Transmission d'entreprise

Attali Bernard, Trigano Gilles, Trigano-Lafougère Sonia

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2019
• Imprimer l'ISBN: 9782340035584
• ISBN de l'eBook: 9782340037724
• Sujet: Commerce
• Sujet: Finance

Une synthèse pour comprendre les différents concepts inhérents àla Transmission ou à la Reprised'entreprise et permettre sa mise en pratique:

• de solides bases théoriques pour maîtriser les fondamentaux de la Transmission ou de la reprise d'entreprise,
• de nombreux exemples, cas pratiques et interviews de praticiens pour présenterla réalité du terrain.

Cet ouvrageapporte des réponses concrètes et opérationnelles.

Partie 1

une transmission dans la continuité

L’appui indispensable sur une culture Existante

Le storytelling de l’entreprise

Transmettre une entreprise, c’est avant tout transmettre une culture, un certain nombre de codes, de règles, de procédures et de non-dits partagés de manière consciente ou inconsciente par l’ensemble des membres du personnel.

L’entreprise, c’est une histoire qui a marqué tout d’abord les fondateurs dans leur envie d’entreprendre, leur motivation profonde.

– Pourquoi ont-ils décliné une carrière dans un grand groupe afin de fonder leur propre structure ?

– Pourquoi ont-ils choisi de s’associer entre eux et non pas avec d’autres personnes possibles ?

– Pourquoi ont-ils dès le début opté pour un positionnement local, régional, national ou international ?

Répondre à ces questions permettra de comprendre beaucoup mieux la situation actuelle de l’entreprise et son devenir.

Aussi, afin de bien intégrer la culture sous-jacente, il peut se révéler très utile de retracer l’histoire de l’entreprise.

Un outil permet de le réaliser efficacement : le storytelling.

Le storytelling ne prend tout son sens que s’il s’inscrit dans une démarche de transmission comme ont pu le faire pendant plusieurs millénaires différents peuples dans le monde. Leurs mythes fondateurs ont conditionné toute leur histoire et cristallisé leurs énergies autour d’un projet commun.

Ce centrage autour de la transmission permet de le considérer comme un outil très utile pour les entreprises lorsqu’elles sont confrontées à une problématique analogue.

De la même manière que les peuples se perpétuent par le passage des parents aux enfants, les entreprises se perpétuent par le relais des anciens aux nouveaux dirigeants…

La mise en évidence de la culture d’entreprise

La culture de l’entreprise se transmet souvent de façon invisible par un ensemble de codes, d’attitudes ou de règles informelles que l’on acquiert au fur et à mesure de sa vie dans l’entreprise.

On constate que c’est par la transmission des valeurs que l’on intègre encore plus fortement celle-ci. En effet, ce partage des valeurs par toute une communauté permet de les renforcer et de les mettre en œuvre naturellement dans l’entreprise. À cet égard, le développement du monde collaboratif constitue un atout indiscutable puisqu’il est fondé sur la notion de communauté virtuelle.

En effet, le personnel qui se voit transmettre ces valeurs s’inscrira nécessairement dans une démarche de partage et adhèrera naturellement à la culture en place.

La transmission d’entreprise peut ainsi s’avérer un moment crucial et presque unique dans la vie de l’entreprise en permettant de faire évoluer son mode de fonctionnement sans craindre de fortes résistances au changement.

Toutefois, pour que ce schéma puisse fonctionner, il est indispensable d’intégrer la culture en place tout en insufflant une nouvelle dimension. Ainsi, par exemple, une entreprise tournée depuis sa création sur l’innovation ne deviendra pas, du jour au lendemain, exclusivement préoccupée par la commercialisation. Pour infléchir cette tendance, on pourra inviter le personnel à tenir compte de la dimension commerciale et de la nécessaire rentabilité tout en préservant le caractère innovant de l’entreprise.

C’est autour de ces valeurs que pourra se construire un projet d’entreprise cohérent qui parviendra à cristalliser l’ensemble des énergies autour d’une idée commune.

La continuité de l’entreprise

S’appuyer sur les anciens dirigeants

Pour assurer la continuité de l’entreprise, il convient de s’appuyer sur le management en place non seulement en le faisant participer à la démarche de changement initiée mais également en intégrant certaines de ses propositions. Ils resteront pendant une durée à déterminer à prodiguer leurs conseils et leurs avis aux nouveaux dirigeants en place. Ils pourront alors partir tranquillement une fois cette transition réussie.

