Développer sa résilience en 50 étapes - Surmonter les chocs de la vie

Wallenhorst Thomas

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2021
• Imprimer l'ISBN: 9782340045651
• ISBN de l'eBook: 9782340057647

La résilience est toujours en lien avec un traumatisme subi: elle agit dans l'interface entre les événements et la personnalité de l'individu. Elle aide à résister contre la menace de désintégration psychique et à rebondir après un effondrement. Cet ouvrage présente l'action de la résilience en cinq axes, avec:

• Une exploration des différentes sources de la résilience,
• Un apprentissage pratique des techniques pour la favoriser,
• Une explicitation des dysfonctionnements pouvant empêcher sa mise en œuvre,
• Des auto-questionnaires pour le travail personnel du lecteur.

Deuxième module

Les mouvements intérieurs de la résilience

Étape 11

C’est quoi, un mouvement intérieur ?

Dans la première partie, j’ai développé plusieurs éléments constitutifs de la résilience qui ont chacun une fonction. Ils ne sont pas exclusifs. L’un peut être plus actif dans certaines périodes de la vie et dans une autre phase, ce peut être un autre. Par exemple, si un important effort doit être fourni sur le plan du travail, il peut être nécessaire de se servir davantage de son système de défense pour résister dans l’adversité ; mais à d’autres moments, l’ouverture de la sensibilité peut apporter de l’oxygène pour se détendre. Tous les éléments ont une action complémentaire : pour utiliser un mot moderne, ils sont connectés.

L’appellation par le mot « résilience » indique qu’il s’agit d’une ressource globale qui rassemble tous les éléments : elle se manifeste de différentes manières. Il est important de se rendre attentif à ce qui se passe à l’intérieur de soi en repérant les différents mouvements intérieurs. Cependant, tout mouvement intérieur n’est pas une manifestation de la résilience car d’autres réalités en émettent aussi. Par exemple, si on revit un traumatisme subi autrefois, on ressent une souffrance, et on peut vouloir l’oublier de tous les moyens. Si on se compare avec d’autres personnes, l’émotion à l’origine, par exemple la jalousie peut déclencher un affrontement avec l’autre personne, une envie de vengeance en direct ou en sourdine. En prenant l’exemple de la relation avec les autres, celle-ci peut être vécue en mettant en œuvre un partenariat grâce à un échange, et ainsi les personnes ont la possibilité de s’investir à partir du meilleur d’elles. D’autres cependant attirent des personnes plus fragiles à elles, elles leur impriment leur volonté, cherchent à les dominer, à les soumettre ou à les manipuler.

Il est important de repérer le mouvement intérieur par lequel la résilience se manifeste, ce qui demande de faire le tri dans tous les mouvements qui peuvent être ressentis. Je souhaite d’abord indiquer les autres mouvements. Par exemple :

• On peut ressentir une envie d’obtenir quelque chose de la part de quelqu’un ou en mettant en œuvre un certain comportement. Quand on fait un cadeau, on aime que cette personne le reconnaisse, qu’elle l’apprécie, qu’elle dise ce qu’elle a aimé. Un tel geste est un peu intéressé : je te donne quelque chose, mais je voudrais recevoir un retour de ta part. Si le retour ne vient pas, on peut être un peu déçu, tendu ou triste. Ce mouvement est très courant, il exprime ce dont nous avons besoin, il peut s’agir d’un besoin d’être reconnu par les autres. Il est souvent vécu sainement en étant contrôlé et les personnes n’entrent pas dans un excès. On peut montrer ce mouvement intérieur par une flèche recourbée qui indique qu’on attend un retour :

• Quand on ressent une souffrance, l’envie d’oublier par n’importe quel moyen peut être importante. On peut ressentir un manque, une béance, quelque chose que l’on voudrait combler, comme un trou où l’on ne voit pas le fond. Certains traumatismes induisent une dynamique d’évitement de la souffrance par une consommation d’alcool et/ou de drogues. Quand on cherche à combler un manque, on peut ressentir une tristesse ou une absence de satisfaction. La dynamique induite par un manque est un enfermement en soi-même. Le mouvement intérieur peut être montré par deux flèches qui tournent en rond :

