La phobie scolaire en 100 Questions/Réponses

Denis Hélène, Caron Estelle

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2020
• Imprimer l'ISBN: 9782340039865
• ISBN de l'eBook: 9782340045453

Cet ouvrage décrypte le phénomène de la phobie scolaire, en expliquant:

• Ses différentes formes cliniques,
• Ses conséquences et ses évolutions,
• Comment le gérer, du point de vue des enfants, des proches ou des enseignants.

ÉTIOLOGIES

16 Quelles sont les émotions présentées par les jeunes souffrant de phobie scolaire ?

Les jeunes atteints de phobie scolaire ressentent de l’anxiété. Elle se manifeste de façon évidente lorsqu’ils se retrouvent forcés de se rendre à l’école. Ils présentent alors des signes d’anxiété intenses. Le jeune s’agite, tremble, pleure, crie. Il a des manifestations somatiques d’anxiété : mal de ventre, nausées, sensation d’être sur le point de faire un malaise. L’anxiété peut être tellement intense que le jeune fait une véritable attaque de panique, avec une sensation de perte de contrôle, de devenir fou, de mort imminente, l’impression de s’étouffer ou de s’évanouir. Lorsqu’il n’est pas directement confronté à l’école, le jeune semble moins anxieux, et peut même avoir la sensation de pouvoir retourner à l’école le lendemain. Mais il ne s’agit que d’une impression, et le lendemain, la même anxiété ressurgit, parfois encore plus forte.

Lorsque la phobie scolaire est installée, le jeune peut ressentir de la tristesse, du découragement, un sentiment de honte de ne pas arriver à y retourner. Lorsque la tristesse devient très intense et permanente, il faut rechercher une dépression.

Le jeune peut également ressentir de la colère, se montrer irritable et tyrannique à la maison alors qu’il se montre timide et introverti avec les personnes qui ne sont pas de sa famille.

17 Quelle est la place de l’anxiété
dans la phobie scolaire ?

Par définition, c’est l’anxiété qui conduit au refus scolaire dans la phobie scolaire. C’est pour cela que la phobie scolaire est également appelée refus scolaire anxieux. Comme le jeune appréhende l’école, il fait tout pour ne pas s’y rendre. Le fait de rester à la maison au lieu de se rendre en classe le soulage temporairement de son anxiété. On dit que le jeune présente un comportement d’évitement de la situation anxiogène. Mais c’est précisément ce comportement d’évitement qui va accroître son sentiment d’incapacité à se rendre à l’école, et donc finalement continuer de nourrir son anxiété. Le jeune se retrouve bloqué dans un cercle vicieux : plus il est anxieux, plus il évite l’école ; et plus il évite l’école, plus il est anxieux !

Cette notion d’anxiété et d’évitement est centrale dans la phobie scolaire. Elle permet de faire la différence avec d’autres situations de refus scolaire, principalement l’école buissonnière, où les manifestations anxieuses ne sont pas au centre des difficultés du jeune.

Il faut cependant se rappeler que l’anxiété peut être masquée, surtout chez les plus jeunes qui n’arrivent pas à la verbaliser. Dans certaines situations, les plaintes somatiques (maux de ventre, nausées…) sont au premier plan.

18 Quels sont les types d’anxiété les plus fréquents chez ces jeunes ?

Les troubles anxieux les plus souvent retrouvés sont l’anxiété de séparation et l’anxiété sociale. Nous allons préciser leur définition :

• L’anxiété de séparation : le jeune craint les situations de séparation d’avec les personnes auxquelles il est attaché. Il peut exprimer la peur qu’il n’arrive quelque chose à ses parents (accident, décès), ou la peur qu’ils l’abandonnent ou l’oublient. L’anxiété de séparation est le trouble anxieux le plus fortement associé au refus scolaire anxieux dans les études, on la retrouverait chez 10 à 20 % des jeunes. En pratique clinique, l’anxiété de séparation est effectivement très fréquente chez l’enfant présentant un refus scolaire anxieux, mais à l’adolescence, l’anxiété sociale est fréquemment retrouvée.

• L’anxiété sociale : elle est fréquemment retrouvée chez les adolescents présentant un refus scolaire anxieux. La peur est centrée sur les situations sociales dans laquelle l’adolescent craint la critique ou d’être ridicule. Dans cette catégorie, il existe aussi l’anxiété de performance, qui est la peur d’être jugé sur ses compétences par des pairs ou des adultes. Cela se traduit par une crainte des évaluations scolaires, la peur d’avoir des mauvaises notes même si le jeune a un bon niveau scolaire et travaille sérieusement.

