Leçons sur Platon
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Leçons sur Platon

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Leçons sur Platon

À propos de ce livre

Des cours de référence consacrés aux grands auteurs de la philosophie. Rédigé par des spécialistes, chacun des titres de la collection se révèle être un outil de travail complet pour expliciter les concepts fondamentaux d'un philosophe et entrer de manière plus approfondie dans son œuvre.

Dans ces Leçons sur Platon, Jean-Joël Duhot reconstitue de façon précise et méthodique l'élaboration de la pensée platonicienne, à travers un itinéraire s'articulant au plus près des textes du philosophe.

Agrégé de philosophie et historien de la philosophie antique, Jean-Joël Duhot enseigne à l'université Jean Moulin-Lyon III.

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Informations

Leçon 1
Les problèmes
L’introuvable théorie des Idées
Un cours sur Platon, est-ce encore bien utile ? Il y en a déjà tant, mais réactiver un peu la théorie des Idées, et faire un petit tour à travers un platonisme devenu si banal qu’on est sûr de ce qu’on va y trouver, pourquoi pas ? Ce qu’il faut savoir sur Platon sans trop se fatiguer. Et puis, c’est un auteur qui n’est pas trop difficile à lire, même si c’est parfois un peu ennuyeux et si on ergote sur des concepts bizarres. Pourtant, nous allons trouver tout autre chose, à travers un itinéraire platonicien qui va s’articuler au plus près de textes dont nous allons avoir la surprise de découvrir qu’ils n’ont souvent été lus que de façon approximative. Je ne vais pas faire le parcours exhaustif de tous les dialogues, mais essayer de reconstituer l’élaboration de la pensée platonicienne.
Certains interprètes pensent que la pensée de Platon constitue une unité stable, qui se décline sur l’ensemble de ses dialogues, mais on considère plutôt qu’il y a plusieurs périodes de l’œuvre platonicienne : après l’Apologie et le récit du Phédon, les petits dialogues socratiques sont le premier Platon ; viennent ensuite les grands dialogues socratiques, et surtout la République, le Platon de la maturité ; et, pour finir, le dernier Platon, avec le Timée, le Philèbe, le Parménide, le Théétète, le Sophiste, le Politique, et l’ultime somme des Lois. Je souscris entièrement à ce classement, mais nous verrons que ces dialogues marquent la progression d’une pensée en construction. Et nous tenterons de découvrir le moteur de cette construction.
Platon est la référence philosophique de base, mais c’est une référence bien paradoxale. On l’invoque couramment à propos de tout, mais, si on révère le fondateur de la discipline, ce qui lui vaut la légitime reconnaissance des professeurs, vous n’en trouverez quasiment aucun qui affiche une quelconque adhésion à la pensée de Platon, à la grande différence d’un grand nombre de mathématiciens, qui n’ont pas besoin de l’avoir lu pour s’affirmer platoniciens. Au contraire, il fait même figure de repoussoir commode, éternel battu de joutes philosophiques qui lui assurent l’unique, mais précieux, mérite d’être le partenaire idéal pour garantir le triomphe de Nietzsche. Alors, certes, on rejette la pensée de Platon, mais on a trop besoin de la balise caricaturale qu’il constitue, pour ne pas constamment la réactiver.
C’est largement à travers cette perspective qu’il faut comprendre l’usage qu’on fait de la trop fameuse boutade de Whitehead présentant toute la philosophie occidentale comme une série de notes de bas de page au texte de Platon. Qu’y a-t-il donc dans ces pages pour susciter tant de notes (dont celles-ci) ? La boutade implique deux choses : un texte labouré par vingt-trois siècles de lectures, et la nécessité de poursuivre sans cesse l’explication. Un texte connu, trop connu, et des énigmes qui défient l’interprète.
Qu’est-ce alors qu’un cours sur Platon ? Les conventions universitaires voudraient que ce soit un exposé des explications proposées par les interprètes qui font autorité. Ce n’est pourtant pas ce que vous trouverez dans ce cours, d’abord parce que je n’aime pas l’autorité, ensuite parce que la discussion des commentaires de commentaires ne présente aucun autre intérêt que celui de faire fonctionner une scolastique vide. C’est Platon qui nous intéressera, et non ses commentateurs, même s’ils peuvent aussi, parfois, enrichir largement notre compréhension.
