
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Relations internationales – 3e édition
À propos de ce livre
La troisième édition de cet ouvrage vise à faire le point sur:
- l'histoire des relations internationales depuis la fin de la Première Guerre mondiale;
- les questions régionales, tant dans leurs problématiques structurelles que dans leurs développements les plus actuels;
- les grands thèmes qui traversent la matière: droit, questions de défense, économie, enjeux globaux (environnement, matières premières, criminalité, etc.).
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Relations internationales – 3e édition par Faure Justine,Prost Yannick en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Politique et relations internationales et Relations internationales. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
ISBN de l'eBook
9782340044470Deuxième partie
Les questions régionales

Chapitre 10
L’Europe et la Russie
Au cours du XXe siècle, l’Europe a été le théâtre de phénomènes dramatiques : deux guerres qui ont fait des dizaines de millions de morts puis une division du continent pendant la guerre froide par une frontière de 2 000 km de miradors et de barbelés. De la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute du bloc soviétique, les pays d’Europe occidentale, avec le soutien américain, ont répondu à ce passé meurtrier en procédant à une intégration régionale sans précédent dans l’histoire, source de paix régionale et de réconciliation.
Avec la fin de la guerre froide, ce processus a connu une double recomposition, à la fois géographique avec l’élargissement de l’UE aux anciens pays du bloc soviétique, et politique, avec l’approfondissement des initiatives dans les domaines diplomatique et militaire.
Cependant, l’Europe continentale n’est pas devenue l’espace de sécurité espéré : la montée en puissance de la Russie au cours des années 2000-2010 et son intervention en Ukraine à partir de 2014 a révélé les vulnérabilités européennes. Par ailleurs, l’UE affronte en interne la montée de régimes populistes et le scepticisme populaire croissant à son égard. Sur la scène internationale, son attitude lors de la récente crise migratoire et la fermeture de ses frontières aux persécutés ont trahi aux yeux de nombreux Européens ses principes fondateurs.
I. La construction européenne, fille de la guerre froide
A. Les pionniers de l’idée européenne
1. Les projets de l’entre-deux-guerres
L’idée d’Europe n’est pas née lors du congrès de La Haye en 1948. Mais ses pionniers sont largement tombés dans l’oubli car leurs projets ont finalement échoué avec la Seconde Guerre mondiale. Reprenons ici, à travers une grille de lecture élaborée dans le cadre d’un vaste programme de recherche sur l’histoire de la construction européenne, l’étude des motivations de ces pionniers de l’entre-deux-guerres1.
Le renforcement de l’identité européenne est le premier objectif de ces premiers européistes. Fondé sur le partage d’une culture commune, ce grand dessein sert de base au premier projet européen de l’histoire : celui du roi de Bohême Georges Podebrady qui, face à l’avancée des Turcs, demande au XVe siècle aux Européens de s’unir pour préserver la civilisation chrétienne. Dans l’entre-deux-guerres, cette dimension identitaire demeure largement présente. L’un des principaux animateurs de l’idée européenne à cette époque est Richard Coudenhove-Kalergi. Riche de la pluralité de ses origines (un père autrichien, une mère japonaise) et de son propre parcours (il est citoyen tchécoslovaque avant de demander la nationalité française), il imagine dans son ouvrage La Paneuropa (1923) une structure commune à l’ensemble du continent (la Grande-Bretagne est exclue à cause de ses liens transatlantiques). Il propose comme symbole de cette nouvelle architecture un drapeau composé de la croix des croisés, faisant ainsi référence à l’Europe chrétienne, et d’un soleil symbole des Lumières européennes. La SDN, et en particulier sa Commission internationale de coopération intellectuelle, dirigée par le philosophe Henri Bergson, poursuit elle aussi une politique d’encouragement aux échanges intellectuels intra-européens afin de créer une communauté scientifique européenne et transnationale. Derrière ce projet se profile la volonté d’effacer les identités nationales chez les élites, pour faire apparaître une nouvelle forme d’attachement continental.
Dans l’entre-deux-guerres, la conscience d’une nécessaire construction politique et économique renforce les volontés intégratrices. Cette motivation est résumée en 1929 par Gaston Riou : « S’unir ou mourir ». Le rapprochement entre Européens semble en effet pour certains le seul moyen d’inverser deux tendances inquiétantes.