• La consommation d’alcool et de drogues entre dans l’usage de substances psychoactives qui sont aussi appelées les addictions. Le concept d’addiction a été étendu à des comportements pratiqués pour obtenir un plaisir. Beaucoup de comportements sont concernés : les jeux d’argent, la pratique de jeux vidéo, les troubles alimentaires, le sport excessif, la sexualité compulsive, les conduites à risque. Il existe des addictions au travail ; le fait de regarder la télévision pendant des heures peut entrer dans ce contexte. Si on constate qu’on pratique un comportement pendant une certaine durée, il est utile de vérifier si on se sent ainsi obligé et si on cherche à résister mais sans pouvoir s’y soustraire. On peut ensuite se demander si on réussit à contrôler ce comportement, si on est dépendant, si on a perdu le contrôle. Ces addictions sont caractérisées par trois phases qui se suivent d’assez près : les personnes ressentent une tension avant la pratique, un ressenti particulier pendant la pratique qui peut être comme un relâchement, une extase, une perte de contrôle momentanée et un apaisement après la pratique. On peut rajouter une quatrième phase qui est une impulsion à recommencer. Ce processus peut être pratiqué en fonction de traumatismes anciens, décrits dans le mouvement précédent. Le mouvement intérieur qui désigne le fonctionnement addictif peut être montré par plusieurs flèches tournées vers un point chez soi :

• Un autre mouvement intérieur est celui où la personne veut se mettre en avant : elle se sent plus importante que les autres, elle peut chercher à les écarter, elle peut les attirer à elle, elle veut être vue, elle veut briller. Dans ce contexte, elle ne supporte pas que quelqu’un d’autre commence à attirer les autres à lui, ce qui peut l’entraîner à lutter. Elle peut entrer dans une surenchère, parfois elle attaque l’autre personne où l’élimine du groupe auquel elle appartient. Dans ce fonctionnement, les personnes cherchent souvent à dominer quelqu’un d’autre, à le soumettre ou à le manipuler. Le mouvement intérieur peut être montré par un grand soleil : parfois la personne ne voit que son propre reflet, elle ne voit plus les autres.

• Un autre mouvement se manifeste comme quelque chose qui émerge à l’intérieur de soi : on ressent dans le même temps un goût nouveau. Plusieurs mots correspondent à ce qui est ainsi perçu. Ce peut être une aspiration profonde. C’est parfois une invitation à faire quelque chose, il peut s’agir d’une inspiration dont on ne perçoit pas encore le contenu précis, c’est souvent une prise de conscience. On peut aussi ressentir une vibration intérieure, une envie d’aller vers quelqu’un d’autre pour lui dire quelque chose ou pour lui porter quelque chose. Parfois c’est ressenti comme une parole intérieure, comme si on entendait parler à l’intérieur de soi ; ce peut être une image intérieure avec un contenu positif comme une lumière intérieure ; ce peut être une intuition de quelque chose que l’on sent juste. Il peut s’agir d’une décision qui s’impose avec netteté alors qu’on avait cherché ce qu’on devait faire. Le mouvement intérieur peut être montré par une flèche droite qui part de chez soi vers un ailleurs. Il est caractéristique qu’un tel mouvement est généreux, on n’attend pas de retour de la part de quelqu’un d’autre. Par exemple si on offre quelque chose en suivant ce mouvement, et si l’autre personne ne montre pas ce que cela lui fait, on peut l’accepter paisiblement. On n’est pas dans une dynamique de donner et de recevoir. Voici l’image de ce mouvement :

Pour résumer : ce mouvement montre l’action de la résilience. En tant que ressource, les éléments de la résilience non seulement vivent à l’intérieur de soi, ils « prennent des initiatives ». On peut se laisser surprendre, c’est inattendu. Un tel mouvement fait grandir intérieurement. Je souhaite indiquer ­différentes manières dont la résilience se manifeste dans les prochaines étapes.

Étape 12

Agir en mettant en œuvre le meilleur de soi

Il est caractéristique d’un être humain d’agir en voulant se ­réaliser. C’est une manière d’exister en cohérence avec qui on est. En 1970, le psychologue américain Abraham Maslow [28] avait publié sa pyramide des besoins. À la base, il y a les besoins élémentaires qui permettent de vivre : respirer, boire, manger. Si ces besoins sont satisfaits, une personne peut chercher à satisfaire d’autres besoins, par exemple celui de vivre des relations humaines. En haut de la pyramide est situé le besoin d’accomplissement de soi. En tenant compte de ce besoin tout en prenant appui sur ses compétences, une personne peut entrer dans la fine pointe de son action où elle donne le meilleur d’elle-même.

