Étape 1
Construire ses propres briques
L’étape 1 – construire ses propres briques – propose que les entreprises modernes entrent dans une nouvelle ère. Cette étape suggère que les leaders doivent agir de façon alignée avec leur cœur, leur tête et leurs tripes pour débuter un voyage vers de nouveaux paradigmes. Avec les briques 1 et 2, nous invitons les leaders à prendre conscience que le fait d’être entré dans une nouvelle ère amène aussi une nouvelle responsabilité : celle de repenser l’organisation, ce qu’elle est et ce qu’elle a à offrir. Également, nous invitons les leaders à retourner leur miroir : est-ce que finalement, la transformation d’entreprise ne commencerait pas avec le courage de débuter sa propre transformation personnelle ?
BRIQUE 1
Le monde change. Non. Il a déjà changé.
■Prise de conscience.
Nouvelle ère : nouvelle stratégie ?
Explosion du data. Entreprise citoyenne. Déconsommation. Personnalisation. Immédiateté. Sécurité. Cellule familiale. Communautés. Autant de tendances qui marquent le monde de l’entreprise, qui doit intégrer ces dernières afin de rester pertinente stratégiquement et demeurer pérenne. Toutefois, le monde dans lequel nous vivons va bien au-delà d’une accumulation de nouvelles tendances émergeant de façon isolée. En effet, plusieurs auteurs clament que nous sommes maintenant entrés dans une nouvelle ère, que certains appelleront l’ère du post-postmodernisme. En réaction à une certaine ironie de la période post-moderne, causée par un individualisme exacerbé, le post-postmodernisme propose que nous entrions plutôt dans une ère portée par la confiance, le dialogue, le lien et la sincérité. Comme nous le verrons dans les prochaines pages, Nicolas nous propose de voir notre société comme étant entrée dans « l’ère holistique », une ère caractérisée par un véritable retour aux Hommes.
Ainsi, le leader, constatant que nous entrons dans une nouvelle ère, est amené à se poser de grandes questions sur comment repenser l’entreprise d’aujourd’hui. De nos jours, nombre d’entreprises réfléchissent à comment opérer un réel retour aux Hommes au sein de leurs organisations. On se demandera : qu’est-ce que l’organisation ? À quoi sert-elle vraiment ? Et surtout : comment mes collaborateurs peuvent-ils contribuer à la bâtir, à l’incarner ? Bien sûr, ces réflexions, une fois transformées en actions, auront des implications importantes pour la stratégie d’entreprise. Ces actions sont d’ailleurs le centre d’intérêt des chercheurs d’un courant de la littérature académique appelé strategy-as-practice (« la stratégie comme pratique »). En se basant notamment sur leurs écrits, nous proposons qu’un changement d’ère porté par un retour aux Hommes mène à trois grands constats sur la stratégie, constats qui sont intimement inter-reliés.
Premièrement, un retour aux Hommes laisse à penser que la stratégie doit faire une plus grande place à l’implémentation. En effet, la stratégie n’est pas vraiment stratégie jusqu’au moment où elle prend forme et agit sur la réalité organisationnelle, et ce grâce aux diverses pratiques concrètes que mettent en place les collaborateurs (ex. création de supports concrets pour matérialiser la stratégie). En somme, la stratégie, ce n’est pas que des plans et des mots ; c’est des pratiques au quotidien.
Deuxièmement, un retour aux Hommes laisse à penser que la stratégie doit se vouloir plus entrepreneuriale. En effet, la découverte, la création et l’exploitation d’opportunités est possible quand les leaders d’une organisation donnent autonomie et responsabilité à l’ensemble des collaborateurs. Ainsi, une dynamique entrepreneuriale et « bottom up » se crée, permettant une création et une capture de valeur émergentes et différentes.
