtant, c’est ton droit. Tu es libre de t’en libére...