Un projet d’entreprise clair

Par ce biais, on pourra faire adhérer le personnel au nouveau projet de l’entreprise dans la mesure où il se sentira rassuré s’il ressent une certaine continuité dans son management. À défaut, il aura tendance à exercer une forte résistance au changement.

Il est important de ne pas perdre de vue que la transmission d’une entreprise qui constitue une entité économique autonome entraîne obligatoirement le transfert de l’ensemble des contrats de travail existants conformément aux dispositions légales en vigueur avec certains aménagements depuis les ordonnances Macron et toute modification du contrat de travail suppose l’adhésion du salarié.

Aussi, pour faciliter la continuité de l’entreprise, il peut être très utile de maintenir en place le dirigeant en exercice au moment de la reprise. Il doit rester une référence, un garant des valeurs et des méthodes tout en favorisant leur évolution pour permettre l’intégration des nouvelles technologies.

À son niveau proprement dit, il devra aider les nouveaux dirigeants à prendre leur place en réduisant de manière progressive son intervention de sorte à assurer le relais sans heurt. Son rôle deviendra alors marginal et il se retirera de manière naturelle. En réalité, l’objectif du dirigeant en place est, avant tout, de permettre la continuité de l’entreprise et ainsi en assurer sa pérennité.

La continuité sera d’autant plus facile à assurer qu’il existe un projet clair dans l’entreprise. Celui-ci se résume souvent en deux ou trois mots-clés. C’est ce que font, par exemple, de façon explicite ou implicite de nombreuses entreprises de l’hôtellerie-restauration avec les trois mots-clés : Qualité, Service, Propreté, le fameux QSP. Toute l’animation de l’entreprise sera tournée sur ces trois termes qu’il faudra sans cesse chercher à optimiser et équilibrer. On verra dans le chapitre sur les tableaux de bord comment choisir les indicateurs qui permettent de suivre de manière régulière et précise ces facteurs clés de succès.

L’effet de seuil

Il faut de plus vérifier si l’entreprise ne compte pas un effectif salarié proche d’un seuil social (10, 20 ou 50 salariés) qui entraîne des obligations beaucoup plus importantes pour le chef d’entreprise.

Ainsi, si le projet du repreneur est de développer fortement l’entreprise, il pourrait être préférable de reprendre une entreprise qui a déjà légèrement dépassé un seuil et s’est donc habituée aux obligations qui en découlent, plutôt que de choisir une entreprise qui est située juste en dessous et devra rapidement le franchir. Cela pourrait entraîner des résistances dans l’entreprise, voire des mouvements sociaux qui pourraient s’avérer néfastes à la nouvelle gouvernance si celle-ci retarde le franchissement d’un seuil qui s’impose économiquement et socialement. De plus, cela peut permettre de vérifier si la culture de l’entreprise est parvenue à assimiler ce nouveau fonctionnement dans l’organisation et dans les rapports avec les dirigeants.

Il convient toutefois de noter que la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) qui vient d’être adoptée, prévoit un allègement des effets de seuils qui entrera en vigueur à compter du premier janvier 2020.

L’asymétrie d’information

Entre le vendeur et l’acheteur, il existe inévitablement un décalage entre ce que le cédant sait de son entreprise et ce qui est communiqué à l’acquéreur potentiel puis à l’acquéreur réel. Il existe deux cas d’asymétrie d’information : la sélection adverse et le comportement caché.

La sélection adverse

Dans cette configuration, que l’on appelle également l’anti sélection, une partie connaît mieux que l’autre les spécificités du bien négocié au moment de la conclusion du contrat de vente. Ainsi, dans le cas d’une transmission d’entreprise, le cédant sait des choses qu’il ne dira pas à l’acquéreur et de ce fait aura tendance à surestimer la valeur de son entreprise, en proposant un prix. Il peut détenir des informations sur les produits, en général accessibles à l’acheteur mais aussi concernant les salariés de l’entreprise.

Information au niveau des salariés

Le cédant sait que certains sont très efficaces et que d’autres poseront des...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• TABLE DES MATIÈRES
• Introduction
• Partie 1 : une transmission dans la continuité
• Partie 2 : les aspects juridiques de la transmission
• Partie 3 : processus de reprise de l’entreprise
• Partie 4 : transmission et mise en place de nouvelles méthodes
• Partie 5 : cas pratiques et interviews
• Conclusion
• Annexes