Cahiers Albert Cohen n°27
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Cahiers Albert Cohen n°27

Albert Cohen, les arts et la création

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Cahiers Albert Cohen n°27

Albert Cohen, les arts et la création

À propos de ce livre

Ce volume d'articles permet de voir comment l'œuvre d'Albert Cohen, pleine de références, souvent polémiques, à des artistes de toutes disciplines, fait la satire de leur usage social, quelle représentation particulière elle donne de certains arts tels que le cinéma ou la sculpture, et, au-delà, comment son auteur situe sa propre pratique artistique et sa créativité dans le large domaine des arts. Il s'agit en outre d'analyser les relations que ses textes entretiennent avec d'autres formes artistiques, notamment par l'adaptation cinématographique. Enfin, le rapport de l'œuvre cohénienne à la création trouve également à se décliner par le biais d'ateliers d'écriture créative directement nourris d'elle.

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Informations

Entretien avec Moshé Mizrahi[1]

 

 
[1] Cet entretien a été réalisé en 2002, par écrit, dans le cadre de la préparation du mémoire de Maîtrise de littérature de Marie Royet : Mangeclous d’Albert Cohen et son adaptation cinématographique réalisée par Moshé Mizrahi, sous la direction de Catherine Milkovitch-Rioux, Université Blaise-Pascal – Clermont-Ferrand 2 (Université Clermont Auvergne), novembre 2002.
 
Marie ROYET
 
M. R. – Pourquoi avez-vous choisi d’adapter Mangeclous au cinéma ? Pourquoi cette œuvre de Cohen en particulier ?
 
M. M. – Pour réussir une adaptation, je pense qu’il est nécessaire, tout d’abord, que l’adaptateur puisse s’identifier, pratiquement au premier degré, à l’univers de l’œuvre. Sinon, à quoi bon ? Si j’ai eu envie d’adapter Mangeclous c’est tout simplement parce qu’il existait en moi une identification profonde au monde d’Albert Cohen. Venant du même milieu culturel (Juif sépharade de culture française, mon grand-père maternel natif de Corfou comme Cohen), je pouvais prendre d’une certaine manière à mon compte son univers, le côté baroque de ses personnages, sa sensibilité, son humour, la lumière de ses paysages géographiques et mentaux, son romantisme assagi par une sagesse plus que millénaire. Les Valeureux je les connais. Ils sont aussi mes oncles, mes cousins, mes grands-parents.
Après La Vie devant soi, on m’avait proposé de porter à l’écran Belle du Seigneur. Bien sûr, c’était très flatteur et j’ai été tenté un moment. Mais j’ai compris assez vite que certaines œuvres, très touffues, tiennent essentiellement et parfois uniquement, par leur forme littéraire. Ce qui rend leur adaptation hasardeuse, sinon impossible. J’en avais parlé avec Albert Cohen à l’époque. Je lui avais exprimé mes craintes et mes doutes. C’est lui qui a soulevé en premier l’idée d’adapter Mangeclous. Il y voyait la possibilité d’une comédie où les Valeureux seraient en quelque sorte des Marx Brothers méditerranéens. J’ai tout de suite été conquis.
 
M. R. – Votre adaptation de Mangeclous semble – du moins de prime abord – extrêmement « fidèle » tant à l’esprit qu’à la lettre du roman de Cohen.
 
