Manuel de psychogénéalogie

Stevens Virginie

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2020
• Imprimer l'ISBN: 9782340038721
• ISBN de l'eBook: 9782340043725
• Sujet: Médecine
• Sujet: Soins infirmiers

Cet ouvrage propose tout ce qu'il faut savoir sur la psychologie transgénérationnelle, avec:

• L'étude de ses origines et des éléments qui la constituent,
• Du contenu théorique,
• Des exercices pratiques,
• Les outils à mettre en œuvre pour les professionnels.

Chapitre 1.
Introduction

De tout temps, l’être humain s’est inscrit dans une lignée qui participe à la construction de son identité, en tant que membre d’une collectivité ou en tant qu’individu différencié, selon les périodes de l’histoire. L’essor contemporain des nouveaux courants de développement personnel illustre sans aucun doute le besoin crucial de chacun de mettre du sens à son existence à travers diverses méthodologies et techniques aussi intéressantes que complémentaires. Le regard que nous portons sur la famille dont nous sommes issus et dont nous sommes héritiers occupe néanmoins une place de plus en plus importante parmi les différentes solutions qui s’offrent à nous quand nous entamons le chemin d’une meilleure connaissance de nous-mêmes. Notre instinct grégaire nous pousse en effet inconsciemment à explorer les liens qui nous lient à tous ceux qui nous ont précédés et dont les silhouettes peuplent les branches de notre arbre généalogique. L’être humain ne peut se projeter dans l’avenir que s’il est connaissant de ses propres racines et qu’il est en mesure de définir sa place par rapport à ses contemporains mais aussi à ses ascendants. C’est ainsi que les années 1970 ont vu émerger de la psychologie moderne un nouveau paradigme appelé analyse transgénérationnelle, né des travaux de la psychologue française Anne Ancelin Schützenberger. Cette dernière a mis en évidence l’existence de liens visibles et invisibles tissés entre les diverses générations d’une même famille, qu’il s’agisse d’un héritage génétique tangible, comme des caractéristiques physiques ou des pathologies familiales, mais aussi d’un héritage beaucoup plus subtil, constitué de l’empreinte des traumatismes vécus par nos prédécesseurs. Ce legs inconscient conditionne un grand nombre de nos choix quotidiens et nous amène à réactualiser l’histoire de nos ancêtres, comme si le film des drames vécus par ces derniers tournait en boucle sans s’arrêter tout en s’adaptant au contexte actuel de notre vie. Il induit donc bien souvent des souffrances dont nous sommes dépositaires sans en être propriétaires.

Les dernières recherches en épigénétique abondent d’ailleurs en ce sens. Cette branche de la biologie met en lumière la manière dont l’expression des gènes peut être influencée par l’environnement et dont les modifications nouvelles peuvent s’avérer transmissibles via les divisions cellulaires, sans altération de la séquence de l’ADN. Le concept d’environnement englobe ici aussi bien les facteurs physiques qu’émotionnels, évolutifs ou immuables. En termes plus accessibles, un traumatisme intense vécu par nos ascendants peut influer de manière mesurable et tangible sur leur capital génétique en réveillant ou en désactivant certains gènes qui se transmettront aux générations suivantes et influeront sur le développement de ces dernières. La transmission traumatique dépasse de loin la légende familiale et s’inscrit véritablement dans la chair des descendants comme dans leur psychisme. La psychologie transgénérationnelle s’inscrit dans l’axe de recherche de l’épigénétique et a pour vocation la mise en lumière de ces transmissions parfois cryptées, de s’intéresser aux secrets de famille mais aussi de délivrer les descendants d’une lignée, des non-dits et souffrances antérieurs qui polluent la vie quotidienne.

L’objectif de ce présent ouvrage se définit autour de l’exploration des éléments constitutifs de la psychologie transgénérationnelle afin d’en maîtriser les tenants et les aboutissants. Il est construit sur une alternance de contenu théorique et d’exercices pratiques facilitant l’intégration des sujets développés. En effet, vouloir s’adonner à l’exploration de sa propre histoire familiale ou envisager une spécialisation en analyse transgénérationnelle quand on est thérapeute ou futur thérapeute requiert une connaissance à la fois théorique et pratique des grands axes fondateurs de la méthode mais aussi une capacité à accepter celle-ci comme évolutive. L’analyse transgénérationnelle s’enrichit en effet continuellement des nouvelles découvertes de la psychologie moderne et réclame une attention continue des personnes qui la pratiquent pour coller au plus près à cette dynamique évolutive. Jouer à l’apprenti sorcier n’a ici aucun sens et serait même risqué. Intégrer les constituants de ce courant psychologique et en maîtriser les subtilités techniques permettent ainsi d’explorer les histoires familiales dans le respect de tous les acteurs impliqués, dans un cadre sécurisé et déontologique. Cet ouvrage abordera donc les origines de la psychologie transgénérationnelle au regard des grands penseurs de la psychologie et de la psychanalyse modernes. Il développera les différents outils et pratiques utilisés pour explorer une histoire familiale tout en soulignant des éléments clés comme la construction de l’individu et de son identité, les transmissions visibles et invisibles dont il est héritier, les traumatismes du passé et la composante transgénérationnelle du deuil mais aussi les cas spécifiques de la périnatalité d’une part et des migrations d’autre part.