19 Quelle est la définition précise
de l’anxiété de séparation ?

Il s’agit du trouble anxieux le plus fréquent chez l’enfant prépubère. Sa prévalence en population générale d’enfants et d’adolescents est estimée entre 3 et 5 %, sans différence selon le genre. Ce trouble apparaît le plus souvent dans l’enfance avec un pic entre 7 et 9 ans. Dans une population d’enfants anxieux, 33 % ont comme diagnostic principal l’anxiété de séparation1.

En cas d’anxiété de séparation, l’enfant présente une difficulté intense à se séparer de ses parents par des réactions allant de la simple crise de pleurs à de l’agitation. Les situations de séparation sont alors anticipées avec beaucoup d’anxiété, des évitements se mettent en place jusqu’à la situation la plus grave correspondant au refus d’aller à l’école. Chez l’enfant jeune, l’anxiété se manifeste par des symptômes physiques comme les douleurs abdominales, les céphalées, les nausées. Ces signes vont être présents par anticipation ou lors de la situation de séparation, et peuvent disparaître lorsque l’enfant est en vacances avec ses parents. L’enfant plus grand ou l’adolescent, a conscience de l’objet de ses peurs et ses cognitions sont alors plus faciles à retrouver (« peurs que les parents meurent, aient un accident de la voie publique, les abandonnent »). L’anxiété de séparation peut apparaître brutalement, avec ou sans facteur déclenchant ou bien survenir de façon insidieuse et progressive. La réponse parentale à cette situation anxieuse peut suffire pour que l’enfant surmonte sa peur mais parfois son anxiété est trop intense, ou sa situation familiale trop anxiogène pour que la résolution soit spontanée. Une intervention spécialisée est alors nécessaire.

L’anxiété de séparation est le premier trouble anxieux susceptible de survenir au cours du développement. Elle est définie comme une anxiété excessive et inappropriée au regard du stade de développement, survenant lors de la séparation d’avec les personnes auxquelles l’enfant est attaché (parents ou équivalent parentaux) ou d’avec la maison. Sa durée est au moins de 4 semaines. Cette anxiété est également source d’une détresse significative et/ou d’une altération du fonctionnement social, familial ou scolaire. Au moins trois des symptômes suivants doivent être présents pour établir le diagnostic :

• Détresse excessive et récurrente dans les situations de séparations ou en anticipation,

• Peur qu’un malheur touchant l’enfant ou les parents ne rende la séparation définitive,

• Réticence persistante ou refus d’aller à l’école ou ailleurs, de rester seul, ou d’aller dormir seul ou hors de la maison,

• Évite systématiquement de rester seul à la maison et est perturbé s’il ne peut suivre dans la maison la personne à qui il est principalement attaché,

• Cauchemars à thème de séparation,

• Rêves angoissants répétés à thème de séparation,

• Plaintes somatiques répétées lors des séparations,

• Signes d’angoisse extrême lors d’une séparation réelle ou anticipée, colères, pleurs, demandes pressantes aux parents de ne pas partir,

• Retrait social, apathie, tristesse ou difficulté à se concentrer sur le travail ou le jeu quand l’enfant n’est pas avec une personne à qui il est principalement attaché.

1. Last C.G., Strauss C.C., Francis G. Comorbidity among childhood Anxiety Disorder. J. Nerv. Ment. Dis.1987 ; 175 (12) :726-730.

20 Quelle est la définition précise de l’anxiété sociale ?

L’anxiété sociale est un des troubles anxieux de l’enfant le plus fréquent. Elle est décrite dès l’âge de 6 ans mais son début moyen se situe autour de 12 ans. Son pic de fréquence se situe à l’adolescence1 avec des prévalences variables selon les études et les pays (0,2 % en Inde ; 1,8 % à Taïwan ; 9,2 % aux Pays Bas et 13,1 % aux États Unis)2. Cette variabili...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• SOMMAIRE
• INTRODUCTION
• FORMES CLINIQUES DIFFÉRENTES
• ÉTIOLOGIES
• CONSÉQUENCES
• ÉVOLUTION
• PRISE EN CHARGE
• RÉPONSES AUX IDÉES REÇUES AU SUJET DE LA PHOBIE SCOLAIRE
• AVANT L’INSTALLATION DE LA PHOBIE SCOLAIRE
• QUESTIONS FRÉQUENTES DE JEUNES QUI SOUFFRENT DE PHOBIE SCOLAIRE AVEC DÉSCOLARISATION TOTALE
• DU POINT DE VUE DES ENSEIGNANTS ET SYSTÈME ÉDUCATIF
• BIBLIOGRAPHIE