M. M. J’ai toujours pensé que le problème de « fidélité » ou non à une œuvre littéraire concernant une adaptation cinématographique est souvent mal posé par les critiques et autres exégètes cinématographiques. Il est communément admis que plus on s’éloigne d’une œuvre plus on est fidèle et vice-versa. Or il n’y a rien de plus absurde que ce postulat.
Pour moi, l’ambition de l’adaptateur cinématographique devrait être d’amener le spectateur du film, quand il voit se dérouler devant lui les dernières images du film, dans le même état de charge émotionnelle du lecteur qui tourne la dernière page du roman. Et cela quel que soit le chemin pris pour arriver à ce résultat. Parfois, ce chemin peut prendre de grands détours, parfois des raccourcis. L’essentiel est d’arriver finalement au résultat que j’ai décrit.
La plus grande différence entre une œuvre littéraire et le médium visuel qu’est le cinéma réside dans le côté réaliste, irréductible et têtu, de l’image, à l’opposé de la phrase écrite. Ce qui parfois dans un roman est incroyable, invraisemblable, improbable, fantastique, passe aisément par la grâce du style. Cela n’est pas facile au cinéma. Le spectateur veut croire, sinon à la réalité de l’image, du moins à une certaine apparence de cette réalité. Il faut donc que l’adaptateur d’un roman en tienne compte. Il faut donner à l’intrigue et aux personnages une apparence de cohérence et plausibilité. Ce qui dans le cas de Mangeclous était pour l’adaptateur la plus grosse difficulté.
Cela dit, je pense que malgré cette apparence de « grande fidélité » au fond et à la forme du roman, une analyse plus approfondie décèlerait assez vite les écarts entre le film et le roman.
Tout d’abord Mangeclous, le roman, n’est en fait que le prologue de ce qui allait devenir Belle du Seigneur. (Je parle de l’édition originale Gallimard qui était la seule que j’avais en main quand j’ai entrepris l’adaptation). Le roman n’a pas de fin. Il se termine par une scène (Solal déguisé, entre par effraction dans la chambre d’Ariane) qui aurait dû avoir « à suivre » pour fin. Il fallait donc donner au film Mangeclous une structure et une fin qui le rendraient autonome.
Il fallait aussi donner au roman, picaresque dans son style avec une intrigue, assez lâche, une durée raisonnable et une intrigue rigoureuse, plus appropriée à une œuvre cinématographique. Plusieurs épisodes et personnages ont été supprimés, d’autres modifiés ou bien déplacés. Si finalement, malgré tout cela, l’apparence de « grande fidélité » est sauvegardée, il faut admettre que le pari que j’ai défini plus haut à la réussite d’une adaptation est bien tenu.
J’ai aussi été coupable, si l’on veut, d’une « trahison » plus subtile. Si on gomme du film, comme je l’ai fait, tout ce qui a trait à Solal, à Ariane et aux Deume (les dernières quatre-vingt-dix pages du roman), quelque chose d’essentiel de l’univers de Cohen, sa gravité, disparaît du film par rapport au roman. Mangeclous, le film, risquait de devenir uniquement une comédie-farce, qui même fidèle à la lettre de ce qui restait du roman, s’éloignerait de l’univers de Cohen. J’ai donc, par de petites touches, sans trahir l’esprit de l’œuvre, effacé un peu le côté farce-énorme de ce qui restait du roman. J’ai, par contre, accentué la gravité, la profondeur et l’émotion enfouies dans les personnages et les situations. Je crois que c’est cela qui donne au film cette impression de fidélité à l’œuvre de Cohen.
 
M. R. – Vous avez choisi d’avoir recours à un narrateur qui nous raconte les aventures des Valeureux en voix off. Pourquoi un tel choix ?
 
M. M. Si j’ai choisi d’avoir recours à un narrateur (procédé très discuté chez les cinéastes qui le jugent littéraire, bien qu’utilisé souvent dans des scénarios originaux), c’est parce que j’ai voulu accentuer le côté conteur oriental, Mille et une Nuits, du style de Cohen.
 
M. R. – Les Valeureux ont un côté folklorique chez Cohen que l’on retrouve, par certains aspects, dans votre film. Que pensez-vous du folklore qu’ils incarnent ?
 