La première est le risque de voir renaître la guerre sur le continent. La mémoire des guerres est donc l’un des plus puissants ciments de la conscience européenne. Cet objectif s’exprime tout d’abord dans le cadre bilatéral du rapprochement franco-allemand (à partir de 1924) puis dans des projets plus ambitieux, comme le plan Briand de septembre 1929. Évoquant une « union européenne » et une « sorte de lien fédéral », le ministre français des Affaires étrangères propose une structure réunissant tous les pays européens, meilleure façon de prévenir de nouvelles guerres sur le continent.
La seconde tendance inquiétante que les rapprochements européens peuvent prévenir est le déclin du continent sur la scène internationale. Après la Première Guerre mondiale, les élites européennes, en particulier dans les milieux d’affaires, prennent conscience que de puissants rivaux sont apparus, au premier rang desquels les États-Unis. Selon le principe que l’union fait la force, seule une Europe des producteurs peut parvenir à maintenir le rang économique des nations européennes. De très nombreux projets témoignent de cet espoir : le plan du Français Louis Loucheur (1925-1927) visant à renforcer l’intégration industrielle entre la France et l’Allemagne afin de faire contrepoids aux Américains, la création en 1926, à l’initiative d’Émile Mayrisch, directeur luxembourgeois de la firme Arbed (Aciéries réunies de Burbach Esch et Dudelange), du cartel de l’acier (réunissant la France, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la Sarre) puis du cartel de la potasse, le projet porté en 1929 par deux membres éminents de la SDN, Arthur Salter et Pietro Stoppani, d’une union douanière des pays européens…
L’idée européenne dans l’entre-deux-guerres s’inscrit dans une troisième dimension : celle du sentiment européen, qui traduit le ralliement affectif à l’intégration européenne. Comme Jean Monnet l’exprime après la guerre, la construction européenne doit dans cette optique non seulement allier des États, mais unir des peuples. Tous les européistes de l’entre-deux-guerres sont conscients de cet impératif. Richard Coudenhove-Kalergy déclare : « Pour exister un jour sur la carte politique, la Paneurope doit d’abord s’enraciner dans le cœur et le cerveau des Européens. »
L’idée d’Europe se fracasse dans les années 1930 sur l’exacerbation des nationalismes. Notons cependant qu’une certaine idée de l’Europe perdure durant la Seconde Guerre mondiale autour des projets nazis. Bernard Bruneteau met en effet en valeur la dérive de certains européistes français de longue date, tentés par le projet d’Europe allemande et qui parfois deviennent des collaborationnistes2.
2. Le renouveau de l’idée d’Europe aux lendemains
de la Seconde Guerre mondiale3
Après la Seconde Guerre mondiale, l’idée d’Europe renaît, fondée à nouveau sur la certitude qu’elle seule peut préserver le continent des horreurs de la guerre. Une fois encore, le désir de paix soutient la construction européenne.
Ce projet, qui bénéficie des faveurs des opinions publiques, est alimenté par les réflexions de très nombreuses organisations, dont la plus importante est le Mouvement européen, créé en 1948 (congrès de La Haye). Des hommes politiques portent ensuite le projet sur ses fonts baptismaux. Traditionnellement, on évoque les figures des quatre pères de l’Europe : le chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967), le ministre italien des Affaires étrangères et président du Conseil Alcide de Gasperi (1881-1954), le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman (1886-1963), et le financier et commissaire au plan Jean Monnet (1888-1979).
Tous partagent un certain nombre de points communs. Tout d’abord, ils appartiennent à une même génération, celle de la Première Guerre mondiale. En outre, leur origine et leur parcours les éloignent d’un nationalisme étriqué : Monnet a longtemps vécu à l’étranger, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, Schuman est né en Lorraine allemande et Gasperi dans le Trentin autrichien. Ils ont donc expérimenté dès l’enfance une culture multinationale. Les quatre pères de l’Europe partagent aussi les valeurs humanistes de la démocratie chrétienne, ainsi que ses réseaux. Ils ont ainsi mené dans les années 1930 un combat commun pour la démocratie et contre le communisme et le fascisme. Enfin, ils sont sensibilisés au point de vue des États-Unis : aucun des quatre ne conçoit la construction européenne en dehors de liens transatlantiques étroits.