Je n’ai pas choisi de travailler sur Platon parce que c’était Platon ou parce qu’il faut bien un sujet. Mon sujet, c’était le stoïcisme, auquel j’ai consacré ma thèse et quelques articles, et sur lequel je n’ai jamais cessé de réfléchir, mais Platon s’est glissé derrière, et il ne m’a plus lâché. Une longue aventure, à laquelle je ne m’attendais pas du tout, dans laquelle je n’ai rien décidé, et que je vais un peu essayer de vous faire partager. Ce sera donc un Platon totalement différent, totalement nouveau, qui se dessinera progressivement au cours de ces leçons.
Une traduction impossible ?
Comment peut-on avoir l’audace, ou l’inconscience, de prétendre dessiner un Platon qui serait encore inconnu, alors que tant d’exégètes savants ont scruté son œuvre depuis plus de deux mille ans ? C’est que ce texte recèle bien des zones d’ombre, dont la première est la traduction.
Vous connaissez tous Platon, qui est le seul philosophe facile à lire, facilité de lecture qui a, d’ailleurs, assuré la conservation de la quasi-totalité de ce qu’il a écrit. Dans l’Antiquité, on recopiait les ouvrages en fonction de la demande des lecteurs, et Platon en avait parce qu’il était accessible. Pourtant, que lit-on quand on lit Platon ? Brisson m’a bien étonné le jour où il m’a dit qu’il avait été enthousiasmé par Platon, qu’il découvrait en terminale, et je n’ai pas osé lui répondre combien j’avais été désappointé par mon approche de Platon, en première. J’avais trouvé ça niais et vide, avec des questions absurdes et des raisonnements tordus, qui ne menaient finalement à rien. J’ai bien changé, mais je ne renie pas cette première réaction : si le lecteur naïf qui ne se laisse pas impressionner, peut effectivement être saisi par la nature artificielle de l’argumentation platonicienne, c’est très largement dû à des problèmes de traduction. Aussi étrange que ça paraisse, Platon est affreusement mal traduit, et, pour tout dire, on ne peut le lire qu’en grec. C’est un immense écrivain, un styliste virtuose massacré par les traducteurs.
Le problème de la traduction platonicienne est historique, et touche quasiment toutes les notions essentielles du platonisme. On vous a appris que la distinction essentielle de Platon était celle du sensible et de l’intelligible, et certains ont même appris qu’il y aurait un monde intelligible. D’abord, il n’y a ni monde intelligible ni monde des Idées dans le texte de Platon, même si certains traducteurs ont abusivement glissé ce monde dans leur version. Ensuite, sensible et intelligible constituent deux contresens, ce qui est un peu gênant s’agissant de notions fondamentales du philosophe. Le terme qu’on traduit erronément par sensible, aisthèton, signifie en réalité perceptible, ce qui engage la différence entre sensation et perception. Sentir est flou, et renvoie à un état, et percevoir présente une information. La sensation n’est qu’une impression produite par les sens, on parlera de sensation de bien-être, de sensation de malaise… On est dans un registre facilement émotionnel, tandis que la perception est une information qui renvoie à ce qu’on a vu ou entendu. Or c’est précisément ce qu’exprime le grec : le verbe aisthanomai signifie saisir une information par le biais des sens. Qu’aucun interprète n’ait vu le problème, alors qu’il suffit d’ouvrir un dictionnaire, ou de connaître un peu de grec, pour s’en apercevoir, montre assez l’effet de sidération que peut produire la vénération de l’autorité des Maîtres. Vénération qui abolit la pensée alors qu’elle devrait la développer. Quant au terme intelligible, il constitue un contresens évident puisqu’il désigne, en français, ce qu’on comprend par l’intelligence discursive, que Platon appelle dianoia, pour la distinguer de l’intelligence totale, ou intuition intellectuelle, que Platon appelle noûs, dont l’objet est le noèton, qu’on pourrait rendre par intellect, pour le distinguer de l’intelligence.