M. M. On est souvent très séduit par ce qu’on appelle folklore qui n’est finalement qu’un des aspects extérieurs d’une culture. Je n’entends pas cela dans un sens péjoratif. Il y a toujours un danger que, par trop de folklore, on noie l’essentiel d’une culture. L’essentiel réside à mon avis dans la façon de penser, de sentir, d’être. Là aussi, je me suis trouvé dans la nécessité d’atténuer les aspects folkloriques des personnages des Valeureux.
Pour illustrer ce que j’avance, j’ai été confronté dès le début avec le problème du langage que Cohen prête aux Valeureux. Il souligne souvent qu’ils ont un accent (il fait dire à Saltiel « tchèque » à la place de « chèque »). D’autre part, il insiste sur l’amour que les Valeureux, français depuis des siècles, ont pour « le beau langage ». Leur langue, inspirée des lectures de Villon, Rabelais, Montaigne ou Corneille est parsemée de « tournures élégantes ». J’ai finalement opté pour un français sans accent. J’ai craint le côté effet comique facile, qui ferait oublier peut-être la vraie beauté du langage et du style si particulier à Albert Cohen.
 
M. R. – Les Valeureux sont juifs. Comment avez-vous appréhendé la question de la judéité dans votre adaptation ?
 
M. M. Sans changer quoi que ce soit dans la judéité des Valeureux, j’ai voulu souligner leur humanité et universalité. Albert Cohen, et plus tard Bella Cohen, m’avaient raconté combien Mangeclous avait été attaqué à la parution du roman par des critiques juifs, qui trouvaient que les personnages des Valeureux donnaient raison aux antisémites. (Il faut se rappeler que le roman avait paru en 1938.) Je pense que pour Cohen, les Valeureux à eux cinq représentent un catalogue complet de tous les défauts et travers des hommes et non particulièrement des Juifs. C’est ce qui les rapproche de nous.
Finalement, on m’a reproché dans le choix des acteurs qui devaient incarner les Valeureux, de n’avoir pas choisi des acteurs d’origine juive. Franchement, je n’ai à aucun moment, pendant la distribution des rôles, considéré l’origine ethnique des acteurs comme étant un critère de choix. Je me suis surtout employé à faire tenir les personnages des Valeureux par les acteurs qui seraient les mieux placés pour le faire. Je me demande parfois, avec le recul, si j’ai eu raison. Je me dis, peut-être, qu’inconsciemment, je voulais, dans le même esprit de ce que j’ai écrit plus haut, accentuer l’universalité des personnages sans trahir leur judéité.

Belle du Seigneur au cinéma :
Entretien avec Philippe Zard (2013)[1]

