Le couple dâartistes.
La femme muse, femme, amante, mĂšre, artiste ?
Muses, les femmes le sont par essence.
ModĂšles, par naissance.
Artistes, si leur passion Ă©gale leur sens
indĂ©niable de lâesthĂ©tique.
La passion anime les femmes artistes.
Nous nous consacrerons, dans ce chapitre, aux diverses « phases » par lesquelles la femme est passĂ©e pour atteindre son statut dâartiste. En passant de muse Ă mĂšre, la femme crĂ©e son propre chemin jusquâĂ lâĂȘtre artiste, un rĂŽle difficile Ă endosser en cette pĂ©riode contemporaine.
2.1 La femme, muse dĂšs lâorigine de lâart ?
PrĂ©alablement, il est important de rappeler dâoĂč vient lâorigine du terme « muse » afin de comprendre son usage tant rĂ©pandu dans les arts. Dans la mythologie grecque, les Muses sont les neuf filles de Zeus et de MnĂ©mosyne, dĂ©esse de la mĂ©moire â dâoĂč dĂ©rive le nom gĂ©nĂ©rique de ces neuf femmes. Par ailleurs, il est aussi possible que le mot « muse » dĂ©rive du latin « mons », signifiant la « montagne », et qui rappelle les montagnes Olympe et HĂ©licon oĂč les dĂ©esses rĂ©sidaient. Toutefois, la racine grecque ÎŒÎżÏ
Ï- (mous-) est la particule qui se rattache Ă des mots dâart comme la musique (ÎŒÎżÏ
ÏÎčÎșÎź - mousikáșż) ou encore le musĂ©e (ÎŒÎżÏ
ÏΔáżÎżÎœ â mouseÄ©on). Tout cela dĂ©signe Ă©videmment les caractĂ©ristiques que possĂ©deraient les neuf muses. En effet, Calliope, la premiĂšre, reprĂ©sentait lâĂ©loquence, la poĂ©sie Ă©pique ; Clio, la deuxiĂšme, lâhistoire ; Erato, la troisiĂšme, la poĂ©sie lyrique, la chorale ; Euterpe, la quatriĂšme, la musique ; MelpomĂšne, la cinquiĂšme, la tragĂ©die ; Polymnie, la sixiĂšme, la rhĂ©torique ; Terpsichore, la septiĂšme, la danse, le chant choral ; Thalie, la huitiĂšme, la comĂ©die ; et enfin, Uranie, la neuviĂšme, lâastronomie.
Dans la littĂ©rature grecque, notamment, il est souvent question des muses. En particulier, HomĂšre dans son OdyssĂ©e, Ă©voque la muse Calliope â muse de la poĂ©sie Ă©pique â lorsquâil raconte le retour dâUlysse Ă Ithaque au moment oĂč la guerre de Troie se termine.
Ă Muse, conte-moi lâaventure de lâInventif : celui qui pilla Troie, qui pendant tant dâannĂ©es erra [âŠ] ... Ă nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits !
HomĂšre ne sera dâailleurs pas le seul Ă les Ă©voquer. De ceux qui nous intĂ©ressent, il y a Platon et Hegel. Platon, dans son Ion, parle des Muses comme Ă©tant les intermĂ©diaires entre les dieux et les poĂštes en art.
Car ils nous disent, nâest-ce pas, les poĂštes, quâĂ des fontaines de miel dans les jardins et les vergers des Muses, [534b] ils cueillent leurs mĂ©lodies pour nous les apporter, semblables aux abeilles, ailĂ©s comme elles ; ils ont raison, car le poĂšte est chose ailĂ©e, lĂ©gĂšre, et sainte, et il est incapable de crĂ©er avant dâĂȘtre inspirĂ© et transportĂ© et avant que son esprit ait cessĂ© de lui appartenir ; tant quâil ne possĂšde pas cette inspiration, tout homme est incapable dâĂȘtre poĂšte et de chanter. Ainsi donc, comme ils ne composent pas en vertu dâun art, quand ils disent beaucoup de belles choses sur les sujets quâils traitent, comme toi sur HomĂšre [534c], mais en vertu dâun don divin, chacun nâest capable de bien composer que dans le genre vers lequel la Muse lâa poussĂ©, lâun dans les dithyrambes, lâautre dans les Ă©loges, lâautre dans les hyporchĂšmes, lâautre dans la poĂ©sie Ă©pique, lâautre dans les ĂŻambes ; dans les autres genres, chacun ne vaut rien. Ils parlent en effet, non en vertu dâun art, mais dâune puissance divine ; car sâils Ă©taient capables de bien parler en vertu dâun art, ne fĂ»t-ce que sur un sujet, ils le feraient sur tous les autres Ă la fois.
Quant Ă Hegel, dans ses Leçons dâesthĂ©tique, il ne distingue que cinq types dâart : lâarchitecture, la sculpture, la peinture, la musique et la poĂ©sie ; tous personnifiĂ©s par les muses.
Depuis lâorigine de lâhistoire de lâart, nous connaissons le rĂŽle de la femme en tant que muse dâartistes « masculins ». Que ce soit au travers de la peinture, de la sculpture, de la photographie ou de lâĂ©criture, la femme revĂȘt toujours lâidĂ©ologie du fantasme, du dĂ©sir ardent de lâhomme. Câest la raison pour laquelle il a besoin de marquer sa prĂ©sence dans les Ćuvres quâil compose. La femme est aussi une source inspiratrice pour lâhomme lorsque celle-ci travaille avec lui. Tel Ă©tait le cas de Niki de Saint Phalle pour Jean Tinguely. Mais pas seulement, elle devient Ă©galement sa propr...