Or les dirigeants américains sont des partisans convaincus de la nécessité d’un rapprochement européen, gage d’une reconstruction rapide du continent mais aussi de sa solidité dans le contexte de tensions grandissantes avec l’URSS. L’Administration Truman, une fois l’isolationnisme abandonné suite à l’adoption par le Congrès de l’amendement Vandenberg (juin 1948), s’engage donc massivement aux côtés de ses alliés européens et multiplie les initiatives favorables à l’intégration européenne (discours promouvant une forme de fédéralisme à l’européenne, financement secret du Mouvement européen par la CIA via l’American Committee for a United Europe…).
S’il faut ainsi sans nul doute associer les dirigeants américains aux « pères de l’Europe », Gasperi, Schuman, Adenauer et Monnet demeurent cependant les figures emblématiques des débuts de la construction européenne, tout en attendant de ce processus des bénéfices spécifiques. Adenauer et Gasperi, dirigeants de pays vaincus, savent que seule l’intégration dans l’Europe peut permettre la restauration nationale de l’Allemagne et de l’Italie et leur retour sur la scène internationale. Schuman est hanté par le risque d’un nouveau conflit en Europe et espère que la construction européenne fera du continent un espace de sécurité. Monnet est le plus visionnaire des quatre, souhaitant dépasser le cadre national pour nourrir sur le continent un vrai sentiment européen. Mais en même temps, il a conscience des nombreux obstacles à ce projet global. C’est pourquoi il invente le concept d’intégration fonctionnelle : l’Europe doit se construire à petits pas, amenant en douceur les Européens à dépasser les cadres nationaux. La construction de l’Europe économique est ainsi le premier domaine de mise en pratique des projets d’intégration du continent.
B. La construction de l’Europe économique
1. Une intégration consensuelle
Aux lendemains de la guerre, le rapprochement entre Européens se fonde sur un refus délibéré de la violence et porte en lui une forme de renoncement à toute politique de puissance : il s’agit bien d’autolimiter l’esprit de puissances en le dissolvant dans un cadre régional afin qu’un conflit fratricide devienne impossible. La guerre froide renforce cette situation : l’Europe occidentale sait combien la protection militaire américaine est nécessaire. Ses dirigeants acceptent donc de déléguer massivement aux États-Unis leurs instruments de puissance militaire. Cette situation permet aussi à l’Europe de dégager des sommes importantes pour sa reconstruction puis son développement économique. Ainsi, l’Union occidentale (devenue par la suite l’Union de l’Europe occidentale – UEO), née du Pacte de Bruxelles de mars 1948, est vidée de sa substance après la création de l’OTAN.
Dans ce contexte, la dimension économique de la construction européenne fait l’unanimité : elle est le gage d’une reconstruction rapide et du retour de la prospérité. Elle a en outre le mérite de réintégrer en douceur l’Allemagne dans le concert des nations et de faire progresser la construction européenne selon l’approche fonctionnelle élaborée par Jean Monnet. En effet, la construction de l’Europe économique ne soulève pas de difficultés majeures : sur le plan politique, elle est souhaitée par les Européens et leurs gouvernements et, sur le plan technique, elle reprend des modes de coopération déjà expérimentés par le passé (exemple des unions des chemins de fer, des postes ou des télégraphes créées au XIXe siècle). Cependant, à terme, elle peut créer des solidarités entre les États et des habitudes communes, faisant progresser l’espoir d’unir aussi les peuples.
Le soutien américain renforce la constitution de cette Europe économique. Les États-Unis ont besoin d’alliés prospères capables d’acheter leurs produits agricoles et industriels. Washington craint aussi que la misère et le désespoir ne conduisent certains Européens à porter au pouvoir leur parti communiste. Le plan Marshall permet à l’Administration Truman de concrétiser sa politique européenne : il est demandé aux 17 pays bénéficiaires de l’aide américaine de se coordonner au sein d’une nouvelle structure, l’OECE (Organisation européenne de coopération économique – avril 1948). Cette organisation est une des premières pierres posées de l’édifice européen, d’autant plus que l’Administration Truman la conçoit à l’origine comme une institution supranationale.
2. L’apparition de l’Europe industrielle : le plan Schuman (1950)
Malgré le plan Marshall, la situation économique de l’Europe occidentale reste difficile à la fin des années 1940 ...
Table des matières
- Couverture
- Page de titre
- Page de copyright
- Avant-propos
- Première partie
- Deuxième partie
- Troisième partie