Pourquoi ces deux contresens, aussi lourds sur des questions fondamentales ? Tout simplement parce qu’il y a une tradition des traducteurs : on a toujours traduit comme ça, alors on ne se pose pas de question. Et si on traduisait réellement du grec en français, on ne comprendrait plus, tant on est habitué à ces contresens. D’où vient cette tradition ? Tout simplement du latin. Les traducteurs croient traduire du grec alors qu’ils transposent du latin. Derrière sensible et intelligible, il faut comprendre les termes latins sensibile et intelligibile. On a transposé sensibile en sensible à une époque où sentir voulait aussi dire comprendre, et où la distinction entre sensation et perception n’était pas thématisée. Et aucun traducteur n’a vu que le français avait changé et que la traduction ne fonctionnait plus. Quant à l’intelligible, il tient à la lecture scolastique, dépendant d’Aristote, qui, dans le De anima, abolit de fait la distinction entre dianoia et noûs, intelligence discursive et intellect. Et pour les Médiévaux, Aristote est la référence conceptuelle centrale. C’est donc le passage par la traduction latine qui a tout faussé et installé une mauvaise équivalence. En outre, les traducteurs continuent à employer sentir au lieu de percevoir. Comment faudrait-il alors traduire ces deux termes ? La meilleure traduction pour remplacer sensible serait évidemment perceptible, mais il faut reconnaître que ça ne fait pas très naturel en français ; il me semble que la traduction qui passerait le mieux serait tout simplement perçu. Pour le terme opposé, nous n’avons évidemment pas d’équivalent dans la langue courante puisque la notion d’intuition intellectuelle, qui, en grec, est spécifique à Platon, n’existe pas dans notre lexique, ce qui nous conduit à choisir un terme inusité, intellectif. Il faudrait donc renoncer à l’opposition du sensible et de l’intelligible, au profit de celle du perçu et de l’intellectif. Une petite anecdote consternante permet d’éclairer un peu notre aveuglement : Fonsegrive, philosophe catholique, s’était vu refuser de soutenir sa thèse, en raison d’un veto de V. Brochard, qui avait la chaire de philosophie antique à la Sorbonne, au prétexte qu’il avait osé parler d’intuition intellectuelle, alors que Kant avait établi que l’intuition intellectuelle n’existait pas (Kant est la Bible des professeurs de philosophie, mais il y a heureusement des exceptions, comme vous le constatez). On comprend mieux pourquoi Proust a pu le caricaturer dans le personnage de Brichot, mais si la principale autorité en matière de philosophie grecque autour de 1900 considérait qu’une notion essentielle du platonisme n’avait pas lieu d’être, c’était mal parti.
Les distorsions dues au passage par le latin, tiennent à ce que nombre de traducteurs ont utilisé des traductions latines, notamment celles de Ficin. C’est aussi, par exemple, le cas de Bréhier dans son Plotin : je l’ai pris la main dans le sac dans un passage très technique sur les Stoïciens, qu’il n’avait manifestement pas compris. J’ai été voir Ficin1, et j’ai constaté que lui non plus n’avait pas compris, et qu’il avait adopté une solution erronée que Bréhier avait reprise mécaniquement2.
De façon plus globale, le problème de la traduction tient à ce que les champs sémantiques des notions ne sont pas les mêmes en français qu’en grec. Par exemple la notion de justice, si importante chez Platon, n’a pas du tout la même signification dans les deux langues. Nous traduisons automatiqueme...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Page de copyright
  4. Leçon 1. Les problèmes
  5. Leçon 2. Socrate
  6. Leçon 3. Expérience et enseignement
  7. Leçon 4. Le Banquet
  8. Leçon 5. Le Phèdre
  9. Leçon 6. Le Gorgias
  10. Leçon 7. La République
  11. Leçon 8. De la justice à la cité
  12. Leçon 9. Harmoniser
  13. Leçon 10. L’Idée de Beau ?
  14. Leçon 11. L’Idée de Bien
  15. Leçon 12. Les sciences
  16. Leçon 13. L’apothéose de la République
  17. Leçon 14. Rupture et continuité
  18. Leçon 15. L’âme du monde : le secret de Platon décodé
  19. Leçon 16. Harmoniser le monde
  20. Leçon 17. La Création
  21. Leçon 18. Corps et âme
  22. Leçon 19. Du Philèbe au cycle éléatique
  23. Leçon 20. L’ouverture du cycle
  24. Leçon 21. Socrate, dernière séance
  25. Leçon 22. Le Sophiste, ou le fondement philosophique
  26. Leçon 23. Le bouclage du cycle
  27. Leçon 24. Le dernier mot de Platon
  28. Postface
  29. Table des matières