Troisièmement, et logiquement, un retour aux Hommes laisse à penser que la stratégie n’appartient pas aux élites. Nous l’avons mentionné précédemment, la stratégie, selon nous, appartient à tous et à chacun, du cariste en entrepôt au vice-président marketing, en passant par le gestionnaire de projets DSI. Et c’est dans le faire de tous les acteurs que la stratégie prend vie. Ainsi, nous invitons nos lecteurs à laisser tomber l’idée que la stratégie est fixée, écrite et immuable : au contraire, elle est continuellement mouvante, comme le sont nos équipes et les membres qui la constituent. Cette prise de conscience, où la stratégie passe d’un objet statique qui appartient aux élites à un processus dynamique qui appartient à tous, sera au cœur de ce livre et portera les briques de la « Yellow Brick Road ».
C’est dans cette optique que Nicolas nous témoigne dans les prochains paragraphes des sources d’inspiration qui l’ont amené à voir que le monde avait changé. Ces sources permettent effectivement d’entrevoir que la stratégie a elle-même besoin d’être repensée. Également, une nouvelle ère, portée par l’Homme, amène à voir le renouveau stratégique, défini comme « le processus par lequel une entreprise change de trajectoire en changeant son orientation stratégique et les capacités qu’elle déploie pour y arriver » (Schmitt, Raisch & Volberda, 2016), comme projet profondément humain.
■Du constat à l’action.
De plain-pied dans une nouvelle ère
Le monde change ! Non, en fait, il a déjà changé.
Voilà un constat que j’ai fait il y a plus d’une dizaine d’années et qui a motivé mon intérêt vers le chemin de la « Yellow Brick Road ». Oui, les organisations d’aujourd’hui connaissent et s’approprient les grandes tendances de marché et sont pleinement conscientes du besoin de continuellement s’adapter. Or, mes lectures m’ont permis de réaliser que le monde qui change va bien au-delà de simples tendances de marché. Ce changement, c’est un véritable changement d’époque, un changement d’ère. Et nous avons la chance, en tant que leaders, de vivre ce changement. Cependant, je crois profondément qu’un changement d’ère amène aussi avec lui de grandes responsabilités. En effet, je pense que le leader d’aujourd’hui se doit de créer des organisations qui reflètent cette nouvelle ère et les valeurs qu’elle porte. Ainsi, dans les prochains paragraphes, je souhaite partager avec vous les sources d’inspiration qui m’ont amené à voir le monde différemment et à m’engager sur la première brique de notre Yellow Brick Road.
Entrée dans une nouvelle ère
Un des premiers témoignages m’ayant permis de mieux concevoir comment le monde a changé est celui de Marc Halévy, philosophe et expert en prospective, lors d’une conférence organisée au sein de Kiabi. Au cœur de ce partage, l’expert a posé la théorie que chaque ère est amenée à décliner pour laisser émerger une nouvelle ère. Selon Halévy, nous serions en fait entrés dans la 5e ère de notre Humanité. À peine sortis de l’ère post-moderne et de l’information, qui a connu une accélération majeure avec internet et le data, nous entrons maintenant dans l’ère holistique. Oui, nous clôturons à peine la seconde révolution industrielle, pour aller vers le pic asymptote d’une consommation et d’une satisfaction client basée notamment sur l’accessibilité et l’immédiateté des produits et des services. Depuis les dernières années, nos entreprises et nos organisations vivent de grosses accélérations en termes d’évolution de leurs business models, et ce pour s’adapter à la fois aux réponses technologiques et émotionnelles attendues à la fois par les clients et les collaborateurs.
Entrée dans l’ère holistique (Marc Halévy)
Selon l’auteur, les grands piliers qui animent cette nouvelle ère holistique viennent nous challenger, nous, leaders, dans nos manières de manager et de piloter nos entreprises. En effet, nous sommes passés de :
1. En termes de ressources : de l’abondance à la pénurie
Vers un monde de sobriété, de frugalité et de seconde vie.
2. En termes d’activités : du mécanique au numérique
Vers un monde favorisant la pensée, l’intellectualité et le channel less.
3. En termes d’organisations : du pyramidal au réseau
Vers un monde favorisant l’organicité, la proximité, le glocal, la vitesse et le lien.
4. En termes de consommation : du prix à la valeur
Vers un monde favorisant la vir...