Chapitre 2.
Les origines de la psychologie transgénérationnelle

Si l’étude des familles sous un angle psychologique et généalogique est un phénomène relativement récent qui bénéficie aujourd’hui de l’intérêt accru du grand public, notamment de par la couverture médiatique qui lui est allouée, la recherche des origines est une préoccupation humaine bien plus ancienne. L’histoire de l’humanité regorge d’exemples en ce sens. Dans le bassin mésopotamien1 du Tigre et de l’Euphrate, berceau de l’écriture, apparurent dès le IIe siècle avant Jésus-Christ les premières manifestations de ce qui deviendra plus tard le concept contemporain de notre arbre généalogique. La généalogie étant la clé d’accession au pouvoir et à la domination des cités-États qui fleurissaient à l’époque, les tribus qui peuplaient cette région avaient donc tout intérêt à attester de leur filiation en gravant sommairement dans la pierre le nom de leurs ancêtres. Si ces premiers essais généalogiques progressèrent peu à peu au fil des siècles, c’est au Moyen Âge qu’ils connurent un véritable essor. En effet, il était impératif pour des raisons politiques, depuis l’instauration de la noblesse héréditaire par les Carolingiens au IXe siècle, que les familles dirigeantes actent la grandeur de leur origine et l’accès aux privilèges nobiliaires à travers des écrits officiels, très souvent attestés par l’Église dont le pouvoir constituait un des piliers de la société médiévale. La généalogie des rois de France et des souverains européens ainsi que celle de la noblesse d’épée et de robe, constituent des documents historiques qui permettent de comprendre combien un arbre généalogique étoffé peut jouer un rôle social et politique important. Les liens du sang possédaient à l’époque une dimension fondamentale car ils inscrivaient un individu dans une lignée et par extension dans un clan doté de ses propres règles, coutumes et privilèges. Ceci lui permettait de revendiquer un fief, de porter certains signes distinctifs comme un titre ou des armoiries, de percevoir des droits seigneuriaux ou encore d’être le cas échéant jugé selon un code juridique spécifique. Les siècles s’écoulant, cette démarche est tombée en désuétude à l‘exception des recherches menées par les passionnés de généalogie ou par les descendants de la noblesse souhaitant mettre en exergue le lien qui les relie à une catégorie sociale spécifique. Ce n’est qu’aux XIXe et XXe siècles sous l’influence de Freud, Jung puis des écoles telles celle de Palo Alto en Californie que l’intérêt psycho-analytique de la généalogie a émergé et que des recherches furent entamées autour du fondement des transmissions transgénérationnelles. L’arbre généalogique a été à ce moment abordé à travers une grille de lecture nouvelle, intégrant des données contextuelles complémentaires, tout comme des informations relatives à la qualité relationnelle du système familial.

Les termes psychologie transgénérationnelle ont été utilisés pour la première fois par Anne Ancelin Schützenberger, professeur émérite à l’Université de Nice et auteur de l’ouvrage « Aïe Mes Aïeux ». Les travaux de cette dernière ont mis en évidence la notion fondamentale de syndrome anniversaire, observant les répétitions de pathologies et dysfonctionnements comportementaux récurrents au sein d’une même entité familiale. Posant l’hypothèse qu’il existe des rendez-vous transgénérationnels inconscients, Anne Ancelin Schützenberger a mis en lumière le concept de loyauté familiale incitant certains membres d’une même famille à reproduire des schémas familiaux ancestraux. Ainsi se déclarent des maladies ou se produisent des a...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• Chapitre 1. Introduction
• Chapitre 2. Les origines de la psychologie transgénérationnelle
• Chapitre 3. Conception, gestation, naissance et prénom
• Chapitre 4. Les héritages de nos ancêtres : transmissions visibles et invisibles
• Chapitre 5. Les traumatismes de l’arbre généalogique
• Chapitre 6. L’approche psychanalytique de l’arbre
• Chapitre 7. L’approche systémique de l’arbre
• Chapitre 8. L’approche psychosociale de l’arbre
• Chapitre 9. Maternité, enfantement et approche périnatale de l’arbre généalogique
• Chapitre 10. Psychologie transgénérationnelle des migrations et déracinements
• Chapitre 11. Pratiques et outils de l’analyse transgénérationnelle
• Bibliographie
• Table des matières