[1] Cet entretien réalisé lors de la sortie de Belle du Seigneur de Glenio Bonder en 2013 a été publié en ligne : http://www.myboox.fr/actualite/belle-du-seigneur-la-critique-vous-encourage-plutot-lire-le-livre—24739.html
Lauren MALKA
L. M. – Le film de Glenio Bonder adapté de Belle du Seigneur vous a-t-il plu ? Pour quelle raison, dans un cas comme dans l’autre ?
P. Z. – Hélas non, mais je n’ai pas été autrement étonné.
Je précise qu’il s’agit de mes impressions « au débotté », qu’elles peuvent être injustes, que je reviendrai peut-être dessus quand j’aurai revu le film… Mais le fait est que je ne brûle pas d’impatience de le revoir !
Le film se présente comme « librement adapté » du roman ; on aurait aimé qu’il porte un autre titre pour que les choses soient claires, mais je suppose que cela était impossible, commercialement parlant. Il est toujours difficile de juger une adaptation, car nos critères sont forcément fluctuants. On peut discuter de la fidélité d’un film ou le juger comme si l’œuvre littéraire n’existait pas. Selon l’approche qu’on adopte, le jugement peut varier. Par exemple, si j’ai constamment à l’esprit le roman d’Octave Mirbeau, je risque de trouver décevante l’adaptation du Journal d’une femme de chambre par Buñuel. Mais si j’oublie Mirbeau, le film se révèle de haute tenue et s’inscrit parfaitement dans l’univers bunuelien. Le problème avec le film de Bonder, c’est qu’il ne résiste à aucune des deux approches. Je pardonnerais volontiers au réalisateur d’avoir « trahi » certains aspects du roman, si le film était grand à sa manière. Mais il n’en est rien. Même envisagé pour lui-même, en faisant abstraction du roman, ce film reste un exercice artificiel, qui glisse sans laisser en vous aucune empreinte émotionnelle. Quelques passages réussis, certes, mais beaucoup d’ennui, et le sentiment consternant d’une œuvre superflue. J’ai beau essayer de me concentrer sur ce qui se passe à l’écran, je ne vois que des silhouettes qui gesticulent sans rime ni raison, auxquelles il m’est impossible de m’attacher ou même de m’intéresser sérieusement. En art, l’absence d’émotion est un péché capital.
À vrai dire, ce n’est même pas un navet, ce n’est même pas une catastrophe, c’est simplement un film qu’on oublie presque aussitôt qu’on l’a vu – c’est-à-dire tout le contraire du roman.
L. M. – Que pensez-vous de la réaction (très négative) de la presse à l’égard de ce film ?
P. Z. – Mon opinion sur le film, hélas, donne raison à la sévérité de la critique. Encore une fois, le film recueillera peut-être « en appel », dans quelques années, quelques appréciations moins méchantes.
En tout cas, si j’en juge au public clairsemé présent dans la salle de cinéma où je me trouvais hier – quatre ou cinq personnes –, le film ne restera pas longtemps sur les écrans.
L. M. – Diriez-vous, comme Éric Neuhoff au Figaro, que le roman a été coupé aux mauvais endroits ?
P. Z. – Je ne dirais pas tout à fait la même chose qu’Éric Neuhoff. Je dirais plutôt que son drame est de n’avoir pas su choisir. Bonder a surtout eu de la peine à sacrifier quoi que ce soit, il a tenu à mettre « un peu de tout » : un peu d’Adrien, un peu de Mariette, un peu des Deume, un peu de Berlin, un peu de SDN, etc. Seuls les Valeureux et Rachel passent entièrement à la trappe (heureusement, en un sens, qu’ils ne sont pas mêlés à ce ratage). Mais en mettant « un peu de tout », on ne fait pas un film, on ne fait rien : une succession de scènes qui, presque systématiquement, crèvent comme des bulles éphémères à la surface de l’eau. Du coup, le spectateur ne peut que se demander où va le film, ce qu’il entend montrer ; il cherche désespérément la logique profonde de l’histoire, du comportement de Solal ; il se demande pourquoi l’histoire se passe dans les années trente et quel rapport cela a avec l’histoire d’amour. Le roman prend le temps de cette immersion ; nous n’avons ici affaire qu’à un montage d’épisodes en raccourci aussi expressif qu’une séance de diapositives. On ne peut même pas dire, comme certains, que Bonder ait « négligé » l’aspect politique du roman au profit de l...

Table des matières

  1. Crédits
  2. Avant-propos
  3. Les références artistiques : une stratégie de séduction
  4. La statuaire dans Belle du Seigneur, une sculpture de soi
  5. Musique, chant et danse dans l’œuvre de Cohen
  6. Le « petit cinéma » des Valeureux : Cohen et le burlesque
  7. Albert Cohen et le cinéma, une relation énigmatique
  8. Mangeclous : l’adaptation cinématographique de Moshé Mizrahi
  9. Belle du Seigneur au cinéma : le roman compressé
  10. Entretien avec Moshé Mizrahi[1]
  11. Belle du Seigneur au cinéma : Entretien avec Philippe Zard (2013)[1]
  12. Les joueurs d’amour d’après Belle du Seigneur d’Albert Cohen Entretien avec Cédric Jonchière (Compagnie La Transversale)
  13. Le pastiche comme stylistique empirique : écriture créative sur le traitement burlesque de la Joconde dans Belle du Seigneur
  14. Mona la Valeureuse
  15. Ô suave Joconde corfiote !
  16. Leçon inaugurale prononcée en ouverture du concert de Double Hapax
  17. Claudine Nacache-Ruimi, Une poétique de la table
  18. Ô vous frères humains. Luz dessine Albert Cohen
  19. Synthèse du découpage filmique de Mangeclous, de Moshé Mizrahi
  20. Couverture