Il y a de nombreuses manières d’être actif. Une période de repos forcé est une occasion pour se centrer sur sa vie intérieure pour déchiffrer ses mouvements intérieurs à la recherche de ses compétences. Il peut s’agir d’un arrêt de travail pour maladie, d’une période de rééducation après une opération, du confinement imposé pendant une épidémie ou d’un temps choisi qui peut être une année sabbatique. En se centrant sur sa vie intérieure, on peut chercher à identifier plusieurs réalités :

• ce qu’on connaît chez soi et qui est solide,

• ce qui demande à être davantage consolidé,

• ce qui est nouveau, par exemple on aimerait se lancer dans une initiative nouvelle,

• ce dont on a seulement un pressentiment.

Il est utile de varier ses activités, de ne pas se focaliser sur une seule. Les personnes qui ne peuvent plus exercer leur activité pour une raison ou une autre ont souvent besoin de temps pour l’admettre. Parfois elles restent avec leur frustration : elles deviennent irritables, elles peuvent se déprimer ; parfois elles deviennent passives et ne font plus rien au grand dam des membres de leur famille ; mais elles peuvent aussi se mobiliser pour développer de nouvelles compétences. Leur résilience se manifeste dans le dernier cas. Je voudrais maintenant indiquer plusieurs domaines d’activités :

• L’activité physique se déploie dans de nombreuses pratiques. Certaines personnes se définissent comme des « manuels » : mais il ne faut pas oublier qu’il y a toujours une connivence entre la main et le cerveau car un manuel met en œuvre sa conception de ce qu’il réalise, il a acquis des automatismes gestuels en effectuant son savoir-faire qui lui permet d’être efficient : rapide, précis, complet et en fournissant un travail à la satisfaction de celui qui le lui a demandé. De telles activités se déploient dans la construction, la rénovation, l’amélioration de l’habitat, l’agriculture, le jardinage, le bricolage, le soin de l’environnement.

• Le domaine de la santé comporte des soins techniques, relationnels, éducatifs et de recommandation, psychothérapiques, d’enseignement, de recherche, logistiques, administratifs. Il n’est pas rare qu’un soignant dise de lui qu’il est « un manuel » car son savoir-faire se déploie par des gestes techniques de base. Ses compétences peuvent se pratiquer dans une spécialité comme la chirurgie ou une sur-spécialité qui peut être la microchirurgie ou l’addictologie. Les soins psychiatriques utilisent essentiellement l’écoute de personnes en difficulté, les prises en charge pluridisciplinaires, le suivi en individuel et en groupe.

• Le personnel de l’enseignement se consacre à la transmission de connaissances, à la pédagogie par la mise en œuvre de techniques variées utilisant les techniques de l’enseignement classique, participatif et en incluant les nouvelles technologies. La progression des élèves se fait par niveaux : on sépare entre l’enseignement primaire, secondaire, supérieur et l’enseignement spécialisé.

• Certaines personnes travaillent principalement avec leur intellect, là aussi dans des domaines variés : au niveau universitaire, par une organisation nationale (le CNRS), mondiale (l’OMS), dans le domaine interculturel, dans le domaine de la santé, par exemple l’Institut Pasteur en France et son pendant, l’Institut Robert Koch en Allemagne. Il est possible de chercher des ponts entre plusieurs disciplines : la philosophie, l’ethnologie, l’anthropologie, l’éthologie, la sociologie, la psychologie, la théologie, la médecine, l’écologie pour en nommer quelques-unes. L’organisation des sociétés passe par l’élection ou la cooptation de représentants politiques sur le plan local, régional, national, européen et mondial. ...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• Premier module. Différentes sources de la résilience
• Deuxième module. Les mouvements intérieurs de la résilience
• Troisième module. Avancer en prenant appui sur la résilience
• Quatrième module. Dysfonction­nements empêchant la mise en œuvre de la résilience
• Cinquième module. Quelques auto-question­naires pour le travail personnel
• Conclusion
• Table des matières
• Références